Nous reproduisons le dernier éditorial de la revue Pages de Gauche, un journal qui, depuis 2002, fédère des secteurs de gauche dans le Pays de Vaud, en Suisse romande, notamment dans le Parti Socialiste Vaudois. Il n’est sans doute pas nécessaire de souligner en quoi il fait écho à l’approche d’Aplutsoc et aux débats sur Macron et les présidentielles :
ÉDITORIAL • Une fin de règne glaçante en France.
Dès son élection, nous avions insisté sur le caractère profondément réactionnaire d’Emmanuel Macron (voir notre article du 10 mai 2017). La politique menée depuis son entrée en fonction l’a confirmé, avec un retour aux vieilles lunes d’un libéralisme totalement dépassé, et la volonté de répéter, avec vingt ans de retard, ce que les sinistres Blair et Schröder avaient tenté dans leurs pays respectifs, avec le succès que l’on sait.
Ce que nous n’avions pas véritablement envisagé cependant, c’est que Macron se transforme durant son mandat en mime grimaçant de l’extrême droite.
La réponse aux manifestations des Gilets jaunes durant l’hiver et le printemps 2018- 2019 en a donné l’éclatante illustration, même s’il y avait eu des signes avant-coureurs auparavant. Nous avons pu voir alors une police s’adonnant à la répression la plus brutale de manifestations aux intentions totalement pacifiques (il suffit de voir le documentaire de David Dufresne, Un pays qui se tient sage, pour s’en convaincre), et un pouvoir apeuré – qui est toujours le plus dangereux – se vautrant apparemment sans fin dans l’abjection.
Les événements de ces derniers mois n’ont fait qu’exacerber la tendance autoritaire, illibérale et antidémocratique de Macron, dont on avait eu l’avant-goût dès ses premiers pas comme président.
La réaction aux attentats de cet automne a non seulement été disproportionnée, mais elle est surtout allée dans le mauvais sens. Répondre à un attentat politique en restreignant les libertés académiques semble en effet curieux. De même, utiliser éhontément l’événement pour offrir à la police le cadeau qu’elle attendait depuis longtemps, à savoir l’interdiction de la filmer en train de tabasser des gens, c’est se placer tout contre l’extrême droite, et admettre à demi-mot que son propre pouvoir ne tient plus que par le soutien de l’appareil répressif.
Les développements de cet automne en France sont extrêmement inquiétants, et dénotent l’engagement du pouvoir, et de Macron lui-même, sur une pente menant vers un régime autoritaire. Cet effondrement démocratique ne pourra être arrêté que dans la rue, par les organisations politiques et syndicales qui résistent encore, et par une confrontation avec le pouvoir actuel, qui ne reculera devant rien, pas même à user d’une violence extrême. Il est inutile d’attendre la prochaine élection présidentielle pour lancer ce combat, car si Macron peut alors se représenter, c’est qu’il aura réussi dans l’entreprise qu’il poursuit actuellement.
Publié comme éditorial dans Pages de gauche n° 178.
La question posée dans le titre me semble prêter à sourire. Qui « attend la présidentielle » ? Existe-t-il un seul travailleur, quelque part, qui, devant défendre son emploi ou son salaire, va dire à ses camarades « attendons la présidentielle » ? On attend le facteur, on n’attend pas la présidentielle. Mais l’élection présidentielle viendra. Doit-on ne pas s’en soucier ? Lénine à répondu à cette opinion qui était celle d’Hermann Gorter et d’autres.
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On peut aussi sourire de ta réaction : tu n’est pas visé par la question posée dans le titre !
Ceci dit la réponse à celle-ci est facile. Qui dit d’attendre la présidentielle ? Les candidats, les forces organisées (les « appareils ») qui disent, en effet, aux travailleurs d’attendre.
Doit-on ne pas s’en soucier ?
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Il me semble que la question : « faut-il attendre la présidentielle » n’a de sens que si on la contextualise avec précision. Quel dirigeant syndical à dit qu’il fallait attendre la présidentielle, en réponse à une demande des travailleurs d’engager une grève ? Je n’en connais pas. Ce serait d’autant plus incongru que la rumeur dominante c’est : la « gauche » est foutue, il n’y a rien à attendre des élections, l’abstention va continuer d’augmenter. Donc, non, je ne vois pas. Aucun candidat, ni « appareil » ne me semblent poser cette étrange question. Je l’entend comme un propos gauchiste : « il n’y a rien à attendre des élections, il faut s’abstenir ». Un propos que je ne partage pas.
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