La question des désistements/retraits de candidatures NFP pour empêcher une majorité absolue RN ou une coalition autour du RN, disions-nous dans notre communiqué au soir du 1° tour des législatives, devrait relever des comités d’action et souligne donc leur manque. Car il est nécessaire et légitime, en toute transparence et conscience, de se retirer dans un certain nombre de circonscriptions. Pour nous, ceci n’est pas un « front républicain » mais une tactique de classe pour peser sur le résultat final.
C’est Jean-Luc Mélenchon, dans une opération d’auto-proclamation et de préemption caractérisée, qui a, hier soir, enjoint tous les candidats NFP de se retirer devant tout autre candidat non-RN qui les aurait devancés au premier tour, de manière verticale et unilatérale. Or, il apparaît que cette « consigne » en forme d’ordre souffre pour lui des exceptions : quand il s’agit de combattre des « dissidents LFI » sortants réellement représentatifs du NFP !
Déjà, en l’absence de RN qualifiés au second tour et heureusement, nous aurons, pour tenter d’interdire toute émergence d’un courant réformiste de gauche réel, un second tour Corbières (Front populaire, 40,19%)) contre LFI (36,39%) à Montreuil-Bagnolet, Simonnet (41,87%) contre Verzelleti, LFI (22,87%) sur Paris 5°, sans oublier la 4° circonscription de Seine-Saint-Denis où l’élue sortante PCF/NFP de la Courneuve Soumya Bourouha (suppléante Marie-George Buffet), 44,27% s’est vue opposer un candidat « pro-palestinien » LFI en représailles contre son soutien à Garrido, qui a fait 23,9%.
Raquel Garrido, arrivée quant à elle 3° derrière l’UDI (24,56%) et LFI (33,1%), se déclare prête à se retirer, mais fait pression pour que les LFI arrivés deuxièmes derrière les candidats légitimes issus de LFI en fassent autant.
A Marseille, l’appareil LFI et son candidat (23,32%) étaient clairement disposés à se maintenir contre le député sortant Hendrick Davi, 24,44%, alors que le RN était à 25,77%.
Ainsi donc, obligation nationale centralisée de retrait partout, exceptions au risque de faire passer le RN là où le Chef et sa camarilla l’ont décidé !
Cette situation a conduit Clémentine Autain, elle-même réélue au premier tour (62,65%) à publier le communiqué que nous reproduisons ci-dessous. Quelques heures plus tard, le candidat LFI présenté contre Davi se retirait, confronté au scandale total qu’aurait été une opération aboutissant à faire passer le RN : nous reproduisons aussi son communiqué, dans lequel il traite Davi de « divers gauche ».
Dans la rubrique de la machine à perdre centralisée depuis l’état-major Mélenchon/POI, on signalera aussi le cas du candidat choisi pour le NFP par LFI dans la 1° circo du Loir-et-Cher, Reda Belkadi, qu’il a fallu désavouer la veille du scrutin en raison de ses nombreux messages antisémites, homophobes et se référant au néo-nazi Soral, accumulés depuis des années sur les réseaux sociaux. Le second tour à Blois opposera donc un macronien et un RN …
Pour contribuer à la compréhension des problèmes auxquels sont confrontés les militants, nous reproduisons aussi un communiqué du NPA de l’Allier, réagissant aux faits suivants : dans la circonscription de Vichy, la candidate NFP, PS, s’est retirée dès dimanche soir, étant arrivée 3°, en faveur du député sortant LR qui a fait plus de 40% dès le premier tour.
Mais simultanément, le candidat LR sur Montluçon annonçait son maintien dans une triangulaire RN/NFP/LR, qui ne peut avoir d’autre fonction, d’autre intention, que de faire élire le RN, que le maire de droite de Montluçon avait déjà appuyé contre la candidate LFI en 2022, bien qu’à l’époque LFI n’était pas qualifiée d’« antisémite », faisant alors élire le RN de justesse.
Inutile de dire que la caractérisation du rôle de Mélenchon et de l’appareil dirigeant de LFI va pour nous avec le soutien évident à cette candidate aujourd’hui, une jeune femme qui n’a rien à voir avec les manœuvres signalées par ailleurs.
La leçon politique ici est la suivante : l’on voit la stratégie de billards à plusieurs bandes de LR, y compris de son élu « aux valeurs républicaines » de Vichy, faisant en sorte de ménager l’élection du RN à Montluçon, et ne donnant même pas de consigne de vote à Moulins.
Il serait dans cette situation légitime, s’il existait un réseau de comités d’action à la base et pas seulement les appareils qui ont été contraints à l’unité, de discuter d’un maintien ou non de la candidature NFP à Vichy, laquelle ne favoriserait pas forcément le RN d’ailleurs, pour être partout indépendants de ceux qui sont en train de préparer des formules gouvernementales autour du RN.
Ci-dessous : le communiqué de Clémentine Autain, l’annonce du retrait du candidat LFI qui voulait initialement se maintenir dans la 5° circo de Marseille, et le communiqué du NPA de l’Allier.
Communiqué de Clémentine Autain, lundi matin 1° juillet.
L’extrême droite est aux portes du pouvoir. Nous devons tout faire pour l’empêcher de gagner et pour ouvrir l’espoir avec le Nouveau Front Populaire.
Je suis donc consternée de devoir prendre du temps pour demander à la direction de LFI de ne pas maintenir ses candidatures face à trois de mes camarades « purgés » arrivés en tête : Danielle Simonnet, Hendrik Davi et Alexis Corbière, qui ont obtenu des scores supérieurs aux candidatures officielles de LFI – et je les en félicite !
Je comprends que Jean-Luc Mélenchon et la direction LFI soient amers de leur échec mais j’appelle à la responsabilité. Les guerres fratricides doivent cesser.
Toutes nos forces sont à mettre cette semaine contre le RN et pour faire gagner le NFP dans le pays. Que les insoumis viennent aider les candidats en difficulté face à l’extrême droite au lieu de cette grande déperdition d’énergie dans des circonscriptions acquises au NFP !
Je salue la dignité de Raquel Garrido qui, arrivée 3e avec un très beau score et en situation de pouvoir se maintenir au second tour, a annoncé avec un grand sens de la responsabilité qu’elle était prête à se retirer. Alors que son attitude est à la hauteur des événements, les insultes continuent de fuser contre elle. Ce climat n’est pas acceptable.
J’attire une attention spécifique sur la circonscription d‘Hendrik Davi à Marseille. Le RN est en tête dans cette 5e circonscription des Bouches-du-Rhône. Et pourtant, aussi fou que cela puisse paraître, Allan Popelard, soutenu par la direction LFI et arrivé en 3e position, demande à Hendrik Davi de se retirer ! La règle énoncée hier soir par Jean-Luc Mélenchon de désistement quand on est 3e et qu’il y a un RN en tête vaudrait pour les macronistes mais pas pour mon ami Hendrik Davi ?
Il est temps se ressaisir !
Communiqué de retrait du candidat LFI dans la 5° circonscription des Bouches-du-Rhône :
Communiqué du NPA-Allier :


Dans un édito qui doit fixer la ligne claire de la semaine, il ne faut pas tomber dans la tambouille picrocholine. (en l’occurrence, le « coup d’après » aux municipales… entre PCF, factions rivales du PCF, et LFI) ! Je parle du 93, que je connais par coeur, et c’est tout de même là le centre des chicailleries.
Désistement partout pour un Front républicain, c’est cà le fait saillant de la position de LFI depuis dimanche soir, et c’est cà qui a encore surpris le « camp présidentiel » ! Il attendait une « fracture » du front pop, elle n’a pas eu lieu. LFI n’est surtout pas « tombée dans le panneau » d’une attitude « 1928 », à la LO. C’est bien plutôt la minorité présidentielle qui se fracture elle-même.
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Une remarque : ceci n’est pas un édito, mais un article de discussion surtout. Cela dit, nous ne pensons pas que la cause profonde des scissions de LFI dans le 93 soit dans les chicailleries locales qui existent certainement, mais bien dans les enjeux nationaux (et même internationaux) dérivant de la nature de cette organisation.
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