Curieuse séquence que l’ « épisode Huguette Bello ». Cette présidente du Conseil régional de La Réunion, peu connue des milieux militants, a été sortie de son chapeau par Fabien Roussel vendredi, présentée comme la solution miracle qui devait faire l’unanimité, avec l’appui rapide de Jean-Luc Mélenchon affirmant qu’ « elle coche toutes les cases ».

Huguette Bello ayant finalement décliné l’offre en raison du désaccord du PS, le story-telling facile offert à bien des secteurs militants est donc le suivant : le PS qui veut l’ouverture du NFP à des secteurs issus du macronisme a empêché une bonne solution. De quoi attiser la division …

C’est là qu’il faut utiliser sa jugeote et ne croire personne sur parole. Le Conseil national du PS réuni hier a effectivement jugé cette proposition comme un candidature LFI déguisée et certains s’y sont inquiétés des menaces pour un éventuel « élargissement » du NFP. Mais pourtant, il circule que Roussel aurait justifié sa trouvaille en expliquant qu’elle « sait parler à l’oreille de Macron ». Et en effet, on peut trouver facilement sur le net les éloges vibrants de Mme Bello émis par : Aurore Bergé, Gérald Darmanin, Élisabeth Borne, Gabriel Attal, excusez du peu, le tout en 2024, ce n’est pas antédiluvien. En août 2023, le dirigeant Modem Philippe Vigier sacrait Mme Bello « compagnonne de route » du Modem.

Cette « républicaine exemplaire », aux dires de Borne et Darmanin, avait, comme plusieurs députés d’outremer, refusé de prendre part au vote sur l’ouverture du mariage aux homosexuels en 2013, et ses orientations en matière de laïcité tendent à présenter les religions comme des institutions publiques. En outre, le 22 mars 2024, le Tribunal administratif de la Réunion a condamné la présidente du Conseil régional pour des faits relevant de licenciements abusifs et de népotisme familial.

Mais, dans la rubrique « elle coche à toutes les cases » comme l’a dit J.L. Mélenchon, il y avait peut-être plus important encore. Durant la journée de samedi, c’est une campagne d’enveloppement par la contrainte qui s’est déclenché, à partir de milieux PCF et Insoumis, diffusant l’information, qui s’est avérée fausse, du soutien de EELV à sa candidature, et lançant des attaques contre le PS qui ont culminé dans l’opération de vandalisation de la façade du local national du PS à Ivry, où se tenait son Conseil national, menée par le maire PCF d’Ivry et une équipe de militants PCF et LFI. La promptitude de l’opération de communication et ses possibles développements agressifs ne peuvent qu’interroger.

Figurant à la symbolique dernière place de la liste LFI aux Européennes, Mme Bello est issu du PC réunionnais, le parti de la famille Vergès qui a occupé une position charnière dans les réseaux liés à l’URSS (où elle se rendait dans une délégation officielle, en 1981) et les anciennes colonies françaises. Cet enracinement politique combiné à la rapidité et la virulence de la campagne qui démarrait interrogent. Si elle avait été nommée par Macron, quid du programme du NFP sur l’Ukraine ?

Plus généralement, quid de ces débats secrets entre chefs à plume ? On aimerait être sur que les enjeux entre eux portent sur le respect du mandat, que ce soit l’Ukraine ou, bien sûr, la manière d’arriver au plus vite à l’abrogation de la loi Macron sur les retraites !

La leçon de la « séquence Huguette Bello » ne saurait donc être en aucun cas la banalisation des méthodes staliniennes tentées à Ivry. Ces méthodes sont celles de gens qui n’en ont précisément rien à faire de l’abrogation de la contre-réforme des retraites. Du temps a été perdu ? Assurément. Alors, c’est une exigence simple qui s’impose :

  • DIRIGEANTS DES 4 PARTIS, STOP AU SECRET ! PUBLICITÉ INTÉGRALE DE VOS CONCILIABULES !
  • ORGANISATION DES COMITES DE FRONT POPULAIRE : EUX SAURONT TRANCHER, ET VITE !