NDR : le terme de « génocide » ne figure pas dans le texte signé, qui décrit de manière exacte les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par l’armée et l’Etat israéliens. Est-ce un rajout ? L’exactitude est indispensable : de même que de la part de l’Etat russe envers l’Ukraine et les Ukrainiens, il y a des risques et des tendances génocidaires israéliennes envers les Palestiniens, mais pas de génocide effectif au sens réel du terme, ce qui n’enlève rien à l’ampleur et à la gravité du massacre – ou alors, il faut allonger la liste des génocides d’une quinzaine de massacres et de crimes commis dans les deux dernières décennies.
Depuis plus de dix mois, tous les jours à Gaza, des vieillards, des femmes, des enfants, des hommes sont sciemment visés et tués. L’occupant attaque les écoles, les hôpitaux, les campements de réfugiés. Il s’acharne sur les médecins, les journalistes, les athlètes. Il organise la famine. L’occupant torture les prisonniers comme l’a démontré le rapport de B’Tselem.
Depuis des mois, des centaines de milliers de Gazaouis survivent sous la tente dans les pires conditions, avec une absence d’hygiène qui favorise les épidémies.
Le monde sait et les dirigeants se taisent. Certains se disent « préoccupés » mais, collectivement, ils laissent le gouvernement d’extrême droite au pouvoir en Israël détruire chaque jour un peu plus le droit international. Pire, ils continuent de fournir armes et munitions aux génocidaires. Les États-Unis viennent de renouveler leur financement de milliards de dollars à Israël pour des armes et de l’équipement militaire.
La décision qui s’impose, sanctionner fortement cet État qui commet les pires crimes en toute impunité, n’est toujours pas prise.
Nous, Juives et Juifs, parce que le crime se commet en notre nom, parce que nous refusons d’être complices de ce crime atroce, parce que nous refusons que l’antisémitisme (qui est notre histoire intime) soit utilisé pour justifier l’horreur,
Nous appelons à la solidarité concrète avec la population de Gaza martyrisée,
Nous appelons à exiger le cessez-le-feu et l’arrêt de cette tuerie,
Nous appelons tous les pays à sanctionner l’État d’Israël,
Nous appelons au jugement des criminels de guerre et de leurs complices.
Pour signer l’appel, lire le texte en anglais, ou consulter les signataires, cliquer ici.
Premiers signataires :
Simon Assoun (Tsedek, France)
Ariella Azoulay (essayiste et photographe, États-Unis, Israël)
Etienne Balibar (philosophe, France)
Michel Benizri (comédien, France)
Manon Boltansky (NPA, France)
Rony Brauman (médecin, France)
Eitan Bronstein (De-colonizer, Belgique/Israël)
Éléonore Bronstein (De-colonizer, Belgique/Israël)
Judith Butler (philosophe, États-Unis)
Zohar Chamberlain Regev (Flottille de la liberté, Israël)
Shelley Cohen Fudge (JVP, États-Unis)
Laurent Cohen Medina (traducteur, Espagne)
Liliana Cordova-Kaczerginski (IJAN, Espagne)
Hilla Dayan (sociologue, Israël, Pays-Bas)
Sonia Fayman (UJFP, France)
Dror Feiler (EJJP, Suède)
Gabriel Hagaï (rabbin, France)
Shir Hever (économiste, Allemagne/Israël)
Carolyn Karcher (professeur, JVP, États-Unis)
Pierre Khalfa (syndicaliste, France)
Daniel Kupferstein (cinéaste, France)
Déborah Leter (Tsedek, France)
Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien, France)
Gus Massiah (CRID, France)
Béatrice Orès (UJFP, France)
Ilan Pappé (historien, Israël)
Nurit Peled-Elhanan (professeur, Israël)
Donald Pelles (JVP, États Unis)
Fanny-Michaela Reisin (professeur, Allemagne)
Yakov Rabkin (professeur, Canada)
Catherine Samary (chercheure, France)
Jérôme Segal (maître de conférences, France)
Yonatan Shapira (ancien pilote, Israël)
Michèle Sibony (UJFP, France)
Eyal Sivan (cinéaste, essayiste, France/Israël)
Pierre Stambul (UJFP, France)
Michel Staszewski (professeur, Belgique)
Marcelo Svirsky (professeur, Argentine et Australie)
Lea Tsemel (avocate, Israël)
Dominique Vidal (journaliste, France)
Richard Wagman (UJFP, France)
Michel Warschawski (journaliste et militant, Israël)
[Commentaire rédigé juste avant l’ajout, bienvenu mais insuffisant, de votre chapeau.]
Aplutsoc doit vite faire un correctif éditorial : cet appel peut être présenté comme document, avec un chapeau qui le problématise, mais surtout pas sous cette forme neutre d’article.
C’est déjà assez catastrophique (et attristant) de lire la liste des signataires pour que vous n’ajoutiez pas vous aussi à la confusion en vous associant à texte visiblement adoubé par l’UJFP et Butler…
Pourquoi ? Parce que parler de « génocide » et de « génocidaires » [il est bien question de « génocidaires » dans le texte signé, contrairement àa ce que vous indiquez en chapeau] est un crime politique, un recul grave pour l’émancipation, ce que nous sommes peu à expliquer depuis des mois (sur Aplutsoc notamment).
L’emploi du mot « l’occupant » dans ce texte pose aussi question, notamment à cause de la puissance historique qu’il charrie.
Comment ne pas voir qu’il y a un petit problème : en 2024, une personne juive est toujours interdite de prier à l’endroit clé de son histoire symbolique et spirituelle pluriséculaire (le mont du temple) parce que des impérialistes arabes ont construit par la force du sabre une mosquée sur ce point névralgique, précisément pour assoir leur domination raciste, déployer une démonstration fastueuse de leur puissance criminelle.
Tant que la gauche ne prendra pas en charge cette évidence historique et affective, qui structure l’inconscient politique global, le boulevard sera ouvert à l’extrême droite, ici comme là-bas.
R.
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Le Second Temple a été rasé par les Romains, pas par les Arabes. Puis les Byzantins y ont construit une église, puis Arabes y ont construit une mosquée, elle-même transformée en église par les croisés… Il ne faut pas raconter n’importe quoi !
Quant au risque génocidaire et à la prise du pouvoir en Israël par des fascistes et par leurs serviteurs, il semble que ce soit une évidence. Tout autant, évidemment, que le hold-up pratiqué par les fascistes islamistes du Hamas sur le lutte du peuple palestinien : ne pas le voir fait le lit et des uns, et des autres. Et nie la souffrance des victimes de cet interminable massacre.
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Merci Armand pour ces précisions, qui affinent la question archéologique (et il le faut), mais ne répondent en rien au commentaire. Puisque visiblement toi, ça ne dérange pas que ce texte emploi l’expression « génocidaires », qu’il soit signé par de tristes sbires, et puisque tu as la courtoisie de dire que « je raconte n’importe quoi », je te retourne le compliment : quand tu écris « quant au risque génocidaire, il semble que ce soit une évidence », tu écris n’importe quoi et tu massacres le langage ce qui est le début de tout massacre réel. Il n’y a ni génocide, ni risque génocidaire : cela n’a absolument aucun sens, sauf à détruire le concept de génocide, et tuer une seconde fois les victimes de génocides. L’histoire rendra sordides ces débats absurdes et je ne vais pas réexpliquer pour la énième fois les arguments (qui relèvent de l’évident bon sens) à des personnes qui ne respectent pas le langage et donc abîment la communauté humaine.
Par contre, je peux te poser la question plus directement puisque tu évites l’essentiel dans ta réponse à mon commentaire : que penses tu de l’interdiction faite aux Juifs de se recueillir à un endroit clef de leur histoire.
C’est là tout le problème : c’est le nom du raid du 7 octobre.
Tant que toi, nous tous, n’affronterons pas le problème en face, les fascistes pourront alimenter la haine et la mort.
(Et, au passage, que penses-tu de l’épuration religieuse des contrées arabes, du Yemen à la Tunisie, de 622 à 2024 ?)
Et comment agir en conséquence ?
Enfin, stop au massacre des Palestiniens oui, sans aucune hésitation, mais comme nous avons crié stop au massacre des Syriens.
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Puisqu’il faut répondre… Je suis sceptique sur l’emploi du terme de génocide à toutes les sauces, souhaitant le réserver aux vrais génocides. Au Darfour, en Syrie, en Éthiopie, au Congo, en Palestine, ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, mais pas des génocides — et ça suffit pour les condamner et les combattre. Cela étant il faut prendre acte du réel et de l’emploi actuel de ce terme, inscrit dans sa définition dès le départ, et aussi du risque de génocide dénoncé par la CPI, CPIr à laquelle le gouvernement israélien n’a pas répondu, sauf par des imprécations, des menaces et des insultes.
Et sinon quoi ? Empêcher des croyants d’aller faire leurs patenôtres là où ils le souhaitent est sûrement très mal (quoi que parfois, j’aimerais mieux l’extermination des ratichons de toutes obédiences, ça doit être mon côté anar qui remonte avec l’âge). Expulser les Juifs du Yémen et d’ailleurs est très mal aussi. Et expulser les Palestiniens de leur terre est très mal : tant qu’on se fera les arbitres des injustices des uns et des autres on fera le lit des divers fascismes en coinçant les gens dans des histoires insurmontables et indépassables.
Affronter le problème en face, comme vous dites, c’est exactement ça : savoir accepter le réel pour pouvoir le dépasser. Ne pas admettre un massacre au nom des massacres passés, ne pas accepter une injustice au nom des injustices passées. Ce qui vaut évidemment pour les Israéliens comme pour les Palestiniens…
Mais visiblement, vous n’êtes pas en situation de comprendre que la seule voie vers la justice et la paix, c’est la justice et la paix et non pas l’injustice et la violence.
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PS. Les « précisions archéologiques », quel mépris semble-t-il sous votre clavier, c’était juste pour dire que non, les « impérialistes arabes » n’ont pas le monopole de l’expulsion des Juifs de Jérusalem, pour mémoire ça remonte même à Nabuchodonosor — qui a détruit le Premier Temple, lequel avait été construits sur les ruines d’une cité qui ne devait rien aux Judéens, conquise par eux dans le feu et le sang. Vous avez l’intention de remonter à l’homme de Néandertal, ou bien c’est l’écriture du Coran qui borne votre horizon historique ?
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Vu très en retard…
Je m’apprêtais à publier un commentaire très critique sur la publication de cet «appel international » par Aplutsoc avant l’ajout du « chapeau » : son titre reprend en effet la rhétorique centrale infâme de l’antisémitisme déguisé en antisionisme… Mais il suffit de regarder la liste des signataires -promoteurs pour comprendre la nature de l’initiative et refuser de s’en faire la caution: même tel quel, le «mauvais juif» que je suis refuse en tout cas de s’associer en quoi que ce soit à « l’appel » de ces «bons» juifs..pour gauchistes antisémites.
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Merci Marc, de tenir position.
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