Le 53e Congrès de la CGT a adopté par 72% des voix, le 30 mars dernier, un document d’orientation qui a été publié dans un numéro de «l’organe officiel de la CGT », le Peuple, daté d’avril 2023, qui ne parvient qu’aujourd’hui dans les organisations de base de la CGT.
C’est une bouillie chimique à la langue synthétique soucieuse d’intégrer les amendements utiles à un vote majoritaire. Une gageure dans un congrès qui avait repoussé le bilan d’activité et refusé les tambouilles de succession à Martinez qu’elles soient concoctées par les sortants ou par l’ opposition pro FSM.
Un examen de détail de ce qui devrait constituer la feuille de route des syndicalistes CGT pour les années à venir viendra, dans le débat et/ou dans l’action, il serait fastidieux d’en faire un exercice littéraire.
Un point cependant présente une gravité particulière qui mérite une réaction rapide et circonstanciée de la part de ce que la CGT peut compter d’internationalistes véritables. C’est celui que la dernière « résolution » du thème 3 intitulé « Pour une élévation et un élargissement du rapport de force » énonce de manière non moins synthétique que celles qui la précèdent : « La CGT s’engage à œuvrer pour la paix dans le monde et l’amitié entre les peuples » Mais là, à la différence de la plupart des vérités d’évidence et autres banalités en bois qui font l’essentiel du document, la commission des amendements s’est donnée la peine de préciser ce qu’est la ligne « de la paix et de l’amitié » :
« Les budgets militaires, en France et dans le monde doivent être réduits au strict minimum pour assurer uniquement la défense et la sûreté du territoire. Les sommes ainsi dégagées doivent être réorientées vers l’éducation, la santé et la culture notamment. Les interventions extérieures tout comme le financement des guerres par procuration doivent cesser. Ainsi la position de la CGT est clairement le retrait de la France de l’OTAN et de toute organisation belliciste ». (Le Peuple, avril 2023, p. 48 ; ce qui est en gras est souligné par nous)
On est loin de la CGT qui exprimait le 10 décembre 2022 sa solidarité avec le peuple ukrainien en manifestant du Trocadéro vers l’ambassade de Russie en exigeant le départ des troupes de Poutine de toute l’Ukraine.
On est loin de la déclaration intersyndicale du 22 février 2023 où sept organisations appelaient à la « solidarité avec l’Ukraine qui résiste » et à la marche pour l’Ukraine du 25 février à Paris, place de la République.
Pour combattre le repli social-chauvin de ce document d’orientation et le campisme mal dissimulé, appuyons-nous sur les traditions internationalistes de la CGT et sur la pratique qu’elle a su faire vivre dans ses convois syndicaux et ses prises de position contre la politique criminelle de Poutine en Ukraine, en Russie, en Biélorussie et ailleurs. Ce sont ces traditions internationalistes vivantes qui doivent constituer la véritable feuille de route des syndicalistes confédérés.
LM, retraité, syndiqué CGT, le 04-07-2023.
Ni comite central
Ni coordinnation
Ni porte-parole
Ni délégué syndical ou non
Tous ensemble
Tous tout seul
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» Les interventions extérieures tout comme le financement des guerres par procuration doivent cesser. Ainsi la position de la CGT est clairement le retrait de la France de l’OTAN et de toute organisation belliciste ». (Le Peuple, avril 2023, p. 48 ; ce qui est en gras est souligné par nous) »
Donc, ce membre de la CGT est pour les interventions extérieures, ce qui est la définition même d’un pays impérialiste comme la France !! Il est pour le maintien dans l’OTAN et il ose se réclamer des traditions internationalistes … On rêve, c’est du pur campisme, on croirait du Présumey !!!
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« Les interventions extérieures tout comme le financement des guerres par procuration doivent cesser. Ainsi la position de la CGT est clairement le retrait de la France de l’OTAN et de toute organisation belliciste. »
Explication de texte pour aveugles volontaires
De prétendus internationalistes se gargarisent de ce passage, notamment la première phrase de cette citation, extrait du document d’orientation de la confédération CGT adopté le 30 mars dernier lors du 53eme congrès. Revenons donc à la charge pour remettre les faits et les mots en perspective.
Le cœur de la première phrase est basé sur un mensonge : « le financement des guerres par procuration ». « La guerre par procuration » dans le cas de l’Ukraine est un élément de langage central de la propagande poutinienne servant à nier le droit du peuple ukrainien de se défendre contre une agression impérialiste et génocidaire, celle de Poutine.
Ici, la mention de la « guerre par procuration » sert à l’effacement des prises de position confédérales – justes !- en faveur du retrait immédiat des troupes russes de toute l’Ukraine, affirmées à plusieurs reprises ces 18 derniers mois.
Ainsi nos prétendus internationalistes, si soucieux du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, endossent le principe suivant : quiconque en Ukraine prend le fusil pour s’opposer à la guerre de Poutine depuis le 24 février 2022, ne peut être qu’un valet ou, a minima, un idiot utile de l’OTAN.
Cette proposition ne se limite pas à l’Ukraine : « Quiconque en Ukraine, en Belarus, dans les pays baltes, en Tchétchénie, en Géorgie, en Bouriatie, au Kazakhstan, s’oppose à la volonté de Poutine de rebâtir l’empire des Tsars et de Staline est, ne peut être, qu’un agent de l’OTAN ». L’anathème étant jetée dès lors aussi qu’un peuple veut mettre à bas un tyran local vassal de Poutine. Ce qui fut le cas lorsque les travailleurs du Belarus ont remis en cause le régime de Lukatchenko à l’été 2020.
Conclusion : les peuples et nations subissant les assauts grand-russes sont priés de courber l’échine et d’accepter le retour de l’oppression nationale d’un impérialisme qui, depuis l’effondrement de l’URSS, a toujours eu une base bancale de par la place trop grande du secteur de l’extraction des matières premières, notamment celle des hydrocarbures, suivie de la place des exportations d’armement (2eme position mondiale avant le démarrage du conflit).
S’il est un produit dans la panoplie de la Russie de Poutine qui n’est pas bancal, c’est bien la machine de propagande. Celle-ci, dès 2014 et le Maïdan, a arrosé les couches militantes de tradition PC mais aussi, hélas !, de certaines traditions se voulant trotskystes, au point d’installer durablement un monde de réalité alternative, digne des scénarios trumpistes de contre-vérité.
« Nazis-Ukrainiens ! », « Juif-Nazi-Urkainien » (petit nom doux décerné à Zelensky), « banderistes-Azov », et maintenant « agents de l’OTAN », « mercenaires par procuration de l’OTAN », ou dans une version charitable « pauvre chair à canon pour le compte de Biden et de l’OTAN ».
Rappelons que tous domaines confondus, l’aide française à l’Ukraine se limite à 200 millions d’euros depuis le 24 février 2022. On est loin des centaines de milliards de la Loi de Programmation Militaire (LPM) qui servent et serviront à l’entretien de la bombe atomique française et au renouvellement de tous les moyens aériens ou navals nécessaires au maintien de l’impérialisme français dans ses zones d’influence, calées sur les confettis non négligeables de l’empire colonial, plus les commandes aux industries privées de l’armement dont les bénéfices sont plus garantis du côté des clients habituels (Arabie saoudite, Inde, Australie…) que du côté de l’Ukraine saignée à blanc par la guerre de Poutine.
Accolée à ce mensonge (les guerres par procuration), la mention des interventions extérieures vient renchérir la portée de la phrase. Constatons au passage que les fameuses interventions extérieures en Afrique subsaharienne ont subi des échecs cuisants, suscitant le rejet de larges couches des peuples du Sahel que ces opérations prétendaient protéger, et permettant l’irruption de l’impérialisme russe sous le masque des forces Wagner au Mali, en RCA et au Burkina.
Dans ce contexte, la revendication du « retrait de l’OTAN et de toute organisation belliciste » n’est pas ici une revendication révolutionnaire mais une revendication social-chauvine dont la teneur est : pour un changement d’alliance, sortons de l’OTAN et acoquinons-nous avec d’autres brigands impérialistes. Pour que les dépenses militaires se fassent dans le cadre d’accords avec d’autres partenaires impérialistes (Russie, Chine, BRICS, etc …) !
Là encore, on est très loin de la destruction de l’État bourgeois et de son instrument militaire (bombe atomique comprise). Par contre, dans ce registre on patauge dans le sang des victimes ukrainiennes sous les bombes de Poutine, interdites de se défendre par tous les moyens nécessaires.
Audey
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Amusant de voir Audey-Présumey se démener comme DEUX beaux diables ( ou peut-être un seul ?) pour défendre l’impérialisme unipolaire à l’américaine et l’OTAN au nom du refus de l’impérialisme multipolaire…. manque de bol, les seuls autres pays réellement impérialistes dans le monde sont aussi TOUS dans l’OTAN (Allemagne, GB, France, Italie, Japon ). Sans doute pour eux ( ou pour lui), oser demander le retrait de l’OTAN c’est faire acte d’allégeance à Poutine (dont on a pu par ailleurs mesurer le degré d’impérialisme avec Prigogine !!) . C’est dur de se prétendre internationalistes quand on affiche ainsi OUVERTEMENT son campisme derrière l’OTAN.
Amusant aussi de voir que l’explosion de l’ex-URSS a ainsi donné naissance à un nouveau pays impérialiste et à un repartage du monde sans même de guerre mondiale ( le malheureux Poutine devant se contenter des quelques miettes tombées de la table des « Grands ». Mais comme le dit Audey-Présumey, Poutine veut reconstituer l’empire tsariste et même l’ex-URSS stalinienne, bloqué qu’il est sur les seules zones ukrainiennes qu’il contrôlait déjà plus ou moins depuis 2014).
SVP, rayez les noms de Lénine, Trotsky, Luxemburg, Liebknecht de vos références !!
L’ explosion des budgets militaires à l’échelle mondiale , de simple broutilles ! L’aide militaire française , une goutte d’eau…. INCROYABLE !! et ces campistes de dénoncer le fait d’oser parler de GUERRE PAR PROCURATION !! Mais comment dire autre chose quand l’armement fourni se paie par la mort de dizaines de milliers de travailleurs et jeunes ukrainiens (sans parler des dizaines de milliers d’autres envoyés à la boucherie dans la fameuse contre-offensive venant s’empaler sur trois tranchées russes surarmées) ET PAS UN SEUL MORT OCCIDENTAL !!
Combattons Poutine avec l’Opposition russe, les soldats réfractaires et le mouvement des mères russes, pour le retrait des troupes de Poutine et la souveraineté de l’Ukraine
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Nous avions déjà découvert grâce au sieur Coquema et à son POID que la liste planétaire des impérialismes était close depuis 1939, que les 413 milliards du budget militaire français étaient consacré à la guerre en Ukraine, que les combattantes et combattants ukrainiens étaient des marionnettes de Biden, que la preuve que la Russie de Poutine n’est pas impérialiste c’est Prigogine (bien que Trump au Capitole ne soit pas la preuve que Biden n’est pas impérialiste), que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’a rien de l’internationalisme de Lénine, que la Chine n’était pas un impérialisme car le yuan est inconvertible (bien qu’il fasse partie du panier des cinq monnaies constituant les Droits de Tirage Spéciaux -DTS- du FMI), etc.
Parmi les nombreuses croyances ressassées par Coquema, souvent affichées en lettres capitales pour qu’elles se changent magiquement en faits réels, nous découvrons que le Japon appartient à l’OTAN. Une nouveauté qui étonnera les pays membres et surtout Macron qui ne veut même pas de « bureau de liaison de l’OTAN » à Tokyo « pour ne pas provoquer la Chine » (Financial Times, 5 juin 2023). Une position sur laquelle Coquema pourra élargir son union sacrée. Voici Macron champion de la paix. Macron était déjà le champion d’un Poutine qu’il fallait « ne pas humilier ». Et dont il fallait surtout empêcher la défaite en refusant de fournir aux Ukrainiens, en quantité suffisante, les armes nécessaires à mettre « les troupes russes hors de toute l ’Ukraine ». Refuser aux Ukrainiens les moyens de stopper la prétendue « opération militaire spéciale », voilà, depuis le jour de l’invasion russe, le camp du POID, de LO, du POI et de quelques autres sectes prétendument trotskystes qui aux cotés des pro FSM prétendent balayer les traditions internationalistes de la CGT en demandant, de fait, aux Ukrainiens de capituler devant Poutine.
Et maintenant la théorie de « la guerre par procuration » leur interdit de respecter le sacrifice des jeunes volontaires sur le front ukrainien. « ET PAS UN SEUL MORT OCCIDENTAL !! » nous assène Coquema, en lettres capitales, pour tenter de les faire disparaître comme ils ont été effacés par la presse du POI- POID, réconciliés sur le défaitisme tous azimuts.
Actuellement plus de 3000 étrangers de 64 pays combattent en Ukraine. Si le mouvement ouvrier assumait l’organisation de Brigades internationales, il y en aurait davantage et l’encadrement de ces jeunes par le mouvement ouvrier assurerait leur formation, idéologique comme militaire et épargnerait sans doute plus de vies (la Russie avait déclaré en juin 2022 que plus de deux mille combattants étrangers avaient été tués, sans indiquer le nombre de prisonniers).
Alors rappelons, parmi eux, les noms des combattants auxquels Aplutsoc a déjà rendu hommage :
Adrien Dugay Lepouyec, France, 20 ans, International Legion of Defense of Ukraine (ILDU),
Thabita Vieira do Vale Freiria, Brésil, combattante de l’ ILDU ;
Douglas Rodriguez, Brésil, (ILDU) ;
Cooper « Harris » Andrew, Cleveland USA, 26 ans, tué en évacuant des blessés ;
Finbar Kaferjey, Irlande, indépendantiste, écologiste ;
Dmitry Petrov, historien, Russie, anarcho communiste.
Troupes russes hors de toute l’Ukraine
Trolls poutiniens hors de la CGT
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Pour répondre au terrrible-internationaliste que prétend être Coquema, nous citerons le vieux chroniqueur stalinien, Jean Lévy, qui sur son blog CommunCommune donne, à l’occasion d’un article célébrant le 80eme anniversaire de la bataille de Koursk, la teneur politique de la revendication de « sortie de l’OTAN » telle que ces milieux politiques à l’origine de la rédaction du passage du document d’orientation de la CGT ici discuté la conçoivent.
[citation]
Ces événements militaires, et d’autres dans le temps, démontrent que face au danger, la France a toutes raisons d’avoir à l’est un allié, la Russie en particulier, que le général de Gaulle baptisait « l’alliance de revers »…
[fin de citation]
Bon appétit à Monsieur Coquema dans la collusion tout à la grandeur de la France alliant Mongénéral au « camarade Staline, guide suprême ».
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