Le Comité Français du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine a adressé un questionnaire aux têtes de listes se présentant aux élections européennes en France, à l’exclusion des RN et autres Reconquêtes. Les questions, dument discutées et rédigées dans le RESU, se basent sur le droit des peuples et les principes démocratiques fondamentaux, et sont les suivantes :

 1. Comment caractérisez-vous la guerre menée sur le sol ukrainien par la Russie ?

2. Comment envisagez-vous son issue ? Le retrait préalable de la Russie de tous les territoires ukrainiens occupés illégalement depuis 2014 est-il pour vous une condition à l’ouverture de négociations pour une paix juste et durable ?

3. Le soutien à l’Ukraine – humanitaire, économique, militaire – est-il pour vous justifié ? Doit-il être augmenté ? Y aurait-il des « lignes rouges » à ne pas franchir en la matière, et dans ce cas lesquelles et pourquoi ?

4. L’adhésion à l’UE est-elle un droit démocratique de l’Ukraine ?

5. Soutenez-vous les revendications sociales qu’expriment actuellement le mouvement des travailleurs ukrainien et ses organisations ? Et si oui, comment allez-vous manifester ce soutien ?

6. Appuyez-vous la revendication d’annulation de la dette extérieure ukrainienne ? Appuyez-vous la demande de confiscation et la taxation au bénéfice de l’Ukraine, au titre des réparations de guerre, des avoirs privés et publics russes gelés hors de Russie ?

7. Comment garantir l’accueil sans discriminations de tous les réfugié.e.s d’Ukraine, comme l’accueil de tous les réfugié.e.s ?

8. Concernant le pouvoir en Russie : – comment évaluer et appliquer réellement les sanctions financières et économiques imposées à la Russie tout en protégeant les populations de leurs effets ? – êtes-vous pour la saisie immédiate des biens des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et des oligarques russes en Europe et dans le monde ? – êtes-vous favorable à un embargo réel des matières premières stratégiques, notamment gaz, pétrole et uranium, ainsi que des composants électroniques ? – comment s’opposer à la menace nucléaire que constitue la mise en état d’alerte des armes nucléaires en Russie et au Bélarus ainsi que la mise en danger des centrales ukrainiennes ?

9. Concernant les peuples en Russie et au Bélarus : – comment soutenir les mouvements anti-guerre et démocratiques ? – vous engagez-vous à exiger la libération de toutes les personnes emprisonnées pour opposition à la guerre et/ou en faveur des droits démocratiques (d’expression, de manifestation, d’information, d’organisation syndicale… ) ? – à agir pour la garantie du statut de réfugié.e.s politiques aux opposant.es à Poutine, à Loukatchenko et aux déserteurs ?

10. Avez-vous d’autres commentaires ou propositions à formuler ?

A ce jour et à cette heure (lundi 3 juin, 16 h), 4 listes ont répondu : PS-Place publique, EELV, LFI, NPA-R : les fichiers sont à la la suite de cet article.

Nous invitons nos lecteurs et camarades à examiner le tout par eux-mêmes pour se faire une opinion et nous n’auront que des commentaires assez brefs.

Le soutien y compris militaire est approuvé par les listes PS et EELV. Bien entendu, ces positions sont liées à leur position de soutien à l’essentiel de la « construction européenne » telle qu’elle s’est développée jusqu’à aujourd’hui, mais elles ont leur logique propre. Ainsi, Raphael Glucksmann, signataire de la réponse pour PS-Place publique, s’y prononce explicitement pour l’annulation de la dette extérieure de l’Ukraine. Concernant la réponse signée de Marie Toussaint pour EELV, on peut toutefois s’étonner de l’absence de toute considération écologique précise sur les écocides impérialistes commis en Ukraine par les forces russes : nucléaire, minage des sols, barrage de Nova Kakhovka …

La réponse de LFI est longue et détaillée, allant jusqu’à rajouter des questions pour pouvoir y répondre aussi, ce qui montre l’impact de la campagne du RESU sur l’organisation qui, à gauche, avec le PCF, est la plus impliquée dans le soutien aux formes « multipolaires » de l’impérialisme. L’auteur a tenu a montrer qu’il avait entendu parler du Sotsialnyi Rukh, tout en équilibrant cette érudition par le placement d’une mention de « nazis » dans l’armée ukrainienne. Ce caractère détaillé va jusqu’à des affirmations fausses – il  n’y a pas de fédérations dans la FPU ou la KVPU, ni du côté de Sois comme Nina, qui seraient hostile ou réservée sur l’adhésion de l’Ukraine à l’UE ; et LFI n’est évidemment pas « la seule force politique française » à avoir « accueilli »  des réfugiés politiques russes !

Surtout, la réponse a beau être développée, il en ressort que l’Ukraine est enjointe par LFI d’accepter un cessez-le-feu avec occupation du cinquième de son territoire. Concernant sa demande d’adhésion à l’UE, nous avons ce passage formidable, qui est à encadrer : « La demande d’adhésion est évidemment un droit démocratique, mais nous ne souhaitons pas l’accepter. » Ceci au nom de la « doctrine historique de l’Union » : effectivement, la demande ukrainienne met en cause tous les critères économiques néolibéraux des traités européens, car l’Ukraine ne satisfait à aucun et revendique d’être intégrée parce qu’elle est attaquée et combat. De fait, LFI défend donc ici l’UE et ses traités tels qu’ils sont !

Le NPA-R esquive la question 2 en expliquant que les Ukrainiens seraient fort sympathique de bien vouloir faire la révolution sociale d’abord plutôt que de battre l’armée russe, et le reste est souvent à l’avenant : la révolution comme moyen d’esquiver les questions concrètes immédiates, dans une certaine tradition guesdiste (« la guerre est due au capitalisme donc rien ne sert de combattre la guerre, combattons le capitalisme », etc.). Il convient toutefois de relever que le discours du NPA-R, très révolutionnaire par son verbe et très platonique par les engagements qu’il induit, se distingue de celui des autres listes d’extrême-gauche, campiste, c’est-à-dire qui ont choisi leur camp quitte à le prétendre « internationaliste », dont on n’espère pas trop les réponses à ce questionnaire, mais nous verrons …