Aplutsoc a reçu début janvier le courrier suivant de la GDS, Gauche Démocratique et Sociale :

Paris, le 16 décembre 2020

Chers amis, chers camarades,

Le mécontentement monte contre les politiques menées par Macron et son gouvernement. Il est de la responsabilité des forces politiques :

  • d’accompagner ce mécontentement et les mobilisations sociales, écologiques, démocratiques,
  • d’ouvrir une voix pour un débouché politique construit sur un projet répondant aux attentes qui s’expriment dans la société

Nous savons que les candidatures potentielles déclarées ou non risquent d’aller à l’échec sans cadre unitaire. Nous voulons approfondir une campagne pour un candidat commun de la gauche sociale et écologiste.

Une première étape pourrait consister à travailler à des listes communes aux élections départementales et régionales de 2021.

Les démarches à engager doivent permettre d’approfondir la recherche d’un contrat de législature 2022-2027. Pour entraîner une dynamique un tel contrat de législature devra comprendre des mesures fortes sur le social, la santé, la transition écologique dès le début de la nouvelle législature.

Pour porter cet objectif, nous considérons que la question d’un mouvement regroupant les forces qui agissent pour l’unité doit être posée.

Il ne s’agit pas de fusionner les groupes ou organisations existantes mais de fédérer les groupes, les forces, les énergies pour peser davantage dans la situation et faire bouger les lignes dans une perspective unitaire.

Un tel mouvement fédérerait les groupes (*) partageant les orientations pour les 5 prochaines années sur :

  • Les urgences sociales et sanitaires autour des services publics (santé, école…), de la hausse des salaires de la RTT à 32h, de la retraite à taux plein, de la Sécurité sociale, de la lutte contre la pauvreté et la hausse des minimas sociaux …
  • La nécessité de mesures fortes de transition écologique. La bifurcation écologique est indispensable.
  • La planification nécessaire au plan économique et écologique redonnant à la puissance publique sa place tant au plan national, européen qu’à l’échelle internationale.
  • Le renouveau démocratique face aux dérives liberticides et autoritaires. Des droits renforcés pour l’égalité réelle. La lutte implacable contre tous les racismes …
  • Un processus constituant de 6ème République redonnant la primeur à une Assemblée Nationale élue à la proportionnelle ou avec une part de proportionnelle

Un tel mouvement fédérant nos forces pourrait intervenir, dès maintenant dans les mobilisations pour leur donner plus d’efficacité et en tissant des liens avec le mouvement syndical, les associations etc …

Nous proposons d’ouvrir cette discussion entre nous. Si vous en êtes d’accord, un premier contact par visio-conférence pourrait être organisé avant le 15 janvier 2021.

Recevez nos salutations les meilleures,

Pour le secrétariat de GDS,

Jean Claude Branchereau, Anne de Haro, Gérard Filoche, Eric Thouzeau

 

Notre réponse au courrier du 16 décembre 2020 des camarades de la GDS

Chers camarades,

Nous partageons bien sûr le constat du mécontentement toujours montant contre Macron. Mais faut-il l’« accompagner » pour lui offrir un « débouché politique » identifié aux élections présidentielles dans un an et demi ? C’est là une vraie discussion. Nous pensons qu’il faut le centraliser maintenant contre Macron et du coup le généraliser, que ceci est parfaitement possible car c’est ce qui est recherché par ses acteurs : les salariés, actifs, chômeurs et retraités, la jeunesse.

Les Gilets jaunes fin 2018 début 2019 ont cherché à renverser Macron. Des millions de salariés le 5 décembre 2019 et les semaines suivantes ont cherché à nouveau un affrontement central pour en découdre. Quand les manifestations ont repris après les confinements, déjà début juin et surtout pour le retrait de la loi « Sécurité globale », les mots d’ordre visant à chasser Macron ont ressurgi.

Ce samedi 23 janvier se tenait, à l’appel des salariés de TUI, une manifestation pour l’arrêt des licenciements, dont la vague arrive. Les AED (« pions ») entrent en mouvement dans les établissements scolaires. Le 30 janvier, des manifestations d’ampleur reprendront probablement contre les lois « liberticides » de Macron.

Ces mouvements sont-ils des mouvements qu’il faut « accompagner » en ayant la bienveillance de leur offrir la perspective des présidentielles ? Ou ces mouvements ne montrent-ils pas plutôt l’issue politique réelle à formuler explicitement : l’affrontement central avec Macron pour changer de régime et ouvrir la voie à la démocratie ?

Nous partageons bien entendu les points que vous énumérez à la fin de votre courrier, en tant que revendications vivantes et actuelles, et toutes urgentes. Mais en tant que « contrat de législature » pour 2022-2027, ils signifient garder Macron jusqu’en 2022 et perdre les présidentielles. Oui, cela signifie perdre les présidentielles, car mettre en avant l’union pour un bon programme autour du candidat à choisir in fine, méthode qui, certes, serait la méthode idéale dans un monde idéal – à 6 mois du scrutin – c’est à présent avoir l’assurance qu’on ne parviendra pas à modifier la dynamique des appareils existants, qui ont déjà leurs candidats, et qui se prendront en commun une raclée aux présidentielles car le mouvement réel qui a tenté de chasser Macron déjà à plusieurs reprises, ne se porte pas sur eux.

Loin de nous l’idée de mépriser les élections ou de faire du gauchisme anti-électoraliste. C’est au contraire du réalisme aujourd’hui que de saisir que tenter de refaire l’union de la gauche et des écologistes en soi et pour soi ne peut que conduire à une posture utopique et incantatoire. Inversement, en combattant pour la centralisation et donc la généralisation du mouvement réel contre Macron maintenant, on reste sur un terrain réel et, par ailleurs, on est mieux en mesure si on en arrive en 2022, d’aborder le moins mal possible le scrutin présidentiel, et, en 2021, de réaliser des listes certes unitaires, mais unitaires sur la base de ce mouvement réel, aux élections départementales et régionales.

Oui, il faut un mouvement regroupant les forces qui agissent pour l’unité. Mais ceci est impossible si cette unité est vue comme rivée aux présidentielles. Ceci est possible si on part de la réalité : les grèves vont inévitablement exploser contre les licenciements et la misère, la recherche de l’affrontement central avec Macron va rebondir, et si elle n’aboutit pas, il n’est pas du tout certain que l’approche de la présidentielle la bride cette fois-ci.

L’expérience accumulée est en effet importante dans la conscience collective. De plus en plus, le réalisme politique met au premier plan la destruction de la V° République et de son État, non pas comme dernier article d’un éventuel contrat de législature pour quand les jours heureux seront ré-advenus – ce qui ne sera pas – mais comme premier article de la démocratie dont la grande majorité perçoit le besoin.

Au plaisir de vous relire, en espérant poursuivre cette discussion,

La rédaction d’Aplutsoc, le 24-01-2021.

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