Le Programme Alimentaire Mondial le clame : dans les camions frigorifiques bloqués près de Gaza, principalement en Égypte, il y a de quoi nourrir 2,3 millions de personnes pendant trois mois.
La décision de les empêcher de passer est une décision consciente, politique, génocidaire, et elle est celle du pouvoir israélien.
Ce n’est pas la première fois dans l’histoire qu’une famine est artificiellement aggravée, ou, dans ce cas, entièrement et délibérément provoquée. Mais c’est sans doute la première fois que la nourriture est à portée, juste à côté, et que le pouvoir d’État organisateur de la famine veille à ce qu’elle ne passe pas, ouvertement. C’est un comportement d’assassins et quand ces assassins traitent d’antisémite quiconque proteste, c’est une circonstance aggravante.
Bien entendu, la lutte contre le Hamas et, moins encore, la libération des otages, n’ont strictement rien à voir avec cette décision ni avec le but poursuivi, génocidaire : que les Palestiniens meurent ou partent.
La question qui doit être posée aux gouvernements européens qui disent être indignés n’est pas de « rompre avec Israël“ ou de ”rompre avec le sionisme » ainsi que le répètent depuis des années les “propalestiniens” (guillemets nécessaires ).
La question est celle d’une intervention forçant le blocus, par les moyens militaires mesurés et adéquats. Au moment où la crise dans la société et dans l’armée israéliennes s’accentue rapidement, ce serait efficace. Et il s’agit de sauver la vie et d’arrêter les souffrances intolérables de 2,3 millions d’êtres humains (et aussi, d’ailleurs, de libérer les otages dont le pouvoir israélien n’a strictement et quasi ouvertement rien à foutre).
Accessoirement ce serait la réapparition de l’Europe comme foyer démocratique … mais cela suppose des gouvernements démocratiques qui affrontent Trump et Poutine.
Le 29/07/2025.
Vu son titre, j’aurais du demander que cet article ( avec lequel quant au reste je n’ai aucun désaccord) soit publié sous la signature d’un auteur et non, comme s’il faisait l’unanimité ou même suffisamment consensus dans le comité de rédaction, sous la signature d’Aplutsoc :
Car ainsi, nous reprendrions à notre tour le terme de « génocide » pour qualifier, même maintenant, les crimes et le désastre en cours à Gaza ? Après que tout a été dit ici par nous et à de nombreuses reprises, de l’équivoque délibérée de ce terme, dans ce conflit-là, tel que de forts courants d’opinion l’utilisent de façon nauséabonde et délibérée depuis des mois contre un «Israël » en fait essentialisé comme «entité génocidaire» depuis sa création et en vérité ontologiquement ?
Et qu’on ne nous objecte pas que la situation a évidemment évolué et que les risques de type génocidaire d’il y a quelques mois ont débouché aujourd’hui sur «un génocide » avéré : si les faits répondent maintenant hélas aux définitions reçues du génocide au plan juridique, nous savons bien que ce n’est pas le sens du mot pour l’opinion la plus large, pour le «sens commun», et l’employer à notre tour ne risque-t-il pas de nous faire flirter avec toutes les tentatives louches pour faire des événements en Palestine l’équivalent d’une EXTERMINATION systématique.. dont «le modèle » moderne demeure qu’on le veuille ou non, «la destruction des juifs d’Europe » ?
Avec le sens évident d’une manœuvre pour faire porter à «l’État des juifs »* un crime symétrique (enfin..) de la Shoah.
(*Pour reprendre la traduction bienvenue du titre de l’œuvre princeps de T. Herzl dans l’édition disponible à «La Découverte »)
MDL, membre du comité de rédaction.
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Marc, effectivement le titre est un rajout fait après rédaction et envoi de l’article. Mais il ne me semble pas qu’il contredit ou dépasse son contenu, si ce n’est qu’en parlant à la troisième personne abstraite du génocide (« le génocide »), il peut en effet ouvrir la voie aux représentations fétichistes. Oui, il faut faire très attention à la manière d’écrire …
Ceci dit, à ta question de savoir si nous employons maintenant le terme de « génocide » à Gaza, la réponse me semble être oui, et ce n’est pas une innovation de cet article dont tu dis d’ailleurs être d’accord sur son contenu : j’en ai pour ma part parlé précisément dans mon article de discussion – mais qui justement n’a pas soulevé de contradictions parmi nous- du 11 juillet, intitulé « Sur l’emploi du mot « génocide » à propos de Gaza au moment présent ».
Dire que nous l’employons ne veut pas dire que nous le « reprenons » à beaucoup de ceux qui l’employaient depuis … une éternité. En fait, nous l’employons pour désigner une réalité (hélas), non pour nous gargariser d’un fétiche antisémite. Il s’agit d’un génocide, qui n’est pas la Shoah mais qui en est bien un. Et nous ne sommes pas les seuls : quand B’tselem et l’association Médecins pour les droits humains, deux organisations israéliennes, titrent leur rapport « Notre génocide », c’est ce qu’ils font, de même que les manifestants en nombre croissant à l’appel de Standing Together notamment. Il s’agit de l’emploi du terme dans son sens réel, non comme fétiche antisémite. Et le fétiche doit être combattu par l’emploi réaliste du terme, à présent.
Ce qui permet de distinguer les deux, c’est la volonté de sauver réellement les Palestiniens et non de les garder jusqu’à leur disparition comme un grigri que l’on arbore : le point de politique militaire démocratique sur lequel nous sommes, en fait, seuls, à mettre l’accent, à savoir la nécessite de briser par la force le blocus et la famine à Gaza, en parallèle à l’armement immédiat des Ukrainiens, est à mon avis une pierre de touche, car il cherche à concrétiser l’exigence efficace, la rupture avec le spectacle « propalestinien ».
Vincent.
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