Ofer Cassif est un homme courageux et respectueux des principes. Il est membre du Parti communiste israélien et du Hadash (Front démocratique pour la paix et l’égalité) à la Knesset, le parlement israélien.
Le Morning Star a publié une interview de lui le 7 octobre, qui doit compter comme l’un des rares articles sur Israël et la Palestine publiés par ce journal qui mérite d’être lu.
Sous le titre « Je n’accepte pas que la société israélienne soit considérée comme perdue », Cassif déclare (entre autres) que les Israéliens qui s’opposent au « massacre en cours » à Gaza « doivent utiliser tous les outils de la lutte démocratique et non violente » pour forger « une union de diverses forces qui s’opposent au génocide et au fascisme qui sévissent en Israël, même lorsqu’il existe des désaccords entre elles sur d’autres questions ».
Il souligne que « la classe ouvrière subit des préjudices économiques [par les colonies et la guerre, et] est également affectée par la persistance de l’hostilité entre Palestiniens et Israéliens. Cette hostilité empêche les populations exploitées des deux nations de s’unir contre les exploiteurs. »
Interrogé sur la campagne anti-guerre en Israël, il répond ainsi : « Nombreux sont ceux qui pensent qu’il n’y a aucune chance de changement au sein de la société israélienne et que seule la pression internationale y parviendra. Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Il est clair que la pression internationale sur Israël est nécessaire. Mais je n’accepte pas l’idée que la société israélienne est perdue et qu’il n’y a plus rien à défendre en son sein. »
« Ceux qui affirment cela fondent leur point de vue sur l’hypothèse d’une société israélienne monolithique. Mais en tant que marxiste, je perçois chaque société comme un tout composé de contradictions. Dans la réalité israélienne actuelle, l’une des principales contradictions oppose les partisans du fascisme théocratique, impliqués dans le génocide de Gaza, à leurs opposants de l’autre côté. Notre rôle historique est d’exacerber cette contradiction en luttant aux côtés des opposants aux forces meurtrières. »
Ce qui rend les propos de Cassif importants (et dignes d’être cités longuement) est qu’ils contredisent la plupart des opinions généralement exprimées avec approbation dans le Morning Star. Ils contredisent notamment l’affirmation de personnalités de la Campagne de solidarité avec la Palestine (Palestine Solidarity Campaign – PSC) et du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) selon laquelle Israël est un État particulièrement illégitime (certains n’utilisent même pas son nom, le qualifiant d’« entité sioniste ») et que toute tentative de militer pour la paix et un changement progressiste au sein de cette société doit être condamnée comme un acte de « normalisation ».
Ce point de vue a atteint son paroxysme lorsque la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël ( Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israel – PACBI) a publié un article en janvier 2024, affirmant que Standing Together, le mouvement social binational (juif-palestinien) de gauche basé en Israël, devait être boycotté. La campagne BDS a publié cet article sur son site web.
Cela a donné naissance à l’idée que toutes les organisations qui ont exprimé leur soutien, sous quelque forme que ce soit, au BDS sont désormais moralement obligées de boycotter et de refuser toute tribune à Standing Together – et c’est ce qui s’est effectivement produit lors de la récente conférence du Parti vert (Green Party).
Compte tenu de la proximité du Morning Star et de ses responsables politiques au sein du Parti communiste britannique (CPB) avec la PSC et le mouvement BDS, on peut se demander ce qu’ils pensent réellement de l’affirmation selon laquelle Standing Together « normaliserait » Israël et devrait donc être exclu de toute tribune. Le Morning Star a effectivement publié deux articles l’année dernière d’Uri Weltmann, organisateur de Standing Together, mais n’a jamais commenté cette affirmation de « normalisation » ni le boycott.
Sous couvert d’« écouter les voix palestiniennes », les opposants à Standing Together affirment que seule, la voix palestinienne devrait avoir le monopole, à l’exclusion de toutes les autres. Ils affirment aussi, en substance, que quiconque en Israël milite pour la paix et le progrès « normalise » cette société – une accusation qui, vu son refus d’accepter que « la société israélienne soit perdue », s’applique certainement aussi à Ofer Cassif. Si lui, ou tout autre membre du Parti communiste israélien ou du Hadash, venait un jour en Grande-Bretagne, le PACBI exigerait probablement un boycott.
À ce stade, le Morning Star pourrait sans doute se sentir obligé de faire un commentaire.
Jim Denham, 12 octobre 2025
Cassif et un autre député du Hadash, Ayman Odeh, ont manifesté à la Knesset lors du discours de Trump. Ils ont brandi une pancarte exigeant la « reconnaissance de la Palestine ! ». Cassif a déclaré : « Reconnaissez la Palestine ! Ceci est la bannière que j’ai brandie devant Trump à la Knesset… Une paix véritable et juste, qui sauvera les deux peuples de ce pays de l’agonie, ne peut se concrétiser que par la fin totale de l’occupation et la reconnaissance universelle d’un État palestinien aux côtés d’Israël. »
Source : https://workersliberty.org/index.php/story/2025-10-12/antidoto-ofer-cassif-normalising-israel
Article et position du leader communiste israélien recommandés !
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