Jetons un coup d’œil sur le semestre écoulé sous l’angle du droit.
La loi Macron contre le droit à la retraite a été abusivement mise dans la catégorie « financement de la Sécurité sociale » – instaurée par le plan Juppé de 1995 : auparavant le budget de la Sécu, qui appartient aux salariés, ne relevait pas de l’État – pour pouvoir contraindre le calendrier parlementaire au moyen de l’article 47-1.
Après avoir recouru à divers artifices de procédure à l’Assemblée nationale et même au Sénat, Macron s’est engagé, contraint et forcé, vers le refus d’un vote parlementaire sur sa loi, remplacé par le recours au 49-3. A 9 députés près, compensés par les achats de votes dans le groupe LR, la motion de censure n’est pas passée, confirmant ce qui était archi-clair dans tout le pays : Macron et sa loi sont minoritaires, rejetés.
Le lundi 20 mars 2023, cette adoption de la loi minoritaire contre les retraites a vu le pays en effervescence confronté à l’irruption généralisée des violences policières, ordonnées par l’exécutif. Une nouvelle fois, après ses prestations contre les Gilets jaunes, une milice d’hommes en armes de l’appareil d’État s’est alors fait connaître contre les grévistes pour les retraites : la BRAV-M.
Le tournant violent s’est concrétisé le samedi 25 mars à Sainte-Soline, où Macron et Darmanin ont provoqué, décidé et systématisé la violence de masse, visant, au-delà de leur loi anti-retraites, à imposer la destruction des milieux de vie au compte du capital, affirmant que contre le soulèvement pour la vie, ils feraient « la guerre » – c’est leur terme.
Le 14 avril, le Conseil constitutionnel, protégé de la population par des hommes en armes, sachant qu’il disposait des moyens légaux d’invalider la loi Macron, partagé entre la peur de lui donner l’estocade et la peur de le laisser au pouvoir, a opté pour son maintien.
Le 31 mai, la « commission des Affaires sociales » de l’Assemblée nationale a réécrit une proposition de loi d’un groupe parlementaire qui abrogeait la retraite à 64 ans en retirant ce point, montrant que dans cette assemblée, les députés n’ont aucune liberté, aucun pouvoir de faire la loi.
Pendant ce temps, dans tout le pays, pleuvent les arrêtés préfectoraux interdisant les « Dispositifs Sonores Portatifs », c’est-à-dire la vaisselle et les casseroles qui accueillent chaque déplacement gouvernemental !
Pendant ce temps, dans le territoire colonial de Mayotte, Darmanin engage l’« opération Wuambushu » (d’un mot mahorais signifiant « Tuez-les » !), visant à détruire des habitations précaires et expulser les migrants ou supposés tels, en fait les plus pauvres, vers la partie indépendante et plus pauvre encore des Comores. C’est une ratonnade à grande échelle.
Le 15 juin, le gouvernement a annoncé la dissolution des Soulèvements de la terre, mouvement informel de masse de plus de 150.000 adhérents. Cette décision, vraie déclaration de guerre aux générations futures, annonce que l’exécutif veut maintenant interdire des organisations à grande échelle.
La dissolution est officialisée le 21 et précédée, la veille et l’avant-veille, de dizaines d’arrestations !
Le mardi 27 juin, un policier, formé dans la BRAV-M et médaillé pour ses exploits antérieurs, assassine le jeune Nahel à Nanterre, mais la scène est filmée et enregistrée, provoquant une protestation de masse.
Le 29 juin, à la fin de la « marche blanche » massive organisée à Nanterre, les forces dites de l’ordre provoquent délibérément des affrontements qui ne s’arrêteront plus et se généraliseront à toutes les « banlieues ».
On a alors une semaine de « violences » et d’ « émeutes » qui voient une partie de la jeunesse attaquer commissariats et bâtiments publics, et voient se former ce que ses tenants appellent par antiphrase un « arc républicain » : Macron, Ciotti, Le Pen, Cazeneuve, appelant à la répression, préconisant de punir les parents, affirmant que le problème n’est pas social, mais vient de la mauvaise éducation des jeunes qu’il faut punir énergiquement – à mot couverts ou allusifs, ces jeunes sont les « arabes ».
Combien de morts ? C’est une vraie question. C’est ainsi que l’on n’apprend qu’aujourd’hui qu’une enseignante du 93, militante CGT, a été très gravement agressée et tabassée par les hommes en armes de l’appareil d’État le 28 juin dernier …
Plus encore : Macron, Darmanin, décident de n’avoir pas un mot à l’encontre des appels publics à la guerre civile armée lancés par les ligues factieuses de la police, qui ne sont pas des syndicats, « Alliance » et « UNSA-Police ». Inversement, ils lancent une campagne contre toutes celles et ceux qui n’appellent pas avant tout à la répression en les faisant passer pour des complices des violences, particulièrement contre LFI, accusée de manière ridicule de ne pas respecter l’ordre institutionnel.
Les interdictions de manifestations se multiplient. Bien que l’appel de dizaines d’organisations, titré « Le pays est en deuil et en colère », loin d’appeler à affronter l’exécutif, demande au gouvernement de « prendre ses responsabilités », plusieurs des manifestations et rassemblements appelés sur sa base sont interdits.
Les groupes de la minorité présidentielle à l’Assemblée nationale viennent de demander que les députés ayant participé à la manifestation interdite à Paris le samedi 8 juillet soient privés de leurs droits de députés. La présidente de l’Assemblée ne les aurait pas suivis, mais ceci n’est pas rassurant pour autant, car elle prétend que leur cas relève de la « justice ». Très clairement, tout député voulant faire la loi ou voulant contrôler les forces armées de l’exécutif devient, en France, un élément suspect à neutraliser, sans considération pour le vote des citoyens.
A la veille du 14 juillet, où l’invité d’honneur de Macron est le plus important chef ethno-nationaliste du monde, Narendra Modi, son meilleur client pour les armes, le ministre Darmanin déclare que doivent être interdites toutes les « manifestations ayant un lien avec les violences urbaines ». Ce « lien » est défini par M. Darmanin, lui qui a préparé et déclenché « la guerre » à Sainte-Soline puis suscité et amplifié les « violences urbaines ».
Au fait, le 14 juillet 1789, c’était quoi ? Louis XVI avait dû reculer ! Darmanin le regretterait-il ?
Probablement. Voila où nous en sommes. Mais attention : cette fuite en avant de l’exécutif Macron-Darmanin est tout le contraire d’une ascension. C’est une descente. Ils sont minoritaires, ils le savent et c’est pour cela qu’ils foncent.
Une chose est claire : eux n’attendront pas 2027. C’est dans la période immédiate que se joue la nature du régime :
- Soit le bonapartisme au carré, appuyé sur la police, les ligues factieuses, l’appareil d’État, enfonce le pays dans la dictature,
- Soit la démocratie prévaut, mais la démocratie, c’est l’affrontement avec Macron pour sa destitution et pour un changement de régime.
Le 14 juillet 2023.
Beaucoup de commentateurs des évènements de fin juin sont allée rechercher les précédents de 2005, 1991, 1983… aucun n’a vu le lien de continuité évident entre retraite-St-Soline-Nanterre. Quand on le fait, s’éclaire la nature de la situation.
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« Les sommets de la Gauche » d’abandon en abandon-Billet de mon blog personnel sur Mediapart de ce dimanche 16/7/23 :
https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/160723/les-sommets-de-la-gauche-dabandon-en-abandon
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les droites préparent un « 2 Décembre » 23, les gauches 2027…
https://blogs.mediapart.fr/marc-daniel-levy/blog/170723/les-droites-preparent-un-2-decembre23-les-gauches-2027
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Le « en même temps » contradictoire ou pas ? :
Manif, modeste autorisée des gilets jaunes ordinaires, le 14 juillet a Paris.
Plus de monde sur les trottoirs du parcours, qu’aux Champs Elysées, deserts, pour le défilé officiel ?
https://www.facebook.com/groups/2464743503649442/
Média-du-soleil :
https://www.facebook.com/people/Média-du-soleil/100091793451665/
Venus de la CGT, la tech ou LR : 3 parcours atypiques de préfets nouvellement nommés
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L’exécutif s’est mis en tête de dépoussiérer la préfectorale, avec la nomination en Conseil des ministres le 13 juillet de 36 recrues. Portraits de trois de ces nouveaux visages : Marilyne Poulain, Thibault Lanxade et Lydia Guirous.
https://www.liberation.fr/politique/venus-de-la-cgt-la-tech-ou-lr-3-parcours-atypiques-de-prefets-nouvellement-nommes-20230716_ZFR2GYYIQVCBDKFIB7N53KIO4U/
DÉRIVE MACRONIENNE : Bientot la Dictature ? 😬
Canard Réfractaire
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POURQUOI LES « JEUNES » DE BANLIEUE « BRÛLENT TOUT: Malika Monsouri
Mansouri « une adolescence d’exception
Malika Mansouri «Les révoltes urbaines prennent racine dans le traumatisme colonial»
https://www.humanite.fr/societe/malika-mansouri-les-revoltes-urbaines-prennent-rac-551876
RÉVOLTES POSTCOLONIALES AU COEUR DE L’HEXAGONE : VOIX D’ADOLESCENTS
Malika Mansouri
PUF, Le Monde Editions | septembre 2013
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AMNISTIE GENERALE pour tous les révoltés (gilets jaunes, syndicalistes, jeunes des banlieues, etc):
NANTERRE | 11/07
Mort de Nahel : à Nanterre, un collectif manifeste en soutien aux émeutiers condamnés
Après l’appel d’un collectif d’associations des quartiers populaires, une quarantaine de personnes ont manifesté ce lundi devant le tribunal de Nanterre. Ils demandent “l’amnistie” pour les personnes condamnées pour leurs participations aux émeutes, liées à la mort de Nahel.
“Nous sommes là d’une part, car Nahel est mort au bout de cette rue” le 27 juin, tué par un policier lors d’un contrôle routier, a déclaré Hajar Amanzou, étudiante à Nanterre et membre de l’Unef. Et d’autre part “pour demander l’amnistie” des personnes jugées après avoir été interpellées lors des émeutes consécutives au décès de l’adolescent de 17 ans.
“Violences d’État” découlant d’un “racisme systémique“
Des membres de la Coordination des comités de défense pour les quartiers populaires, à l’origine de ce rassemblement, ont, eux aussi, dénoncé les interpellations et les peines de prison ferme prononcées, les qualifiant de “violences d’État” découlant, selon eux, d’un “racisme systémique“….;
https://94.citoyens.com/2023/mort-de-nahel-a-nanterre-un-collectif-manifeste-en-soutien-aux-emeutiers-condamnes,11-07-2023.html
https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/apres-la-mort-de-nahel-une-manifestation-a-nanterre-pour-appeler-a-lamnistie-des-emeutiers-condamnes-11-07-2023-NEJTRHR3BRF4JKH66FHS5G5V6Y.php
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