Présentation :
Il y a 50 ans étaient fondés les Teamsters for a Democratic Union [Camionneurs pour un Syndicat Démocratique] , à l’initiative de jeunes militants d’extrême gauche cherchant à gagner une base dans le mouvement syndical. Le syndicat des Teamsters est un puissant syndicat organisant les chauffeurs routiers mais aussi de nombreuses autres catégories dans l’industrie du transport et de la logistique. En 1934, la grève générale et plusieurs semaines de guerre sociale menées à Minneapolis par la section 574 des Teamsters sous la direction des militants trotskystes, a été l’un des trois événements fondateurs de l’année 1934 qui marquèrent l’entrée en scène de millions de travailleurs américains et l’émergence d’un syndicalisme combattif renouvelé avec la naissance du CIO (Congress of Industrial Organization). Hélas, la bureaucratie syndicale appuyée par le pouvoir politique a ensuite repris les choses en main et depuis lors, les Teamsters sont tombés sous la coupe de dirigeants maffieux, incarnés de façon caricaturale par la famille Hoffa. Même si une certaine tradition revendicative se perpétue, celle-ci est étouffée par cette couche parasitaire. C’est contre cet état de fait que les TDU avaient été lancés en 1975 dans une période marquée non seulement par la contestation de la guerre du Vietnam mais aussi par de nombreuses grèves combattives partant souvent de la base.
L’évolution récente de la direction des TDU décrite et dénoncée ci dessous par Dan La Botz est un phénomène négatif dont il faut prendre la mesure.
Document
Teamsters for a Democratic Union (TDU), qui célébrera son cinquantième anniversaire lors de son congrès à Chicago du 7 au 9 novembre prochains, est depuis des décennies reconnue comme la voix de la réforme au sein du syndicat des Teamsters. Mais cette année, certains, à l’intérieur comme à l’extérieur du centre de congrès, contesteront la direction prise par TDU et affirmeront qu’elle a abandonné ses idéaux. Au cœur de la controverse se trouve le soutien apporté par TDU au président des Teamsters, Sean O’Brien, allié du président Donald Trump.
Certains Teamsters ne perçoivent plus la TDU comme un mouvement de réforme, mais plutôt comme une composante de l’establishment. Ils sont consternés par l’alliance d’ O’Brien avec le président Donald Trump, qui a licencié des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux, résilié leurs conventions collectives et anéanti leurs syndicats, tout en remettant en cause des décennies de progrès pour les travailleurs noirs et en s’attaquant aux immigrés. L’alliance de la TDU avec O’Brien, et donc avec Trump, a terni sa réputation de mouvement de réforme syndicale et de justice sociale, et l’a isolée de la majorité du mouvement ouvrier.
Pour de nombreux membres de la TDU et d’autres Teamsters, l’alliance de la TDU avec O’Brien et son soutien à Trump sont devenus un enjeu central. Leonard Stoehr, Teamster de longue date et résidant désormais dans la région d’Atlanta, est chauffeur routier pour la compagnie ABF. Il déclare : « Je pense qu’une majorité de Teamsters ont voté pour Trump sans être pleinement informés. Ils croyaient qu’il se concentrerait résolument sur l’économie pour aider les travailleurs, mais une fois élu, il est retombé dans ses travers et a défendu l’oligarchie dont il est issu. Nous soulèverons sans aucun doute la question de Trump lors du congrès de la TDU, car le soutenir, c’est signer l’arrêt de mort du mouvement syndical. »
Dave Robbins, aujourd’hui retraité, a été membre des Teamsters pendant cinquante ans et a occupé des fonctions de délégué syndical ou de responsable local dans plusieurs sections locales. Il a adhéré à la TDU en 1977 et a consacré sa vie à la défense des membres du syndicat. Il se rendra au congrès de la TDU avec son épouse, Sol Rodriguez, elle aussi membre. Dave ne mâche pas ses mots : « Sean O’Brien est un président général déplorable pour de nombreuses raisons, mais surtout pour son silence face au racisme et à l’anti-immigration de Trump. C’est un traître, un traître à sa classe, et il ne devrait pas être soutenu par la TDU. Sean O’Brien est un pro-fasciste et un partisan de Trump. »
David Levin, organisateur national et principal responsable de TDU, n’est pas de cet avis. Comme il me l’a écrit : « Soutenir Sean O’Brien et la liste des Teamsters United ne signifie pas soutenir Donald Trump ni les attaques contre les travailleurs. TDU s’est toujours opposé, et continuera de s’opposer fermement, aux attaques contre la classe ouvrière, notamment celles visant l’OSHA [Occupational Safety and Health Administration – Administration de la Santé et de la Sécurité au Travail ], le NLRB [National Labor Relations Board est l’agence indépendante du gouvernement fédéral américain, chargée de veiller au bon respect du droit syndical ], les travailleurs immigrés et les tentatives de démantèlement des syndicats de fonctionnaires fédéraux . » Il affirme que depuis l’arrivée d’O’Brien, de réels progrès ont été réalisés. « Sous une nouvelle direction, l’IBT [International Brotherhood of Teamsters] tient tête aux employeurs et mobilise ses membres. »
Ou comme le dit Peter Landon, militant de longue date de la TDU et ancien membre du personnel de la TDU : « Je ne soutiens pas O’Brien. Je reconnais cependant les opportunités qu’il a créées pour que les membres jouent un rôle beaucoup plus important au sein du syndicat. »
Certains membres de la TDU semblent avoir adhéré à l’argument selon lequel, bien que Trump soit un dirigeant autoritaire, un briseur de grève, un raciste et un sexiste, qui déploie l’ICE, la Garde nationale et des troupes en service actif dans nos villes, ils continueront néanmoins à soutenir O’Brien tant que cela donnera à la TDU une plus grande marge de manœuvre pour organiser des actions au sein des Teamsters. C’est le pacte avec le diable que la TDU a conclu. Ils sont prêts à soutenir O’Brien, acceptant son alliance avec Trump tant qu’il tolère l’organisation de la TDU au sein et par le biais du syndicat.
Lors de ce congrès, la TDU votera sur son soutien à O’Brien pour un nouveau mandat de cinq ans à la présidence du syndicat. Si la TDU le soutient, elle renouvellera ce pacte avec le diable, au sens propre comme au figuré, en prenant une décision moralement compromettante qui privilégie un gain à court terme au détriment d’une perte plus importante et durable. Un tel soutien serait pris en toute connaissance de cause, sachant que Sean O’Brien accepte sans problème que les Teamsters incarnent le syndicat favori des partisans de Trump.
TDU à son apogée
Il y a cinquante ans, Teamsters for a Democratic Union (TDU) était à l’origine un petit groupe de militants de base, engagés pour la démocratie syndicale et la combativité. J’en faisais partie. Après sa fondation, TDU a ouvert un bureau national et a embauché une petite équipe dont les salaires modestes étaient financés par les cotisations des membres et par des subventions de fondations progressistes. (Aujourd’hui, selon des documents publics, TDU dispose de revenus de plus de 300 000 $ et sa branche éducative et juridique , la Teamster Rank And File Education And Legal Defense Foundation, a collecté 1,43 million de dollars en 2023. Ces sommes restent modestes comparées aux finances du syndicat des Teamsters et à celles des grandes entreprises contre lesquelles TDU a lutté pendant des années pour les droits de ses membres.)
La TDU a milité pour l’élection des délégués syndicaux plutôt que leur nomination et a présenté des réformateurs aux postes de direction locaux et internationaux. Lorsque le ministère de la Justice américain a intenté une action en justice contre le syndicat en vertu de la loi RICO et a menacé de le mettre sous tutelle nationale, la TDU a fait valoir que, puisque les autorités fédérales s’attaquaient à la mafia, elles devaient permettre aux membres d’organiser des élections libres et de voter pour les dirigeants du syndicat. Le ministère de la Justice et les tribunaux ont donné raison à la TDU et les membres de base des Teamsters ont remporté une véritable victoire pour la démocratie.
Pendant presque toute son histoire, la TDU a fait partie de l’opposition et a souvent été persécutée par la direction des Teamsters et les patrons d’entreprise. Les membres de la TDU élus aux plus hautes fonctions des sections locales se sont heurtés à un blocage systématique de la part de la direction nationale des Teamsters. Ce n’est que pendant cinq ans, sous la présidence de Ron Carey, que la TDU avait contribué à faire élire, que la TDU a non seulement été tolérée, mais acceptée par la direction syndicale. Carey et la TDU, même s’ils n’étaient pas toujours d’accord, ont collaboré sur les élections locales et les conventions collectives. C’était l’âge d’or de la TDU. C’est cette TDU que j’ai décrite dans mon livre « Rébellion des militants : Les Teamsters pour un syndicat démocratique », publié en 1990.
TDU conclut un pacte avec le diable
Sous la présidence de Jimmy Hoffa Jr., qui a occupé le poste de président général des Teamsters de 1998 à 2018, soit pendant vingt-cinq longues années, la TDU a été une organisation d’opposition persécutée. Des dirigeants historiques de la TDU, comme Ken Paff et son successeur David Levin, aspiraient à sortir de l’isolement et à pouvoir à nouveau agir avec le soutien de la direction syndicale, comme c’était le cas sous la présidence de Ron Carey. L’élection présidentielle des Teamsters de 2022 leur a offert cette opportunité.
Sean O’Brien, président de la section locale 25 de Boston, briguait la présidence du syndicat des Teamsters et se présentait comme un réformateur. À la tête de cette section, il avait la réputation d’être un homme de main. Par exemple, en 2013, il était intervenu dans les élections locales de la section 251 des Teamsters, dans le Rhode Island, menaçant les militants de la TDU qui présentaient une liste contre son candidat favori. « Ils doivent être punis », avait-il déclaré. Le Comité indépendant d’examen des Teamsters l’a inculpé et reconnu coupable de violation de la Constitution des Teamsters et de la loi fédérale pour avoir menacé les membres de la TDU. Il a été suspendu deux semaines.
Pourtant, en 2022, lors de leur campagne pour les plus hautes fonctions du syndicat, O’Brien et son colistier Fred Zuckerman, connus sous le nom de liste OZ, se sont présentés comme des réformateurs. Saisissant l’opportunité, Paff et Levin ont négocié avec O’Brien pour former une alliance et ont finalement rallié à leur cause la direction et le congrès de la TDU. Fort de ce soutien, O’Brien a remporté l’élection et est devenu président des Teamsters.
Le premier point à l’ordre du jour d’O’Brien était le contrat UPS qui devait expirer en août 2023. Il laissait entendre qu’il était prêt à mener une grève nationale pour appuyer les revendications du syndicat. En 1997, le président Ron Carey, en collaboration avec la TDU, avait mené les employés d’UPS dans une grève retentissante et remporté une véritable victoire . Le slogan de cette grève était « Le travail à temps partiel ne fonctionnera pas en Amérique », et le syndicat avait contraint l’entreprise à créer 10 000 nouveaux emplois à temps plein. Ce fut l’une des grèves les plus importantes menées par un syndicat à cette époque, et de nombreux Teamsters souhaitaient désormais la réitérer. Pour s’y préparer, la TDU a travaillé avec O’Brien à l’élaboration de la stratégie et des tactiques nécessaires pour informer et organiser les membres.
Mais la grève n’eut jamais lieu. O’Brien négocia un contrat avec l’entreprise, que la TDU proclama victoire historique, et des avancées significatives furent réalisées. Cependant, le contrat était en réalité insuffisant sur plusieurs points. Surtout, il ne mit pas fin au travail à temps partiel pour les employés qui représentaient alors 60 % des effectifs. Comme l’écrivait Sam Gindin, ancien directeur de recherche des Travailleurs canadiens de l’automobile : « Le syndicat a obtenu des gains importants, mais en choisissant de ne pas faire grève pour des revendications autres que salariales, les Teamsters ont peut-être laissé passer une occasion de transformation pour le mouvement syndical. »
Après avoir remporté la présidence des Teamsters et conclu l’accord avec UPS en août 2023 sans grève, O’Brien s’est rendu à Mar-a-Lago pour faire allégeance à Trump. Puis, en juillet 2024, il a pris la parole à la Convention nationale du Parti républicain. Bien que la direction des Teamsters ait refusé d’apporter son soutien à Kamala Harris ou à Donald Trump, le discours d’O’Brien constituait clairement un soutien tacite à ce dernier. Afin de dissiper tout doute quant à la position du syndicat, les Teamsters ont versé d’importantes contributions financières à Trump et à d’autres candidats républicains. Ainsi, la TDU, désormais alliée à O’Brien, a bouclé la boucle, passant de la lutte contre le pouvoir en place à son ralliement à celui-ci.
La réforme des Teamsters dans une nouvelle ère
Le congrès de la TDU de cette année sera différent des précédents en raison d’une opposition manifeste à la direction, tant au sein du congrès qu’à l’extérieur. Afin d’amoindrir cette opposition, des membres du comité directeur et des membres du personnel de la TDU ont contacté certains membres dissidents et leur ont suggéré : « Il serait peut-être préférable que vous ne veniez pas cette année. » Malgré cela, des membres dissidents seront présents.
Une certaine opposition viendra de groupes organisés qui s’opposent à la politique actuelle de TDU. Teamsters Mobilize (TM) est l’un de ces groupes militants au sein du syndicat .
Jennifer Hancock, membre de la section locale 322 des Teamsters, travaille à temps partiel chez UPS, où elle exécute des tris dans un entrepôt du centre de tri de Coach Road et un centre de livraison de colis à Richmond. « Je fais ce métier depuis 34 ans », explique-t-elle. « Je suis également coordinatrice politique de la section locale 322 des Teamsters. Nous soutenons les candidats qui défendent les droits des travailleurs », et la plupart d’entre eux, précise-t-elle, sont démocrates.
Il y a quelques années, Hancock a rejoint un groupe de discussion de la TDU composé de travailleurs à temps partiel d’UPS, principalement des jeunes. Ce groupe a ensuite donné naissance à Teamsters Mobilize. « On dit souvent des travailleurs à temps partiel qu’ils sont fainéants, défoncés, etc. Mais il y a quelques années, sur un forum de discussion de la TDU, on a décidé de créer un groupe pour tenter d’influencer la prochaine convention collective. À l’époque, on essayait encore de collaborer avec la TDU, alors on est allés à leur congrès. On voulait un groupe de travail pour les travailleurs à temps partiel. Il y avait des groupes de travail noirs, latinos et des femmes. Alors pourquoi pas un groupe pour les travailleurs à temps partiel ? On a finalement réussi à faire adopter une résolution édulcorée, mais elle a ensuite disparu. On nous a dit qu’on ne pouvait pas organiser de groupe de travail et qu’on devait se contenter de déposer des griefs. On était complètement impuissants. »
Teamsters Mobilize, initialement un groupe d’employés à temps partiel, est devenu un mouvement de réforme plus général au sein du syndicat. Son site web affirme : « Teamsters Mobilize est une organisation de base regroupant des militants Teamsters qui s’organisent pour renforcer le pouvoir des travailleurs au sein de notre syndicat face à nos employeurs et leurs complices, pour dénoncer la corruption de la direction des Teamsters et pour bâtir, pierre par pierre, un véritable mouvement ouvrier de lutte. » Une déclaration qui rappelle celle de TDU dans les années 1970 et 1980, lorsqu’elle combattait les présidents des Teamsters, Frank Fitzsimmons, Roy Williams et Jackie Presser.
Cette année, il semble que Hancock ne se rendra pas au congrès. « Je suis toujours membre de TDU, mais je n’ai pas l’autorisation d’y assister. » David Levine lui a écrit pour lui expliquer qu’elle ne pouvait pas y participer car elle et les membres de Teamsters Mobilize comptaient « saboter » la réunion. Levine a écrit : « TDU n’autorisera pas les personnes non inscrites à s’introduire de force à notre congrès ou à l’hôtel où il se déroule, et nous n’accepterons pas que Teamsters Mobilize ait un groupe mixte de participants inscrits et d’intrus. »
Mais Hancock ne croit pas que ce soit la véritable raison de son exclusion. « Je pense qu’un vote aura lieu en séance plénière sur la nomination de Sean O’Brien et ils savent que nous y serions opposés. Ils manipulent donc le vote pour obtenir le résultat qu’ils souhaitent. De toute façon, je n’aurais pas voté pour Sean O’Brien. Je ne le soutiens pas car il ne défend pas les syndicats. Tout ce qu’il a fait n’a eu d’autre but que de se servir lui-même. Son soutien à l’administration Trump est également un problème majeur. »
Elle cite l’exemple du limogeage de Gwynne A. Wilcox par Donald Trump, qui l’a destituée de son poste au sein du NLRB. À ce moment-là, mes principaux collaborateurs et d’autres se sont rendus à Washington pour protester, mais O’Brien et les responsables internationaux sont restés les bras croisés.
« Globalement, déclare Hancock, je suis très déçu par TDU. Quand j’ai rejoint TDU, avant l’élection de Sean O’Brien, tout le monde me disait que c’était une organisation formidable. Nous avons cru TDU sur parole et avons fait campagne pour Sean O’Brien. Puis TDU s’est rapproché de l’administration O’Brien et maintenant, il n’y a plus aucune différence entre eux. »
John Palmer de la liste Hooker
John Palmer, originaire de San Antonio, au Texas, et membre de la section locale 657, a été chauffeur routier pour l’ABF pendant des années. Il est aujourd’hui vice-président international, élu sur la liste O’Brien-Zuckerman. « Je me suis fait avoir », dit-il. « Je savais qui était O’Brien, j’avais travaillé à ses côtés pendant cinq ans, mais Fred Zuckerman m’a convaincu qu’O’Brien s’était converti et qu’il serait un réformateur. »
Palmer a vite compris que ce n’était pas le cas. « Tout a commencé lorsque j’ai contesté le contrat avec UPS. J’étais le seul membre du conseil d’administration à avoir émis une objection. Et je l’ai fait publiquement. J’en ai parlé à la presse. » Lors d’une réunion consacrée à l’étude du contrat provisoire, « j’ai été pris à partie par tous les autres membres du conseil d’administration. Une fois leur intervention terminée, je leur ai dit : « J’apprécie votre meute. Maintenant, je vais monter une liste », c’est-à-dire une liste d’opposition pour se présenter contre eux. Et c’est ce qu’il a fait. Aujourd’hui, Palmer se présente sous l’étiquette de la liste Hooker Fearless Slate pour le même poste qu’il occupe actuellement.
Quand O’Brien a organisé une rencontre avec le candidat à la présidence Donald Trump, Palmer a expliqué : « J’ai refusé de rencontrer Trump. Je sais qui il est. Je ne voulais pas me retrouver dans la même pièce que lui pour deux raisons. Premièrement, il a échappé à la conscription. Je suis un ancien combattant et mon père et ses frères ont tous servi dans l’armée. Deuxièmement, c’est un briseur de grève. »
Comme d’autres personnes avec qui j’ai discuté, Palmer est également déçu par TDU. « Comment TDU peut-il être une organisation démocratique, alors que tant de décisions sont prises par l’organisateur national », Ken Paff pendant 45 ans et maintenant David Levin.
Palmer déclare : « Je ne me rendrai pas au congrès de la TDU, mais plusieurs membres de notre liste et moi-même seront à l’hôtel à Chicago. Je ne viens pas pour semer la zizanie. J’ai 67 ans, je suis passé à autre chose. Mais je discuterai avec les membres. »
Richard Hooker, candidat à la présidence générale [des Teamsters]
Richard Hooker est secrétaire-trésorier et le plus haut responsable de la section locale 623 des Teamsters de Philadelphie. Avant de devenir un dirigeant syndical à temps plein, il travaillait chez UPS. « J’ai occupé tous les postes possibles chez UPS. » Fils de pasteur, il a commencé à travailler chez UPS pendant ses études à l’université Drexel. Il est aujourd’hui marié et père de quatre enfants.
« Je ne me rendrai pas au congrès, mais je serai dans le même hôtel pour recueillir des signatures auprès des participants. Ces signatures serviront à constituer une liste accréditée, mais si nécessaire, nous pourrons toujours figurer sur les bulletins de vote lors du congrès. Le congrès de la TDU est une excellente occasion d’écouter et de dialoguer avec nos membres. »
Bien qu’il ne soit pas membre de la TDU, Hooker affirme l’avoir soutenue par le passé. Mais ce n’est plus le cas. « Je suis choqué par le soutien apporté par la TDU à O’Brien. Même si je n’en ai jamais été membre, j’ai toujours respecté leur combat, leur présence. Dès le début, je n’ai jamais soutenu Sean O’Brien à cause de ses intimidations, de ses représailles et de ses méthodes abusives. Il a l’habitude d’agir ainsi. Il est également connu pour son incapacité à obtenir des contrats avantageux. Il a l’habitude de faire des concessions : sur les 18 dernières années, nous avons dû en faire pendant 13 ans, et il y est pour beaucoup. »
Comme d’autres, Hooker reproche à O’Brien sa « fascination pour Trump. Il a décidé de suivre Trump et tout ce qu’il a fait. Pas seulement Trump, mais aussi la classe dirigeante, la classe patronale, la classe des milliardaires, car c’est elle que Trump représente. Il ne représente pas les travailleurs. »
Hooker critique également les agissements d’O’Brien au sein des Teamsters. « Dès son élection, O’Brien a fait de nombreuses suppressions de postes, dont 70 % étaient des personnes noires ou métisses. » Hooker explique que, de ce fait, « le syndicat, c’est-à-dire ses membres, a dû verser 2,9 millions de dollars suite à une plainte pour discrimination. Il a ensuite licencié trois autres responsables pour leur soutien à la liste de Steve Vairma, candidat rival. Les membres du syndicat ont dû leur verser deux ans d’arriérés de salaire. Sa politique est néfaste pour les Teamsters et pour l’ensemble de la classe ouvrière. »
Hooker est déçu par la TDU aujourd’hui. « Ils font preuve de complaisance. Peu importe ce que fait O’Brien, ils refusent de le critiquer. La TDU a été fondée pour éduquer, donner du pouvoir et dénoncer les injustices. » Mais aujourd’hui, dit-il, la TDU ne s’exprime plus. « Se taire, c’est se ranger du côté de l’oppresseur. C’est ce qu’a fait la TDU en refusant de dénoncer l’oppresseur des Teamsters. Ils sont devenus ce qu’ils combattaient. »
Sean O’Brien, candidat à sa réélection, prendra la parole lors du congrès de la TDU, bien qu’il n’en soit pas membre, et Richard Hooker, lui aussi non membre, n’aura pas cette opportunité. Levin a écrit à Hooker : « La TDU ne va pas mobiliser du temps ni de l’argent de ses membres pour organiser un discours de campagne de votre part. » Si la TDU a tout à fait le droit de décider qui prend la parole et d’organiser ses congrès, il est regrettable de ne pas permettre aux deux candidats à la présidence des Teamsters – les deux seuls à ce jour – de débattre ou au moins de s’exprimer. Quelle belle occasion d’échanger avec les membres ! Mais Levin, manifestement acquis à la cause d’O’Brien, ne souhaite pas aider son adversaire.
Quel avenir pour TDU ?
Avec ses cinquante ans d’histoire, sa capacité de collecte de fonds importante et croissante, son personnel permanent, la continuité de sa direction et sa conviction d’être la véritable voix des membres des Teamsters, je vois la TDU comme une sorte de version miniature de la bureaucratie syndicale. Elle ne bénéficie pas des mêmes privilèges financiers que la plupart des responsables syndicaux, elle n’est pas corrompue comme certains l’ont été, elle n’est liée à aucun parti politique, du moins jusqu’à récemment, mais elle reste un centre de pouvoir au sein du syndicat qui, malgré sa théorie et ses efforts sincères pour s’y intégrer, demeure à l’écart des membres.
Compte tenu de tout cela, il semble peu probable que TDU change de cap, même si cette convention pourrait réorienter l’organisation et la ramener à ses racines plus militantes. Refuser son soutien à O’Brien permettrait à TDU de redevenir une organisation indépendante, défendant les membres de base et exigeant des comptes de la direction, quel qu’en soit le risque. Un peu comme les fondateurs de TDU il y a une cinquantaine d’années.
Dan La Botz, 7 novembre 2025.
Source :
Si TDU s’avère irredressable, les Teamsters Mobilize montrent la voie du renouveau

Merci de publier mon article en Français, Dan
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