Le 10 septembre, date de mobilisation lancée cet été sur les réseaux sociaux, est devenu hier une réalité qui s’était déjà concrétisée les semaines précédentes par la tenue de centaines d’assemblées citoyennes dans tout le pays puis, ce lundi, de pots de départ de Bayrou, première victoire du mouvement avant même son avènement.
Cette réalité, ce sont des centaines de blocages menées de bonne heure sur les voies de circulation, de zones commerciales ou d’entrepôts mais aussi de lycées et d’universités en dépit des 80.000 policiers déployés sur le terrain, suivies du même nombre de manifestations, le plus souvent sauvages, comptant plusieurs dizaines de milliers de manifestant-es dans les grandes villes. Même si l’implication de nombreux militant-es syndicaux et politiques dans nombre de ces actions étaient notables, c’est surtout la jeunesse des participant-es qui frappe.
Sur Paris où l’auteur de ces lignes manifestait, la rencontre entre ces deux mondes s’est opérée place du Châtelet, où un rassemblement intersyndical avait été dûment déclaré, mais également devant Gare du Nord, où les cheminot-es grévistes tenaient leur assemblée générale. Tout ce petit monde s’est ensuite retrouvé bras dessus bras dessous en dépit du nassage de la police pour parcourir joyeusement et bruyamment la rive droite de la capitale jusqu’à l’acmé du mouvement le soir à la Place des Fêtes, où 15.000 personnes se sont retrouvées au son de la musique et de prises de paroles.
Le 18 septembre, passer un cap.
Ni le départ de Bayrou, ni son remplacement la veille par Lecornu, bras d’honneur adressé par Macron, n’auront entamé la puissance de la mobilisation. Il en est de même de l’appel prématuré de l’intersyndicale pour une journée de grève et de manifestations le 18 septembre prochain, qui devient de fait l’occasion non seulement de passer un cran supplémentaire mais d’approfondir les contacts déjà noués entre les différentes franges de Bloquons tout !
En effet, si tout n’a pas été bloqué, l’idée d’un Bloquons tous ! sort renforcée de cette journée là où le blocage des aspirations populaires par Macron est plus patent que jamais. Personne ne peut faire l’économie de la question de la grève, soit celle de la production même et pas de la seule circulation des personnes et des marchandises, et, plus encore, dans le temps. Les promesses du nouveau Premier Ministre de » ruptures et pas que sur la forme » laissent sceptiques là où le maître des horloges en est réduit à jouer la montre pour faire passer au forceps un budget d’austérité, même raboté, d’ici la date limite du 31 décembre dernier. Continuons à tout bousculer !
Laurent Degousée, le 11/09/2025.
Chaque « traversée de lutte » est une expérience initiatique à chacun nul autre pareil, dans l’échevau des singularités d’existence. On en sort « transformé » pour toujours – phase dévoilement illumination ascendante -, qui se transformera ensuite en « nostalgie constitutive » , Heimat, la conscience du passé et de ses virtualités au futur antérieur, comme récurrence consolatrice, « réactive ». Il faut cependant faire le départ de l’exaltation et de l’expérience intérieure subjective -être très fous à nombreux, se plonger dans le « pas de côté disruptif »- , et de son utilisation praxéologique et idéologique. Avant tout « blocage » – où l’on risque surtout de renforcer l’autoblocage de toute manifestation populaire sans peuple-, de « grève » sans grévistes, de favoriser les postures de « tourisme militant », de coldplaying (vivez l’aventure exaltante d’un « mouvement social radical », avec nos animateurs expérimentés…), de « confusion » symbolique de « répertoires d’action » hétéronomes… Le bilan répressif montre qu’on a pas su s’y prendre. Mais alors, pas du tout ! Maintenant, bien sûr que la bourgeoisie est apeurée aujourd’hui, maintenant soit elle peut « céder » et entrer dans la voie de la raison pour un nouveau compromis productif-reproductif vers le socialisme mondial, soit elle peut paniquer, se targuer de la faiblesse génétique de l’opposition, et ainsi « tenter le coup dur » (la barbarie). Il y a donc même dans les façons de s’adresser aux autres classes sociales, une « courtoisie », une « diplomatie », qui fait défaut, tandis que les moyens d’action réels sont dérisoires ? Le mode « menaçant » à l’égard des institutions -qu’on utiliserait pas si on était 3 millions- à 300 000, c’est s’exposer au « retour de bâton ». Je ne sais pas si la journée du 10 ne garantit pas le « retour à la normale », dès le jeudi 19, sans qu’aucun commencement, non seulement d’automne chaud, mais de l’Intervention de la grande masse sociale, via sa représentation syndicale, mais porteuse cette-fois-ci de la légitimité des « Recueils des états-généraux » d’un mouvement de masse représentatif que saurait organiser – et il faut arrêter nombre de journées d’activités habituelles pour se faire – ! – afin d’intervenir « promptement » dans l’élaboration du Budget 2026, et de la « trajectoire budgétaire » 2032. Irruption sociale dans le Budget : Budget participatif, votations populaires sur les orientations du budget, que sait-on encore ? Voilà la dimension « créative culturelle utopique » qu’une gauche « radicale » devrait aider le mouvement syndical à porter, c’est à portée de main. Au-lieu de celà….. Il s’agirait de pousser à la démission de la république pour que, des élections se tenant un mélenchon (versus Bardella) devienne Président de la République ?!?! Mélenchon porter à la présidence dans la fureur de destitution par « vague d’explosion populaire », telle qu’on les connait dans la semi-périphérie ou la périphérie, c’est le « fantasme stratégique » du monsieur et de l’agenda qu’il parvient à imposer. S’il est des erreurs flagrantes d’anachronisme, il en est aussi d’anagéographisme, et de calquer les phénomènalités d’un continent sur un autre, parfaitement hétéromorphes, hétéronomes.
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