Nous n’avons pas, à Aplutsoc, « chroniqué » de près les débats parlementaires sur le budget, parce qu’il n’y aucune illusion à se faire : quelles que soient les palinodies, le budget Barnier est et sera un budget de guerre sociale. Nous avons par contre analysé de près ce qui se passe concernant l’abrogation de la loi retraites, qui n’adviendra que par la voie de l’affrontement social avec ce pouvoir.
A ce jour, cet affrontement semble ne pas venir. Attention à une vue faussée de la situation : « social » et « politique » sont inséparables. Le fait « social » le plus important des six derniers mois, c’est la façon dont de larges couches de travailleurs (actifs, retraités ou privés d’emplois), de jeunes, de femmes, ont empêché l’arrivée d’un exécutif Macron/Bardella. C’est là un fait « social » clef. Et l’absence, pour l’heure, de « grand mouvement social » depuis l’avènement du gouvernement Barnier, est en grande partie liée à la restauration d’une coupure illégitime entre « social » et « politique » dans la manière dont nos organisations syndicales ont pris les choses depuis la rentrée.
Nous entrons maintenant dans une phase où les données de la crise se concentrent. Les conditions sont réunies pour que le gouvernement Barnier, le plus illégitime de l’histoire de ce pays depuis, disons, 1940, dure du fait du RN. Le RN veut donc faire sentir son poids et a déclaré qu’il pourrait le censurer à propos du budget, dont la discussion parlementaire doit reprendre le mardi 5 novembre. 5 novembre qui est aussi la date des présidentielles américaines.
C’est précisément alors que le dispositif parlementaire se structure ainsi, que le ministre « de la Fonction publique, de la simplification et de la transformation de l’action publique » (sic), le ci-devant macronien Guillaume Kasbarian, déjà connu pour sa hargne envers les locataires pauvres en tant que ministre du Logement, a appuyé sur la gâchette d’une déclaration de guerre donnant le sens général de tout le budget de guerre sociale de ce gouvernement.
Il a apporté son appui à la proposition de certains députés du soi-disant « bloc central » visant à porter le nombre de jours dits de carence, non payés en cas de maladie ou d’accident, de un (ce qui est déjà scandaleux) à trois, tout en abaissant immédiatement de 10% le salaire des personnels de la fonction publique, fonctionnaires ou non, CDI et contrats précaires compris, malades ou accidentés !
Jordan Bardella lui a immédiatement apporté son soutien : voila donc typiquement le genre de mesures visant à éviter la censure du RN ! Bardella appelle ça un « ajustement entre les fonctionnaires et les salariés du privé » et dit exiger que l’argent dégagé finance des « mesures pour le pouvoir d’achat ».
Ce n’est pas du tout un ajustement entre public et privé, c’est un alignement du public sur le pire qui puisse exister dans le privé, qui va servir à mettre en cause les conventions et règlements évitant un tel traitement dans la majeure partie du secteur privé.
Ce n’est pas une mesure pour le pouvoir d’achat, puisqu’elle va plonger dans la pauvreté par milliers malades, accidentés et handicapés.
Bien entendu, toutes les fédérations syndicales de la fonction publique protestent. Mais la posture provocatrice du ministre, qui gagne à être connu dans tous les services, écoles, bureaux, équipes (notre photo !), à la fois par l’agression qu’elle constitue et par le mépris, pire, par la haine qu’elle porte envers celles et ceux qui travaillent, dont celles et ceux qui font vivre le service public, pourrait être le missile de trop allumant la mèche.
L’unité syndicale totale pour bloquer et battre ce gouvernement de ruffians et de brutes n’est-elle pas l’urgence, tant sociale que politique, la plus forte du moment ?
Et n’ayons aucun doute : si la mobilisation surgit, les couches désorientées qui ont voté RN, pour une grande partie d’entre elles, verront une nouvelle boussole se présenter à elles.
Le 29/10/2024.
Le parti de l’ordre capitaliste extractiviste pousse à la faute le Budget et l’action Barnier, en espérant capitaliser sur le « mécontentement » et réaliser son Coup d’Etat. Barnier peut surnager en devenant le Liz Cheney du NFP, voir de devenir le candidat président du « front républicain social » avec le NFP… ou tomber comme un gros baton merdeux dans moins de 3 mois (la dead line c’est évidemment l’élection ou l’empêchement de Trump). Mais la coalition Macron-Bardella se discrédite chaque jour. Il y a là en ce moment un formidable trompe l’oeil et piège à cons dans la certitude, entièrement feinte et simulée, de la « droite nationale » de son triomphe. Le parti qui vit des miettes du libre-échange dans un trend protectionniste – la « droite libérale », a également, malgré toutes ses prétentions à l’éternité, du souci à se faire. Il faut être très confiant en la résilience et la sérendipité du mouvement historique de la Gauche. Une partie de l’énergie révolutionnaire est comme « capturée » par le « trou noir » fasciste, mais ces conditionnements peuvent aussi brutalement se « déconditionner »: il y a une armée de réserve prête à l’assaut et au sacrifice, sur la base des acquis institutionnels et mentaux de l' »égaliberté », sentie et ressentie comme « seconde nature », tout autant que des « imaginaires instituant » (où le « sociétal » est une arme d’action politique indirecte particulièrement redoutable).
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https://www.l-apres.fr/jours_de_carence_des_fonctionnaires?
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