La tentative de coup de force du gouvernement Modi contre les paysans en envoyant ses milices fascistes soutenues par des forces paramilitaires et la police pour détruire le campement de Ghazipur a totalement échoué, donnant au contraire un regain de mobilisation au soulèvement paysan. Ce sont des dizaines de milliers de paysans et soutiens qui sont allés à Delhi Ghazipur dans la nuit du 28 au 29 et les organisateurs estiment que samedi après-midi 30 janvier, il y avait 300 000 paysans et soutiens de plus qui avaient rejoint les campements paysans autour de Delhi et peut-être encore plus dans les jours qui viennent avec des paysans et soutiens qui viennent de plus loin. La tactique habituelle par laquelle Modi est arrivé au pouvoir en divisant hindous, sikhs et musulmans en envoyant ses gangsters fascistes appeler à l’unité hindoue en attaquant les sikhs de Ghazipur a au contraire soudé un peu plus l’unité entre les différents communautés.

On a vu des hindous protéger les sikhs des violences des miliciens fascistes. On a vu des musulmans, jusque là relativement peu impliqués, arriver en masse, apportant nourriture, eau, couvertures pour les hindous et les sikhs. Et peut-être plus important encore pour l’avenir, ce sont des Penchayats (structures municipales villageoises) qui ont appelé à la mobilisation générale dans la nuit du 28. C’est encore à l’appel d’un Gram Panchayat (structure municipale de plusieurs villages, en l’occurrence 84) que s’est tenue une AG extraordinaire (Maha Panchayat) de près de 100 000 participants le 29 au matin à Muzaffarnagar pour discuter de la stratégie à venir et jurer qu’ils n’accepteraient plus la venue ou la présence de membres du BJP (le parti du pouvoir) dans leurs villages et qu’ils chasseraient de ceux-ci les membres du RSS (milice fasciste au service du pouvoir dont est issu Modi construites sur le modèle des chemises noires de Mussolini). Par ailleurs les présents se sont engagés à ce qu’au moins un membre de chaque famille parte à Delhi, qu’ils financeraient collectivement des départs et lorsqu’il y a des départs, aideraient les familles pour les travaux des champs. De nouveaux Maha Panchayats sont prévus à différents endroits notamment le 1er Février.

Or les Panchayats sont des structures élues par des Gram Sabha et sous leur contrôle. Les Gram Sabha étant des assemblées populaires de tous les habitants qui se tiennent 2 à 4 fois par an dans les villages et qui décident de l’orientation de la vie du village en matière d’écoles, de santé, de retraite, de travaux, etc… et dont les Panchayats sont l’exécutif. Bref, on assiste peut-être là à la naissance d’un contre pouvoir populaire comme les « conseils » ou les « soviets » l’ont été à d’autres époques et en d’autres lieux. Si cela se confirmait, cela ferait entrer le soulèvement paysan dans une toute autre étape.

Le 30 janvier, intelligemment, les paysans se sont saisi de cette journée d’anniversaire de l’assassinat de Gandhi par un fanatique hindou fasciste, ce que sont en grande partie les hommes du gouvernement, pour refuser que cette journée soit célébrée par les héritiers politiques des assassins de Gandhi, et pour redonner cette journée au peuple, comme ils l’avaient déjà fait pour le 26 janvier, jour de la fête nationale. Ils ont donc demandé aux paysans et à leurs soutiens de faire du 30 janvier une journée de grève de la faim, comme le faisait souvent Gandhi. Ils veulent s’adresser ainsi aux millions d’indiens afin de démontrer contre les calomnies de la grande presse gouvernementale qu’ils ne sont pas les terroristes violents qu’elle décrit, mais que ces terroristes violents sont au gouvernement.

J.C.

Mahapanchayat (AG/meeting) paysan à Muzaffarnagar dans l’Uttar Pradesh. A la suite du meeting, 1 000 véhicules ont rejoint les campements paysans des portes de Delhi. Globalement, après les attaques des 28 et 29 janvier des campements paysans aux portes de Delhi par des gangsters fascistes soutenus par la police et des paramilitaires, la participation aux campements de Delhi aurait augmenté de 300 000 personnes selon les organisateurs, notamment beaucoup de musulmans, ce qui montre que la tentative de division de Modi a échoué :

Marche d’un syndicat ouvrier pour soutenir les paysans du campement de Ghazipur attaqués par des fascistes soutenus par la police :

Première journée de grève des employés des banques publiques contre leur privatisation et en soutien aux paysans, ici les employés de la banque provinciale du Bengale occidental :

Après déjà 45 jours, la grève des enseignants du Bengale Occidental continue malgré les violences policières du 28 janvier contre la destruction de l’école par Modi et en soutien aux paysans :

Dans tous les États de l’Inde ont eu lieu ce 30.01 des grèves de la faim accompagnées de chaines humaines à travers le pays, ici à Patna dans l’État du Bihar :

Chaine humaine à Noida dans la banlieue de Delhi :

Journal quotidien de la révolte des paysans (en hindi, pendjabi, anglais) :

 

 

 

Chaine humaine dans l’État de Bihar :

Dans l’État d’Odisha :

Blocage du siège du gouverneur à Hanumangarh dans l’État du Rajasthan : l’eau ayant été coupée dans les campements, les paysans annoncent qu’ils amèneront leurs propres tankers à ceux qui sont dans les campements :