Bonjour à tous les camarades révolutionnaires. Il est 2h30 du mat et je vous écris ces quelques mots depuis La Havane où je me trouve actuellement.
J’ai de nombreux amis ici à la Havane ainsi qu’à Playa Larga ( baie des cochons) ou à Cárdenas…
Je suis le témoin direct de cette situation de crise à Cuba. Je sais que c’est difficile à admettre pour bon nombre de camarades qui soutiennent Cuba contre l’impérialisme US mais lorsqu’on se prétend révolutionnaires il faut analyser les situations avec un sens critique aigu.
Diaz Canel a mis en place à Cuba depuis janvier dernier lors de sa reforme de la monnaie unique, des magasins MLC (« Monnaie Librement Convertible) où les cubains ne peuvent se procurer des denrées pourtant produites à Cuba, qu’avec des euros ou des dollars US. Et à l’aide de carte bancaire et non en liquide. Cela a généré une spéculation insupportable sur le peso cubain CUP, avec un euro qui se négocie jusqu’à 3 fois le taux du change officiel ( 1 € pour 31 CUP ) . Les pauvres en sont victimes.
Que dire alors, lorsqu’on apprend de source sûre et non par des agents américains, qu’il existe à Miami des magasins à destination de la communauté cubaine et où on retrouve ces mêmes produits cubains ?
Que dire alors d’un système inauguré par Diaz Canel et son gouvernement , où on achète ces produits fabriqués à Cuba avec la monnaie des Yankees ?
Tous les cubains avec qui j’ai discuté depuis un mois et ils sont très nombreux, me disent que le blocus américain pèse évidemment très lourd sur le pays , mais ils disent aussi que ce dont ils souffrent le plus c’est le blocus interne organisé par le gouvernement cubain…
Dans les manifs le slogan qu’on entend le plus n’est pas » vive les USA » mais » El Pueblo unido jamas sera vencido « ….. A méditer.
Jean-Claude Zaparty, militant CGT.
« El pueblo unido jamas sera vencido », tout comme « No pasaran », deux slogans qui résonnaient place de la Bastille en 1981 lors de l’élection de Mitterrand… à ma grand tristesse, car lorsqu’on reprend les slogans des vaincus c’est qu’on se prépare à de nouvelles défaites: et sur ce plan je ne fus pas déçu avec Mitterrand… Les militants (mot que je préfère 100 fois au mot anglo-saxon « activiste » qui a une autre connotation) devraient réfléchir à l’importance du langage dans la lutte des classes, et éviter de reprendre des slogans historiquement associés aux victoires des ennemis de classe.
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Oui et non. El pueblo unido est associé à l’unité populaire chilienne et donc à la défaite terrible qu’elle a causée. Et No pasaran à la bataille de Madrid en 36 et là aussi le front populaire a par la suite créé les conditions la victoire de Franco. Certes. Mais en même temps, les masses cubaines qui font irruption avec ce vieux mot-d »ordre, avec cette fois-ci un écho du « Nous sommes le peuple » à Leipzig et Berlin en 1989, affirmant leur unité contre l’appareil corrompu au pouvoir, c’est un beau pied de nez et plutôt, me semble-t-il, un bon signe … VP.
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