Après les Gilets jaunes soit le prolétariat rurbain, les mobilisations de 2019 et de 2023 de celui des grandes villes matinée, pour la seconde, de celui des sous-préfecture puis les banlieues avec le lumpen et en attendant la jeunesse, laminée par le Covid et la sélection à l’université, bien sot celui qui ne voit pas la vague venir, à même d’emporter Macron, au pouvoir depuis Hollande de fait, et son monde.
On me répondra que la lutte des agriculteurs est composite mais quel grand mouvement ne l’est pas ? Le jeu de bonneteau habituel auquel se livre les syndicats agricoles majoritaires et l’exécutif paraît désuet alors que la montée sur Paris est chose faite et que, après avoir connu ses prémisses en Allemagne, il s’étend désormais à d’autres pays.
Les paysans, ce sont aussi beaucoup d’ouvriers agricoles donc des salarié-es et des petits producteurs, plus représentés par la Confédération paysanne qui vient de lancer le mot d’ordre de blocage des bases de distribution alimentaires, rappelant ainsi que ce sont les patrons de la grande distribution qui se gavent sur leur dos… et le nôtre !
Alors que EDF, les taxis et l’éducation se mobilisent au même moment, qui indiquera clairement dans les jours à venir, passé de pieuses déclarations de soutien, la voie du tous ensemble ?
LD, 31-01-2024.
Notes :
Voir l’appel de la Confédération Paysanne du 30 janvier 2024 : La Confédération paysanne appelle à bloquer les centrales d’achat et à cibler les prédateurs du revenu paysan
Je dis première car celui des Bonnets rouges, qui présente des caractéristiques assez similaires à ce mouvement, était limité à l’Ouest.
J’aimeJ’aime
Le « tous ensemble interclassiste » a peu de chance d’advenir, ou alors ce serait pour le pire ! L’imaginaire historiographique rural français fait commettre à tout instant et à tout un chacun le double « péché d’anachronisme » (avec feed-back dialectique), où l’on rattache le présent moins au passé, qu’à une « image » reconstruite de ce passé, mythèmes agissant à rebours comme un voile falsifiant le présent. Où l’on voit une continuité, il faudrait d’abord voir des coupures et des altérités radicales. Parler de « jacquerie », c’est convoquer un imaginaire, une imagerie, dont se gargarise une certaine propagande, mais masque la « nature de classe » (archi et ultra capitaliste). Le débouché politique de ce mouvement ne peut être qu’une solution libéral-autoritaire, et déjà ses premiers gains revendicatifs sont le simple ajustement au nouveau cours « impérialiste », « mercantiliste » (donc sur-armé) du capital mondial depuis l’agression russe en Ukraine. La stratégie de la Conf’, qui s’accroche sur un terrain quotidiennement hostile (la ruralité c’est la « far west »!), est certes de « coller » en apparence, mais pour mieux dénoncer et capitaliser demain sur les « ignominies » du succès du mouvement !
J’aimeJ’aime
Pour préciser : on voit une continuité structurelle (« le paysan ») là où il n’y en a plus, par glissement séculaire, maintenue seulement dans l’imaginaire et les représentations, plus ou moins mythologiques (au sens Barthes). Et on ne voit pas la continuité structurale du capital dans ses logiques et dynamiques spatiales, avec toutes ses conséquentialités politiques.
J’aimeJ’aime
Pour préciser encore le « cadre conceptuel » : le réel réel c’est ce qui est continu, mais enfoui, imperceptible ; l’imaginaire c’est pas essence les discontinuités. Mais un imaginaire qui vise le réel, et pose a priori une hypothèse du continu dans l’imaginaire, double bind constitutif, de l’humanité comme « dispute infinie ».
J’aimeJ’aime