La situation sociale, l’ambiance générale pour ainsi dire, ont à nouveau évolué en profondeur ces dernières semaines. Il s’agit de la montée de tendances déjà présentes, mais de plus en plus fortes : à nouveau, mais plus fondamentalement, qu’en septembre dernier, elles paraissent faire vaciller le caractère se voulant définitif, « jupitérien », du nouveau pouvoir exécutif issu du coup d’État à froid que furent les présidentielles de 2017.

Nous pouvons distinguer trois poussées significatives, à chaque fois plus étendues : le mouvement des gardiens de prison, la grève des Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) du 30 janvier, et la poussée qui se déroule actuellement dans l’enseignement public, de la maternelle aux universités. Le tout se développe sur l’arrière-plan des nombreuses « grèves invisibles » que nous avions analysées dans un article de décembre dernier.

Les gardiens de prison.

Un mouvement de gardiens de prison, compte-tenu de la nature spécifique de leur fonction de gardes-chiourme, ne peut guère être un détonateur pour un mouvement d’ensemble du salariat, ni susciter un vaste élan de solidarité. Il n’en demeure pas moins que, déclenché par un raz-le-bol sur les questions de « sécurité », c’est-à-dire par la violence permanente du régime carcéral dont les gardiens sont à la fois le relais en tant qu’agents de répression, les régulateurs en tant que fonctionnaires gagnant ainsi leur croûte, et les victimes, ce mouvement s’est remarquablement, et rapidement, généralisé et centralisé contre le ministère et le gouvernement en posant frontalement les questions politiques des moyens et des statuts, et en se confrontant à la menace de répression brutale, de mises à pied et de sanction, formulée notamment par les directeurs de prison CFDT. Contrairement à certains commentaires faits à l’extrême-gauche, nous devons souligner que la différence de nature entre ce mouvement et celui, par exemple, des policiers fin 2016, est illustrée par le fait que les gardiens, qui n’ont pas non plus le droit de grève, ont fait grève comme des salariés, l’ont proclamé et encourent des poursuites pour cela.

La cassure de ce mouvement a été organisée par un accord entre l’UNSA et le gouvernement portant sur la « sécurité », notamment envers les détenus « radicalisés », dénoncé par les fédérations FO et CGT (majoritaires) qui se sont placées hors « dialogue social » car les vraies revendications portent sur le statut, au moment où le gouvernement veut justement en découdre avec le statut de la fonction publique.

EHPAD et retraités.

Le mardi 30 janvier, tous les syndicats appelaient à la grève dans les EHPAD pour protester contre l’insuffisance de moyens que va aggraver le dispositif gouvernemental « convergence des tarifs dépendance et soins ». Courant janvier les personnels se sont saisis en profondeur de cet appel, n’allant pas forcément jusqu’à faire grève (en raison de leur culture professionnelle, de la faiblesse syndicale sur le terrain et de la peur inspirée par certains directeurs), mais discutant, rédigeant leurs revendications, parlant autour d’eux.

Et ce courant invisible a fini par percer fin janvier, car il s’est combiné à celui de l’indignation populaire sur la manière dont sont traités nos vieux, à des tarifs à faire jalouser des hôteliers pour des services et des soins insuffisants, confinant à la maltraitance. Toutes les organisations syndicales et associations de retraités- sauf la CFDT et l’UNSA- ont signé une déclaration commune de soutien aux personnels des EHPAD. Ce mouvement « coïncide » – mais ceci n’a rien d’une coïncidence – avec la baisse nette du revenu et du pouvoir d’achat de millions de retraités causée par la hausse de la CSG qui vise à faire baisser la part socialisée du salaire finançant la sécurité sociale.

La grève a officiellement été le fait d’un tiers des personnels, ce qui dans ce secteur est énorme et sans précédent. Ce chiffre est ambigu, d’une part parce que la vague en profondeur est loin de ne consister qu’en fait de grèves et loin de se limiter à une journée, d’autre part parce que des directeurs se sont solidarisés, voire ont prétendu diriger eux-mêmes la « grève », sur une ligne développée par la CFDT et relayée au final par les médias : « personnels-directeurs même combat », ce qui, même s’il existe bien entendu des directeurs humanistes qui veulent des moyens, est très loin de correspondre à la réalité dans la mesure où l’application de la politique de rentabilité sur la fin de vie passe par eux.

L’essentiel est que les personnels des maisons de retraites ont porté à la lumière cette vérité : cette maltraitance n’est pas la leur, eux veulent soigner et bien traiter, elle est le fait du marché de la mort, de la dépendance et de la vieillesse que la politique gouvernementale favorise en faisant soi-disant des « économies ». La médiatisation tardive, mais importante dés lors que les journaux se sont rendus compte qu’il se passait « quelque chose », a établi que Macron n’est pas seulement le président des riches : il est le président des mouroirs.

Enseignement public : carte scolaire et Bac.

La troisième poussée par où la situation se modifie est celle qui touche l’ensemble de l’enseignement public. Elle a commencé, elle, à percer au grand jour avec les manifestations étudiantes, lycéennes et enseignantes du jeudi 1° février. Les médias en ont souligné la « faiblesse ». Belle erreur : numériquement limitées, ces manifestations ont été vécues dans la joie par leur participants comme ayant la signification, visible et assumée de l’arrivée dans la lutte d’une classe d’âge, qui, d’emblée, a lancé Macron t’es foutu la jeunesse est dans la rue et Non à la sélection. Quel manque d’imagination, diront les schnocks et autres ronchons. Quel juste retour des mots d’ordre les plus traditionnels, exprimant le besoin d’auto-défense de la société, diront tous ceux qui savent voir et entendre !

Toutefois, il est important de comprendre que le mouvement qui se cherche et se dessine ne comporte pas seulement le début de mobilisation contre la destruction du Bac, des premiers cycles universitaires et du lycée, sur laquelle nous allons revenir. A la rencontre de cette vague, une autre, tout aussi profonde mais dans d’autres secteurs, monte également : celle de la défense des classes et des écoles contre la vague de fermetures organisée par le gouvernement dans les écoles publiques, primaires et maternelles. Le 17 juillet 2017, Macron proclamait au Sénat que « les territoires les plus ruraux ne peuvent plus être la variable d’ajustement » et ajoutait même que, d’ici la mise en place d’une « évaluation partagée » qui devait être pondue « d’ici la fin de l’année » ( ? ), « il n’y aura plus de fermetures de classes en école primaire ». Il est vrai que personne ne l’avait cru …

Le site du SNUIPP-FSU a publié un article permettant de se faire une idée de ce mouvement, lui aussi « invisible » nationalement mais déjà fort visible localement, sous le titre Carte scolaire : la colère des départementshttps://www.snuipp.fr/actualites/posts/carte-scolaire-en-berne.

D’emblée, le cas du Rhône permet de saisir l’opération ministérielle : les dédoublements de classes en REP (Réseaux d’Éducation Prioritaire) absorbent près de 200 créations de postes, sans tenir compte de l’inadaptation fréquente des locaux et alors qu’il y a 2200 élèves de plus, de sorte qu’au total, l’affichage de 242 postes en plus cache une dégradation générale. Dans le Pas-de-Calais, les dédoublements en REP servent de prétexte à des fermetures nombreuses de classes voire d’écoles maternelles. Dans l’Oise voisine les fermetures dépasseraient largement les ouvertures. Dans le Val-de-Marne, même opération :  » … la carte scolaire annoncée fait d’ores et déjà état de 180 fermetures de classes (dont 110 fermes et le reste conditionnelles). Certes, l’Education nationale affiche en face 244 ouvertures dont 209 fermes, mais cela comprend le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP, ce qui fait gonfler les chiffres. » 250 enseignants réunis à l’appel des syndicats FSU, FO et SUD décident la grève pour le 9 février. Dans le Lot, 250 manifestants à Brétenoux, pour défendre l’école de Cahu, que le Directeur académique dit vouloir fermer pour mettre à la place un musée sur un spécialiste des « sciences de l’éducation » natif du village ! Dans ce département, le Collectif Citoyen de Sauvegarde des Écoles de Villages, constitué depuis plusieurs années face à la « convention ruralité » qui prétendait associer les élus aux fermetures et regroupements, appelle à une manifestation départementale le samedi 10 février. Dans l’Aveyron, qu perd 12,5 postes, l’intersyndicale FSU-UNSA-CFDT-CGT a organisé une première journée de grève départementale avec rassemblement à l’inspection d’académie …

C’est bien à l’échelle nationale que l’opération de dédoublements de classes en REP sert de prétexte, pour des améliorations très limités dans les zones concernées, à des destructions massives qui touche les zones rurales mais aussi des zones « rurbaines » qui devraient elles-même, souvent, être classées en « éducation prioritaire ». C’est une question politique centrale, que pose à sa façon, en des termes modérés, l’Association des Maires Ruraux de France dans un édito de son président, Vanik Berbérian (Modem !) : « Les écoles rurales ne peuvent servir de réservoirs dans lequel on puiserait sans vergogne les moyens nécessaires à une politique qui n’aurait pas assumé de se doter en conséquence des moyens nouveaux. Il est vraisemblable, en observant le terrain, que c’est ce qui semble se dessiner. »

La question est posée : les mobilisations vont continuer, mais leur centralisation nationale contre le ministère et le gouvernement qui ont bloqué les postes, pour imposer le déblocage seul à même de permettre à la fois les dédoublements en REP et la préservation de toutes les classes en écoles publiques n’est-elle pas nécessaire ?

La défense des écoles primaires publiques heurte de front toute l’orientation politique et donc budgétaire de ce gouvernement. Il en va de même de la défense du lycée, du Bac et de l’université. Avant tout vote de loi, les universités avec « Parcoursup » organisent la sélection à l’entrée. Les éléments de communication et l’hypocrisie déployés vont se retourner contre le gouvernement au fur et à mesure que les jeunes et leurs familles découvrent le traitement qui leur est réservé. D’ici au 13 mars ils doivent formuler 10 vœux, à partir du 4 avril ils devront éliminer, à l’aveugle, les réponses positives pour n’en avoir toujours qu’une seule, et s’il est dit qu’à personne il ne sera dit « non », les réponses peuvent être en fait : « oui », « oui si » et « en attente » ! Le 14 février, le ministre va « dévoiler » ses intentions alors que l’on sait qu’il compte ne garder que 4 épreuves nationales pour le Bac, tout le reste passant en contrôle continu. Lycée, Bac et premiers cycles universitaires sont donc appelés à passer ensemble à la moulinette de la concurrence. Après deux décennies de guerre de position contre le droit aux études, l’exécutif s’engage dans la guerre de mouvement. Rien n’est joué …

Ni en 1959, ni en 1968.

Alors, quel est le rapport de force réel au moment présent ? La réponse à une telle question est toujours dynamique, jamais statique. La loi El Khomri, les présidentielles et les ordonnances Macron constituent une victoire pour le capital, une défaite pour la société. Mais nous ne sommes pas en 1959 : le coup d’État à froid n’a pas détruit en profondeur les relations sociales, alors que telle est et reste sa raison d’être.

« Guerre de mouvement », disions-nous pour caractériser l’offensive annoncée contre le lycée, le Bac et les premiers cycles universitaires. Ce même 1° février où la jeunesse réapparaissait dans la rue comme force politique voulant affronter le gouvernement, le ministre « de l’Action et des Comptes publics », le sarkozyste Gérard Darmanin, annonçait un plan de « départs volontaires » dans la fonction publique, la priorité au recrutement de contractuels sur les concours et le maintien de l’objectif de 120.000 emplois publics en moins. Notons que ce ministre a personnellement intérêt à engager, au compte de Macron, sa « guerre de mouvement » contre le statut de la fonction publique : il est sous le coup d’une plainte pour viol, et, si ses avocats contestent cette qualification, ils ne contestent pas les faits qui établissent clairement qu’il a utilisé ses relations pour une intervention judiciaire en sous-main pour une call-girl à la demande de celle-ci et s’est fait payer « en nature ». Cela aussi fait partie du tableau de la situation : plus ce gouvernement « start up » va aller de l’avant, plus les « affaires » vont le rattraper, et son impunité dépend en fin de compte non de la justice, mais du rapport de force social global.

Tel est d’ailleurs aussi le sentiment objectif du patronat qui, les ordonnances contre le droit du travail adopté, engage des « guerres de mouvement » : « rupture conventionnelle collective » chez PSA, 2400 salariés de Carrefour et 2100 des ex-magasins Dia condamnés au « départ volontaire », 3419 postes menacés d’ici 2019 par « rupture conventionnelle collective » à la Société générale …

La reprise économique conjoncturelle et les profits patronaux ne sont en rien contradictoires à cette offensive, et les quelques gains temporaires sur certaines feuilles de paie ne vont pas, dans ces conditions, encourager les salariés à la fermer, au contraire.

Nous ne sommes donc pas en 1959 pour deux raisons : l’État fort n’est pas pleinement restauré et reste dans une large mesure suspendu en l’air, et l’affaiblissement économique du capitalisme français pousse l’exécutif et le patronat à passer à la « guerre de mouvement » selon le schéma programmatique de Macron : précarisation massive du salariat dans les entreprises par la casse du droit du travail, implosion organisée de la fonction publique et liquidation du salaire socialisé finançant la sécurité sociale.

Mais nous ne sommes pas non plus en 1968 dont on va défendre le vrai caractère, celui de la grève générale, pour son cinquantième anniversaire : car ce qui s’apparente le plus à 1959 – en pire – dans la situation, n’est pas la force du président, mais la dislocation et l’effondrement de « la gauche ». La FI n’a en rien remplacé le PS et les partis de ce qu’elle appelle, défense de rire, « le vieux monde ». L’effondrement du PS se confirmant, les élections partielles voient les ligues plébiscitaires se tasser ou rester au même étiage, qu’il s’agisse, avant tout, de LREM, mais aussi du FN (bien qu’il faille lui ajouter les 4 à 5% des candidatures Dupont-Aignan, Asselineau et Philippot), et de la FI qui, au grand regret de J.L. Mélenchon qui veut maintenir la ligne de rupture avec le mouvement ouvrier, ne ratisse pas les suffrages massifs du supposé « dégagisme » – qu’elle soit en alliance ou pas avec des courants de gauche. La FI fait partie du problème, pas de la solution – et ses récentes velléités antisyndicales de préempter la direction, via divers comités bidons, des mouvements de la jeunesse et dans l’éducation nationale, le confirme.

Électoralement, ces données ont donc pour conséquence mécanique de conforter l’existence – bien qu’il perde lui aussi des voix ! – de LR, le vieux parti de la V° République restructuré sur la ligne de Fillon, sous la direction de Wauquiez, qui soutient la politique de Macron en espérant au final en ramasser les dividendes. Mais le fait électoral majeur est l’abstentionnisme de masse, supérieur partout à 60% voire 75% : nous avons là un élément de continuité marqué et aggravé d’avec l’avant-Macron, qui montre que, bien que bénéficiant de l’absence d’alternative politique contre lui, il n’a pas de base solide dans le pays. Nous ne somme pas en 1959 !

Avancer rapidement.

Attention, donc, la situation est dangereuse. Le gouvernement tente de passer au stade de la « guerre de mouvement » envers laquelle l’adoption parlementaire des ordonnances Macron et les premiers plans de ruptures conventionnelles ont été la préparation d’artillerie. Après des décennies de guerre d’usure, qui nous ont en effet usés, le monde du travail doit vite se disposer à la guerre de mouvement, comme l’y invitent les mouvements des gardiens de prison, des EHPAD, des défenseurs de l’école et de la jeunesse.

C’est dans cette perspective que notre blog Arguments Pour la Lutte Sociale a pris pleinement part à la réunion de la Gauche Démocratique et Sociale, formée, en dehors du PS, à partir du courant de Gérard Filoche, le 20 janvier dernier.

C’est aussi dans cette perspective que nous proposons de soutenir l’initiative lancée par le regroupement opéré à partir du POID (Parti Ouvrier Indépendant Démocratique), dénommé « Mouvement pour la rupture avec l’Union Européenne et la V° République », qui appelle à une manifestation le dimanche 13 mai 2018 (50 ans après le 13 mai 68 et 60 ans après le coup d’État militaire du 13 mai 58), à Paris Place de la République, sur le thème : Pour l’unité pour chasser le gouvernement Macron-Philippe.

Nous reproduisons ci-dessous les deux appels. L’un explique que « l’unité de la gauche » est nécessaire : http://www.gds-ds.org/reconstruire-la-gauche-textes-adoptes-a-la-convention/

L’autre évite le terme « gauche » mais affirme que « rien ne doit s’opposer à l’unité » : https://mouvementpourlarupture.com/

Les uns et les autres et sans aucun doute des milliers d’autres, dans leur propre langage, ont raison.

L’appel de la réunion du 20 janvier veut faire de l’année 2018 « l’année de la recomposition » et du « sursaut » et met en avant la nécessité de discuter d’un « projet alternatif ».

L’appel du « Mouvement pour la rupture » affirme que Macron doit partir.

Il n’y a pas là de véritable contradiction.

Oui, il faut une coordination permanente unitaire qui permette le libre débat, reconnaisse tous les courants grands ou petits, et aide leur unité d’action contre Macron.

Et oui, il faut afficher l’objectif d’en découdre et commencer à sortir au grand jour, donc pourquoi pas en effet un 13 mai !

L’affrontement général pour en découdre avec Macron requiert une action et une perspective politiques. Mais Macron passe à la guerre de mouvement car il sait que le temps lui est compté. La tache de l’heure est donc la préparation politique de l’affrontement, non pas son déclenchement, mais le fait de mettre en avant la préparation politique de l’affrontement pour en découdre, par la fédération de toutes les forces se situant sur le terrain du mouvement ouvrier qui disent vouloir y contribuer.

De notre point de vue, les deux initiatives politiques que nous mettons ici en avant, celle de la GDS et celle du « Mouvement pour la rupture », vont dans ce sens que nous avions dessiné lors d’une première réunion nationale le 22 octobre dernier . Il faut y ajouter les nombreux collectifs locaux, comme l’espace citoyen du Val d’Yerres : http://socialisme-2010.fr/blog2016/janvier2018.php#jan11

Nous proposons donc une nouvelle réunion nationale de discussion, non pour créer une structure supplémentaire, mais pour inviter les uns et les autres à une discussion politique approfondie sur la question suivante :

Comment aller le plus vite possible vers une fédération large affirmant qu’il faut en découdre, sur le terrain social, avec Macron et posant les jalons d’une alternative politique ?

La rédaction, le 03-02-2018.

* * *

Déclaration d’orientation politique de la Convention du 20 janvier 2018

2018 doit être l’année du sursaut, de la recomposition,

celle qui prépare les victoires à venir

En 2012, la gauche était majoritaire dans toutes les institutions représentatives.

Mais tous les espoirs, toutes les attentes de celles et ceux qui avaient élu ces représentant.e.s ont été trahis. Alors l’électorat de gauche s’est abstenu massivement. Toutes les élections ont été perdues de 2014 à 2017.

2016 a été l’année de la rupture avec, en particulier, le choc de la déchéance de nationalité et celui de la loi El Khomri.

Incapable de défendre son bilan, Hollande est obligé de se retirer le 1er décembre 2016. Le 29 janvier suivant, l’électorat de gauche sanctionne Valls, et désigne pour la première fois un candidat de la gauche socialiste : Benoît Hamon.

L’unité de la gauche Mélenchon-Hamon ne s’est, hélas, pas réalisée, et l’appareil du PS a pu saboter la campagne du candidat socialiste. La division et ces jeux d’appareils ont fait le jeu du putsch d’un homme de cabinet, Macron. La peur de Fillon, du FN, ainsi que la crise de la droite, ont fait le reste.

Chez tous ceux qui ont généré cette situation, il n’y a pas le moindre bilan, pas d’autocritique.

Le coup de tonnerre vient de loin : des promesses non tenues, de la persistance d’une situation sociale se dégradant sans cesse, de 6,7 millions de chômeurs, de la hausse des inégalités et du rôle de la finance.

Les aspirations à mieux vivre perdurent, elles sont majoritaires. Personne à gauche ne s’accommode du chômage de masse, du blocage des salaires, de la retraite à 67 ans, de 15 à 20 % de précarité, de la facilitation des licenciements, de la casse du droit, de la sécurité et de la dignité au travail.

En ce sens, une majorité de gauche existe, mais elle est incarnée à travers de multiples forces séparées et concurrentes, chacune combative mais aucune suffisamment unitaire, légitime et forte pour gagner.

Rien n’est plus urgent que de reconstruire la gauche et de proposer un projet unitaire qui entraîne une majorité.

Dans ce processus, personne n’a de leçons à donner à personne. Personne ne se soumettra à personne, chaque composante de la gauche a droit au respect. Toutes les sensibilités peuvent et doivent contribuer à ce projet.

À Ensemble!, chez EELV, dans la France Insoumise, chez Génération.S, au PCF, à République et Socialisme…, comme chez ceux qui restent de gauche au PS et dans tous les groupes et courants qui se réclament de la gauche, chacun.e sait que rien de grand ne sera possible sans unité. Chacun.e sait qu’il faut s’atteler de façon volontariste, méticuleuse, ouverte, pluraliste, à la convergence et au rassemblement de toutes les forces en mesure de vaincre Macron sur le terrain des mobilisations et de proposer une alternative gouvernementale.

2018, année du sursaut

L’année 2018 sera une année sans élection notable. Elle peut être une année de recomposition, de résistances, de luttes et d’explosions contre la politique anti-sociale brutale de Macron, du Medef, de la finance. Il peut en sortir un grand sursaut au plan politique, on peut renouer avec des victoires, et préparer unitairement les échéances électorales à venir. Toute la gauche, tous ses courants sont concernés.

Pour que 2018 soit une année de sursaut, il faut fédérer les énergies, les groupes, les individus en un mouvement qui garantisse :

–        que chacun.e soit respecté.e dans son identité, puisse l’exprimer ;

–        que des batailles soient menées avec les citoyen.ne.s ;

–        que des cadres communs soient construits.

Rien n’est plus urgent que de fédérer !

Pour une recomposition, une alternative

Un projet alternatif et majoritaire est possible :

  • en mettant le social au cœur, la création et la redistribution des richesses d’abord ;

  • en construisant une vraie transition écologique et sociale ;

  • en s’appropriant la révolution informationnelle ;

  • en encourageant un élan démocratique en France avec la mise en perspective d’une Vie République sociale, écologiste, laïque, féministe, internationaliste et pacifiste ;

  • en développant un nouvel internationalisme à commencer par le combat pour une Europe sociale, contre l’Europe néo-libérale actuelle.

  • en s’engageant résolument contre le pillage des ressources des pays dépendants, contre les guerres prédatrices camouflées en espoirs démocratiques ;

  • en soutenant les aspirations des peuples contre les crises, les guerres, la misère et les exils qu’elles provoquent.

Reconstruire la gauche sans nier les différences

Diverses initiatives nationales et locales – notamment la sortie du bulletin Passerelles –, ainsi que de nombreuses autres initiatives à gauche montrent que des forces existent pour reconstruire une gauche sociale, démocratique, féministe et écologiste, internationaliste. Il faut prendre les dispositions concrètes pour organiser la convergence de toutes les initiatives.

Nous proposons que les « Socialistes unitaires » œuvrent au développement de la démarche autour de Passerelles sur les territoires. Cette démarche peut constituer un outil au service de la réflexion et du rassemblement.

À tous les groupes de gauche, courants mais aussi individus, militant.e.s associatifs ou syndicaux, à toutes celles et tous ceux qui sont disponibles, nous proposons une coordination permanente unitaire qui prépare une Convention nationale ou des Assises pour ouvrir la voie d’un espace (ou une coalition) permanent.e de débats, d’initiatives et d’actions de la gauche.

On ne lâche rien, on continue !

Nous proposons qu’une première Convention nationale commune, co-organisée avec toutes les forces d’ores et déjà disponibles pour reconstruire la Gauche se tienne dans les prochains mois.

Elle devra être préparée conjointement par les forces adhérant à cette perspective, avec un comité de pilotage pluraliste.

* * *

Macron, un an ça suffit !  Manifestation nationale le 13 mai 2018 à Paris

Trop, c’est trop.

En quelques mois, Macron a entrepris de tout détruire : ordonnances contre le Code du travail, licenciements, liquidation du baccalauréat, destruction de la Sécurité sociale, asphyxie des hôpitaux et des communes, remise en cause des régimes spéciaux et des retraites par répartition, privatisations ; il organise la chasse aux migrants.

Pas un acquis de la classe ouvrière et de la démocratie n’échappe à la folie destructrice du gouvernement Macron-Philippe aux ordres de l’Union européenne, des banquiers et des spéculateurs.

Jour après jour, par les grèves qui se développent dans les entreprises et les services, la classe ouvrière cherche les moyens de bloquer cette politique.

On ne peut pas laisser le gouvernement Macron-Philippe tout détruire.

Un an, ça suffit !
Macron, l’illégitime, doit partir !

La seule force de Macron, c’est la division des travailleurs et de leurs organisations qui lui permettrait de durer jusqu’en 2022 et d’aller jusqu’au bout de ses contre-réformes.

La division doit être rejetée !
L’unité doit l’emporter !

Il y a 50 ans, le 13 mai 1968, dans l’unité, des centaines de milliers de travailleurs ont manifesté au cri de « De Gaulle, 10 ans, ça suffit ! »

Pour l’unité pour chasser le gouvernement Macron-Philippe. Manifestation nationale à Paris, le dimanche 13 mai 2018, 14 heures place de La République.

Rien ne doit s’opposer à l’unité. Cette proposition est soumise à tous les travailleurs, jeunes, militants et organisations politiques qui ont pour origine le mouvement ouvrier et démocratique.