Sur la manière de parler de Martinez et des autres dirigeants.

Nous nous efforçons de faire des articles permettant d’aborder les problèmes dans les assemblées générales et les réunions intersyndicales publiques. C’est pourquoi nous nous positionnons toujours sous l’angle « positif » de « quoi faire pour gagner ?», en soulignant que ceci est possible.

Assurément, la responsabilité des directions confédérales, notamment de Martinez et de Verrier, est centrale dans le fait que nous n’avons pas gagné à cette heure. Mais nous évitons en général la dénonciation directe frontale, non par mollesse mais parce que la masse, tout en se posant ces questions, les perçoit comme ses représentants.

Certes pas de manière naïve, mais parce que politiquement, de fait, l’intersyndicale liée par le mot d’ordre de « retrait » est une représentation politique (défectueuse, incomplète, etc. …), de la majorité. C’est à ce titre qu’un journal comme Le Point ou un chef politique comme Marine Le Pen s’en prennent directement à « Martinez » et à « la CGT », provoquant un réflexe de défense de classe. Le combat efficace est celui qui se place du point de vue de Comment gagner. Bien sûr, c’est par un dialogue, entre nous, avec nos lecteurs, avec nos camarades, avec les autres groupes qui en discutent, que ceci peut et doit être mis en œuvre le mieux possible, et de mieux en mieux.

Sur le « débouché politique ».

On nous fait remarquer que nous n’avons guère ou pas du tout parlé des initiatives « unitaires de gauche » sur la question des retraites, alors même que beaucoup de militants CGT notamment s’interrogent sur le « débouché politique », et que l’argument du vide politique est parfois invoqué en interne dans les syndicats pour justifier le fait de ne pas aller jusqu’à renverser le pouvoir en place, et donc de ne pas … gagner sur les revendications.

C’est vrai que nous n’en avons guère parlé et nous l’assumons car il y a à cela deux raisons.

L’une est que ces regroupements ne se font pas sur l’objectif de chasser Macron maintenant, mais d’attendre 2022 donc de le laisser en place. C’est ce que vient de dire J.L. Mélenchon, qui entend toujours donner le «la» en la matière : il faut chasser Macron, affirme-t-il … en 2022. Donc il faut le maintenir en place.

La seconde, et c’est à présent la principale, est que la partition entre «politique» et «syndical» ou entre «politique» et «mouvement social» ne correspond pas au mouvement réel de la lutte des classes. On le voit bien si l’on veut bien observer le réel : les manifestations avec des pancartes comme « Macron-Blanquer : retraite anticipée » (ajout facétieux : « avec décote »!), sont 1000 fois plus politiques qu’une réunion-débat entre « représentants de la gauche et de la gauche radicale » pour causer programmes et élections. Ce n’est pas là du gauchisme : les élections, dont les prochaines municipales, ont une place dans la lutte réelle des classes. Mais le débouché politique réel est dessiné par le mouvement réel. Parler de grève générale, d’unité pour le retrait, de manifestation centrale, de chasser Macron, de crise révolutionnaire de la V° République, d’assemblée constituante, de destruction de l’État des préfets, des commissaires, des Benalla et des recteurs, c’est cela le B-A-ba de la « politique » et du « débouché politique ». Les larges masses sont à cet égard bien en avance sur tous les cénacles, y compris d’extrême-gauche.

Sur l’avis du Conseil d’État.

L’avis très négatif du Conseil d’État sur le projet anti-retraite marque la crise de l’appareil d’État. Le Conseil d’État se rebiffe contre une méthode consistant à faire des « lois » qui n’en sont pas et ne font que semer la panique, sciemment, pour détruire tout ordre légal. Il fait penser, toute proportion gardée, à ces vieux généraux US traumatisés par les tweets de Trump. Le Conseil d’État n’est en rien un allié, il est un symptôme : de la crise au sommet et de notre capacité, comme classe, à les chasser, tous.

Sur la victoire à Radio France.

La patronne macronienne de choc de Radio-France, Sibyle Veil, a retiré le plan de « départs volontaires » c’est-à-dire les 299 licenciements. C’est une victoire qui renforce tout le mouvement contre Macron au plan national, renforçant la conscience et la confiance en notre capacité à gagner.

Mais elle veut mettre à la place un dispositif de « ruptures conventionnelles », que les responsables de plusieurs syndicats, SNJ (Syndicat National des Journalistes) en tête, semblent pour l’heure prêts à accepter.

Bien sûr : aucune victoire n’est définitive tant que l’affrontement central et politique n’est pas réglé. Ceci vaut aussi pour les retraites, le bac Blanquer et le reste, dont le refus des « ruptures conventionnelles » à Radio-France.

La leçon est donc : confiance, mais pas pour se reposer, pour construire cet affrontement central !