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Un reportage d’Arte consacré au risque de déversement de lacs de haute montagne résultant du réchauffement climatique montre les moines bouddhistes du Bhoutan passant 15 heures par jour à prier, au lieu de nous montrer des actions des citoyens pour demander à leur gouvernement d’agir réellement contre cette menace. À la veille du collapse environnemental et civilisationnel, il devient urgent que les humains se débarrassent des religions et autres croyances.
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Hier, samedi 19 avril 2025, l’émission Arte Reportage a rediffusé un reportage d’Antoine Védeilhé et Germain Baslé, déjà présenté lors de l’émission du 15 novembre 2024, intitulé Bhoutan : le royaume himalayen. C’est dans ce petit pays au bilan carbone négatif que le roi Jigme Singye Wangchuck, alors âgé de 16 ans, avait proposé en 1972 le concept de « Bonheur National brut » (BNB), calqué sur le Produit intérieur brut (PIB), outil de mesure habituel de la « santé économique » (capitaliste) d’un pays.
Malgré ses efforts de préservation de l’environnement, le Bhoutan n’échappe pas aux conséquences du réchauffement climatique. Le pays, surplombé par des pics qui culminent à 7500 mètres d’altitude, compte 700 glaciers et presque autant de lacs glaciaires. Avec la fonte des glaces, des réservoirs d’eau se créent, faisant craindre aux scientifiques des « tsunamis de montagne ». Le reportage se concentre sur un lac situé à 5000 mètres d’altitude qui menace de déborder et de se déverser dans la vallée en contrebas, engloutissant des villages et des milliers de vie sur son passage. Selon le premier glaciologue du pays, la question n’est plus de savoir si les lacs glaciaires déborderont, mais quand. Le reportage nous montre alors les villageois, parfaitement conscients de ce danger qui les a déjà frappés et les empêche souvent, littéralement, de dormir. Ils attribuent celui-ci à de divinités de la montagne, dont ils se demandent ce qu’ils ont bien pu faire pour les courroucer.
À partir de ce constat, le reportage va-t-il nous mener dans les cercles gouvernementaux, pour nous montrer quels plans les responsables ont-ils préparés pour intervenir et prévenir ces dangers, par exemple en vidant préventivement mais lentement ces poches d’eau par des brèches contrôlées dans leurs rives ? Que nenni ! Il nous emmène dans des monastères, où des moines bouddhistes consacrent « 15 heures par jour » à la prière, pour s’adresser à ces divinités ou, qui sait, au bouddha lui-même pour leur demander de surseoir à ces catastrophes. Diffusé la veille du dimanche de Pâques, ce reportage apporte un soutien à la propagande religieuse à laquelle nous sommes soumis en permanence, souvent de manière subliminaire.
En ce milieu du XXIe siècle, l’humanité, soumise à une idéologie dominante négationniste, ne se prépare nullement à l’effondrement ou collapse environnemental et civilisationnel inéluctable à court ou moyen terme [1]. Les mensonges divers qui sont déversés quotidiennement par les responsables politiques et les médias, allant de la dénonciation de l’« écologie punitive » (alors que c’est le collapse à venir qui va être « punitif ») aux billevesées sur la « transition écologique » (dont la principale fonction est de poursuivre le « business as usual » exigé par les capitalistes qui dirigent nos sociétés), nous livrera sans défense et sans réelle préparation à cette catastrophe mondiale. Pendant cette période, les charlatans de tous ordres continuent à paralyser les peuples pour les empêcher d’agir pour se débarrasser de leurs responsables et s’engager résolument dans la voie de la décroissance qui, sans empêcher le collapse, leur permettrait d’aborder celui-ci avec quelques chances de survie, au moins dans quelques régions du globe. Dans ce contexte, comme je l’ai récemment souligné [2], les religions et les croyances animistes jouent un rôle considérable, comme dans toute l’histoire de l’humanité, pour interdire aux humains de se défendre contre les quelques-uns d’entre eux qui détiennent le pouvoir, et de se préparer aux catastrophes inéluctables.
Alain Dubois, le 20 avril 2025
Initialement paru sur le site L’Herbu
Notes
[1] Yves Cochet, Précisions sur la fin du monde, Les Liens qui Libèrent, 2024.
[2] Pourquoi l’humanité est-elle dans la merde ?, 9 février 2025, <https://blogs.mediapart.fr/alaindubois/blog/090225/pourquoi-l-humanite-est-elle-dans-la-merde> et <https://lherbu.com/2025/02/pourquoi-l-humanite-est-elle-dans-la-merde.html>.
Salut camarades,
Merci au camarade Alain Dubois pour cet article éclairant et pertinent, contre la catastrophe climatique évitable, à espérer et lutter ! Une autre société que le capitalisme devrait nous permettre d’y arriver, les travailleurs du monde ont leur destin entre les mains…
Fraternellement,
Laurent Gutierrez
Aplutsoc Dijon
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La forme de rationalité technique dominante, incarnation dominante de la Raison éclairée, a directement entrainé l’humanité entière dans la merde, mais c’est encore à cette rationalité qu’il faudrait simplement s’en remettre (avoir un bon gouvernement etc.). Une religion c’est fait pour „apprendre à mourir“. L’aliénation humaine n’est peut-être pas qu’un „mauvais moment à passer“, mais quelque chose qui ne se surmonte que dans le rien, à la seule exception d’une illusion intense et fugace.
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Ah bah voilà un petit billet libertaire qui rafraichit !
C’est devenu tellement rare à gauche de s’attaquer aux « spiritualités ». Le commentaire de remydholland en témoigne : la déconstruction post-moderne a abouti à une inversion de sens, où rationalité est devenu synonyme de barbarie.
Se joue ici la ligne de faille décisive, qui se répercute sur tous les sujets.
La rationalité c’est le capital, c’est le colonialisme, c’est les chambres à gaz. La science c’est la bombe atomique et big pharma. La vérité est une construction sociale, blanche, qui vise à légitimer la domination.
De ces bêtises empilées découle un rejet des Lumières (et donc de la Révolution), du savoir et un déni du réel. Effondrement cognitif auquel contribuent activement les impérialismes chinois et russes sur les écrans. Dès lors, la gauche y compris radicale, rejoint Trump dans la post-vérité. Les anti-pass du covid étaient largement antisémites, ils n’ont pas de mal à affirmer aujourd’hui que le Hamas n’a commis aucun viol.
La barricade n’a que deux camps : ou bien la vérité existe ou bien non. Et dans les sciences, il y a bien aussi l’histoire. L’énoncé de la catastrophe climatique est aussi vrai que celui de la catastrophe politique qui a consisté et consiste encore à ériger Trotsky en grand homme.
Mais rassurons nous, la vérité gagne, automatiquement, toujours, et pour cause : c’est justement ce que signifie le mot. Le problème n’est pas le risque d’écrasement ou de disparition de la vérité, le problème c’est que l’agrandissement du faux crée un agrandissement de la souffrance, du nombre de morts. Les négationnistes de tous les genres sont condamnés à mourir dans le contact avec le réel (de la rougeole par exemple). Le capital n’a même plus intérêt à les convaincre, car dans la nouvelle situation, il y a trop d’humains : autant qu’ils meurent les platistes de toute espcèce, que ce soit d’overdoses, de règlements de comptes locaux ou tribaux, de pandémie, de suicides collectifs dans la forêt, peu importe, ça les occupe, les pauvres.
Ainsi, quand la gauche sur-critique se croit maligne à dénoncer l’ethnocentrisme qu’il y aurait à combattre les animistes, elle enfonce les damnés de la terre dans le brouillard qui sera leur linceul.
En attendant, les sorciers africains ou indiens continuent de massacrer, surtout des filles, surtout quand on peut récupérer les terres de la famille. L’Ayurveda a des connections intimes avec le fascisme et la circulation de la croix gammée n’est pas fortuite. Le Bouddhisme est une saloperie aristocratique que l’attaque impériale contre le Tibet ne doit pas faire oublier (après on s’étonne, dans la gauche alterniaise que le Dalaï Lama soit resté copain avec des criminels sexuels, comme certains trostkystes anglais, déni qd tu nous tient…). La submersion évangéliste est enclenchée. La folie des juifs orthodoxes devient un problème, même pour une partie de la droite israélienne.
Quant à l’islam, fallait vraiment un Faucault, pote de maoïstes, grands experts en déni, le cas Gérard Miller étant exemplaire (viols, encore), pour imaginer la « révolution » islamique comme une possibilité historique. Evidemment que ses héritiers déplorent aujourd’hui qu’on s’en prenne au Hezbollah… et que Judith considère des viols de masses comme des actes de résistance (Butler).
C’est pas parce que des enfants musulmans sont tabassés à morts en Inde et en Birmanie qu’il faut renoncer à dire que l’islam est par essence toxique.
Enfin, les cathos, on aura le billet de VP pour s’attaquer à eux. En attendant on peut déjà être catastrophés que la République Française éteigne la Tour Effeil pour un gourou homophobe et sexiste ou que la Pologne décrète ce samedi férié alors que François n’a pas condamné Poutine… Pathétique.
N’en déplaisent à certaines lectures de la loi 1905, le combat pour l’émancipation humaine (ou au moins pour une survie humaine) est en soi un combat contre toutes les religions, autant l’assumer, même si ce n’est à la mode dans aucun camp.
Arte n’est pas foutu de voir, et encore moins de dénoncer, le fait évident qui crève leurs yeux de réalisateurs déconstruit.e.s : les moines sont uniquement des hommes, ils ne foutent rien de la journée.
Nous combattons pour la fin du bouddhisme, tout simplement. Pas juste pour la fin de Depardieu.
Qui s’occupe de l’alimentation et des excréments ? Voilà le réel à partir duquel l’universalisme n’est pas une posture blanche mais la chair à questionner de tous temps et sous toutes les latitudes.
Les intouchables contre les chamanes !
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Message reçu suite à mon commentaire :
» Son obsession maladive, TROTSKY, et pour cause !!!! Président du soviet de Petrograd en 1905, sorti de prison par Kerensky et organisateur des manifestations contre le coup d’Etat de Kornilov en août 1917, organisateur de la prise du pouvoir pratiquement sanbs violences en Octobre 17, acteur principal avec Lénine du Gouvernement ouvrier tripartite ( bolcheviks, mencheviks internationalistes, socialistes révolutionnaires de gauche au nom du Congrès pan russe des Sovviets) qui s’empress de satisfaire les principales revendications jusqu’à ce que les pays impérialistes de l’époque ( les mêmes qu’aujourd’hui ! ) ne financent 14 armées étrangères pour tenter de renverser la Révolution russe….et là encore, Trotsky à la tête de l’Armée rouge fit Front comme il fera Front contre Staline et la bureaucratie stalinienne fossoyeuse de la révolution et restauratrice du capitalisme en 1991….. la fondation de la Quatrième internationale en 1938 et son programme de transition sert toujours et encore de boussole à la Révolition à venir…..N’en jetez plus pour le petit-bourgeois complètement paumé!! !! !! «
Ma réponse :
» Bonjour monsieur,
Votre réponse, compulsive, est caractéristique.
Je passe sur la pathologisation (« obsession, maladif, âme en peine, paumé »), bien triste quand on sait combien les trotskystes, entre autres, ont fait les frais de ces procédés.
Quant à la qualification « petit-bourgeois », comme je suis matérialiste, je suis pleinement disposé à partager ma feuille d’impôts et mes relevés de comptes si vous en faites autant : on verra bien qui occupe quelle position structurelle objective. (Au passage ni Lénine ni Trostky n’ont jamais fait à manger ni nettoyer les toilettes : ils n’ont JAMAIS travaillé, n’en n’ont jamais eu besoin ni envie, comme des moines bouddhistes, ce sont de purs héritiers, avec un peu plus de sang.)
Ensuite, vous empilez de façon boulimique, et en une seule phrase, les faits d’armes de votre idole. Comme s’il fallait à tout prix bétonner un édifice hagiographique au cas où une brèche viendrait laisser passer un rai de lumière.
Sauf que dans votre chronologie vous oubliez étrangement quelques incidents comme Kronsdadt. Mais de toute façon, vous sauriez fort bien y répondre car votre récit automatique contient en soi toutes les réponses à toute discussion possible sur la fantastique geste trotskyienne. Comme on le sait, il fallait sauver la Révolution, quand on a 14 armées sur le dos (vous n’avez pas pu en trouver plus ?) et un peuple à libérer, il faut parfois fusiller un peu. On ne fait pas d’omelette sans se couvrir les yeux. Voilà précisément le campisme historique : ce n’était pas des crimes, c’était la défense du camp de la révolution contre les blancs. Idem pour le Monde Diplo qui défend un Castro par logique campiste : contre le camp capitaliste, on accepte qqes bavures.
Notons que dans votre prose fervente vous tendez à rétablir aussi Lénine, ce qui devient assez rare.
L’histoire pour enfants que vous racontez est la même depuis un siècle : tout était super jusque la mort de Lénine, et puis après, le grand méchant Staline (ce sale populo étranger) a tout fait déraper. Tout est sa faute à lui et lui seul, car pour sauver l’idée de révolution il faudrait sauver l’idée que les deux compères étaient sympas, eux. En prolongeant cette mythologie vous contribuez hélas à affaiblir et à discréditer les courants révolutionnaires. Vous piétinez à la fois les fusillés par Trotsky et l’avenir révolutionnaire. Heureusement, vous le faites dans le vide et la mythologie va mourir avec ses mythifiés.
Il n’y a que deux côtés à cette barricade : ou bien votre cher (et tendre, ce lover) a directement participé à des crimes injustifiables, ne la jamais reconnu et condamné a posteriori, et les trotskystes non plus, ou bien je suis un cinglé bon à être interné. L’histoire tranchera.
Ce qui m’intéresse c’est de comprendre pourquoi il vous est impossible de laisser passer un peu d’air, de reconnaître qu’effectivement, la façon de penser et de pratiquer l’action politique était peut-être un peu foireuse dès avant 1923. Qu’est-ce qu’il y a de si dur à dire ensemble « oui, cette façon de prendre l’histoire, avec cette toute puissance viriliste qu’on retrouve dans tout le XXe n’est pas si révolutionnaire, on s’en rend mieux compte aujourd’hui, faisons gaffe et attention aux icônes ».
Tout se passe comme si votre système affectif et cognitif (indissociables) avait eu besoin très tôt d’un récit salvateur, qui résout tout et sauve. Donc quand des petits cons viennent titiller ce récit nodal, la sulfateuse sort automatiquement, aussi gentil pouvez-vous être par ailleurs, ce que j’imagine fort bien.
Une telle défense m’inquiète, pour vous, pour votre entourage. Encore une fois, sur le plan psychique le mécanisme de déni est toujours le même. Si c’est insupportable de remettre en cause votre grand récit, il y a certainement d’autres choses insupportables à admettre, impossibles à voir. Je ne vous accuse de rien, je dis simplement que le type de fonctionnement dans lequel vous êtes enfermé est commun à d’autres dénis.
Je n’ai pas d’obsession pour Trotsky, il se trouve que j’interagissais là sur un site trotskyste. Si vous défendiez le Dalaï Lama, j’interrogerai de la même façon le processus de déni qui a débouché sur les crimes sexuels dans les réseaux bouddhistes sous la bienveillance du grand maître adulé par la gauche alterniaise.
Prenons Mao, pour vous détendre un peu. Les maoïstes étaient incapables de voir le réel qui était pourtant connu, sous les yeux de tous. Pire, l’an passé Gérard Miller osait encore dire en direct sur France Culture qu’être mao à l’époque, c’était le mieux qu’on pouvait faire ! On a donc un double déni. Comment est-ce possible qu’ils n’aient pas pu voir, et qu’après non plus ils n’arrivent toujours pas à voir le réel. Qu’on découvre ensuite des crimes sexuels, n’a rien d’étonnant, comme pour chez vos camarages anglais. La matrice psychique a toujours été la même : l’aveuglement s’est juste déplacé, mais il a continué à tourner à plein.
Cette dynamique émotionnelle de la gauche radicale a touché plein de secteurs, notre génération essaie d’ouvrir les volets, de laisser passer un peut d’air et de lumière dans ces blocs défensifs, et vous dit stop, ça suffit vos conneries. Malheureusement, quand vous vous contractez, une partie de la jeunesse récuse l’idée révolutionnaire, passe à droite, à l’extrême droite, dans le conspirationnisme, dans l’identitarisme indigéniste, etc. Bon ce n’est pas que de la faute de la gauche post-68, mais si celle-ci proposait avec un récit rafraichissant et responsable, au lieu de cette compulsion infantile, la transmission générationnelle serait tout autre.
A bon entendeurs,
R. «
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R a reçu une leçon de vie de la part de qui l’on sait.
Hélas, nous ne pensons pas que Léon Trotsky a fondé la 4ème Internationale pour produire des derviches tourneurs en série ou des moulins à prière figés dans la gangue du culte. Surtout du type lassant comme « qui vous savait ».
Non, au départ, il avait fait cela dans la perspective de « gagner sous dix ans », non par surestimation des forces de la frêle Quatrième, mais en partant de l’appréciation des convulsions qui habitaient le monde capitaliste d’alors.
Il y eut les convulsions : la seconde guerre mondiale. Mais il n’y eut pas la révolution car les puissants du monde d’alors, tout en se faisant férocement la guerre, surent mieux qu’en 1917-18-19-… faire ce qu’il fallait pour tuer toute révolution dans l’œuf.
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Je ne sais pas bien qui donne une leçon de vie à qui dans cette affaire, encore une fois, ce sont nos (arrières) petits-enfants qui trancheront.
Je ne sais pas non plus qui est ce „qui l’on sait“, et cela n’importe pas du tout, car il incarne une position, un réflexe émotionnel, très fréquent.
Je ne connaissais pas cette histoire de « gagner sous dix ans », mais elle conforte mon idée d’un rapport complètement taré à l’histoire. D’abord la connerie du timing, ridicule pour qui a fait un peu d’histoire ou de sciences humaines, déjà à l’époque. Mais plus profondément, que signifie gagner ? Qui est-on pour dire „on“ va „gagner“ ? Quand est-ce qu’on sait qu’on a gagné ? C’est précisément ce genre d’impensés qui a fait des millions de morts. Cette conception de l’histoire du niveau d’un petit garçon qui joue avec ses jouets a toujours été ridicule et criminelle, elle est désormais communément ressentie comme périmée, et tant mieux, il était temps.
Enfin, je crains que vous ne commettiez une erreur classique de notre camp lorsque vous écrivez, en substance : „il n’y eut pas la révolution car les puissants surent faire ce qu’il fallait pour la tuer dans l’œuf“. C’est toujours faux d’offrir le rôle décisif à la répression. C’est donner un trop grand rôle historique aux dominants (ils sont agis par l’histoire, dialectique, autant que nous). Cela permet aussi de se rassurer à trop bon compte : tout est la faute des méchants. Si la révolution n’est pas advenue c’est parce que le mode sur lequel elle était propagée était à côté de la plaque, à côté du réel, donc non-réalisable. Ce n’est pas de la faute de la CIA si le Che a raté, c’est parce que le léninisme est en soi un ratage, toujours et partout, dont les séquelles tuent encore et brouillent dramatiquement la perspective.
Votre meilleur ennemi m’a re-répondu, me demandant de diffuser sa réponse, mais par respect pour le travail d’Aplutsoc, je n’entends pas court-circuiter votre modération. (Il me qualifie de nouvel ami de Présumey, ce qui ne va pas plaire à ce cher Vincent que je ne connais absolument point.)
Je copie toutefois un court extrait car il me semble topique :
“ Quant à la „tragique nécessité“ de Kronstadt dont Trotsky parle longuement (tout en n’étant pas alors sur place), Paul Avrich, universitaire américain, a clairement démontré l’existence d’un complot visant à profiter, derrière la révolte des marins, de la fonte des glaces pour tenter de renverser la Révolution ! „
Passons sur la rhétorique du complot.
Passons aussi sur la touche dantesque, bien que glaciale, digne des grands mythes archaïques qu’on retrouve dans toutes les civilisations.
Non, ce qu’il me tarde de lire, c’est une mise au point dudit VP sur les „tragiques nécessités“ de 1917-20.
Et si tout cela a déjà était réglé depuis longtemps, comme il se devrait, si je ne pêche que par ignorance, arrivant après de nombreuses batailles du genre, de grâce daignez m’indiquer les articles où Aplutsoc déploie la mise à jour historiographique sur la Terreur, geste minimal nécessaire à un peu de dignité politique. Descendre la statue pour en faire une pièce d’étude historique.
Pour résumer, on pourrait dire que je reproche à Aplutsoc ce qu’Aplutsoc reproche à Erou (et ce que peut-être d’aucuns me reprochent !) : notre grand refus de la domination se combine parfois étrangement à un certain refus du réel.
C’est pour cela qu’il y a quelque chose d’intéressant dans cette boucle où votre meilleur ennemi me tient des arguments que vous pourriez parfois me tenir : cette histoire de contexte révolutionnaire périlleux de l’époque, qui justifie ce que je n’arrive pas à comprendre, petit-bourgeois inconséquent que je suis forcément dès lors que je me refuse à célébrer la grandeur de 17 et que je m’évertue à profaner le culte de son ultime héro.
En espérant que ce petit court-circuit fasse un peu tressaillir.
C’est un peu la fonction de mes commentaires (sur l’international notamment, otaniens) : tirer vos propres fils un peu trop loin pour générer des bugs possiblement fertiles. Au risque que certains larsens demeurent inaudibles. En leur temps du moins, car leur écho trouvera peut-être des résonances tardives.
Bon attendant, je vais lire cette affaire de cathos, et essayer de ressentir comment cela sonne dans la perception de l’histoire qui me traverse. (Je n’ai pas oublié avoir promis une auto remise en cause de cette perception-là, j’y réfléchis…)
Bisou les loulous !
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