Les élections législatives partielles dans la 1° circonscription de l’Isère dans l’agglomération de Grenoble sont porteuses d’un avertissement politique pour le NFP, et au-delà du NFP pour les forces sociales qui, dans ce pays, veulent la hausse des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, la défense des services publics et affrontent Macron, Bayrou, Le Pen et leur régime.

Les ci-devant macroniens exultent et Bayrou déclare : « Certaines victoire sont de grande signification », la candidate Renaissance ayant gagné au second tour par 64,3% des voix contre le candidat NFP, qui a fait 35,7%, avec 61,75% d’abstentions. Ont-ils raison ?

Ils ont tort de penser que ce succès est leur œuvre, et ils ont raison de se réjouir. La victoire offerte à l’exécutif Macron-Bayrou l’a été entièrement par la division et par la politique des partis du NFP.

Rappelons que cette circonscription a été prise au ministre de Macron, Olivier Véran, par le NFP en juin dernier, mais que le candidat et élu LFI Hugo Prévost, convaincu de violences sexuelles et sexistes exercées en tant que petit chef étudiant, a dû démissionner quelques mois plus tard.

La question s’est alors posée d’une candidature unitaire de Lucie Castets, lui permettant d’entrer à l’Assemblée nationale. Aplutsoc s’était exprimé en faveur d’une telle initiative, en précisant que cette candidature serait alors celle du NFP tout court et d’aucun de ses partis constituants en particulier. Interrogée, Lucie Castet elle-même conditionna sa candidature à une telle identité unitaire affirmée, ne faisant d’elle la redevable d’aucun parti.

LFI considérant que la circonscription « lui revenait », a au contraire conditionné tout soutien à un alignement de Lucie Castet sur LFI – au mieux à la façon de … Jérome Legavre (POI), exigea J.L. Mélenchon !

C’est ainsi que les exigences de LFI interdirent ce qui aurait pu être une initiative politique de premier plan, exigeant et cimentant l’unité.

Le PS local, qui discutait de la candidature féminine d’une élue locale, hésita. Finalement, l’unité se fit pour une candidature LFI, qui fut parachutée. Lyes Loufok, militant respectable des droits des enfants et en particulier des enfants placés, fut donc le candidat.

Au premier tour, le 12 janvier, le candidat LFI/NFP reculait en pourcentage de 40,19%, en juin dernier, à 28,33%, mais la candidate gouvernementale, Mme Galliard-Minier, reculait aussi, par rapport au score de juin, de 33,62% (Olivier Véran) à 26,57%, le RN baissant lui aussi de 18,34% à 11,09%, seul LR progressant de 6,98% à 16,77%, et un mouvement écologiste, Équinoxe, se présentant pour la première fois, fit 7,6%, vraisemblablement des voix issues du NFP (rappelons que Grenoble a un maire écologiste allié à LFI, Eric Piolle, connu pour ses coupes dans les services publics et ses mauvaises relations avec les syndicats).

Entre le premier et le second tour, a eu lieu le vote de la première motion de censure à l’Assemblée nationale (qui ne pouvait aboutir, le RN protégeant à ce stade Bayrou), motion que le groupe PS (sauf 8 députés) n’a pas votée, ce qui a déclenché, avant même qu’il intervienne, une campagne de division des dirigeants de LFI proclamant que le PS n’est plus dans le NFP.

Cette opération nationale de division, s’ajoutant aux autres facteurs (le caractère partiel de l’élection, la démission du sortant pour violences sexuelles et sexistes, le blocage politique contre la candidature Castet, l’extériorité du candidat, tout à fait estimable répétons-le, envers le territoire), a aggravé la situation, et, donc, le candidat LFI du NFP est très largement battu au second tour.

C’est bien la division qui a fait gagner la candidate gouvernementale à Grenoble car, sous l’apparence d’une candidature unique, tous les facteurs de division, locaux et nationaux, étaient réunis.

A son tour, ce résultat est saisi conjointement par les deux ténors très bien accordés que sont Jean-Luc Mélenchon et François Hollande, comme un motif de division et, maintenant, comme un aliment à leur volonté de division à la présidentielle, anticipée ou non.

Rien de plus complémentaire que Hollande et Mélenchon, ces deux messieurs marqués du sceau du présidentialisme. Quand Hollande prétend que le PS en ne votant pas cette censure s’est mis « au centre jusqu’en 2027 », et quand le second cherche des parrainages en cas de présidentielle, leur opposition apparente converge dans un même but politique : prolonger l’existence de la V° République en la sauvant de la débâcle de Macron, au risque de Le Pen.

L’intérêt de Hollande, c’est la division. L’intérêt de Mélenchon, c’est la division. La division fait le jeu de la droite, comme Grenoble l’a montré, le jeu de la V° République, le jeu de Le Pen.

L’unité a un contenu : bloquer les plans de licenciements et toutes les contre-réformes de Macron qui sont écornées et en difficulté. L’unité a et aura la force de balayer s’il le faut les Hollande et les Mélenchon, car elle a la force d’affronter le patronat et le régime de la V° République.

Le 20/01/2025.