Après l’arraisonnement du Madleen, quelle protection pour le peuple palestinien ?

Comme prévisible, dans la nuit de dimanche à lundi, Netanyahou a fait arraisonner le « petit bateau », pour reprendre les termes d’un tweet de Mélenchon. Les douze passagers, militants de la solidarité avec Gaza, ont été arrêtés dans les eaux internationales et, de façon certaine, en dehors des eaux territoriales israéliennes. Les quelques centaines de kilos de farine, capital symbolique de cette action, n’atteindront pas ceux qui en ont besoin.

@JLMelenchon

« Netanyahu menace notre petit bateau avec Rima Hassan, Greta Thunberg et dix équipiers. Il leur dit « Faites demi-tour vous n’atteindrez pas Gaza ». Rappel : Israël n’a aucun droit sur la côte de Gaza, territoire occupé selon le droit international. La France doit prendre ses responsabilités. Notre marine nationale doit intervenir et faire respecter le droit international et nos ressortissants menacés. »

L’intervention israélienne pour le dérouter est totalement illégale en droit maritime comme en droit international, comme l’est la destruction systématique de Gaza et le massacre de ses habitants.

Un gouvernement français soucieux de développer une politique étrangère démocratique aurait :

  • 1°) soustrait le bateau et ses passagers du danger en garantissant la liberté de circulation dans les eaux internationales de la Méditerranée ;
  • 2°) envoyé flotte et aviation pour ravitailler Gaza et briser le blocus, en affirmant clairement sa détermination à l’emploi de la force en cas d’attaques terroristes israéliennes contre les actions de livraison de nourriture et de soins (et en écartant le Hamas sur son passage, afin de nourrir et sauver les gens) ;
  • 3°) appelé à faire cela de manière internationale, en utilisant le cadre de l’ONU ou de l’UE.

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les Territoires palestiniens, a déclaré ce jour : « Chaque port de la Méditerranée devrait envoyer des bateaux chargés d’aide, de solidarité et d’humanité à Gaza. Et ils devraient naviguer ensemble. » Selon elle, « briser le siège est un devoir légal pour les États et un impératif moral pour nous toutes et tous ».

Cette louable intention sera de peu de portée tant qu’elle n’est pas accompagnée de la protection pratique des États qui ont manifesté leur opposition ou émis des critiques contre le siège de Gaza, sans attendre de résolutions internationales dans les assemblées de l’ONU.

Précisons, pour clouer le bec aux provocateurs, qu’il ne s’agit pas de déclarer la guerre à Israël mais uniquement de mener une opération humanitaire conséquente en direction d’une population d’un territoire dont le statut international depuis les résolutions adoptées par l’ONU en 1967 est clair, celui d’un territoire illégalement occupé au regard du droit international.

Nous avons en France un gouvernement qui, en façade, manifeste un peu d’indignation sur le sort infligé à la population de Gaza mais qui, côté cour, accueille les stands de l’industrie d’armement israélienne au salon aéronautique du Bourget. Développer l’exigence d’une politique étrangère démocratique mène à poser la question du gouvernement adapté à la prise en charge de cette orientation.

Il est temps que l’ensemble des forces de gauche, dans la bataille d’opinion, dans la rue comme au Parlement, agisse pour une action humanitaire conséquente à Gaza.

09/06/2025.

Post-scriptum :

Selon Volodomyr Zelensky, 20 000 rockettes anti-aériennes améliorées aux EU sur les conseils de techniciens ukrainiens, et promises par Biden, ont été détournées par Trump sur « le Proche Orient », c’est-à-dire au profit du terrorisme de Netanyahou.

Voilà qui souligne ce qui aurait dû, depuis des mois et des mois, être l’axe de tout mouvement internationaliste de solidarité avec les Palestiniens visant à l’efficacité pour sauver réellement les Palestiniens : « Les armes à l’Ukraine, pas à Netanyahou » !