Illustration : L’occupation pro-Palestine à l’UC (University of California) Berkeley. Beaucoup de ces jeunes sont naturellement tellement en colère contre Biden qu’ils ne voteront pas pour lui quoi qu’il arrive.

Publié dans Oaklandsocialist le 30 avril 2024.

J’ai eu de longues discussions avec des gens qui, quoi qu’il en soit, ne voteront pas pour empêcher Trump d’entrer en fonctions, ce qui implique voter pour Biden. Ce sont des gens avec qui je suis fondamentalement d’accord sur la plupart des sujets (mais pas tous). Alors cela ne sert à rien de se cogner la tête contre un mur. Nous n’allons pas nous convaincre. Voici donc ce que j’aimerais dire à ceux-là, en particulier à ceux qui sont tellement furieux contre Biden pour son soutien au génocide israélien qu’ils ne voteront jamais pour lui :

Message

C’est entendu, nous ne sommes pas d’accord sur le fait de voter pour Biden. Voyons donc où nous allons ensemble à partir de maintenant.

Nous devons élaborer un plan d’action lorsque Trump :

  • s’aligne et encourage ouvertement les fascistes purs et simples de la politique israélienne, c’est-à-dire les membres de la Knesset Itamar Ben-Gvir, Bezalel Smotrich et les colons ;
  • permet à Poutine, lié au fascisme, de prendre le contrôle de toute l’Ukraine, conduisant à un massacre massif dans ce pays et à de nouvelles avancées de ses partisans dans le monde entier, y compris America First et d’autres fascistes ici aux États-Unis ;
  • fait pression pour une interdiction nationale de l’avortement ;
  • permet en outre des attaques contre les personnes LGBTQ+ ;
  • donne le feu vert à l’exploration pétrolière juste à côté ou même à l’intérieur de nos parcs nationaux ;
  • rassemble des centaines de milliers (il dit « des millions » !) de travailleurs immigrés sans papiers en vue de leur expulsion ;
  • fait ce que les gouverneurs républicains du Texas et de Géorgie ont fait sur les campus universitaires (Université du Texas-Austin et Université Emory) ;
  • établit une interdiction nationale de la liberté d’expression sur les campus universitaires, comme ce que DeSantis a fait en Floride, notamment en licenciant des professeurs titulaires ;
  • prend un contrôle personnel direct sur la bureaucratie fédérale via « l’Annexe F »
  • libère de prison des centaines d’organisateurs fascistes violents (les émeutiers du 6 janvier) ;
  • décide de déployer les troupes américaines dans les rues et déclare la loi martiale.
Les Oath Keepers -gardiens du serment – le 6 janvier 2021. Trump dit officiellement qu’il pardonnera ces fascistes et les fascistes similaires.

Il y a dix ans à peine, si quelqu’un avait soulevé cette question, j’aurais dit qu’il était hystérique. Pas maintenant. Trump n’est pas comme les précédents présidents républicains. Il a déjà appelé à faire tout ça. Le connaissant, c’est vraisemblable, s’il peut s’en sortir.

En fait, nous ferions mieux de nous préparer à la possibilité que plusieurs législatures d’États républicains tentent de voler les élections, ce qui signifie qu’elles élimineraient notre droit de vote. Et si vous pensez que ce droit n’a pas d’importance, pourquoi pensez-vous que les Noirs du Sud se sont battus si longtemps et si durement et ont tant sacrifié pour ce droit ? Et pour quelle raison, pensez-vous, que le déni de ce droit soit allé de pair avec le lynchage et la ségrégation officielle ?

Plan d’action

Donc, si vous êtes si énervé contre Biden, pour des raisons compréhensibles et si suffisamment de gens partagent cela et que cela ramène Trump au pouvoir, alors nous devons nous préparer .

Voici ce que j’en pense :

Tout d’abord, examinons comment nous en sommes arrivés à cet état de choses, ce qui nous ramène au triste état du mouvement syndical américain. Depuis près de 100 ans, les dirigeants syndicaux nous répètent que nous n’avons d’autre alternative que le Parti démocrate. Depuis tout ce temps, ils nous disent aussi que « nous sommes dans la même équipe que les employeurs, alors soyons gentils avec eux, n’exigeons pas trop », soyons une main-d’œuvre docile. Nous devons nous organiser à la base pour nous opposer à cela.

Il y a quatre ans, l’AFL-CIO du Vermont avait lancé un appel à la grève générale au cas où Trump serait élu. Cet appel n’était que verbal parce qu’ils n’ont rien fait pour le préparer. Nous devons nous organiser au sein de nos syndicats pour rompre avec le passé. Mais ce ne sera pas si facile, car beaucoup de nos syndiqués soutiennent Trump !

Nous devons organiser des comités de résistance dans les communautés qui seront les plus attaquées, notamment la communauté musulmane, les personnes de couleur, la communauté immigrée, ainsi que sur les campus universitaires et même dans les lycées à fréquentation ouvrière. Ces comités de résistance doivent être gérés démocratiquement, et toutes les voix venant de notre côté doivent être entendues.

Nous devons utiliser cette organisation pour commencer à construire un parti de masse, orienté vers la classe ouvrière, capable de coordonner la riposte et de présenter ses propres candidats contre les Républicains et les Démocrates.

Et une dernière chose : même si Biden gagne et revient au pouvoir, l’extrême droite fasciste et nationaliste ne disparaîtra pas tranquillement. Celle-ci préparera davantage de violence, et je doute que quiconque pense réellement que la police et les démocrates nous offriront une protection adéquate.

Donc, d’une manière ou d’une autre, nous devons nous organiser indépendamment des démocrates et de leurs représentants. Cela inclut les dirigeants syndicaux et les organisations à but non lucratif (ONG).

Mise à jour : nous venons de lire le reportage du magazine Time sur son entretien avec Trump. Quiconque pense que nous exagérons devrait commencer par lire simplement le premier paragraphe.

En fait, même si vous ne pensez pas que nous exagérons, vous devriez le lire :

« Ce qui est ressorti de  deux entretiens avec Trump et de conversations avec plus d’une douzaine de ses plus proches conseillers et confidents, ce sont les grandes lignes d’une présidence impériale qui remodèlerait l’Amérique et son rôle dans le monde.

Pour mener à bien une opération d’expulsion destinée à expulser du pays plus de 11 millions de personnes, Trump m’a dit qu’il serait prêt à construire des camps de détention pour migrants et à déployer l’armée américaine, à la fois à la frontière et à l’intérieur du pays.

Il laisserait les États républicains surveiller les grossesses des femmes et poursuivre en justice celles qui violent l’interdiction de l’avortement. Il retiendrait, à sa discrétion personnelle, les fonds votés par le Congrès, selon ses principaux conseillers.

Il serait prêt à licencier un procureur américain qui n’exécute pas son ordre de poursuivre quelqu’un, rompant ainsi avec une tradition d’application indépendante de la loi qui remonte à la fondation de l’Amérique. Il réfléchit à l’amnistie de chacun de ses partisans accusés d’avoir attaqué le Capitole américain le 6 janvier 2021, dont plus de 800 ont plaidé coupables ou ont été reconnus coupables par un jury.

Il pourrait ne pas venir en aide à un allié attaqué en Europe ou en Asie s’il estimait que ce pays ne paye pas suffisamment pour sa propre défense.

Il viderait la fonction publique américaine, déploierait la Garde nationale dans les villes américaines comme bon lui semble, fermerait le bureau de préparation à la pandémie de la Maison Blanche et doterait son administration d’acolytes qui soutiennent sa fausse affirmation selon laquelle les élections de 2020 ont été volées. »

Source : https://oaklandsocialist.com/2024/04/30/message-to-never-biden-voters/

Traduction par nos soins.