Présentation
Nous informons nos lecteurs de la tenue d’une réunion publique ce samedi 16 décembre à l’initiative du Réseau Bastille lors de laquelle le camarade Robert Duguet fera une présentation sur le mélenchonisme. Outre l’annonce de cette réunion-débat, nous publions en guise d’introduction la première partie d’un texte de Robert où celui-ci développe son analyse.
Annonce
Samedi 16 décembre 2023 à 14h au local de l’EDMP (impasse Crozatier – 75012 Paris – Métro gare de Lyon).
Le réseau Bastille vous invite à une réunion introduite par Robert Duguet sur le thème exposé ci -dessous.
Quelques lignes de présentation
Sollicité par le Réseau Bastille pour ouvrir une discussion sur le mélenchonisme, j’ai fait un travail de recension à partir des articles écrits par moi qui couvrent la période 2012-2017 et 2023. Les camarades susceptibles de participer à la réunion du samedi 16 décembre appelés par le réseau Bastille pourront lire la première partie de ce travail qui servira de base à la discussion politique. Je traiterai quelques-uns des thèmes développés dans la première partie de mon texte :
- Le Front de Gauche et l’évolution des positions de Mélenchon depuis la présidentielle de2012.
- Le tournant politique vers France Insoumise dans le contexte européen de la montée des populismes et la présidentielle de 2017.
- Mélenchon à l’école de Chantal Mouffe.
- La question syndicale.
- La guerre en Ukraine et des positions internationales pro-poutiniennes.
- L’aspiration à la démocratie dans France Insoumise et sa crise actuelle.
A tous merci de votre présence et à samedi !
Robert
Texte soumis à la discussion par Robert Duguet
Qu’est-ce que le mélenchonisme ? 1ère partie
Sommaire :
- Dans « le sillon » de François Mitterrand…
- Le parti de gauche, le Front de Gauche, pour un nouveau front populaire
- Les expériences nationales-populistes en Amérique latine et Podemos en Espagne vont modifier la relation de Mélenchon à la stratégie FDG
- Victoire et effondrement de Syriza en Grèce
- Mélenchon et la défense de la capitulation d’Alexis Tsipras
- Mélenchon à l’école de Chantal Mouffe
- Du Front de gauche de 2014 à France Insoumise, l’élection de 2017
- Le populisme et la question syndicale
- Allemagne 2109-2023: montée inquiétante du populisme avec Sahra Wagenknecht et de l’extrême droite
- Contre la résistance « armée et non-armée » du peuple ukrainien et pour la défense de la Russie poutinienne
- France Insoumise une crise comme les autres ?
Lire le texte au format PDF
Merci pour ce texte intéressant.
Je regrette toutefois de l’absence totale dans ce texte du nom de Fillon. L’ « affaire Fillon » est pourtant un événement très important de l’élection présidentielle de 2017. Si l’on se place dans une perspective bourgeoise uniquement électoraliste, cette affaire fut pourtant une « divine surprise » pour la « gauche », dont celle-ci n’a pas pu, ou plus exactement pas voulu, profiter, car nul de ses chefs (pas seulement Mélenchon comme le dit justement ce texte) ne souhaitait parvenir au pouvoir. Quelques mois avant cette élection, Fillon était le « candidat naturel » de la bourgeoisie, et sa victoire était prédite avec confiance par tous les politiciens et médias. Patatras! La surréaliste « affaire Fillon » est venue brouiller les cartes. Trop confiante, la bourgeoisie n’a pas eu la « présence d’esprit » de se débarrasser de lui dès le début de cette affaire et de ressortir tout de suite Juppé du tiroir. Elle a tergiversé, attendu que l’affaire se calme, et le meeting du Trocadéro, où même la bourgeoisie n’attendait personne, a relancé l’illusion… jusqu’à l’affaire des costumes, qui a définitivement mis Fillon sur la touche. C’était une opportunité unique, inattendue, contre le cours de la période, pour « la gauche » d’accéder au pouvoir dans le cadre de la V° République, et pas sur la base d’une mobilisation populaire massive. Tout observateur extérieur un peu raisonnable s’attendait à ce que Hamon, très fraîchement détaché du PS au vu du désastre de la présidence Hollande, et Mélenchon, détaché plus tôt et ayant alors le vent en poupe, se mettent d’accord sur une candidature unique, sur un « ticket » où le premier aurait été premier ministre du second. Or ils ne l’ont pas fait, malgré des appels à le faire (voir par exemple les billets à l’époque de Philippe Torreton et de moi-même dans Mediapart et un article de Sérac dans Informations Ouvrières).
On ne peut pas à mon avis comprendre correctement les événements politiques à la lumière exclusive d’une analyse « lutte des classes » pure et dure. En dehors des périodes révolutionnaires, la majeure partie des travailleurs perçoit la politique à travers la lecture qu’en imposent les médias. Pour la plupart des gens, la présidentielle est avant tout comprise comme l’affrontement d’individus, pas comme l’expression de rapports de classe, et on ne peut faire l’abstraction d’en parler. La « gauche » n’ayant pas saisi l’opportunité historique imprévisible de l’affaire Fillon, c’est Macron qui l’a fait, mais sans cette affaire il n’aurait pu le faire.
(Bien entendu, je n’ai aucune illusion sur ce qu’un gouvernement Mélenchon-Hamon aurait fait: il aurait peu ou prou tenté de continuer ce qu’avait fait Hollande. Ni du reste sur le fait que, Mélenchon présent au second tour, il aurait pu être élu, car, déjà à l’époque, le fameux « ‘arc républicain », c’est-à-dire le front unique des organisations de la bourgeoisie, aurait été convoqué contre lui. Mais les conditions politiques et les conséquences dans la lutte des classes de la présence de Mélenchon au second tour auraient été très différentes.)
Je suis tenté de rapprocher ce « ratage » de ce qui se passe après l’autre « divine surprise » du vote de l’Assemblée Nationale contre le projet Darmanin. S’il existait encore dans ce pays une once de volonté de « la gauche » de se battre en perspective d’accéder au pouvoir, le soir même ses dirigeants auraient appelé à des manifestations dans toute la France pour « Macron démission », « A bas la V° République » et « Constituante souveraine élue ». Non seulement elle ne l’a pas fait mais elle n’appelle même pas, dans l’unité avec les syndicats, à des manifestations massives le 18 décembre, et il est lumineux que, malgré les efforts d’une substantielle minorité dont nous faisons partie, ces manifestations ne mèneront à rien de concret, au-delà de l’expression d’un « mécontentement ». Ce que des mois de mobilisation pour le projet de loi retraites n’ont pas réussi à faire, à savoir faire reculer ce gouvernement, ce ne sont pas des manifestations d’un jour, non appuyées sur de grèves et sans perspectives claires, qui le feront. C’est difficile de regarder cela en face, mais avec l’effondrement bio-géo-climatique en cours, et qui va s’accélérer d’année en année jusqu’à des ruptures civilisationnelles irréversibles à échelle individuelle (sinon dans des générations), la nécessité d’une révolution mondiale mettant fin au capitalisme n’a jamais eu l’urgence absolue qu’elle a aujourd’hui, et toute tergiversation, comme les contorsions des médias aux ordres pour nous faire admettre que la COP 28, la « COP des lobbies », a malgré tout des aspects positifs, contribue à rendre sa perspective de plus en plus irréaliste.
Oui certes, c’est la lutte des classes qui sous-tend tous les événements politiques réels, mais ses manifestations institutionnelles, même très déformées et conflictuelles (comme ce vote de l’Assemblée Nationale où ce sont les fascistes qui ont fait passer une motion portée par « la gauche ») en font aussi partie, et il faut les prendre en compte.
Alain
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Bonsoir,
Une remarque de forme : participant à des réunions dans ce local et faisant partie des coopérateurs dudit local, j’apporterai une nuance sur l’annonce de cette réunion. Le local en question n’est pas « le local d’Emancipation », mais l’EDMP, dont le comité de gestion intègre des membres d’Emancipation mais aussi d’autres structures. Il n’est pas la propriété d’une seule organisation.
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Dont acte. Modification intégrée
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Précisons que Sérac appelait à l’unité sans conditions entre Mélenchon et Hamon
pendant que D.Gluckstein dans la « Tribune des travailleurs » conditionnait cette unité à l’abrogation de la loi El Khomri et la remise en cause des traité européens !
Rappelons que Sérac et le POI sont ceux qui ont chassé son courant trotskyste pour mieux pouvoir capituler derrière Mélenchon et son mouvement gazeux pendant que D.Gluckstein et le POID devenu Parti des Travailleurs posent les bases d’un parti révolutionnaire dans ce pays ( 7000 abonnements à la Tribune des travailleurs!)
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Amen !
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