Présentation
Nous poursuivons la publication en série de plusieurs articles de discussion centrés sur le bilan et la nature de LFI, du populisme et de la trajectoire de JL Mélenchon.
2ème partie
« La lutte des classes est aujourd’hui englobée et débordée dans une lutte plus vaste qui oppose les « 99% » à une oligarchie financière apatride et cosmopolite. La question stratégique pour parvenir au pouvoir est de réunir cette majorité. Elle doit se constituer en un peuple uni, par-delà sa diversité de classe. Cette union peut et doit se faire par la désignation d’un Ennemi et l’identification à un Leader. L’Ennemi est l’oligarchie financière, médiatique, apatride et cosmopolite. Le Leader doit être promu comme figure charismatique. Le Leader unit la masse d’individus atomisés et la constitue en un Peuple par l’identification à sa Figure et la détestation de l’Ennemi.
Cette méthode est particulièrement adaptée à la France dont les élections présidentielles visent à faire émerger les Leaders et à en faire gagner un. L’Ennemi étant le Système, le Leader doit, en France, promettre de remplacer ce régime par une vraie démocratie, avec comme passage obligé son accession au pouvoir et l’exercice suprême et maxima des pouvoirs de la V° République : la VI° sera octroyée par lui.
La réalisation de ce programme, conduisant à une refondation de la Nation, requiert de surplomber les classes et les partis, et de lancer un Mouvement qui ne soit ni un parti, ni composé de courants, mais d’individus unis par la haine de l’Ennemi et l’Amour du Leader, du Chef. Tel est le sens nouveau de la formule « révolution citoyenne » chère au Mélenchon de 2012 mais ici modifiée : ni sociale, ni démocratique, mais nationale-populaire.
Le mouvement, unissant des groupes d’appui formés pour l’action et pas pour la discussion, visera les élections présidentielles, et écartera tout vote interne, toute discussion de courant, et toute intervention syndicale ou gréviste perturbant l’élan du Peuple et, s’il le faut, piétinera tout gêneur, du dehors ou du dedans.
Ainsi, le Leader parviendra au pouvoir par la liquidation des obstacles politiques, démocratiques, associatifs et syndicaux issus du vieux mouvement ouvrier, dans un processus conduisant à un choix unique : Lui ou le fascisme, Jean-Luc ou Marine. »
Remarquons que dans cette épure théorique, le régime qui adviendra est assez jumeau de ce fascisme dont il prétend être à terme la seule alternative : un charisme bonapartiste constituant le peuple comme tel, le dominant, lui octroyant une « démocratie » plébiscitaire faite de mobilisations, de rassemblements, de communion, unissant les classes, salariés et capitalistes honnêtes et productifs par opposition aux patrons voyous et à la finance cosmopolite, apatride, européiste, atlantiste … sioniste …
On ne peut rien comprendre à LFI si l’on n’a pas compris que cette caricature ou cette épure constitue bel et bien le schéma idéologique qui ressort des écrits, abondants, de Jean-Luc Mélenchon, depuis fin 2015 à peu près.
Certes, ce n’est pas là le catéchisme assumé et conscient de tout « insoumis ». Mais c’est bien ce qui fait la dynamique du mouvement, et ce qui prévaut dans les grandes occasions, c’est-à-dire dans les élections présidentielles.
La plupart des « insoumis » ont une autre motivation au départ : sociale et démocratique. Leur investissement dans le Mouvement les fait muter vers cette conception plus ou moins implicitement ou explicitement, ou bien, à un moment ou un autre, leur motivation sociale et démocratique est heurtée – d’où le turn-over, le caractère de centrifugeuse du Mouvement, d’autant plus efficace et assumé qu’il n’y a pas, en fait, d’adhérents. LFI est un courant d’air : on rejoint le sens du vent ou on en sort, ou on en est sorti. Les idées conscientes ne sont pas la raison de joindre le mouvement, c’est l’action. Un Marinetti du XXI° siècle aurait pu en faire un poème …
En guise de Marinetti, nous avons des idéologues fumeux, tel ce M. Geoffroy De Lagasnerie, qui a écrit que dans une formation politique, toute démocratie est exclue : on est d’accord ou on s’en va. L’acte de ralliement de l’insoumis doit donc être un acte de soumission, engageant sa personne envers le Chef, contre l’Ennemi, pour le Mouvement.
Ce noyau dur n’est généralement pas présenté comme tel : l’insoumis pense se rallier à un programme, désigné parfois par une appellation toute fromagère : l’AEC, « Avenir En Commun ». La contradiction qu’il peut ressentir, le conduisant vers la honte de la dissidence qui est Trahison, arrive d’autant mieux qu’il a bien intériorisé ledit AEC, qui contient bien des affirmations et aspirations sociales et démocratiques.
Mais le Programme est fait pour être brandi, pas pour être compris, asséné comme tel, pas argumenté dans ses paragraphes. Le Chef en est l’incarnation. Ce qui permet de dire « nous n’avons pas de chef, nous sommes réellement de libres insoumis, puisque nous n’avons qu’un porte-parole ». Ainsi, l’adoration du Programme incarné peut concilier culte du chef et prétention à n’être qu’une association spontanée de libres individualités se constituant en « groupes d’appui » … pour appuyer l’accession, un jour, du Chef à la Présidence : alors adviendra le Jour du Programme !
Cette épure idéologique, vrai fil conducteur de LFI, loi (presque) non écrite du Mouvement, gaz de celui-ci, en somme, puisque « gazeux » est le Mouvement, n’a pas, on l’aura compris, à être saisie, assumée explicitement, par toutes et tous les « insoumis » : ils ne sont là que pour « appuyer », tels les petits colibris se constituant en une armée.
Il s’agit bien d’une construction idéologique, que J.L. Mélenchon a découvert et choisi de porter en 2016 au plus tard, qui provient de la philosophe politique belge Chantal Mouffe, et de son compagnon argentin décédé, Ernesto Laclau. La « construction du peuple » par opposition à une minorité privilégiée – et non à un rapport social dominant, plus difficile à identifier et à fétichiser évidemment – et le rôle du leader, inspiré des « expériences » latino-américaines de Perón à Chavez, on va y revenir, a été théorisée par eux, en relation avec un romantisme revendiqué : les affects, les passions, doivent être mis en branle dans cette « reconstruction du politique ». Il s’agit de vibrer à l’unisson : très clairement, le populisme, en l’occurrence « de gauche » (ou pas : l’ajout des mots « de gauche » est facultatif), est interclassiste, les passions et les affects, les sentiments d’amour et de haine unissant des classes différentes à l’exception de « la caste » corrompue-corruptrice. La recomposition d’une forme de nationalisme est également assumée ici, souverainisme « citoyen », opposé à « l’empire », la « caste » étant a-nationale, ou, ce qui revient au même, américaine (et, on y reviendra aussi, « sioniste » dans des développements faciles de cette construction idéologique).
Sur le bloc idéologique de Mouffe-Laclau, je renvoie à mon article de 2017, Du « populisme » d’après Laclau, Mouffe, Errejon. Mouffe a en effet travaillé directement, plus encore qu’avec Mélenchon, avec le principal idéologue des débuts de Podemos en Espagne, Inigo Errejon. Je cite ce passage de mon article, qui peut largement se transposer à la fondation de LFI :
« C. Mouffe et I. Errejon sont pleinement d’accord et se félicitent du fait que « l’initiative de Podemos est lancée sans aucune forme de consultation préalable entre les mouvements, ni les assemblées, ni avec les Indignés. »
Il ne fallait surtout pas soumettre cette initiative à la discussion ! Le mode d’articulation dont parle Laclau n’est pas la fédération démocratique de mouvements divers. Au demeurant, ces mouvements étaient déjà articulés dans le 15M et les Indignés, précisément parce qu’ils n’étaient pas sans liens entre eux, mais que tous étaient des réactions sociales aux attaques capitalistes – “essentialisme” “marxiste” ! La question de leur représentation politique se posait publiquement, ouvertement, en Espagne depuis 2012. Comme l’avoue très franchement Errejon, Podemos en tant que mouvement “populiste” n’a pas été pensé et fondé pour assurer démocratiquement cette représentation. De fait, il n’aurait pas agi autrement si l’intention avait été de court-circuiter et de confisquer cette représentation le plus vite possible. »
Podemos a été pensé et lancé non pas comme représentation politique, par délégation démocratique, du considérable mouvement des Indignés dans l’État espagnol. Il s’en est présenté comme la suite, mais il en était, sciemment, le court-circuit : pas de délégation démocratique. La même méthode a présidé au lancement de LFI.
Il est nécessaire et utile de préciser que le schéma de genèse du « politique » par identification d’un ennemi contre lequel se regrouper est emprunté, explicitement, par Chantal Mouffe, à un important théoricien du droit du XX° siècle, Carl Schmitt. Carl Schmitt a aussi été le principal juriste du III° Reich nazi, ce qui n’a rien de fortuit. Rappeler cette filiation ne permet évidemment pas une reductio ad hitlerum du « populisme de gauche », mais ne doit pas non plus être occulté. C’est avant 1933, dans plusieurs ouvrages aboutissant à la Notion du politique (1932), que ce catholique, partisan de la liberté économique surplombée par un État organisateur, a théorisé « le politique » par analogie avec la guerre : rassemblement contre un ennemi, appelant la « décision » d’un dirigeant, celui qui, par excellence, fait et institue « le politique ». Nous sommes aux antipodes de toute conception démocratique partant du bas, et recourant aux procédures du débat argumenté, englobé par Schmitt dans le « normativisme positiviste » qu’il abhorre.
L’important ici, pour comprendre le point de rupture entre Mélenchon et ses propres origines dans le mouvement ouvrier, est que « le politique » se constitue « contre », contre la caste, et pas « pour » – pour les revendications ouvrières, pour les aspirations sociales, pour l’émancipation humaine. Défini par l’hostilité, qui est première, « le politique » est donc interclassiste, unissant en un faisceau national – et multiculturel, « créolisé », ajoutera par la suite J.L. Mélenchon, ce qui, j’y reviendrai, ne change strictement rien au noyau idéologique – des classes sociales pouvant avoir des intérêts différents ; ce contenu allant au-delà des « intérêts » requiert donc le pathos de la fusion romantique, aboutissant logiquement à l’exaltation de la figure du Chef.
Chez J.L. Mélenchon, la séduction du schéma « populiste de gauche » ou populiste tout court de construction d’un Peuple par agrégat d’individus ralliés à un Chef dans un Mouvement contre une caste ennemie, a pu d’autant mieux opérer qu’il était déjà, de longue date, un passionné des populismes dit de gauche d’Amérique latine apparus dans les années 1990-2000, qui ont pu donner l’espoir d’un continent sud-américain à nouveau « épicentre », sinon de la révolution, du moins de la passion populaire : Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa, respectivement au Venezuela, en Bolivie, en Équateur.
De puissants mouvements sociaux et démocratiques de portée insurrectionnelle se retrouvent dans ces trois pays, et dans quelques autres, du continent. Mais le point politique commun qui semble avoir accroché J.L. Mélenchon est le fait qu’ils ont trouvé, à un moment donné, un débouché politique dans l’élection d’un président, figure populaire et charismatique, qui, tout en parlant de « construire le socialisme », a engagé des politiques sociales financées par l’explosion mondiale de l’extractivisme dans la première décennie du XXI° siècle, donc par l’intégration renforcée au marché mondial capitaliste.
L’aspect clientéliste et répressif a vite pris le dessus et toutes ces expériences se terminent en d’amères déceptions, tragiques et violentes. Au Venezuela, Chavez est mort avant, laissant sa légende, celle d’un personnage sincère qui parlait de V° Internationale et de révolution des pauvres, du Christ et de Bolivar. Maduro n’a d’autre charisme que la mémoire de Chavez pour prolonger le régime capitaliste devenu le pire d’Amérique latine, ce que tout le monde sait parmi les gens ordinaires dans ce continent, puisque 7 millions de Vénézuéliens ont fui la misère et la violence.
L’illusion d’une révolution « bolivarienne » transposée à la France habitait J.L. Mélenchon depuis quelques années déjà. Son option populiste coïncide pourtant avec la décomposition accrue des régimes latino-américains de ce nom. Qu’il s’y soit accroché est compréhensible et n’est pas sans rapport avec ce que l’on appelle l’amour-propre, pas toujours bien placé. En effet, les « révolutions bolivariennes » au Venezuela, en Bolivie et en Équateur ont toutes été des révolutions par en haut sous l’égide d’un président charismatique élu, comme en France, au suffrage universel.
Président qui « donne la parole au peuple » … et la retire, et octroie des assemblées constituantes, qui, étant octroyées, ne sont donc pas souveraines, et ne sont donc pas pleinement constituantes. L’aspect présidentiel ne pouvait qu’interpeller J.L. Mélenchon qui, depuis 2012, sait que son accession à la présidence de la V° République française est une possibilité historique.
Pourquoi J.L. Mélenchon, ayant déjà une histoire derrière lui, personnage cultivé, connaissant le mouvement ouvrier, fait-il le choix populiste au moment précis des années 2015-2016 ?
On l’aura, je l’espère, compris : ici, on prend au sérieux J.L. Mélenchon, penseur sincère, motivé par ses idées, et qui n’est pas un imbécile. S’il fait l’imbécile – et c’est fréquent ! – c’est par choix. Il y a, je pense, trois raisons au tournant populiste de J.L. Mélenchon.
La plus importante vient d’être indiquée : depuis 2012, il sait qu’il pourrait devenir président de la V° République, et il espère le devenir en 2017. Dans ses discours de campagne de 2012, lorsqu’il est candidat du Front de gauche, front de partis dont les deux principaux sont le PCF et le PG, il explicite souvent, à la tribune, la contradiction qu’il vit sans aucun doute passionnément, d’être candidat à la présidentielle de la V° République, de jouer un rôle tribunicien et pédagogue qui rassemble autour de sa personne, en tant que personne, alors qu’il appelle à un régime non présidentiel et non personnel, comme dans la chanson qui disait « Ni Dieu ni César ni tribun ». Mais quand il sent qu’il pourrait réellement être un jour prochain le président de la V° République, il change de braquet. Avec une conscience qui confine vite au cynisme.
Son esprit synthétique, qui avait beaucoup appris de Mitterrand, de Marchais et de Lambert, synthétise alors désormais les héritages des courants du mouvement ouvrier français non en tant que cultures et habitus historiques de mondes sociaux et militants, mais en tant que pratiques de chefs, bureaucratiques et verticalistes. A cela convient bien une construction idéologique qui reprend tout par la construction d’un rassemblement d’un nouveau type, à partir du chef. S’il devient président, il devra être au-dessus des classes et des partis. LFI ne sera donc ni un parti, ni de classe.
Bien sûr, la « découverte » du populisme, incubée depuis des années à travers le prisme latino, n’est pas une transformation complète. C’est au contraire le moyen pour J.L. Mélenchon de garder de son héritage antérieur la composante bureaucratique. Car le fonctionnement autour d’un Chef, la formation de cercles de compagnons du Chef d’où certains sont régulièrement mis à l’écart, ne sont pas apparus chez lui en 2016 mais datent déjà de trois décennies. Aller vers la prise du pouvoir contre la V° République à partir des potentialités du Front de gauche exigeait le dépassement, la rupture avec ce fonctionnement. Par contre, aller vers la présidence de la V° République, soi-disant « la dernière », en distillant une idéologie autre que celles, dérivées du socialisme, des périodes mélenchoniennes antérieures, une idéologie bonapartiste inter-classiste, permettait de n’effectuer aucun dépassement, aucune rupture, au plan des méthodes, bien au contraire. Le “tournant” populiste fut, pour J.L. Mélenchon, un accomplissement, et il est sans doute exagéré de croire, comme il a pu parfois le laisser entendre, qu’il aurait eu une « révélation » : la théorie « populiste » s’est ajustée à ce qu’il voulait faire.
La seconde raison du “tournant” est d’ailleurs la suivante : le Front de gauche avait une dynamique pouvant conduire à une forme souple, mais de type parti, ou fédération, mais le PCF le refuse et accule Mélenchon à chercher une nouvelle formule. Ceci n’est pas une excuse, mais a sans doute joué son rôle.
La troisième raison est qu’il lui semble, par sa nouvelle orientation et surtout la nouvelle pratique qu’elle commande, s’insérer dans un processus nouveau de dimension mondiale. Sans doute cette idée est-elle surtout inspirée par l’Amérique latine. Mais le populisme de type LFI va naître tout en se dotant de marqueurs bien précis : l’hostilité à la révolution syrienne et au Maïdan ukrainien. Aspect décisif sur lequel je reviendrai.
Ce nouveau type de mouvement ne correspond pas au réformisme de gauche qui est présent en son sein, charrié dans le nouveau fleuve et pris par son courant, mais étouffé – il sert à ça !-, que l’on a par exemple dans les mêmes années dans la période « Corbyn » du Labour Party britannique. Il correspond par contre très bien à deux autres formations européennes : Podemos en Espagne et Cinque Stelle en Italie.
Les différences tiennent aux conditions nationales. C’est LFI qui a gardé le même leader et qui a développé le plus le culte de sa personnalité. La raison en est bien sûr son lien organique avec les élections présidentielles de la V° République française comme unique perspective. Podemos et Cinque Stelle, bien que fondés par des chefs charismatiques (Pablo Iglesias et Beppe Grillo) ont pu changer de Chef, ce qui paraît impossible à LFI sauf commotions brutales qui en feraient autre chose, et évoluer au plan organisationnel, surtout Podemos. Ce n’est pas la faute à la personnalité autoritaire du dit chef, mais aux institutions de la V° République française pour lesquelles et par lesquelles LFI a été créée et existe.
D’autre part, Podemos apparaît comme plus « extrême-gauche » et Cinque Stelle comme plus « rien du tout » voire fascisant à certains moments. Les conditions nationales expliquent que Cinque Stelle n’avait pas à araser l’héritage vivant du mouvement ouvrier et de ses courants en Italie, car le mal avait été fait avant. Cinque Stelle n’a pas à jouer à être de gauche, c’est un mouvement post-décomposition de la gauche. Cinque Stelle est parvenu au gouvernement, avec l’extrême-droite en 2018-2019 puis avec le centre en 2019-2022 et souvent en alliance avec le PD. Affaibli, Cinque Stelle a servi de manche à air de larges franges de l’électorat vers le vote d’extrême-droite. Mais dans l’actuel parlement européen élu en juin 2024, Cinque Stelle s’est rapproché de LFI. Fait tout à fait significatif, à suivre de près.
Créé par et pour les bases qui viennent d’être présentées, LFI a tout de suite, et massivement, présenté les traits violents, braillards, et excluant, qui ont fait depuis sa touch propre. Dès 2017, et massivement pendant la campagne électorale, tous les aspects inquiétants d’une génération de jeunes militants enthousiastes et fanatisés, rassemblée et formatée dans ce cadre, étaient tangibles, avec des éléments d’anti-syndicalisme et des mains tendues à droite toute, et la haine naissante envers toute forme démocratique de discussion argumentée et organisée (j’en ai fait personnellement la découverte en défendant mon syndicat départemental contre l’apparition de telles pratiques directement destructrices).
Pour être complet, un dernier ingrédient, non nécessaire et le plus spécifique, du tournant populiste de J.L. Mélenchon, doit être signalé. Il s’appelle Sophia Chikirou. Cette ancienne animatrice de la « gauche sarkozyste » (sic) rejoint J-L. Mélenchon et, en tant qu’entrepreneuse de com’, conçoit le sigle, le logo et plusieurs grigris, comme le quinoa, de LFI. Elle n’est évidemment pas l’auteur du populisme LFI, mais, de tous les membres du cercle dirigeant, elle est celle qui s’identifie le plus au dit populisme, dans ses pires aspects. De sa familiarité avec le soralien antisémite Marc-Edouard Nabe, en 2018, en passant par son soutien à Andrea Kotarac allant croiser Marion Maréchal en Crimée peu avant de passer au RN, jusqu’à sa place actuelle dans les provocations « populistes » les plus graves, sur les « punaises de lit » ou le Hamas, sa place est centrale, avec la bénédiction et la protection du Chef. Cet ingrédient n’est pas décisif ni nécessaire, répétons le, mais il existe et illustre aussi le fait qu’autour de tout Chef bonapartiste, se forment des camarillas ou, comme disait Marx, des « sociétés du 10 décembre ».
Sommaire de la série d’articles :
- 1ère partie – Eh oui, il faut revenir sur ce qu’est LFI, par VP.
- 2ème partie – Revenir sur ce qu’est LFI : du populisme
- 3ème partie – Revenir sur ce qu’est LFI : du campisme
- 4ème partie – Revenir sur ce qu’est LFI : comment préserver la V° au nom de la VI°
- 5ème partie – Revenir sur ce qu’est LFI : à propos du « lambertisme » et de LFI
- 6ème partie – Revenir sur ce qu’est LFI : Conclusion : pistes pour une organisation démocratique. Par VP.
Geoffroy de Lagasnerie a eu au.moins un mérite, c est d aborder la question de notre impuissance politique, criante, malgré des décennies de manifs inutiles et de proposer l action directe ,comme mode de communication, d éducation populaire; MANIFESTER N EDT PAS AGIR, souligne t il,sauf qu il ne parle que de ce qu il connaît ,de ce que la gauche a mis en priorité,la question des migrants.A nous d élargir la réflexion sur d autres sujets d oppressions moins bobos et de reprendre le chemin des gilets jaunes, interrompu par la dictature sanitaire et son couvre feu.
lesquels gilets jaunes nous ouvraient les postes de péages autoroutiers ,symboles de l oppression macroniste cf https://journalidp.blogspot.com/2019/01/autoderoutes.html
Quand nous serons capables d organiser nationalement cette Jacquerie, avec la participation des usagers comme fait le 28mars 2023 au péage du viaduc de Millau, à 400 camarades ,avec 2000EUROS. Recoltés pour notre caisse de grève, contre la réforme des retraites alors la Macronie pourra se sentir menacée .Pour l instant la gauche reste dans l incantation ,par facilité de rester dans une opposition très confortable Roberto apiculteur membre de la Confédération paysanne et Attac,Soulèvements de la Terre
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quelques observations au passage, car je n’ai pas envie de répondre point par point à un texte qui me paraît mal engagé.
les 99% qu’il suffirait d’unifier. Cette idée qui à ma connaissance fut rendue publique par Filoche quand il débuta sa croisade contre le gauchisme de la direction de la ligue est fausse, carrément fausse. Au début on a pensé que c’était une exagération au service d’une volonté unitaire respectable.
puis avec l’expérience de la vie militante et la réflexion née de lectures questionnant les moments révolutionnaires de notre histoire, c’est vraiment un prémices complètement faux, une espèce d’opium de la réflexion. Probablement née de l’idée que tout humain non porteur de capital actif était enrolable et mobilisable contre le capitalisme par l’unification, cette idée trahit la sociologie et dénaturé jusqu’au grotesque la politique.
Deja dans la société d’aujourd’hui , à côté de la toute petite minorité détentrice des actions du grand capital, il existe tout un secteur de la société qui détient du capital productif, des classes moyennes aisées aux artisans en passant par les patrons des petites entreprises. De plus l’état, les politiques gouvernementales encouragent à la création , à la constitution de capitalistes même tout petit » devenez tous des acteurs du E commerce « , tu déposes une annonce sur le boncoin et tu deviens par la magie des mots répétés à l’infini un capitaliste, un apprenti du profit, un acteur de la concurrence libre et non faussée. Seul le marché fait fonctionner l’économie. Liberté, liberté chérie, sacro sainte liberté du commerce.
Aujourd’hui, après 40 ans de gouvernements néo libéraux le bloc idéologique dominant, c’est le capitalisme, l’économie est bâtie pour que les riches accumulent à l’infini, aucun acte économique ne se conçoit sans profit, la maison soit disant propriété d’usage, devient chambre d’hôte, bed and breakfast, revendez vos cadeaux, vous n’en voulez plus, revendez le, etc., etc. la volonté de noyer solidarité et partage est manifeste et très largement partagée.
Alors il faut faire le point sur la réalité des forces en présence ! Oui de mon point de vue le groupe social des travailleur- euses et employe-es, toutes celles et ceux qui n’ont que comme seule ressource de revenu leur travail est toujours une fois érigé en » classe ouvrière » le seul moteur possible du changement, oui ce changement sera nécessairement révolutionnaire du seul fait du refus des possédants d’accompagner ce changement, oui mais aujourd’hui ce groupe social » alpha » s’il est sociologiquement majoritaire, à mon avis il n’est pas plus de 70% de notre société, mais politiquement il est ultra minoritaire, chaque jour toutes les médias, y compris le groupe public de TV prêchent, mentent, servent des reportages limites Fake news au service unique du capitalisme !
Quand on regarde la 2 et la 3, les masses populaires ça n’existe pas ! Arte se fend encore de quelques rares documentaires abordant la pauvreté, si on veut avoir des nouvelles suivies des peuples présents sur cette planète alors il faut installer l’appli R T S, la télé suisse de langue française … Incroyable non !
Donc la question immédiate ce n’est pas comment unifier les 99% , et ce d’autant que cette unification n’est conçue que sur le terrain de l’electoralisme, la question immédiate c’est comment reconstituer un bloc idéologique donc le socle ne peut être que l’égalité dans les faits de toutes et tous, dont les valeurs essentielles sont la solidarité, le partage, la coopération et la démocratie directe et ne l’oublions pas la planification démocratique!
les forces productives existantes permettent déjà d’envisager concrètement un tel programme des aujourd’hui et non dans un avenir vague, il ne s’agit pas des lendemains qui chantent, la crise climatique, les dégâts commis par la gabegie capitaliste exigent que des maintenant cette transformation s’opère.
L’element manquant, c’est la volonté des masses travailleuses, qui non seulement ne sont pas spontanément révolutionnaires, mais qui sont gangrènees par la corruption, par la haine et le racisme.
Depuis fort longtemps des forces bourgeoises diffusent le racisme, la supériorité des blancs sur les melons, les bicots, les blanchettes, les citrons,etc. Plus récemment au nom de la preference nationale, des forces bourgeoises ont stigmatisés toute l’immigration pourtant venue en France à l’appel d’autres forces bourgeoises, les travailleurs-euses immigrés ont » volé le pain » des français, ont volé la sécu, les allocs, etc.
Depuis, disons Sarkozy, ces mêmes forces bourgeoises cherchent à propager la haine, pour transformer les mots en actes, en violences diverses et variées. En grande Bretagne le pas a été franchi récemment suite au meurtre de petites filles. Ici en France , on n’est pas loin de la constitution de milices des quartiers blancs pour repousser la racaille, les gitans, les femmes voilées. À Nouméa, à l’initiative des colons blancs et français, les milices des beaux quartiers existent déjà soutenues et épaulées par la gendarmerie et les militaires.
Voilà, à mon sens le terrain d’activités prioritaire de la gauche militante, de tous les êtres humains qui comprennent qu’un bout de papier jeté dans l’urne ne réglera jamais rien !
Derniere observation : regardez ce que Macron est en train de faire. Il nie tout simplement le resultat électoral de début juillet, cela montre à l’évidence que au delà des tactiques qui seront mises en oeuvre dans les prochaines semaines, c’est bien dans la rue, dans les mobilisations populaires, dans le refus de la haine, la haine ça sert à quoi dans la vie quotidienne ?, que se joueront notre avenir, notre refus du profit, notre aspiration à l’égalité dans les faits !
Claude Ganne le 19 08 24
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Réponse à Claude Ganne
J’ai l’impression que Claude ne saisit pas la différence entre la « construction d’un peuple », selon et surtout autour de la personne de Mélenchon, dans des termes qui n’ont rien à voir avec quelque référence de classe que ce soit, et le lointain souvenir des batailles menées par Gérard Filoche, du temps où il était connu sous le pseudonyme de Matti, dans la LCR des années 70.
Filoche/Matti combattait les orientations minorisantes de la majo de la Ligue qui ne voyait que par le filtre de « l’avant garde large » là où Filoche/Matti parlait de travail de masse, de travail syndical, de mobilisation de masse unifiant la classe des salariés à partir des revendications immédiates, pour au final poser la question du pouvoir et d’un gouvernement ouvrier à partir de l’état immédiat du mouvement ouvrier, à savoir la prédominance du PC et du PS dans celui-ci.
Confondre les deux, JLM et Filoche, parce qu’ils se seraient ensuite côtoyés au sein du PS voir même dans la « gauche socialiste », c’est ne pas voir les ruptures survenues ces dernières décennies.
Filoche a cessé de poser la question d’un parti révolutionnaire sous prétexte d’unité de la gauche ; au mieux, on a la séquence perpétuelle du généreux et courageux inspecteur du travail. Ça, Gérard le fait très bien et mourra comme ça. Le point de rupture, mais ça se discute, semble être l’effet de la chute du Mur de Berlin sur Matti/Filoche, lui qui pourtant affichait « champagne » tandis que les autres de la majo du SU se lamentaient et réclamaient de « l’alka-seltzer »… Les deux cotés étant conjointement meurtris par la non-réalisation du pronostic de la révolution politique et le fait implacable de la restauration du capitalisme alors que la plupart (et pas tous ..) des militants et courants trotskystes avaient enfermé les dits États ouvriers dans la case des objets définitivement inoxydables et insubmersibles.
Mélenchon lui est partie sur d’autres galaxies : foin de la classe ! Place au peuple ! Et pas n’importe quel peuple ! Celui construit autour de la personne du Chef charismatique… Et encore, pas tout le peuple, mais celui des faubourgs et des banlieues élevé au pinacle tandis que le peuple des bourgs et des campagnes était voué à la damnation éternelle dans la lepenisation sans rédemption possible !
Avec cela, on est loin des préoccupations de solidarité et d’action collective, sur une base de classe, qui font la trame des préoccupations de Claude … Pourtant c’est l’objet de cette série d’articles de tenter d’éclairer le pourquoi et le comment de la trajectoire de Mélenchon et de la LFI. Car oui, pour unifier ceux d’en bas, la classe du salariat, contre le système capitaliste, contre la division de la haine et du racisme, il faut briser l’obstacle diviseur du populisme tout comme il faut combattre les droitiers « même plus réformistes » convertis au néo-libéralisme via la passerelle du social-libéralisme.
OD
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L’épure au début de l’article est juste… et frappante. La réalité est encore plus contradictoire : précisément, il y a l’AEC, qui est, comme l’était le « programme de Thessalonique » de Syriza, un programme de transition. Peu importe qu’il ne soit pas explicitement « anticapitaliste ». Il est, à notre époque, inassimilable par le Capital. Sa mise en œuvre même partielle, déstabiliserait une situation par elle-même déjà très fragile. Cela vaut d’ailleurs même pour le « programme » de Lucie Castets. Ceux que Mélenchon a écarté (mais pas leurs électeurs), Simmonet, Davi, Ruffin… conservent pour l’essentiel l’AEC, soit dit sans évoquer les désaccords de Ruffin.
D’après ceux qui ont vécu cette époque, Mélenchon, avant même d’être « bolivarien » avait clairement la vision d’un « parti » qui se construit « par le haut », autour d’un chef, en écartant les rivaux. Un parti (ou « mouvement ») bureaucratisé-par-construction, pas dans une dégénérescence.
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tu perds ton temps jean pierre c’est des tocards sur ce site ils acceptent que les commentaires qui vont dans leur sens
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