Des analystes financiers dont le célèbre « marxiste à l’envers » Patrick Artus, ainsi que la CGT Natixis surnommait le « chef économiste » maison, détaillent les raisons objectives de la vague sociale qui commence à se former :
– la hausse du coût de l’immobilier soutenue par la créations de liquidités par les banques centrales,
– la hausse du coût de l’énergie soutenue par la transition vers l’électrique ,
– la perte de revenu supportée par les précaires et les ubérisés pendant et après le confinement,
– le développement des plans de licenciements et la remontée du chômage de masse.
En même temps, décevant les espoirs des croyants du jour d’après et des jours heureux, Macron fait dire qu’il « ne reniera pas la première partie de son quinquennat ». La réforme des retraites sera poursuivie avec des mesures d’âge plus féroces et des prix du point adaptés à la chute du PIB. La destruction de l’Éducation nationale et de la Santé publique se poursuivent et même s’accélèrent. Les milliards d’aides aux entreprises ne sont conditionnées qu’aux efforts de compétitivité qu’elles voudront bien avoir le courage d’annoncer à leurs salariés.
En même temps, les luttes sociales se déconfinent vite par un contournement des verrous bureaucratiques : Collectifs de sans papiers, salariés de la fonderie de Bretagne, de Maubeuge Construction Automobile, de Renault Choisy, jeunes par dizaines de milliers à l’appel du collectif Adama contre les violences policières aux States et ici ; ça y est, l’interdiction de manifester à + de 10 est périmée. Il n’y aura bientôt plus que les directions confédérales pour respecter les dispositions liberticides de la loi d’urgence.
Macron aborde le jour d’après dans une grande solitude. Sa majorité parlementaire se délite en groupes rivaux, son remaniement fuite dans la presse, les listes et les candidats LREM s’agitent en dépit des consignes, dans un sauve qui peut qui annonce la défaite du parti présidentiel aux municipales.
Le 16 juin les soignants avec leurs syndicats, leurs collectifs et coordinations (urgences, hôpitaux) appellent à la grève les soignants, et tous ceux qui veulent défendre la santé publique à soutenir leurs manifs.
Pour le gouvernement il est, parait-il, « inentendable » que les personnels soignants, les syndicats et la population envisagent de manifester le 16 juin vu le risque sanitaire qu’il feront prendre à la France !
Macron et ses ministres ne peuvent pas entendre que les travailleurs et leurs syndicats sont capables d’organiser des manifestations avec gestes protecteurs et distanciation physique, ceux qui ont maintenu le 1° tour des municipales en mars, raconté à qui voulait les entendre qu’il ne fallait pas mettre de masques, empêché de tester en quantités suffisantes, tenté de faire reprendre tout le système scolaire le 11 mai dernier, poussé à la non-distanciation physique dans les entreprises et les rames de métro sans oublier le Puy-du-Fou, ceux là veulent interdire de manifester pour raisons sanitaires ! Culot ou inconscience ? Ou les deux ?
En haut, ils sont complètement dans le cirage !
Et ceci doit nous encourager à prendre nos responsabilités : oui il faut des manifestations sécurisées, nous le ferons nous même, à commencer par le soutien à la Santé publique et à l’Hôpital public le 16 juin !
Certes il faudra écarter une ambiguïté. Ce mouvement ne peut être destiné à faire pression sur le Ségur de la santé dont la fonction, avec à sa tête l’experte en régression sociale qu’est Nicole Notat, est la même que celle de la mission Delevoye sur les retraites : enchaîner les syndicats au char des contre-réformes.
De notre point de vue, il s’agit d’en finir avec le plan santé 2022, les concentrations départementales d’hôpitaux les suppressions de postes de soignants et de lits poursuivies par Véran qui ne renie pas les destructions programmées par Buzyn. Cela clarifié, le 16 juin peut devenir une réplique du « mur » du 5 décembre 2019, bien sûr il ne reste qu’une semaine pour redémarrer une machine à l’arrêt, mais déjà la CGT Chimie a appelé à la grève le 16 en faisant référence aux soignants et les appels peuvent se multiplier dans la semaine.
Il serait du plus grand intérêt, aussi bien pour défendre la santé publique que pour l’ensemble des revendications sociales, que soient favorisés des appels au 16 juin dans tous les secteurs à partir du refus des contre-réformes, du refus des licenciements, du refus de l’état d’urgence sanitaire qui n’a jamais servi à soigner mais à mettre la société sous camisole.
Le 16 juin, la loi qui prétend nous interdire de manifester sera défaite par une autre urgence : celle de ne pas laisser les affaires de Macron et des patrons reprendre as usual, à peine la pandémie ralentie.
07-06-2020.