Nous avions, voici quelques mois, informé de l’arrestation de Boris Kagarlitsky en Russie et soulevé les sérieuses questions posées par son orientation politique réelle (ici, et en anglais ici), ce qui n’empêchait évidemment pas d’exiger sa libération.

Son « procès » vient de se tenir dans le grand Nord russe (République de Komi), à Syktivkar. Des informations nous sont parvenues hier : le procureur a requis une peine d’emprisonnement de 5 ans et 6 mois dans une colonie à régime général et une interdiction d’administrer un site pendant deux ans. Après une heure et demi de délibération, B. Kagarlitsky a été reconnu coupable et condamné à une amende de 800 000 roubles et à la privation du droit d’administrer des sites web et d’utiliser des réseaux sociaux pendant deux ans. L’amende a été réduite à 609 000 roubles (6233 euros).
L’ensemble des poursuites reposait sur deux mots du titre d’une vidéo sur l’explosion du pont de Kertch : « félicitations explosives ». C’était réellement de l’humour, car les positions de B. Kagarlitsky qui ont certes évolué après le 24 février 2022, ne peuvent être qualifiées de défaitistes. Ce sont soi-disant des habitants de la République de Komi qui auraient porté plainte car cette vidéo les auraient blessés : humour policier involontaire !

L’humour coute donc 600 000 roubles en Russie, comme l’a relevé Pavel Kudyukin, témoin de la défense et président du syndicat (KTR) Solidarité universitaire, qui a ajouté que le verdict n’est pas juste mais est quand même une victoire.

Les opposants russes se réjouissent de ce qui apparaît comme un verdict clément, bien que tout aussi inique et grotesque que dans tout autre procès politique, actant l’embarras et les contradictions du pouvoir. Notons qu’au même moment, les amis d’Alexeï Navalny alertent : on est sans nouvelle du plus connu des prisonniers politiques russes depuis plus d’une semaine.