Jeudi 7 mars, alors que 5000 manifestants venus notamment de Seine-Saint-Denis (60% de grévistes dans les collèges et lycées et 45% dans les écoles) et de toute la région parisienne se dirigeaient sur le ministère, mais aussi pendant que des rassemblements se tenaient devant des dizaines de collèges, que le rectorat de Versailles est occupé depuis 3 jours, et que des collèges de la région lyonnaise se mettaient en grève contre le « choc des savoirs », Mme Belloubet, ministre, déclarait que les « groupes de niveaux » ne seraient, de fait, pas mis en place, puisque selon elle ce sont des « groupes de besoin » facultatifs en Français et en Maths qui pourront, ou non, être mis en place dans chaque collège. L’arrêté ministériel à ce sujet n’est toujours pas écrit …

Même si le père de cette mesure, Gabriel Attal, a déclaré que c’est bien sa politique qui serait ainsi mise en œuvre, elle a subi là un coup direct. A la suite de la manifestation parisienne, une AG du 93 rejointe par des personnels du 95 et par des lycéens, très enthousiaste, avec 480 participantes et participants, s’est tenue sur Paris. Le plan d’action qu’elle a adopté, relayé à sa demande, comme précédemment, par l’intersyndicale FSU/CGT/SUD/CNT à nouveau rejointe par FO, confirme la manière dont les personnels de l’école publique cherchent à construire la grève générale de la profession, sans s’épuiser, en groupant, en entrainant leurs syndicats : ils appellent à nouveau à la grève jeudi 14, parents et élèves sont appelés à ne pas se rendre en cours le vendredi 15, le tout dans le but d’appuyer puissamment la réalisation dans toute la France de la grève générale de la fonction publique le 19 mars et de prendre élan sur cette journée.

Le rétropédalage ministériel sur les groupes de niveaux est parfaitement compris comme la manœuvre en recul d’un appareil d’Etat que la poussée d’en bas, des personnels de l’école publique avec la jeunesse et la population derrière eux, a commencé à ébranler : il faut donc enfoncer le clou. La revendication de retrait ou d’abandon de la totalité du « choc des savoirs » demeure et, tout en s’appuyant sur l’exigence d’un plan d’urgence pour la Seine-Saint-Denis, c’est aussi « plan d’urgence pour toute la France » que la manif et l’AG ont scandé.

La question est donc, non pas moins, mais plus encore posée, de la construction de la grève générale de l’école publique et d’une manifestation nationale de défense de l’école laïque contre le « choc des savoirs ». Bien entendu, ce mouvement soulève la question de quel gouvernement, quel pouvoir, quel régime pourra faire un plan d’urgence pour l’école publique : certainement pas le gouvernement Macron/Attal et le régime de la V° République. De plus, dans de nombreux départements, les mobilisations contre les mesures dites « de carte scolaire » (fermetures de classes et d’écoles, fusions d’écoles dans les villes) se multiplient : si les syndicats au niveau départemental jouent souvent leur rôle en centralisant ces combats devant les Inspections d’académie et Rectorats, au niveau national ils n’ont jamais centralisé le tout vers le ministère ! Le moment n’est-il pas venu là aussi ?

La crise du ministère de l’Education nationale, qui n’a pas été causée par le personnage d’Oudéa-Castéra mais par l’opération de Macron consistant à propulser son protégé en le faisant passer par la rue de Grenelle, et l’irruption de la mobilisation d’en bas, ont d’ores et déjà montré qu’il reste possible et nécessaire de réaliser l’unité dans la grève, de défaire et de chasser ce gouvernement en ouvrant la crise politique du régime de la V° République !