Une « marche pour la République et contre l’antisémitisme » et pour « la nation réunie »est appelée dimanche par la présidente macroniste de l’Assemblée nationale et le président LR du Sénat. La présence du RN et de Reconquête suscite diverses palinodies alors qu’il était parfaitement clair, prévu, et donc souhaité, par les organisateurs, c’est-à-dire par la V° République, qu’ils viendraient.
La pression s’organise pour stigmatiser comme ennemi de la nation, et supposément comme « antisémite », quiconque ne participerait pas à la marche de la « nation réunie », alors que nombreux seront les antisémites avérés, déclarés ou vaguement camouflés, qui « marcheront » dimanche à l’appel des représentants du pouvoir en place. Ce sera une marche pour la V° République et le recyclage des antisémites à son service, dans la continuité des agapes de Saint-Denis début septembre.
Macron, Braun-Pivet ou Larcher ne mettent en avant aucune caractérisation de ce qu’est l’antisémitisme. Implicitement ou explicitement, ils laissent une doxa s’affirmer selon laquelle l’antisémitisme serait de retour à cause des musulmans, arabes et palestiniens, thèse du RN et de Zemmour, et d’autre part, mais en complicité avec les musulmans, sous des formes dites « d’extrême-gauche » (je reviendrai plus loin sur l’incapacité de celle-ci à se préserver de l’antisémitisme réel, un fait dont ils se servent, mais qui n’a rien à voir avec les fantasmes déversés par les propagandistes macroniens, ciottistes, lepénistes ou zemmouristes de la V° République).
On cite parfois Franz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Ajoutons ceci : « si vous êtes juif et que vous entendez dire que la principale menace contre les juifs vient des musulmans, tendez l’oreille, ça va se retourner contre vous. »
Faire croire que la racine de l’antisémitisme serait l’islam (il existe aujourd’hui un virulent antisémitisme musulman, mais pendant deux millénaires l’antijudaïsme était essentiellement chrétien et européen) est utilisé par les Maréchal-Le Pen et autres Bardella, et les Ciotti et autres Darmanin qui courent après eux, comme un élément de langage raciste prétendant ajouter un argument majeur à la nécessaire « lutte contre l’immigration ».
Mais réfléchissez bien : qui selon eux fait venir tous ces noirs et ces arabes en Europe ? Qui manigance le prétendu « grand remplacement » ? Qui tire les ficelles dans l’ombre dans les fantasmes que suscitent et manipulent ces politiques cyniques ?
La manifestation d’union nationale de dimanche sera une manifestation de défense de la V° République et de son président, et d’intégration des racistes et des antisémites à la défense de ce régime, et rien d’autre. En aucun cas elle ne combattra et ne fera reculer l’antisémitisme.
Mais réciproquement, la formulation de J.L. Mélenchon mise en avant pour ne pas participer à cette opération ne repose pas sur l’argumentation présentée ici. « Dimanche manif de « l’arc républicain »du RN à la macronie de Braun-Pivet. Et sous prétexte d’antisémitisme, ramène Israël-Palestine sans demander le cessez-le-feu. Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous. »
Ainsi, pour dénoncer la manif de recyclage des antisémites, J.L. Mélenchon dénie la réalité de l’antisémitisme, réduit chez lui à un « prétexte », et donne à comprendre que dénoncer l’antisémitisme, c’est automatiquement cautionner le massacre à Gaza.
Ce déni revêt des formes plus ou moins sophistiquées.
A Aplutsoc, nous avons eu un fidèle lecteur qui nous a adressé cette formule brute : « … l’accusation d’antisémitisme est toujours l’arme la plus pourrie des défenseurs de la barbarie capitaliste. » Tout en n’étant pas, subjectivement, antisémite, le génial concepteur de ces propos simplets formule là un axiome antisémite : dénoncer l’antisémitisme, c’est toujours un prétexte pour justifier capitalisme et barbarie. Il peut communier avec le tweet de J.L. Mélenchon, sans problème.
Sous une forme sophistiquée, la théorisation de l’absence d’antisémitisme dans la société contemporaine se trouve, par exemple, chez un auteur comme Enzo Traverso, qui expliquait voici quelques jours dans Médiapart qu’en aucun cas les pogroms du Hamas ne doivent être appelés des pogroms, car il s’agit des effets (regrettables, certes …) d’une « haine de spoliés », réservant pour sa part le terme de « génocide » à ce qui se passerait d’ores et déjà à Gaza.
Les élucubrations sophistiquées d’Enzo Traverso cherchent à fournir une armature idéologique aux éléments de langage convenus de LFI et d’une grande partie de l’extrême-gauche et de la gauche plus ou moins radicale : le Hamas aurait commis le 7 octobre des « crimes de guerre » et rien d’autre, alors qu’Israël commettrait, de manière à vrai dire permanente et intemporelle, un « génocide » à Gaza.
Pour les tenants de ces formules, l’antisémitisme sous ses formes contemporaines doit nécessairement être dénié. Que les miliciens du Hamas n’étaient pas des palestiniens expropriés mais des nervis à caractère fasciste est pour eux sujet tabou. Les génocideurs sont pour eux, et cela par essence, les juifs.
Outre l’antisémitisme sous-jacent inhérent à ces représentations, elles ne permettent pas de défendre sérieusement les gazaouis et les Palestiniens, qui ne sont plus des opprimés ayant leur agentivité propre mais des sujets passifs permettant de projeter sur eux une image de victimes.
Contemplons ce triste théâtre d’ombres autour des mots. Macron, Le Pen, etc., etc., frétillent à l’adresse de Mélenchon et de Panot : « Hamas terroriste, Hamas terroriste, qui ne dit pas le mot terroriste est complice, antisémite », etc., etc. Et Mélenchon et Panot de répondre « le Hamas a commis des crimes de guerre », s’estimant quittes, et poursuivent en pensant très fort que, par essence, les juifs commettent, eux, un génocide …
Ni les uns ni les autres n’ont le mot pour dire ce qu’a fait le Hamas le 7 octobre. Ceux qui font d’une prétendue lutte contre l’antisémitisme leur camouflage politique pour défendre la V° République, ses racistes et ses antisémites, comme ceux qui font de l’antisémitisme un soi-disant « prétexte », sont, à égalité, incapables d’expliciter la caractérisation des actes antisémites du Hamas le 7 octobre. Il revient à Enzo Traverso de l’avoir écrit pour affirmer que surtout, ce n’est pas cela, qu’il ne faut pas le dire. Au contraire, c’est cela, il faut le dire. Ce mot, c’est, bien entendu : POGROM.
Commune est l’incapacité structurelle des uns et des autres à comprendre ce qu’est l’antisémitisme. Or, la compréhension est la condition du combat. Mais ceux qui en ont fait leur prétexte, comme ceux qui n’y voient qu’un prétexte, n’entendent pas le combattre, et, le voudraient-ils, ils ne le pourraient pas.
De manière synthétique, je dirai que l’antisémitisme n’est pas la même chose que le racisme. Ses cibles ne sont pas réputées être des inférieurs, ni même des différents dont la différence est visible, mais sont supposées être des dominants, qui tirent les ficelles dans l’ombre. Les ressorts psychologiques et fantasmatiques de l’antisémitisme et du racisme ne sont pas les mêmes, mais ils se combinent facilement (par exemple, dans la théorie du complot que serait le « grand remplacement »).
L’apport décisif de l’auteur marxiste américain Moshe Postone est d’avoir démontré la nécessité, dans le capitalisme, de représentations fétichistes identifiant comme « cause du mal » des agents concrets. De la société féodale-mercantile à la société capitaliste, l’antijudaïsme chrétien a ainsi été converti en antisémitisme capitaliste (et mondialisé), le juif étant chargé des méfaits du capitalisme, comme de ceux de l’anticapitalisme, et de tous les maux du monde. Il est craint comme puissant imaginaire.
Le fait qu’un État se définissant comme refuge pour les juifs, de nature colonialiste tout en étant peuplé très majoritairement de réfugiés, de fuyards et de descendants de fuyards, exerce sa puissance oppressive sur un peuple, les palestiniens, alimente bien entendu puissamment ces représentations fantasmatiques, mais il n’en est pas la source. C’est inversement la permanence de ces fantasmes qui explique l’importance accordée, mondialement, et l’émotion associée, au « conflit israélo-arabe et israélo-palestinien ». Ce n’est donc pas cautionner le sionisme que de dire que l’antisionisme et, surtout, le fait d’en faire LE thème central, obsessionnel, recouvre très souvent l’antisémitisme.
Le fait de dire que l’antisémitisme n’existe plus depuis 1945, qu’il n’est qu’un prétexte, est en fait le véhicule, « à l’insu du plein gré » de ceux qui disent cela, de l’antisémitisme : les plus grands opprimés de la barbarie capitaliste, que furent les juifs en 1933-1945, ne seraient par essence plus des victimes, mais des oppresseurs, des génocideurs, etc.
Ces mécanismes psychologiques et ces compulsions pathologiques sont inhérents au fétichisme des rapports marchands par lequel fonctionne le mode de production capitaliste : marché, salariat, sont vécus comme naturels, automatiques et normaux, et les maux qui accablent le monde ont donc une source concrète malveillante. Ce processus psycho-social peut frapper et a frappé d’autres groupes que les juifs, et d’ailleurs, les archétypes antisémites influencent les autres pulsions génocidaires : à l’encontre des Tutsis en 1994, à l’encontre des Ukrainiens de la part du poutinisme impérialiste, etc. Mais, en raison de la longue histoire des religions monothéistes telle que le capitalisme l’a recyclée et transformée, il se dirige de manière récurrente et permanente sur les juifs – parfois même des juifs imaginaires, car il s’agit toujours d’un fantasme au départ : il n’y a donc pas de question juive, mais seulement une question antisémite, et c’est une question capitaliste.
Le lien entre antisémitisme et capitalisme n’est pas fortuit, il a un caractère fondamental qui tient au fétichisme par lequel le capital fonctionne comme mode de production et formation sociale hégémonique.
Il n’est donc pas si surprenant que tout l’arc des forces politiques visant à préserver les rapports sociaux existants peine, pour le moins, à saisir ce qu’il en est de l’antisémitisme. Nous avons ceux qui le dénient et qui, ce faisant, tombent dedans plus ou moins inconsciemment, et nous avons ceux, au pouvoir en France, qui en font un fétiche vide, aux côtés des mots « terrorisme » et « radicalisation », qui sont en train d’exempter l’extrême-droite antisémite de tout soupçon et de faire des musulmans et de « l’extrême-gauche » les cibles de leurs accusations, avec menace de répression à la clef.
Notons qu’un historien important de l’antisémitisme comme Léon Poliakov, n’a pas d’analyse aussi précise. Il dresse une vaste fresque autour du thème de la « causalité diabolique » depuis l’Antiquité, ne distingue pas antijudaïsme et antisémitisme, et tend parfois à voir des antisémites dans tout critique du judaïsme en tant que religion (même Spinoza y a droit !), et à amalgamer anticapitalisme et antisémitisme. Or, à dénoncer comme antisémite toute dénonciation des méfaits du capital, on en vient à tomber dans les schémas des antisémites eux-même amalgamant capital financier et juifs. Une analyse sérieuse ancrant la compréhension de l’antisémitisme comme une forme sociale fétichiste fondamentale propre au capitalisme est indispensable pour combattre jusqu’au bout l’antisémitisme.
Vincent Présumey, 10/11/2023.
Notre billet de blog de ce matin sur Mediapart, « Sur la récurrence de l’amalgame qui court du « fait israélien » au nazisme » :
https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/101123/sur-la-recurrence-de-l-amalgame-qui-court-du-fait-israelien-au-nazisme
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Aucune réflexion sérieuse à propos du colonialisme, du passé colonial, du racisme post-colonial en France, dans vos analyses en général. Comme si la critique de la situation au Proche-Orient n’était pas liée au problème colonial et notamment au passé de la guerre d’Algérie en France, et au racisme anti-Arabe qui trouve sa prolongation dans un racisme anti-musulman ici même corollairement au dénigrement des souffrances palestiniennes. Une sous-estimation également du stimulant antisémite que représente l’accusation d’antisémitisme à l’encontre de tout opposant au colonialisme. Si critiquer l’Israël est antisémite, alors certains, sans culture politique ou historique, s’y laissent prendre, et deviennent ce « qu’on » voudrait qu’ils soient (ce qui fournit un motif supplémentaire fallacieux, même s’il est hypocrite, au racisme anti-musulman à leur encontre): antisémites. Ceci nourrit le nouvel antisémitisme, qui s’ajoute à celui, plus ancien, de l’extrême droite. Comme si les États du « Sud » global étaient antisémites en leur réaction (comme l’Afrique du Sud). Non, c’est parce que tout cela renvoie aussi à un rapport colonial et point de contact entre monde Occidental et population du « Sud ». En parlant de « pogroms » également, vous mélangez les genres, et personne ne dit, ni ne pense à gauche, que « les juifs » commettent un génocide. Votre propos participe du brouillard politique bridant toute analyse claire d’une situation coloniale.
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Le « Aucune réflexion sérieuse … dans vos analyses en général », ne fait que traduire un désaccord qui ne passe pas, parce que vous ne le saisissez pas, étant donné que cet article heurte vos représentations idéologiques. Clarifions.
Cet article n’est pas consacré au passé colonial français (même s’il ne l’ignore pas), et ne prétend nulle part que « critiquer Israël » serait antisémite, bien entendu.
Ceci précisé, vous n’avez absolument ni saisie, ni perçue, ni captée, la question de fond qui est au cœur de cet article. Pour que vous puissiez la digérer et, éventuellement, la discuter de manière critique, il faut pourtant bien que vous la lisiez : la nature fondamentale de l’antisémitisme est liée au fétichisme marchand et capitaliste, l’antisémitisme est donc une structure émotionnelle pathologique consubstantielle au capitalisme, qui se porte généralement sur les juifs pour des raisons historiques de longue durée, mais qui a des analogues contre d’autres groupes humains.
Votre incapacité radicale à ne serait-ce que lire ce qui est écrit là, et donc à fortiori à être capable de le critiquer, s’explique par le dogme que vous mettez en avant : ce serait le rapport colonial qui prévaudrait aujourd’hui. Inversement, à partir de l’analyse critique du capitalisme, on peut discuter de la question du colonialisme et de ses héritages, alors qu’ici, il vous est impossible de saisir le moindre élément de cette analyse.
Votre schéma idéologique « colonial » appliqué unilatéralement conduit à des caractérisations et des conséquences pratiques dangereuses : ainsi, vous expliquez ici que les descendants des colonisés sont rendus antisémites parce qu’on les traite d’antisémites, reprenant donc à votre façon la thèse raciste et anti-musulmane du « nouvel antisémitisme » ; ainsi, la contradiction principale semble être, dans la mesure où l’on peut interpréter votre message, celle qui oppose le « monde occidental » et la « population du « Sud » », ce qui conduit dans la réalité multi-impérialiste d’aujourd’hui à l’union sacrée avec certaines puissances impérialistes ; ainsi, il ne faudrait bien entendu surtout pas employer le mot « pogrom » : je crois au contraire que ce mot doit être martelé pour que ceux qui sont à même de comprendre, même si c’est avec difficulté en raison de leurs a-priori idéologiques, commencent enfin à comprendre.
J’ajoute que s’imaginer que « personne »à gauche ne dit ni ne pense que les juifs commettent un génocide – je dirai même : qu’ils sont génocideurs par essence – relève pour le moins d’un angélisme, mais plutôt d’un aveuglement volontaire, étonnant, mais analogue à celui qui vous a interdit de saisir ce dont parle cet article.
En résumé : votre propos participe du brouillard politique bridant toute analyse claire et donc tout combat efficace contre le capitalisme, le racisme et l’antisémitisme.
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Non, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai bien écrit « certains » dépolitisés etc. Aucune thèse « raciste » dans mon propos, la majorité des musulmans ne sont pas antisémites, c’est l’extrême droite et la droite qui leur prêtent ces affects. Mais je tiens à rappeler ce fait du mélange des genres qui alimente un antisémitisme qui peut, certes, s’appuyer sur des schémas de l’ancien antisémitisme, mais trouve sa source dans le conflit proche-oriental. Quant aux juifs en tant que cristallisant une forme d’affect liée au capitalisme, vous semblez oublier le « judéo-bolchévisme », ce fait que la Shoah a puisé aussi dans un anticommunisme. Ce qui explique aussi la présence, chez les dirigeants antisémites britanniques et anticommunistes, en 1917, d’un ralliement au sionisme (il y a un sionisme antisémite, il faut le rappeler).
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Merci de cette précision – je ne pense pas vous avoir fait dire ce que vous n’aviez pas dit, la précision était nécessaire.
Concernant l’antisémitisme comme anticapitalisme tronqué, fétichisé, je pense qu’on a là le corps du problème et que ce n’est pas la question Israël/Palestine en elle-même qui suffit à expliquer la place exorbitante qu’elle prend dans les consciences – et les inconscients ! – au niveau mondial. Des groupes musulmans persécutés d’une ampleur démographique autrement énorme existent en Inde, au Myanmar ou en Chine, par exemple, ce qui n’a jamais suscité aucune vague mondiale de manifestations …
La Shoah a puisé aussi dans un anticommunisme, certes, mais celui-ci, chez Hitler, fait un bloc avec l’anticapitalisme tronqué : les juifs sont tenus chez lui pour responsable des maux du capitalisme et de l’anticapitalisme. Les deux ne sont pas contradictoires.
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Correctif: (…) ce qui fournit un motif supplémentaire fallacieux, même s’il est hypocrite, au racisme envers toute personne musulmane ou désignée comme telle, (…):
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Je reprend: la violence antisémite qui a culminé en Europe centrale et de l’Est avec la Shoah, s’est fondée aussi sur une base de fantasme associant les juifs au « communisme ». Un point que n’est jamais rappelé, ou très rarement, concernant le passé antisémite de l’Europe. Comme une seconde mort presque. Où l’on perçoit aussi par là, cette relecture révisionniste de la bourgeoisie concernant la Shoah, en plus de l’amnésie concernant les Tziganes etc.
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Les camarades, pour ma part, après avoir regardé l’excellente émission de Mediapart sur l’antisémitisme (https://m.youtube.com/watch?v=aYCNMxlukbg&fbclid=IwAR2kELs6Ki-r9IqlTWeUu5OpVr9xNkq-8TEvCRDcPOqFfEeqFJcbErUYSsE) et lu les appels des JJR et du RAAR, j’ai finalement décidé d’aller manifester avec le RAAR.
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Aux Invalides, le collectif Golem (composé surtout de JJR, avec lequel j’ai finalement défilé) s’est fait notifier par la police que les pancartes « RN = antisémitisme » sont de nature à troubler l’ordre public et pourraient justifier une intervention ».
De fait, 2 interventions policières, les nasses à 2 reprises, et des intimidations de nervis d’extrême droite.
https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=pfbid023BiZXHrdDPsFtPHBFwsPLJzQzU
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« Des groupes musulmans persécutés d’une ampleur démographique autrement énorme existent en Inde, au Myanmar ou en Chine, par exemple, ce qui n’a jamais suscité aucune vague mondiale de manifestations … »
Il y a un effet de distance, et ce conflit est une sorte de point de contact héritant du colonialisme occidental (Israël est d’abord un État colonisateur occidental, les propos racistes du fondateur du sionisme, Hertzl, à ce sujet sont d’ailleurs très clairs) mais également un lien avec l’histoire. Votre fixation sur la question de l’antisémitisme, au fond, reprend le discours dominant faisant d’Israël un Etat représentant la judaïté. Vous n’avez aucune analyse sur le moteur de l’antisémitisme, que constitue cet amalgame entre sionisme et judaïsme (alors qu’il y a, répétons le, un sionisme antisémite !).
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Je constate que vous n’avez assimilé ni le point central de mon article ni le fait que j’ai attiré votre attention sur lui dans ma première réponse : le lien entre capitalisme, fétichisme et antisémitisme. Cela ne passe pas : vous n’arrivez ni à lire, ni donc à discuter cela, et vous en venez du coup à m’imputer une « fixation » et un alignement sur « le discours dominant ». Votre discours participe fondamentalement, en fait, du dit « discours dominant » : il substitue la géopolitique « postcoloniale » à la compréhension des contradictions réelles du mode de production capitaliste et du système impérialiste global. Et au passage, « l’effet d’éloignement » concernant les musulmans persécutés en Inde ou en Chine, est une vision très … occidentale, des choses !
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« Votre discours participe fondamentalement, en fait, du dit « discours dominant » : il substitue la géopolitique « postcoloniale » » Tout de même, ce passage relève d’un procédé rhétorique. Le « discours dominant », l’idéologie bourgeoise dominante, aujourd’hui épouse largement des thèse d’extrême droite, organise une police de la pensée (pas seulement, il y a aussi un aspect juridique) contre les mouvements antiracistes et la réflexion décoloniale. Par ailleurs, le soutien inconditionnel des États occidentaux à la politique israélienne, plus qu’il ne s’explique par les sentiments de culpabilité européenne vis à vis de la Shoah, trouve d’abord sa source dans un racisme postcolonial profond et inavoué des dirigeants.
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Il ne s’agit pas de rhétorique de ma part. Mais là, nous tournons un peu en rond, car vous n’avez ni lu, ni intégré, ni discuté, le point concernant la nature de l’antisémitisme et sa liaison structurelle au fétichisme des rapports capitalistes et marchands. Et je pense que ce qui fait écran à cette prise en compte, c’est le dogme « postcolonial » ou « décolonial » -une forme idéologique dominante dans de nombreuses institutions d’État, académiques « bourgeoises » et « occidentales ». Inversement, loin de moi l’idée de nier la réalité des héritages coloniaux, du racisme et du caractère colonial d’Israël et pas seulement des territoires occupés, éléments qui s’intègrent à une analyse complète reposant sur la saisie de ce que sont les rapports sociaux tels qu’ils sont historiquement constitués.
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sur les sept premiers alinéas, je n’ai rien à redire. Qui, en effet, n’est pas « contre l’antisémitisme », d’autant que ce terme est immédiatement associé à l’islamisme et au monde arabe, via les Frères musulmans et le Hamas ? Même le RN et ses acolytes de même acabit n’osent plus dire, nous ! Et en même temps, pour eux qui marchent sur des œufs et le vieil antisémitisme européen, c’est une aubaine !
Aubaine rouge et dorée qui leur permet de rabattre, ici, en Europe, l’antisémitisme, disons despotique et oriental, Gobineau n’y verrait sûrement aucune objection, sur LaGauche, en général Une voie empruntée par le néo-conservatisme US.
On a donc un ennemi aussi généalogique qu’héréditaire, disons une gauche générique, comme elle est tombée dans le domaine public, sorte d’auberge espagnole, montrée du doigt, au titre infamant, de manipulatrice avide de bon gros sang national. Mais quel est son crime ? Celle d’être le fourrier du désormais célèbre « grand remplacement », organiquement relié à ce qu’il est convenu d’appeler la mondialisation ou le marché mondial et ses « flux migratoires » non-européens, il faut le préciser. Ce bugaboo est en fait l’un des facteurs de production que génèrent le capitalisme mondial, aujourd’hui bien plus qu’hier et bien moins que demain et, sans doute, en partie, tout du moins subjectivement, à son corps défendant. Toutes choses qui mériteraient quelques points sur les i et non une allusion par trop lapidaire et vague sur les tireurs de ficelles et autres guignols et marionnettes.
Et justement, c’est avec la figure du « traître », cette bonne vieille figure, avec ses airs de guerre froide, stalino-maccarthiste, et reprise et colportée actuellement par le vedettariat médiatique, bref, c’est avec Mélenchon, pour ne pas le nommer, ce qui nous ramène aussi, en quelque sorte, mais sur un mode comique, extravagant, à ce fameux spectre qui hantait la vieille Europe, que nos points de vue respectifs se séparent.
Ou le désert ou le boulevard, il faut choisir. Je vais m’arrêter là, pour aujourd’hui, en regrettant, et je m’expliquerai plus longuement sur ce point, que vous vous joigniez au chœur des sémanticiens. Une espèce de cartomanciens, en fait, toujours prompts à se saisir de tel ou tel mot ou expression comme, par exemple, celle que vous reprenez à votre compte, la très-médiatisée « sous prétexte d’antisémitisme », qui implique, en effet, une bonne question, celle que s’est posée, par exemple, un Yoav Shamir avec son « Defamation », qu’est-ce qu’on entend par antisémitisme, dans la France, en 2023 ?
Que du vieux, semble-t-il, vu qu’on lui associe le nazisme et la Shoah, qui n’ont rien de particulièrement, arabe et oriental, en-dehors de la fable du mufti de Jérusalem, racontée par le nouvel Isaïe. Ah oui ! J’oubliais, merci de ne pas prendre Enzo Traverso, pour un idiot utile de La France Insoumise, cela ne vous honore pas. Je rappelle qu’Enzo Traverso n’est pas moins respectable et respectueux des sujets qu’il aborde et cela, ni plus ni moins que Moishe Postone, ce me semble.
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Enzo Traverso a produit un ouvrage : La fin de la modernité juive. Histoire d’un tournant conservateur, Paris, La Découverte, 2013. Dans lequel, il affirme que depuis 1945 l’antisémitisme n’est plus une question concrète, désormais se pose celle de l’islamophobie. La page ayant été tournée en 1945 par la libération des camps, cette question de l’antisémitisme n’est plus d’actualité, selon Enzo Traverso. De Kyssinger à Nettanyahou, l’intégration des élites juives dans les forces de l’ordre impérialiste mondial est censée protéger la masse des juifs.
On se demande alors bien pourquoi des centaines de milliers de rescapés de la Shoah ont fui le continent européen pour la Palestine après 1945 si ce n’est que de l’Est (l’antisémitisme stalinien en Russie, Pologne, Roumanie …) à l’Ouest (l’Alien Act de 1905 en GB ciblant expressément les juifs de l’Est européen fuyant les pogroms après 1905 n’a été aboli qu’en … 1964 ! Recyclage des anciens nazis tant dans l’appareil d’État de la nouvelle RFA ou dans celui de la RDA …Absolution des péchés des Papon et des Bousquet en France…), si l’extermination avait cessé, pour autant l’antisémitisme persistait et n’avait pas disparu. La chape de plomb sur la Shoah fut alors la façon dont la bourgeoisie évacua le sujet après 1945.
Certes, dans les conditions de redressement économique de l’après guerre, période de la reconstruction et des Trente Glorieuses, la bourgeoisie n’éprouvait plus le besoin de s’en servir comme arme de division immédiate.
Avec les conditions d’une société capitaliste en crise prolongée ou rebondissante, il y a résurgence de l’antisémitisme comme fétiche issu de l’incompréhension des dysfonctionnements du système capitaliste et de sa rationalité. Conclusion : si tu veux combattre sérieusement l’antisémitisme, combats le capitalisme ! C’est ce que dit cette contribution de VP et c’est ce que vous semblez refuser de lire.
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Outre ce que dit Audey, j’ajoute que j’ai très délibéremment parlé d’ « élucubrations' », en assumant pleinement ce terme, à propos de certains écrits d’Enzo Traverso, abondamment vulgarisés dans une vulgate « gauchiste » pour qui il serait impossible qu’i puisse encore y avoir de l’antisémitisme puisque les juifs sont passés du côté des dominants – ce qui est un raccourci … antisémite, que certes Traverso ne présente généralement pas aussi brutalement, mais qu’il inspire sciemment (avant la Shoah, le juif émancipé par excellent était Trotsky, après la Nakba, hé bien c’est Kissinger !). Il est je crois nécessaire de secouer un peu les idoles rhétoriques et idéologiques et visiblement, ça a tapè un peu où ça fait mal, désolé …
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Quelques éléments en réponse à Julien, dont on peut comprendre certaines interrogations, à défaut de les partager.
Comparer le colonialisme de la France avec celui d’Israël ne fonctionne pas complètement (même si cela fonctionne un peu) pour une raison très importante : les Juifs ont toujours été là, en Israël. Jérusalem est avant tout leur ville sainte. Cela n’annule pas l’obligation humaniste de partage, mais cela créé une différence fondamentale avec la colonisation (venue de l’extérieur). Tant que cette réalité historique n’aura pas été intégrée, on ne pourra pas penser clairement. Le nom que le Hamas a donné à son offensive du Hamas rappelle ces enjeux historiques profonds, et pas juste l’actualité de ces dernières années sur cette mosquée. Il ne faudrait pas inverser le film. C’est bien le prophète Mahomet qui a expulsé et condamné les tribus juives dont il a absordé les croyances et pratiques, et ce sont bien les arabes-musulmans qui ont déboulé à Jérusalem pour y imposer leur loi (en partie seulement, car ils ont aussi respecté et préservé des cultes anciens). Qui a colonise qui ? L’histoire, aussi ancienne soit-elle est toujours active. On ne comprend pas le culte du sabre islamique (du drapeau saoudien aux décapitations récentes) si on n’accepte pas la réalité historique : le prophète de l’Islam était armé, ce qui fait une petite différence avec Jésus par exemple (dire cela ne revient pas à sauver le christianisme ou à l’absoudre de ses crimes, évidemment). Donc réduire Israël à un Etat colonial, ne tient pas (même s’il faut identifier et combattre le colonialisme israëlien). Si on est précis avec les termes, être anti-sioniste est en soi une erreur (d’autant plus triste que la majeure partie des premiers Israéliens étaient des camarades dont il ne faudrait pas oublier la grandeur, d’âme et de gestes). Ce que nous combattons, c’est plus exactement l’ultra-sionisme.
Et si nous combattons le Hamas, ce n’est pas uniquement parce que ce sont des fascistes barbares, mais aussi parce que ce sont des colons nettoyeurs ethniques : ils veulent virer des gens qui étaient là avant et imposer un nouveau culte. (Que des juifs tarés le fassent aussi en cis-jordanie n’annule pas ce problème, très ancien.)
Nous sommes tous d’accord pour dénoncer le capitalisme et la colonisation israëlienne, mais nous devons aussi penser les réalités qui nous dérangent.
Si vous voulez comparer un fait colonial, vous pouvez comparer la colonisation de l’Afrique du Nord par les Arabes. Les Juifs étaient présents en Algérie bien avant l’invention de l’Islam. Et ils n’ont pas colonisé les indigènes (berbères). Aujourd’hui, tous les Juifs ont été chassés d’Algérie par les déscendants des colons arabes, qui asservissent les autochtones (les Kabyles). Voilà un nettoyage ethnique dont il serait intéressant de parler (notamment si on se soucie des potentialités révolutionnaires de ces régions).
Julien écrit « la majorité des musulmans ne sont pas antisémites ». S’ils ne sont effectivement pas acteurs d’un antisémitisme militant, je serai tout de même moins optimiste : ils sont porteurs d’un antisémitisme religieux très profondément ancré. Dire que l’antisémitisme est minoritaire au Pakistan, c’est rater le monde. L’antisémitisme y a des singularités et constitue très rarement un projet actif, mais dire que « la majorité des musulmans ne sont pas antisémites » abîme notre rapport à la vérité, et donc à l’émancipation.
Encore une fois, si on ne fait pas aussi l’histoire de la création de l’Islam, des relations entre Mahomet et les Juifs, on ne comprend pas grand chose au film. La géopolitique est essentielle, mais il faut aussi garder à l’esprit les inerties héritées de très loin. Les catholiques ont aussi été très longtemps porteurs d’un antisémitisme religieux, aux conséquences politiques meurtrières. (Puisque les Juifs ont abandonné, voire donné Jésus, ils sont coupables par essence : ils ont tué Dieu, donc déjà morts.) Le credo catholique officiel s’est adouci sur ce point (vraie modification, dont il faut prendre acte), mais cela reste un vecteur d’antisémitisme puissant chez les chrétiens, aux implications encore vives (pas juste chez les fachos cathos, mais plus gravement chez les évangélistes).
Enfin, pour parler du deux poids deux mesures, il n’est pas besoin d’aller en Ukraine ou chez les Ouïghours. Il suffit de regarder juste à côté : 500 000 Syriens massacrés par un non-musulman (avec les soutiens Russes et Chiites). Bombardements en plein ramadan, usages des pires armes : Tsahal c’est de la dinnette à côté. Il s’agit pas de lointaines contrées birmanes : El Assad a pu faire un come back souriant dans la Ligue Arabe. Des millions de réfugiés syriens partout dans la région. Valent-ils moins que des Palestiniens ? En Turquie on dirait bien…
Guerre et famine au Yemen, d’où partent des rockettes vers Israël. Des milliers d’enfants morts pour rien. Ca a dérangé qui, dans les pays du Sud ? Et dans les pays du Nord ? Face aux leçons de morales, le camp opprimé n’est ni dupe ni amnésique.
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Vous tenez un discours essentialiste, mystifié concernant les religions (les juifs étaient là « avant », les musulmans ceci etc.), sans voir que le devenir humain est constitué de brassage, y compris bien sûr les juifs, divers, tout au long de l’Histoire (voir Shlomo Sand). Je ne nie pas les colonisations antérieures, notamment la colonisation par les Arabes, mais une fois encore, il s’agit d’une rhétorique maintes fois entendue comme celle qui attribue aux Arabes une longue pratique de l’esclavage etc. Tout ceci est exact, mais il y a un point capital que vous négligez: les raisons pour lesquelles on doit se pencher sur la colonisation « récente » occidentale, et son effet miroir en Israël, sont tout simplement liées au fait qu’il s’agit de moments fondateurs du capitalisme moderne, le notre, européen. Esclavage et colonisation, sont des processus constitutifs de l’accumulation de Capital par la violence. Nous en sommes encore héritiers aujourd’hui. Quant à déplorer, selon vous, qu’il n’y aurait personne pour protester concernant la Syrie, (j’ajouterai l’Ukraine etc)., on voit que vous ne lisez pas la presse de gauche.
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Je suis entièrement d’accord avec vous pour lutter contre tout discours essentialisant, pour autant, on ne peut faire l’impasse sur l’histoire et les inconscients historiques (le sabre).
Je suis aussi d’accord avec vous sur la singularité coloniale occidentale dans le processus capitaliste global, qui définit encore le présent.
Par contre, quand vous écrivez : « rhétorique maintes fois entendue comme celle qui attribue aux Arabes une longue pratique de l’esclavage », il y a une tendance au déragape négationniste qui inquiète tout Africain et tout humaniste. Des Arabes pratiquent encore l’esclavage (particulièrement d’Asiatiques issus du sous-continent indien), des Arabes s’attaquent à des noirs en Tunisie, et l’Arabie Saoudite a tiré récemment à balles réelles sur des noirs. Encore une fois, ce genre d’impasse sur les enjeux brûlants de l’époque et de la région, sera intenable.
Quant au commentaire « on voit que vous ne lisez pas la presse de gauche », ce genre de jugement stérile indique une incapacité à l’échange constructif. Vous restez dans un ressentiment sur-critique, typique d’une certaine gauche radicale, gesticulatoire, que le cours de l’histoire condamne chaque année un peu plus (Guerre en Ukraine, conflit actuel). Je ne parlais pas d’articles de presse, je parlais des 300 000 personnes rassemblées à Londres, et des milliers de personnes partout sur Terre, particulièrement dans les pays musulmans. A-t-on vu de telles mobilisations contre le massacre Syrien, pourtant autrement plus meurtrier ? Ou la mort des enfants du Yemen ?
Pour en revenir à l’article, je finirai par indiquer qu’à Londres, des drapeaux noirs, slogans djihadistes et antisémites ont pu avoir cours dans la rue, sans aucune opposition. (Quelques slogans pro-hamas aussi à Bruxelles.) C’est une catastrophe pour le camp de l’émancipation.
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« A-t-on vu de telles mobilisations contre le massacre Syrien, pourtant autrement plus meurtrier ? Ou la mort des enfants du Yemen ? » Je le déplore aussi. Mais il y a sûrement quelques raisons à cela: 1) le fait que les « grands » médias ont moins couvert les massacres en Syrie et au Yemen; 2) le fait que l’Israël fait partie du « camp occidental », de par son histoire et ses liens forts militairement, politiquement et culturellement avec l’Occident, en particulier les USA. États occidentaux qui , s’ils sont passifs vis à vis de la guerre au Yemen, clament souvent haut et fort leur soutien « inconditionnel » au gouvernement israélien. Il s’agit donc, notamment aux US et en GB, de peser sur une issue politique; 3) le fait que juifs et musulmans habitant en Occcident, à tort ou à raison, se sentent davantage concernés par ce conflit. Il ne faut pas voir là dedans une fixation ou un quelconque lien avec un « antisémitisme » mondial fantasmé.
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Ma question était de savoir pourquoi il n’y avait pas de mobilisation dans les pays arabes et musulmans, et qu’en penser.
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(suite)
« typique d’une certaine gauche radicale, gesticulatoire, que le cours de l’histoire condamne chaque année un peu plus » Là vous extrapolez, que connaissez vous de mes prises de position sur l’Ukraine ? Pourquoi projeter et généraliser ? Je suis d’ailleurs à peu près disons (enfin je crois) sur la ligne de « Politis Hebdo » qui a toujours été claire à ce propos et cela, et ce dès le début, en 2014. Idem concernant la Syrie. Quant au racisme en Tunisie et aux meurtres commis contre les migrants subsahariens, en Arabie Saoudite, oui absolument. Je ne nie pas cela, le vocabulaire « négationniste » que vous employez est « stérile » ..
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Je suis entièrement d’accord avec vous pour lutter contre tout discours essentialisant, pour autant, on ne peut faire l’impasse sur l’histoire et les inconscients historiques (le sabre).
Je suis aussi d’accord avec vous sur la singularité coloniale occidentale dans le processus capitaliste global, qui définit encore le présent.
Par contre, quand vous écrivez : « rhétorique maintes fois entendue comme celle qui attribue aux Arabes une longue pratique de l’esclavage », il y a une tendance au déragape négationniste qui inquiète tout Africain et tout humaniste. Des Arabes pratiquent encore l’esclavage (particulièrement d’Asiatiques issus du sous-continent indien), des Arabes s’attaquent à des noirs en Tunisie, et l’Arabie Saoudite a tiré récemment à balles réelles sur des noirs. Encore une fois, ce genre d’impasse sur les enjeux brûlants de l’époque et de la région, sera intenable.
Quant au commentaire « on voit que vous ne lisez pas la presse de gauche », ce genre de jugement stérile indique une incapacité à l’échange constructif. Vous restez dans un ressentiment sur-critique, typique d’une certaine gauche radicale, gesticulatoire, que le cours de l’histoire condamne chaque année un peu plus (Guerre en Ukraine, conflit actuel). Je ne parlais pas d’articles de presse, je parlais des 300 000 personnes rassemblées à Londres, et des milliers de personnes partout sur Terre, particulièrement dans les pays musulmans. A-t-on vu de telles mobilisations contre le massacre Syrien, pourtant autrement plus meurtrier ? Ou la mort des enfants du Yemen ?
Pour en revenir à l’article, je finirai par indiquer qu’à Londres, des drapeaux noirs, slogans djihadistes et antisémites ont pu avoir cours dans la rue, sans aucune opposition. (Quelques slogans pro-hamas aussi à Bruxelles.) C’est une catastrophe pour le camp de l’émancipation.
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