Sommes-nous atteints dans nos propres rangs par la politique de l’inimitié, propre à l’hégémonie de l’idéologie individualiste, par laquelle toute fraternité disparaît au profit de rapports rugueux, haineux, envieux, violents finalement ?

Sommes-nous aveuglés par un déni d’une réalité trop lourde, d’une actualité dominée par les dégâts du dérèglement climatique, les guerres au cours desquelles l’usage de l’arme atomique et des mines anti-personnelles se manie comme une publicité d’aliments pour chats. Sommes-nous effrayés par l’ampleur de la guerre sociale qui groupe les capitalistes dans une vaste croisade contre le Travail, son coût et sa reproduction ?

Et cet effroyable génocide à Gaza, perpétré en toute complicité occidentale, qui plombe tout.

Toujours est-il que l’extrême droite en France, boosté par le triomphe de celle des USA, se propose d’exercer sa puissance de censure sur le gouvernement Barnier.

Ce qui était promis dès l’après-dissolution va-t-il se réaliser ?

Au début de la semaine prochaine, à l’Assemblée, un 49.3 peut être soumis au vote des députés, et si le RN se décide, le gouvernement Barnier tombe. Dans 8 jours. Ou peut-être que ce Barnier si fragile va négocier avec Le Pen sa non condamnation pour détournement de fonds et gagner un certain répit.

Contre nous de toute façon, parce que le budget d’austérité va survivre à Barnier. Les procédures légales sont prévues pour ça. Et le RN ne va jamais divorcé des intérêts du Capital ; il en est le supplétif déclaré.

Scénarios :
1° d’ici à Noël, ou en d’autres moments de l’année avant la prochaine dissolution, une coalition des droites et des extrêmes droites peut se former et fournir la majorité manquante sans élections. C’est l’orientation du livre de Bardella, différente de Le Pen.
2° ou bien la censure est votée, Le Pen joue le chaos politique et crée une situation propice à l’agitation de rue et une fracture importante au sein des droites, dont un morceau substantiel se place sous la direction du RN.
3° ou encore le RN sauve le 49.3 de Barnier et entre dans une phase plus longue de monétisation de sa conversion en une droite radicale et libérale mais institutionnelle.

Quoi que soit le scénario des prochaines heures, le Capital, par ses milliardaires notamment, LVMH, Sterin, Bolloré, Dassault et le lobby de l’industrie militaire surpuissant, a opté pour la sortie définitive de la démocratie.

Le sens de cette rupture à la résonance mondiale est de prémunir le Capital de toute insurrection sociale telle qu’annoncée par les Gilets Jaunes, et de toute contrainte écologique forcément contradictoire avec ses profits et dividendes immédiats.

Le sens de cette rupture repose sur l’objectif de la baisse durable du prix de la force de travail, but vital dans une économie en mal terrible de gains de productivité, propre à l’accumulation financière, impropre à la mise en route d’une solution durable de perpétuation des profits autre que par la mise en coupe réglée des ressources naturelles et l’asservissement de la main d’œuvre.

C’est dans ce cadre que la guerre est l’objet d’une propagande effrénée, quotidienne sur les chaînes de TV, qui relaie l’effort de guerre déclenché par les vendeurs d’armes qui dominent l’industrie française.
C’est dans ce cadre qu’apparaît l’usage intensif de l’intelligence artificielle, omniprésente sur le champ de bataille, intégrée depuis les années 50 par le lobby militaro-industriel US, IA dont les prouesses se révèlent dans les bombardements de Gaza et dans la guerre en Ukraine-Russie.

Avons-nous réfléchi de façon lucide au syndicalisme dont nous avons besoin à l’orée d’une telle période ? Il est temps de nous grouper en unité collective de réflexion. Mais ça urge.


JG, le 21/11/2024.