Premier point : ce 49-3 annoncé de Macron et Philippe est le pire de tous, il vise à faire savoir que l’on n’a pas le droit de s’opposer dans leur « Assemblée nationale » avec son groupe LREM pléthorique, pathétique, et incompétent. Et il est couplé à une campagne d’affolement sur l’épidémie dite du coronavirus préparant le terrain à l’interdiction des manifestations.
Second point : les conditions politiques de ce 49-3 ont été permises par le refus de l’intersyndicale d’appeler à une montée en masse vers l’Assemblée nationale. En plaçant des journées d’action par avance, les 13 et 20 février, alors que plusieurs syndicats de la RATP et des AG et coordinations appelaient à faire grève ou manifester le 17 février, jour de l’ouverture des « débats » à la-dite Assemblée nationale, puis en appelant au 31 mars, elle a clairement montré qu’elle cherchait à éviter cela vaille que vaille.
Ceci dit, précision : l’exécutif n’est pas sorti d’affaire sur le propre plan des institutions de la V° République. Il y a deux lois contre les retraites. Ce 49-3 porte sur la loi ordinaire contre les retraites, qui contient le principe de la « retraite universelle à points » liquidant le régime général, le code des pensions et les régimes dits spéciaux, les points étant achetés par le total des salaires sur la carrière du salarié, leur valeur étant calculée chaque année et donc fluctuante, mais il reste la loi organique, qui contient les normes d’ « équilibre », l’extension aux régimes complémentaires et l’extension aux magistrats et parlementaires. Depuis 2008, le 49-3 n’est pas utilisable deux fois dans la même session parlementaire hors lois de finances. Ensuite, il y a le conseil constitutionnel.
Ce méprisable petit coup d’État n’est pas un signe de puissance, mais de faiblesse. Il est important d’expliquer cela à tous les travailleurs, cheminots, traminots, enseignants, jeunes, militants mobilisés. Et plus que jamais aussi, la « conférence de financement » apparaît pour ce qu’elle est : l’association des syndicats à la destruction du droit à la retraite – en relation avec la loi organique.
La question de la défense des droits sociaux et la question démocratique, plus que jamais, ne font qu’une. Chasser Macron pour effacer son entreprise de destruction, voila le besoin majoritaire ! Dès ce soir les rassemblements se multiplient devant les préfectures dans toute la France :
A BAS CETTE ASSEMBLÉE NATIONALE BIDON !
LES SYNDICATS NE DOIVENT PAS PARTICIPER A LA « CONFÉRENCE DE FINANCEMENT ».
PRÉPARONS la GRÉVE TOUS ENSEMBLE et la MONTÉE EN MASSE CONTRE MACRON, LE GOUVERNEMENT ET LEUR ASSEMBLÉE.
29-02-2020 à 19h00.
« À bas cette Assemblée Nationale bidon » ?
Malheureusement c’est finalement aussi ce que Macron et le gouvernement signifient aux français en « dégainant »
le 49-3 : c’est d’ailleurs plus largement comme on sait l’esprit et la lettre de la Constitution de la V ème République concernant les prérogatives sévèrement rétrogradées du parlement au profit de l’Exécutif… Si bien qu’en l’occurrence , ce serait même moins abstrait et hors du temps et de l’espace de « défendre » l’Assemblée même telle qu’elle est contre Macron-Philippe et leur recours au 49-3..évidemment au cœur de « leur Constitution » comme le premier ministre vient de le rappeler lui-même hier soir devant les rangs clairsemés des députés .
Ce nouveau passage à l’acte du « régime du coup d’État permanent » ( Mitterrand, 1958 ou 59) remet à l’ordre du jour de la défense de nos droits, l’urgence du combat pour réunir les conditions de la convocation d’une nouvelle Assemblée Constituante souveraine dans le mouvement même du combat pour le retrait du projet de loi sur les retraites (qui n’est toujours qu’ un « projet » à cette heure malgré le recours au 49-3).
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NB et erratum : la date de parution de l’essai de Mitterrand, « Le coup d’État permanent » est 1964 ( et non 1958-59).
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Je suis d’accord sur ta conclusion : cette affaire et la crise sociale et politique qui va à nouveau rebondir (malgré tous les efforts des dirigeants politiques de tous les partis à faire durer ce pouvoir jusqu’en 2022) doivent nous conduire à discuter de comment remettre au premier plan, de manière concrète et saisissable, une vraie constituante en relation avec la destruction de l’appareil d’État bonapartiste.
Je suppose que ce qui t’ennuie dans la formule « A bas cette assemblée nationale bidon », c’est le « A bas », car nous constatons que Macron la rend bidon. Quand nous écrivons contre cette assemblée, ce n’est pas en tant qu’elle est une assemblée, mais qu’elle en est une triste caricature et une pièce dans le dispositif de Macron. Mais il a franchi une étape qu’il nous faut mieux intégrer que ne le fait cet édito : il piétine sa propre assemblée. Le prétexte futile des dizaines de milliers d’amendements « insoumis » – eux-mêmes une futilité faussement parlementaire – permet à Macron et Philippe d’interdire de discussion même biaisée et ridicule une assemblée qui en principe est à leur botte. Qu’elle soit à leur botte ne leur suffit pas, et c’est un signal pour toute assemblée élue, municipale, départementale, régionale, ainsi que pour le Sénat et les fausses instances de « dialogue social », dans ce pays : ils veulent faire savoir qu’ils peuvent la réduire purement et simplement au silence même si elle est à leurs ordres.
D’où la forme, extraordinaire du propre point de vue du fonctionnement régulier des institutions de la V° République, de cette décision, prise par un conseil des ministres convoqués avec comme seul point à son odj : le coronavirus !
Selon certains articles qui circulent, le décret en conseil des ministres n’aurait même pas été pris en bonne et due forme. Amateurisme ? Sans doute pas : start up-bonapartisme !
Il est donc vrai que d’une certaine façon nous sommes, par nos positions démocratiques, conduits à « défendre » même les assemblées bidon que Macron piétine dans sa fuite en avant, qui n’est en rien un signe de force, d’autant qu’il va quand même devoir subir la suite de la comédie parlementaire : la loi anti-retraite va passer au Sénat, puis revenir à l’Assemblée où le 49-3 peut s’appliquer à elle, mais pas à l’autre loi n° 2 dite « loi organique ».
Il faut donc qu’on réfléchisse à des formulations reconduisant à l’exigence de vraies assemblées, à tous les niveaux, donc d’une constituante aussi.
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