Ce texte est la suite du texte intitulé Il n’y aura pas de transition écologique. (1) L’effondrement est inéluctable, publié le 2 novembre 2025 sur ce site. La publication du présent texte se fait en parallèle de la première réponse formulée par Vincent Présumey le 28 décembre.
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L’effondrement (collapse) qui a déjà commencé et va se déployer dans les années à venir est, et surtout sera, composé d’une diversité d’événements profonds, multiformes et corrélés, porteurs du risque majeur d’implosion de l’ensemble de la civilisation humaine, sinon même de toute vie sur terre. Ces crises procèdent toutes d’une altération majeure des relations entre les humains et entre ceux-ci et le reste de la biosphère, particulièrement depuis la Deuxième Guerre mondiale, causée par la recherche permanente d’un accroissement de la plus-value, moteur unique du fonctionnement de la civilisation capitaliste mondiale. Le collapse fonctionnera comme des dominos. Depuis longtemps déjà, on peut dresser une liste des catastrophes à venir, mais celles-ci se dérouleront de manière imprévisible dans le détail, avec des franchissements de seuils, des effets de rétroaction, etc., qui rendent impossible d’en écrire à l’avance le scénario. La perspective optimiste mais peu réaliste d’une sortie mondiale immédiate du capitalisme, qui viendrait probablement déjà trop tard pour bloquer significativement ce processus mortifère, devra tôt ou tard faire place à celle de la préparation de l’« après-collapse » [1].
Sommaire :
- Les visages multiples de l’effondrement
- Le collapse sanitaire
- Le collapse environnemental
- Le collapse climatique
- Le collapse économique
- Le collapse énergétique
- Le collapse culturel
- Le collapse démographique et migratoire
- Le collapse nucléaire militaire
- Le collapse nucléaire « civil »
- Technologies diverses
- Le collapse numérique
- La synergie des collapses
- Conclusion : ces méchants collapsologues
- Notes
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Les visages multiples de l’effondrement
L’effondrement qui est devant nous concerne ni plus ni moins celui de la civilisation humaine, sinon de toute vie sur terre. Pour désigner les discours qui en parlent, le terme d’« effondrologie », et ceux qui les délivrent d’« effondrologues », sont absolument hideux et incompréhensibles. Je leur préfère les termes anglo-saxons de « collapsologie » et « collapsologues », basés sur le terme « collapse » ou « collapsus », signifiant « effondrement », « écroulement », « éclatement ». Cet emploi francisé du terme « collapse » et de ses dérivés devient en fait un terme technique, utilisable dans toutes les langues et désignant un phénomène planétaire et le distinguant de tous les autres types d’effondrements, que ce soit celui d’une pile de boîtes de conserves ou celui, en larmes, d’une personne dont les espoirs sont déçus.
Le collapse à venir est la conséquence d’une période de l’histoire de la planète terre qui a reçu la désignation d’« anthropocène » [2‒6] pour exprimer le fait que c’est la conquête de toutes les terres émergées par les espèces humaines, et surtout, lors des 300.000 dernières années, par la dernière née, Homo sapiens, qui est devenue le facteur géologique et climatique planétaire principal. Les humains ont très tôt modifié leur environnement, plus que toutes les autres espèces vivantes, mais l’ampleur de ces modifications a été en croissant au cours du temps pour devenir exponentielle lors des dernières centaines puis dizaines d’années. Plusieurs dates ont été proposées pour fixer le début de cette période qui termine celle de l’holocène [4]. Si l’on considère que l’anthropocène débute avec l’extinction de la mégafaune (vertébrés géants), tout d’abord insulaire (il y a environ 50.000 ans), on peut distinguer au sein de celui-ci le « capitalocène » [7] datant du début du capitalisme industriel (vers 1760), mais la césure la plus importante est celle qui peut être datée très précisément du 16 juillet 1945, avec l’explosion de la première bombe atomique lors de l’essai Trinity sur la base d’Alamagordo aux USA, « couronnement » du « projet Manhattan » lancé par Roosevelt en 1940, prélude aux bombardements d’Hiroshima et Nagasaki des 6 et 9 août 1945, qui ont ouvert à la voie à l’« ère nucléaire » dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Celle-ci a propulsé la technologie scientifico-industrialo-militaire à la place de facteur principal des relations entre les humains et entre eux et l’ensemble de la biosphère [8‒9]. Ce point de basculement est quasiment synchrone de la découverte (1944‒1953) de la structure de l’ADN, de son rôle dans l’hérédité et de ses fonctions, qui fut à la base de l’expansion d’une multitude de biotechnologies qui ont également modifié considérablement la biologie, la médecine, l’agriculture et de nombreux autres domaines. Le terme de « nucléocène», qui renvoie à la fois au noyau atomique et au noyau de la cellule (qui contient l’ADN chez les organismes cellulaires) est particulièrement approprié pour désigner la période du capitalocène postérieure à 1940 [10].
Le collapse à venir (ou déjà commencé) est un phénomène planétaire, multiforme et résultant de la convergence de plusieurs causes distinctes (mais parfois corrélées). Tentons de faire la liste des plus importants d’entre eux.
Le collapse sanitaire
En février 2020, l’explosion mondiale de la pandémie de covid-19 a marqué le début du premier acte du collapse mondial [11], directement dû à l’activité humaine, auquel le terme ironique de « Tchernobiol » [12] convient fort bien. Au-delà de la gestion pitoyable de cette pandémie dans la plupart des pays, inféodée aux exigences du maintien et même de l’augmentation de la plus-value pour les capitalistes et non à celle de la protection des populations, l’irruption de cette pandémie, qui était prévue et annoncée par les biologistes depuis des décennies, traduit la porosité entre la biodiversité « sauvage » (dans le cas présent les chauves-souris) et les cheptels domestiques (dans le cas présent les élevages massifs de visons en Chine) [13‒14] ‒ cheptels qui représentent désormais la biomasse de vertébrés de loin la plus importante sur la planète ‒ responsable de l’irruption de zoonoses dans les populations humaines. Les annonces irresponsables, destinées à rassurer et « calmer » ces dernières, de la « fin » prochaine de cette pandémie, traduisent l’aveuglement ou plus probablement les mensonges conscients des gouvernements et de l’OMS. En raison du taux très élevé de mutations de cette famille de virus dans une population mondiale de près de 8 milliards d’humains circulant massivement à l’échelle de la planète, il est clair qu’il nous faudra maintenant « vivre avec » cette pandémie comme on le fait déjà avec la grippe, en attendant l’inéluctable apparition d’autres zoonoses potentiellement plus destructrices, liées notamment à l’existence d’élevages gigantesques d’animaux confinés et à la dégradation poussée des relations entre les populations humaines et le reste de la biosphère.
Indépendamment de la (ou des) pandémie(s), le collapse sanitaire est préparé depuis des décennies par l’agro-industrie sous toutes ses formes (monocultures, élevages géants intensifs confinés) qui utilise des molécules (engrais, hormones, pesticides), dérivées du pétrole ou de synthèse, afin d’augmenter la productivité au mètre carré et la vitesse de croissance des plantes et animaux, donc les profits, polluant ainsi tous les milieux, toutes les chaînes alimentaires, et impactant directement la santé humaine. L’emploi massif en médecine d’antibiotiques (entraînant l’apparition de bactéries résistantes à ceux-ci), celui en agriculture de pesticides comme le glyphosate, de molécules interférant avec les hormones humaines et animales (perturbateurs endocriniens), la multiplication des irradiations en imagerie médicale, ont des effets pathogènes, cancérigènes et mutagènes sur les humains, mais ils sont de puissants générateurs de plus-value pour l’agro-industrie, pour l’industrie pharmaceutique et celle qui produit les équipements hospitaliers « hyper-pointus ».
Enfin, le collapse sanitaire va être grandement facilité dans le monde entier par la faiblesse et la désorganisation des systèmes de santé, qui sont souvent totalement ou presque gérés par le secteur privé, ou qui tendent à l’être de plus en plus dans les pays qui jusqu’à récemment avaient des systèmes de santé publics performants. C’est le cas de la France, où la destruction en cours de l’hôpital public avec la fermeture d’établissements et la disparition de lits et de soignants, les coups de boutoirs du patronat pour la privatisation de la Sécurité Sociale, la multiplication des déserts médicaux, remettent de plus en plus en cause le principe républicain de l’égalité des citoyens face à la maladie. Les attaques contre la santé aux USA depuis la ré-élection de Trump vont dans le même sens en pire. Le secteur pharmaceutique mondial est aux mains de puissants lobbies dont la préoccupation majeure est le profit (garanti par les brevets) et pas la santé publique. L’OMS, qui depuis sa fondation en 1948 a manifesté une complaisance indéniable avec les lobbies nucléaire (notamment par l’accord la liant à l’AIEA, l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique), pétrolier, pharmaceutique et autres, n’est que partiellement au service de la santé des populations [9, 12]. La combinaison de ces différents facteurs rend les conditions mondiales de santé des populations de plus en plus fragiles, et susceptibles de basculer rapidement dans une situation catastrophique en cas de crises synchrones dans divers domaines (sanitaire, alimentaire, politico-social, migratoire, militaire, etc.).
Le collapse environnemental
Les extinctions (définitives) massives d’espèces (et pas seulement de populations), qui ont commencé depuis les débuts de l’anthropocène, ont pris depuis le milieu du 20e siècle une ampleur inégalée à cette vitesse dans l’histoire de la vie sur terre. Cette ampleur a longtemps été niée non seulement par les médias, mais même par les biologistes, qui au lieu d’en tirer les enseignements et les prévisions qui s’imposaient, concernant notamment les bouleversements irréversibles des principaux écosystèmes et biomes mondiaux, ont eu l’outrecuidance de prétendre pouvoir « sauver » ou « conserver » les espèces sans s’attaquer aux sources de ces extinctions, qui résident dans le fonctionnement prédateur et destructeur de la vie sur la planète du capitalisme décomposé de la fin du 20e et du début du 21e siècle. Une approche anthropomorphique de cette question, en se concentrant sur les grands mammifères et oiseaux (ours, vautours) et en ignorant le fait que ces deux groupes représentent moins de 1 % des espèces du globe, que sans doute les espèces connues de la science au début du 21e siècle représentent seulement 10 % des espèces vivantes et probablement bien moins, et que nous ignorons quasiment tout du rôle de la très grande majorité d’entre elles dans le fonctionnement de la biosphère, aveugle complètement notre compréhension de ce dernier et des conséquences de ces extinctions encore plus massives et rapides que toutes celles qui l’ont précédée depuis l’apparition de la vie sur terre, y compris celles des ammonites et des dinosaures. Que la communauté scientifique investisse des milliers de chercheurs, des milliards d’heures de travail et des sommes astronomiques (c’est le cas de le dire) dans la recherche de la vie sur d’autres planètes (ce qui n’est certes qu’un prétexte offert aux médias et au « grand public » sous leur coupe, pour le contrôle militaro-policier des citoyens du globe et la préparation des prochains grands conflits mondiaux), au lieu de se consacrer à l’inventaire des espèces encore vivantes du globe (qui n’intéresse personne hormis quelques « naturalistes ») et à leur rôle dans l’« économie » (au sens ancien du terme) de la biosphère est hallucinant, scandaleux et impardonnable [15]. Au-delà des conséquences directement visibles pour les humains, comme la déplétion mondiale des abeilles et autres pollinisateurs due notamment à l’utilisation de pesticides ou des stocks mondiaux de poissons due à la surpêche, l’augmentation depuis le milieu du 20e siècle de la déforestation dans les régions tropicales du monde, de la pollution sous diverses formes des eaux, de sols et de l’air, et de toutes les agressions liées à l’exploitation et la disparition progressive de toutes les ressources non renouvelables de la planète, est responsable du collapse environnemental en cours, dont la multiplication des pandémies humaines évoquée ci-dessus n’est qu’un aspect. L’humanité ne pourra survivre sur une planète où, comme dans Le voyageur imprudent de Barjavel [16], les seuls animaux subsistants seraient les chiens et les vaches, les seuls plantes les patates et le riz, les seuls sols des dalles de béton et d’asphalte, les seules eaux celles enfermées dans des espaces artificiels soi-disant « contrôlés » par des humains. Étant donnée son importance, et surtout l’ampleur planétaire des destructions qui en sont la cause, la crise mondiale de la biodiversité ne s’arrêterait pas même si l’espèce humaine disparaissait demain, les extinctions continueraient à se multiplier encore longtemps, mais tant que notre civilisation actuelle perdurera, l’approfondissement de cette crise augmentera chaque année, chaque décennie, et impactera les humains comme tous les autres êtres vivants du globe.
Le collapse climatique
Il n’est plus nécessaire maintenant d’évoquer en détail cet aspect du collapse qui fait maintenant quasiment consensus, tant ses conséquences en matière de fonte des glaciers, de montée du niveau des mers, de phénomènes climatiques extrêmes, de méga-incendies de forêts, de destruction des sols, de désertification, de perte de biodiversité, de modification des écosystèmes, etc., sont visibles de tous. Même si le consensus concernant la cause anthropique de ces catastrophes fait encore l’objet de pseudo-polémiques de la part de « climato-sceptiques », la plupart de ceux-ci agissent de manière consciente et délibérée au service des lobbies pétroliers, houillers, chimico-agro-industriels, pharmaceutiques et des États à leurs services, et ne relèvent pas de la discussion scientifique mais de la propagande et de la manipulation de l’opinion [17‒18] et ne méritent plus d’être débattues mais seulement combattues avec la plus grande énergie.
Plus préoccupant est le fait que récemment ce phénomène, qui n’est qu’un aspect du processus de pré-collapse général en cours, en est venu à devenir « l’arbre qui cache la forêt » et à attirer toute l’attention des médias et de beaucoup d’écolos et « militants du climat ». Des sujets comme la pollution chimique et radioactive des sols, les conséquences environnementales et sanitaires de l’agriculture et de l’élevage intensifs (y compris l’élevage d’espèces marines de poissons et crustacés), ont tendance à être remplacés dans toutes les discussions par l’idée que le « bilan carbone » constituerait l’unique mesure des problèmes auxquels la biosphère et l’humanité sont confrontées, ce qui a permis récemment cette incroyable manipulation consistant à tenter de faire croire que le nucléaire, parce qu’il serait peu « gourmand en carbone », serait une énergie verte et devrait être réactivé, alors qu’il était en baisse régulière depuis des décennies. Face à la complexité des problèmes posés par la crise environnementale mondiale, toute pensée unifactorielle et simplificatrice est potentiellement porteuse de grandes erreurs ou instrumentalisations.
Le collapse économique
Je n’insisterai pas non plus ici sur le collapse économique, dont la perspective hante l’économie capitaliste mondiale à bout de souffle depuis des décennies, laquelle n’a pu repousser un effondrement économique mondial, dont la gravité sera bien plus profonde que celles de 1929 (Grande Dépression) ou de 2007‒2010 (Grande Récession), cette dernière étant une conséquence directe de la mondialisation et de la crise énergétique [19‒20], qu’en augmentant considérablement, depuis l’effondrement de l’URSS, l’exploitation, la paupérisation, l’ubérisation, la prostitution, l’esclavage, et pour tout dire l’expulsion hors de la société, de centaines de millions d’êtres humains sur toute la planète. Pour ce faire, les « maîtres du monde » ont bénéficié de la complicité de la plupart des appareils des organisations politiques et syndicales qui, même lorsqu’elles accédaient au pouvoir (ce qui fut le cas par exemple en France plusieurs fois depuis 1981) ont poursuivi et souvent aggravé les processus de déréglementation (du droit du travail, de couverture sociale et médicale), de privatisation, d’inégalités devant l’école, les impôts, l’accès aux services publics, à l’enseignement, aux soins, au logement, à une alimentation de qualité, à la culture, etc. Comme l’a bien montré la pandémie du Covid-19, dans le cadre de l’économie impérialiste mondiale actuelle, les situations de crises (qui vont aller en se multipliant et s’accélérant, dans tous les domaines) permettent pour le moment d’augmenter considérablement les plus-values, du fait de la complicité des gouvernements qui accèdent à toutes les demandes du capitalisme financier. Certes, cela n’aura qu’un temps, mais tant qu’il durera les patrons et spéculateurs ont bien l’intention d’en profiter à plein, en attendant de jouer d’autres cartes (policières et militaires) lorsque tout ce système économique artificiel s’effondrera comme un château de cartes.
Le collapse énergétique
Le collapse énergétique est directement lié à l’augmentation accélérée de la population humaine mondiale mais il ne s’agit pas d’une relation inéluctable et automatique : cette relation dépend des choix énergétiques effectués dans le cadre du capitalisme, dont le moteur est la maximisation des taux de profit et pas la satisfaction des besoins réels des populations humaines. Par « besoins » réels, il faut entendre besoins vitaux (y compris de culture, création, sports, loisirs), non pervertis par la création de « besoins » artificiels de la société « de consommation », « du spectacle » ou « de la publicité » (dans laquelle les médias, notamment télévisuels, jouent un rôle déterminant). Poser la question uniquement en termes de « décroissance » est inadéquat et contre-productif : de quelle « croissance » réelle devraient en effet se passer la majeure partie des populations humaines du globe privées de tout, et contraintes de vivre par procuration sur leurs écrans télévisuels ou téléphoniques la « vie rêvée des riches » ? Cette apparente contradiction renvoie à la confusion fréquente, entretenue par l’idéologie dominante, entre « croissance » et « progrès ».
La transition vers des énergies renouvelables, même si elle était considérablement accélérée par rapport à la situation actuelle et couplée avec une isolation mondiale des bâtiments, ne sera susceptible de résoudre qu’une partie des besoins énergétiques actuels de l’ensemble de l’humanité si les pratiques actuelles ne sont pas modifiées ou abandonnées dans des multitudes de domaines : notamment les transports et le commerce mondial (impliquant le remplacement des circuits longs par des circuits courts), l’utilisation de techniques énergivores pour de multiples activités et productions, dont un bon nombre sont créées artificiellement dans le seul but de générer des ventes et des profits (par exemple, les illuminations nocturnes de toutes les grandes villes du monde ou l’utilisation massive de la communication électronique, très énergivore, pour des activités ludiques, de propagande ou commerciales). Comme en réalité ces transitions, du fait de la résistance acharnée qu’y opposeront pied à pied les capitalistes tant qu’ils régneront à l’échelle mondiale, s’effectueront bien trop lentement, l’effondrement des réseaux électriques et de l’approvisionnement énergétique se produira localement ou régionalement, comme il l’a déjà fait, et s’approfondira lorsque les autres aspects du fonctionnement social commenceront à se dérégler puis s’effondrer. Dans les pays tempérés, la disparition des modes de chauffage traditionnels (quels bâtiments récents ont encore des cheminées fonctionnelles ?) aboutira inéluctablement à des situations dramatiques, comme ce fut déjà le cas localement ou régionalement certains hivers en Amérique du Nord notamment ‒ et que savons-nous de ce qui se passe dans les profondeurs de la Chine, de la Russie, du Brésil et de bien d’autres pays ? Le collapse énergétique sera doublé, et en partie causé, par un collapse des ressources de base et matières premières, à commencer par l’eau douce, à laquelle de plus en plus de populations ont un accès restreint et insuffisant, mais incluant notamment de nombreux minerais indispensables au fonctionnement des technologies dont dépendent maintenant l’agriculture et l’élevage dans le monde entier. L’exemple des « terres rares », ces métaux aux propriétés électromagnétiques particulières qui les rendent utiles ou indispensables dans divers domaines industriels et ont de nombreuses applications, comme la téléphonie ou le numérique, tout en étant sources de conséquences environnementales et sanitaires désastreuses, et dont la quasi-totalité de la production mondiale est contrôlée par la Chine, est très parlant à cet égard.
Le collapse culturel
La destruction progressive de la culture humaine sous toutes ses formes a pris une grande ampleur depuis la Deuxième Guerre mondiale. Cette « destruction du savoir en temps de paix » [21‒25] a touché les domaines les plus divers, mais c’est avant tout la dégradation, programmée par les « réformateurs » (à la sauce Jacques Attali, Claude Allègre, Jack Lang, Luc Ferry ou François Fillon) à la botte du capitalisme financier, des conditions et du niveau de l’enseignement, de la maternelle à l’université, qui a constitué le terreau principal de cette régression, particulièrement frappante en France. Internet, devenu la source principale d’« information » pour des millions d’humains, a pris brillamment le relais, mais c’est avant tout l’absence de socle solide de connaissances et de formation au raisonnement et à l’esprit critique qui sont responsables de cette détérioration, qui se traduit de mille manières, par exemples dans une hyper-simplification du langage et son inféodation à une idéologie très prégnante aux États-Unis, qui à la fois reflète et nourrit un appauvrissement de la pensée.
Le but de la manœuvre qui est derrière ces (contre-)réformes est lumineux : il s’agit de faire des enfants des travailleurs de dociles pions atomisés sans formation générale, corvéables, déplaçables et licenciables à loisir, inféodés aux entreprises locales, constamment espionnés et contrôlés, retournant à une situation comparable à de nombreux égards à celle du prolétariat du 19e siècle.
L’effondrement du syndicalisme massif, conséquence directe des trahisons répétées des directions syndicales depuis un siècle, et particulièrement lors des dernières décennies, a été un facteur puissant d’isolement et d’aliénation des travailleurs, les livrant individuellement à la propagande, renforcée par la tendance spontanée des êtres humains, êtres avant tout sociaux, à se conformer à la pensée dominante des groupes auxquels ils appartiennent, c’est-à-dire souvent l’idéologie bourgeoise, souvent habillée de l’apparence de l’« évidence » (« il n’y a pas d’alternative », « c’est la nature humaine », « soyons réalistes »). Cette régression de la conscience des masses, souvent ignorée ou niée par les « militants révolutionnaires professionnels » qui persistent à croire contre toute évidence en la clairvoyance sans faille des travailleurs, a joué un rôle important dans l’échec de nombreux mouvements révolutionnaires depuis un siècle, dont certes le stalinisme, la social-démocratie et même parfois l’anarchisme portent la responsabilité principale, mais dans lequel il serait erroné de nier le rôle de l’absence de culture au sein des masses de l’histoire du mouvement ouvrier et des luttes.
C’est justement cette confusion, dont les mois qui ont précédé et précèdent actuellement les élections présidentielles françaises, donne une claire illustration, avec la persistance des illusions sur le rôle positif que « la gauche » institutionnelle pourrait jouer dans cette mascarade pestilentielle [26], laquelle est destinée avant tout à tenter de colmater les brèches qui s’agrandissent d’année en année dans la carapace de la 5e République bonapartiste et réactionnaire, qui constituera le principal écueil lors des mouvements sociaux et révolutionnaires qui ne manqueront pas de se produire lorsque le collapse de notre civilisation s’accélérera soudain. La formation et l’organisation indépendante des travailleurs, hors du contrôle des appareils traditionnels du mouvement ouvrier et des associations et organisations délibérément hostiles à celui-ci, constitueraient dès maintenant un contre-feu crucial pour tenter d’éviter une défaite prévisible des mouvements révolutionnaires « défensifs » qui seront l’ultime recours contre le nouvel obscurantisme qui sinon ne manquera pas de suivre le collapse si des humains y survivent.
Le collapse démographique et migratoire
Comme bien d’autres « surprises » récentes, les vagues de migrations massives n’en ont été une que pour ceux qui ne regardaient pas plus loin que le bout de leur nez, comme en témoigne le Rapport secret du Pentagone sur le changement climatique qui date d’octobre 2003 [27]. Leurs causes sont diverses (conflits armés, génocides, dictatures sanguinaires, misère, maladies et famines, surpopulation et misère combinées avec désertification, perte de productivité de sols ou ressources halieutiques surexploitées, spéculation sur les matières premières et les produits d’origine végétale et animale, etc.). Le colonialisme, qui a pris de nos jours un nouveau visage, passant par les bourgeoisies locales gangrenées par la corruption, extraira des pays et populations « du Sud » jusqu’au dernier gramme de minerai, jusqu’au dernier régime de bananes, jusqu’à la dernière goutte de pétrole et de sang tant que la révolution prolétarienne n’aura pas balayé ces régimes décomposés. Jusque-là, des vagues de réfugiés (terme plus adéquat que celui de « migrants » qui s’appliquerait aussi aux exilés fiscaux) continueront d’affluer en Europe, en Amérique du Nord, en Australie et Nouvelle-Zélande, mais aussi entre pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Nord. Ces pays d’« accueil », plutôt en réalité de rejet, ne pourront indéfiniment, comme aujourd’hui, persister à repousser la majeure partie de ces millions d’hommes, femmes et enfants qui se mettent en marche vers des pays qu’ils perçoivent comme la seule solution à leur détresse, pour ne garder que les « travailleurs qualifiés » parmi eux, appauvrissant et affaiblissant encore plus leurs pays de départ. Il ne suffira pas non plus, si cela est possible, qu’ils modifient cette attitude pour en adopter une plus accueillante, dans l’espoir de surexploiter ces réfugiés jeunes pour remplacer leurs mains-d’œuvre vieillissantes et encore accrochées à des « droits sociaux » arrachés par leurs aînés lors de nombreux combats de classe. Ils devront mettre en place d’authentiques solutions pour intégrer ces millions de nouveaux citoyens tant que la situation de leurs pays de départ ne se sera pas considérablement améliorée. Il est peu probable qu’ils le fassent spontanément. Ce sera un nouvel enjeu de la lutte des classes, qui, s’il n’est pas résolu, risquera de déboucher sur des « guerres du climat » [28] et des « guerres de la misère » qui pourront contribuer au collapse politico-socio-militaire généralisé. Quant aux pays « de départ » de ces nouveaux déplacements massifs de populations, ils vont être de plus en plus confrontés à des crises sanitaires, alimentaires et sécuritaires ingérables, tant la différence aura augmenté entre les besoins des leurs populations excédentaires par rapport à leurs ressources alimentaires et hydriques et leurs possibilités matérielles de les résoudre, comme l’avaient prévu depuis longtemps les scientifiques non aveuglés par l’insupportable « optimisme mortifère » officiel du stalinisme dû à l’ignorance du principe pourtant simple de « capacité biotique du milieu » [29] ‒ faisant suite en cela à celui de Lénine et repris depuis par tous les « trotskistes ».
Le collapse nucléaire militaire
L’utilisation massive de l’énergie nucléaire date de moins d’un siècle. Elle a commencé avec l’explosion des bombes de Hiroshima et Nagasaki, issues du « projet Manhattan » qui mobilisa des centaines de milliers de chercheurs et techniciens et des moyens industriels sans précédents dans l’histoire de l’humanité, et fit basculer celle-ci, à l’issue de la « guerre de trente ans (1914‒1945) » [30], dans une nouvelle phase de son histoire qu’on peut dénommer le « nucléocène », car elle a ouvert une nouvelle relation entre les humains (abolissant toute limite éthique entre ce qu’il est considéré légitime et illégitime de faire) et entre ceux-ci et le reste du vivant, des cycles naturels et de l’intégrité de la planète [9].
Il est très significatif que l’introduction des concepts juridiques de « crime de guerre », de « génocide » et de « crime contre l’humanité » ait alors pu se faire en en excluant, sans résistance significative de la part d’aucun État ou gouvernement, ni surtout du mouvement ouvrier mondial, les abominations de Hiroshima et Nagasaki, nullement nécessaires d’un point de vue militaire pour mettre fin à la guerre contre le Japon mais constituant le premier acte de la « guerre froide » des USA et de ses vassaux ouest-européens contre l’URSS [9, 12]. Ce silence et cette inaction ont permis la prolifération nucléaire, c’est-à-dire l’apparition puis le développement progressifs d’arsenaux nucléaires gigantesques aux USA, puis en URSS (aujourd’hui en Russie), en Angleterre, en France, en Chine, en Israël, et plus récemment en Inde, au Pakistan et en Corée du Nord. Malgré les différents traités internationaux de désarmement et de non-prolifération nucléaires, qui ne sont en fait que de mauvaises plaisanteries, ces pays, surtout les cinq premiers, possèdent actuellement des arsenaux nucléaires susceptibles, s’ils étaient utilisés même seulement de manière très partielle, de détruire toute forme de vie sur le globe terrestre, non seulement par les destructions directes et la radioactivité qu’elles engendreraient, mais encore par l’« hiver nucléaire » qui en résulterait [31]. Si au 20e siècle, lors de la guerre froide, plusieurs alertes sérieuses ont risqué de fort peu de déclencher cette « guerre qui ne peut pas avoir lieu » [32], le « monde multipolaire » actuel, incluant des acteurs ne participant à aucun traité de non-prolifération, rend encore plus possible un tel déclenchement, même « accidentel » et « fortuit ».
La simple existence de ces arsenaux nucléaires dans le monde constitue aujourd’hui et de loin la menace la plus préoccupante de destruction de l’humanité et de toute vie sur le globe, qui pourrait être quasi-instantanée [12, 31‒35]. Cette menace est à ce titre bien plus « grave » pour l’instant que tous les autres risques de collapses envisagés ici, y compris le réchauffement climatique ‒ mais risque d’être détrôné assez vite par le risque de collapse numérique évoqué ci-dessous. La persistance du silence quasi-absolu du mouvement ouvrier mondial, de la « gauche » et des « écologistes » sur cette question, comme si l’existence du nucléaire militaire était inéluctable et que dans ce domaine certains pays (comme la Corée du Nord ou l’Iran) étaient « plus coupables » ou « plus dangereux » que d’autres (comme les USA ou la Russie), démontre que depuis 1945 ce mouvement est largement « hors sol » et n’a pas compris dans quel monde le « projet Manhattan » avait propulsé définitivement l’humanité, puisqu’on sait que déjà les radionucléides mis en circulation sur le globe persisteront dans l’environnement bien au-delà de la durée envisageable pour la vie terrestre [9]. Ce qui devrait être une priorité absolue de la lutte des classes mondiales, l’éradication totale de toute arme nucléaire de la planète, n’est considéré comme un objectif « réaliste » que par une poignée de militants raillés par toutes les organisations « raisonnables », qui seront peut-être toutes collectivement responsables et coupables de l’apocalypse nucléaire mondiale, qui n’a rien d’un scénario de film de science-fiction, mais deviendra de plus en plus plausible à mesure que la société mondiale se détériorera en raison des autres collapses évoqués ici.
Le collapse nucléaire « civil »
Le nucléaire « civil » n’a de civil que le nom. Il est l’enfant naturel du nucléaire militaire et est lié à lui par l’utilisation du même minerai, l’uranium, et son dérivé le plutonium, les mêmes technologies, la même culture militaire du secret, le même contrôle militaro-policier de la société et le même mépris agressif des populations. Du fait des dangers intrinsèques considérables qu’il représente, il est non seulement lié par nature à l’armée, mais il est porteur, en cas d’accident grave, d’une prise de contrôle de l’ensemble de la société par un régime totalitaire, comme cela a été montré et dénoncé très tôt [36]. Les accidents nucléaires majeurs, Tchernobyl et Fukushima, n’ont été une surprise pour aucune personne qui avait pris soin de s’informer, et les prochains, inéluctables comme l’admettent même les responsables de cette industrie mortifère [12], ne le seront pas non plus [37]. Aucun des accidents survenus n’a de cause entièrement « naturelle », mais ils impliquent tous des défauts de conception, de construction, de contrôle, et surtout des « erreurs humaines » inévitables. L’utilisation stupide de la formule « il n’y a pas de risque zéro » pour faire tolérer les risques encourus par les populations ‒ alors qu’elle devrait au contraire conduire à la conclusion qu’en raison de sa dangerosité majeure intrinsèque cette technologie ne devrait pas être employée du tout ‒ traduit le mépris des gouvernements qui continuent de l’utiliser pour leurs populations [12, 38]. La France, pays le plus nucléarisé du monde, est particulièrement concernée par cette mise en danger permanente de ses habitants, surtout depuis la multiplication des actes « terroristes ». La densité des centrales nucléaires sur notre territoire en font une concentration de cibles pour des attaques en temps de paix et encore bien plus en temps de guerre [12].
Au même titre que pour le nucléaire militaire, la principale nuisance du nucléaire « civil » n’est pas dans les destructions matérielles et humaines immédiates causées par ces accidents, certes effroyables mais limitées dans le temps, mais par la dispersion dans l’environnement terrestre, aérien et marin de radionucléides dont certains, les fameux « déchets nucléaires » dont nul ne sait que faire, ont une durée de vie supérieure à celle prévisible pour la vie terrestre. Ces radionucléides sont responsables d’atteintes pathogènes, cancérigènes, tératogènes et surtout génétiques transmissibles à la descendance des irradiés, qui augmente de manière irréversible le « fardeau génétique » de l’humanité [39]. Les manipulations de l’AIEA et de l’OMS, prétendant qu’il existerait des « seuils » en-dessous desquels les « faibles doses » n’auraient pas d’effets délétères, alors que le contraire a été démontré [9, 12], ou leur négation des données démographiques démontrant que les bombes de Hiroshima et Nagasaki, les accidents de Three Miles Islands, Tchernobyl et Fukushima, ou même le fonctionnement « normal » des centrales nucléaires ont entraîné et continuent à entraîner des millions de décès de foetus humains avant la naissance [12]. Elles traduisent leur inféodation au « lobby nucléaire » et contribuent, avec les molécules cancérigènes répandues dans l’environnement, à exonérer cette industrie de sa responsabilité, y compris dans l’augmentation des taux de cancers sur la planète depuis 75 ans, qui en font une véritable « épidémie » silencieuse touchant tous les habitants du globe et nullement due, contrairement à une idée fausse largement répandue, à une augmentation de l’espérance de vie, puisqu’elle touche hommes et femmes à tous les âges.
La récente instrumentalisation par Macron et bien d’autres du concept de « bilan carbone » pour tenter de faire du nucléaire une énergie « propre » car « décarbonée », ce qui est faux (car de l’extraction et du transport de l’uranium à la production finale d’électricité la filière nucléaire produit quantité de gaz à effet de serre) est une manipulation inacceptable, au regard des dangers inévitables de cette industrie, qui aurait dû susciter de la part de toutes les organisations ouvrières et « démocratiques » une réaction immédiate et puissante, déclarant que cette annonce était un casus belli [40] et mobilisant massivement militants et populations pour exiger une marche arrière, mais ici aussi l’inculture scientifique, l’inconscience et/ou la complicité ont joué, et aucun mouvement massif n’a eu lieu. Elle a aussi pour fonction de ralentir le développement des énergies. En route donc pour de nouveaux « Tchernoshimas », que les divers autres éléments de « collapse » (baisse de niveau des mers et des cours d’eau notamment) rendront de plus en plus probables.
Un aspect particulier de la question du nucléaire est son rôle déterminant dans le développement de la soi-disant « recherche spatiale », présentée quasi-unanimement comme nécessaire, sinon indispensable, au progrès futur de l’humanité, alors que seule une minime partie de ses retombées sont utiles au « bien commun » mais que ses principales motivations sont commerciales, policières et militaires. Une société réellement au service des humains mettrait fin immédiatement à tous ces programmes, qui contribuent au maintien et au développement de de l’industrie nucléaire.
Technologies diverses
L’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles molécules dans notre environnement et nos sociétés n’a jamais été aussi rapide et massive que depuis la deuxième guerre mondiale. Beaucoup d’entre elles le sont après n’avoir été testées que très peu de temps, dans de très peu de conditions, et sans tenir compte de leurs potentielles interactions avec d’autres technologies et éléments de l’environnement ‒ et de plus en plus souvent malgré une forte mobilisation des chercheurs impliqués et compétents dans ce domaine contre cette introduction ou peu après celle-ci, mais afin pour leurs instigateurs de s’assurer la priorité et, au moins pour un temps, l’exclusivité de leur exploitation. C’est une des conséquences de la crise du capitalisme qui exige de la part des entrepreneurs une réactivité et une proactivité de plus en plus fortes pour s’assurer une part conséquente de la plus-value disponible.
Chacune de ces nouveautés introduite de manière trop rapide, par exemple de nouveaux produits destinés d’emblée à un emploi à large échelle, notamment en agriculture, élevage et santé humaine, est susceptible d’avoir des conséquences délétères imprévues, comme l’ont été celles des cancers dus à l’amiante, de l’encéphalopathie spongiforme bovine due à des farines animales, ou du développement de la résistance des micro-organismes aux anti-microbiens en raison d’une utilisation trop massive et indiscriminée de ceux-ci.
Beaucoup des risques liés à ces nouvelles technologies restent pour l’instant flous et incertains, mais ce qui est sûr c’est qu’il serait mal avisé de faire confiance aux gouvernements actuels de la planète, et même à leurs « comités d’éthique », pour les évaluer et prévenir efficacement à notre époque où les capitalistes en crise recherchent en permanence de nouvelles sources de profit et disposent de lobbies puissants, y compris dans la presse et sur les « réseaux sociaux » : l’absence de réaction significative de tous ces gouvernements aux cris d’alarmes répétés de la communauté scientifique, notamment à travers les COP, suffit pour comprendre leur niveau d’implication pour leur défense des populations lorsque celle-ci limiterait les profits.
Parmi les domaines où de tels risques majeurs sont dénoncés à l’avance par de nombreux scientifiques figurent : les diverses techniques de géo-ingéniérie [41], destinées selon leurs partisans à remédier au changement climatique sans changer le modèle capitaliste de croissance et de consommation, mais qui sont susceptibles d’avoir des effets bien pires que ce qu’elles sont censées combattre ; la production et l’utilisation de « polluants éternels » perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), à grande stabilité dans l’environnement, ayant une grande diversité d’action nocives dans le milieu naturel, l’eau, les produits alimentaires et le corps humain, et sont décrits par certains experts comme « la plus grande menace chimique au XXIe siècle » mais ne sont pas encore interdits, alors que le « plan d’action » gouvernemental, qualifié de « diversion » par le député écologiste Nicolas Thierry, se heurte à un blocage résolu des lobbies industriels concernés [42] ; les multiples nanotechnologies, encore mal connues du grand public français mais qui font l’objet d’une « veille d’information citoyenne » [43] et sont caractérisées par le collectif très productif et compétent Pièce et Main d’Œuvre comme « un nouveau totalitarisme » [44] ; l’« édition » des acides nucléiques, notamment par la technique CRISP, qualifiée par la CIA d’« arme de destruction massive potentielle » [45] ; les « bactéries miroirs », contre lesquelles en décembre 2024, dans la revue Science, 33 scientifiques ont mis en garde, arguant que ces organismes artificiels pourraient détruire toute vie sur terre [46]. Cette liste n’a aucune prétention à l’exhaustivité, mais notons que plusieurs de ces menaces graves concernent les organismes vivants, ce que j’avais évoqué sous le terme ironique de « Tchernobiol ». Il serait de toute manière impossible d’établir une liste complète de celles-ci, car beaucoup de recherches dans ces domaines sont menées secrètement sous le contrôle direct des États, étant destinées à nourrir leurs arsenaux d’armes NBC (nucléaire, bactériologique et chimique), et impliquent l’isolement, la modification et la création de souches nouvelles de bactéries et virus, ou de molécules mortifères, qui si elles « s’échappent » des laboratoires « ultra-sécurisés » où elles sont conservées seront susceptibles de se répandre dans le milieu et la population humaine.
Les remarques qui précèdent ne signifient pas qu’à mon avis il y a actuellement trop de recherche scientifique et qu’il faudrait s’orienter vers une « décroiscience » [47]. Il n’y a actuellement pas trop de science, il n’y en a pas assez. La grande majeure partie de la production scientifique actuelle est orientée vers des applications technologiques, et de surcroît la majorité de celles-ci ne sont pas utiles à l’humanité mais participent aux profits des entreprises et des banques. En réalité, on manque encore de données de base sur une grande quantité de questions cruciales. Pour n’en prendre qu’un exemple, alors que cela fait des dizaines d’années que les scientifiques et les médias parlent de « 6e extinction », il est probable que la majorité du public et même des scientifiques ignorent que nos n’avons encore qu’une idée très vague du nombre d’espèces vivantes qui ont peuplé et peuplent la planète, de leurs grands groupes taxonomiques et de leurs taux actuels et futurs d’extinction. Actuellement la science n’en a décrit et nommé qu’environ 2 millions (et vraiment étudié seule une infime partie de celles-ci), mais on n’a même pas d’estimation fiable sur leur nombre total, disons au début du 20e siècle : était-il de 8, 12, 50, 100 millions ou plus ‒ tout simplement car cette information n’est d’aucun intérêt pour les capitalistes ‒ alors qu’il n’a fallu que quelques années ou dizaines d’années pour créer la première bombe atomique, cartographier la planète pour créer le réseau GPS ou séquencer le génome humain [48].
Il ne faut pas trop compter sur la « communauté scientifique » pour redresser cette situation. Même si de timides mouvements se font jour au sein de celle-ci pour exiger que la recherche devienne « responsable » et réponde aux besoins des populations et pas des capitalistes, ce problème est complexe, se trouvant à la croisée de la curiosité intellectuelle des chercheurs, de leurs souhaits de carrières brillantes dans un milieu institutionnel où la compétition l’emporte de loin sur la collaboration (qui devrait être la règle en science), de leurs rêves de gloire (symbolisés par le prix Nobel) et des intérêts des industriels et des actionnaires. Pour l’instant, l’action d’associations comme Sciences Citoyennes [49] reste d’un impact limité sur l’ensemble des sciences.
Le collapse numérique
Le collapse numérique est fort peu évoqué, comme si cette « merveille technologique » du numérique, à laquelle nous devons l’informatique, la bureautique, internet, Google, les bases de données, les Big Data, le commerce en ligne, le GPS, l’espionnage commercial et policier des citoyens et tant d’autres applications devenues « indispensables » aux habitants actuels de la planète était de ce fait même intouchable et protégée, car son effondrement mondial serait « trop horrible », car il remettrait en cause des pans entiers du fonctionnement de la société mondiale actuelle. Mais, comme l’écrivait Jean Rostand [50], il n’existe pas de « preuve par l’horrible ». Internet, et plus généralement les réseaux électroniques mondiaux, sont d’origine militaire et étatique (pas privée), et les États les plus puissants du globe ont la possibilité technique et militaire d’y mettre fin très vite, localement ou totalement, si ou lorsque le besoin s’en fera(it) sentir, c’est-à-dire avant tout en cas de conflit militaire majeur. Rappelons-nous la première guerre du golfe, et comment en quelques heures Bagdad s’est retrouvée sans internet, sans informatique, tous les fichiers, archives et communications militaires ayant été purement et simplement effacés par des « e-bombs » (bombes électromagnétiques) larguées par l’armée américaine. Face à de telles armes, seuls des bâtiments très coûteux faisant office de cages de Faraday peuvent protéger les équipements, et si les armées des pays riches, les grandes banques et certains programmes techno-scientifiques peuvent s’en payer le luxe ce n’est pas le cas du reste de la société. Nul doute par ailleurs que depuis la guerre du golfe les technologies permettant la destruction des bases de données et surtout des systèmes électroniques de communication militaire de l’ennemi ont dû faire des progrès considérables. Et imagine-t-on qu’en cas de guerre importante les États-Unis continueront à fournir à l’armée adverse les informations très précises qui sont aujourd’hui accessibles à tous par GPS, Google Earth ou d’autres applications ?
Les États ne sont pas les seuls acteurs possibles dans ce domaine. Le cyber-terrorisme, qui fait actuellement l’objet de progrès rapides et importants, peut être le fait de petits groupes indépendants ou contrôlés seulement de loin par des États. Le « terrorisme classique » est susceptible d’intervenir aussi dans ce domaine, par exemple en détruisant physiquement des centres de données, des serveurs informatiques ou des réseaux de fibres optiques.
Il y a déjà eu des « mini-collapses » numériques, qui ont entraîné des pertes de fichiers et de bases de données ou des arrêts de fonctionnement de services, mais ces accidents ont été rapidement réparés et les conséquences en ont été limitées. En revanche, en raison de la dépendance devenue gigantesque de la plupart des activités vis-à-vis du numérique, un collapse informatique mondial ou touchant un continent ou une large région, qu’il soit d’origine accidentel, « terroriste » ou étatique, pourrait désorganiser considérablement le fonctionnement de tous les pays concernés, aboutissant à des accidents industriels, un arrêt de la plupart des services privés et publics, des catastrophes sanitaires et alimentaires, des émeutes, massacres et migrations. Un tel collapse réduirait presque à zéro les communications, entraînerait des pertes incommensurables d’information, et ne pourrait être « réparé » que très lentement.
Toutefois, en réalité, un tel collapse, en soi, s’il perturberait certes considérablement le fonctionnement actuel de nos sociétés, n’entraînerait pas la fin de l’humanité, qui a vécu et proliféré sur terre plusieurs centaines de milliers d’années sans informatique et numérique. De plus, il n’aurait pas que des aspects négatifs. Il libérerait les populations de l’emprise des GAFAM, de la surveillance policière et commerciale permanente, du contrôle des pensées, des désirs et des actions. Il pourrait agir comme un « choc salutaire » réveillant quelqu’un qui était sous emprise, sous hypnose, et lui rendant à la fois la fragilité mais aussi la force de l’autonomie. Certes, il constituerait un choc considérable pour une partie des « esclaves numériques » qui constituent actuellement une partie de l’humanité, notamment parmi les travailleurs, qui s’en trouveraient dans un premier temps très perturbés, comme un alcoolique, un fumeur ou un drogué soudainement sevré, que son « syndrome de Stockholm » amènerait à regretter son emprise, mais de toute manière cette libération, contrainte ou voulue, constituera un passage obligé si l’humanité doit survivre au collapse généralisé qui, de toute manière, aura très vraisemblablement lieu.
Une dimension nouvelle et très importante de cette question est apparue très récemment avec le développement public d’une rapidité inattendue de la soi-disant « intelligence artificielle » (IA), qui en quelques années a pris une place démesurée dans notre société, qui est porteuse de dangers considérables et multiformes pour l’humanité, mais est avant tout au service du capitalisme. Ce point complexe, que j’ai déjà abordé brièvement [51] ne sera pas développé ici mais méritera une analyse séparée.
La synergie des collapses
La présentation qui précède est non seulement extrêmement sommaire, elle est fausse dans la mesure où les différents collapses qu’elle évoque sont présentés séparément, comme s’ils étaient indépendants. Or, ils sont et seront non seulement concomitants mais également interactifs, ils se combinent et se combineront, se nourrissent et se nourriront les uns les autres. Il ne s’agira pas non plus de simples additions, mais de relations synergiques, dialectiques, où les effets de chaque crise multiplieront et modifieront ceux des autres. C’est pourquoi, il n’est pas difficile de prédire, sans grand risque de se tromper, que le « collapse généralisé », lorsqu’il commencera vraiment (pour l’instant, nous n’assistons qu’à ses prémices), s’accélérera très vite [52] et surprendra tous les stratèges dont la pensée mécanique et simplificatrice ignore la complexité dialectique des relations entre les différentes parties du puzzle évoqué ci-dessus. Parvenu à ce stade, ce collapse rappellera les grands effondrements civilisationnels du passé comme celui de l’empire inca ou celui de l’URSS. Il sera alors trop tard pour pouvoir stopper la catastrophe, ce qu’il aurait peut-être été encore possible de faire il y a quelques dizaines d’années en mettant à bas le système politico-social du capitalisme dans sa forme ultime, l’impérialisme mondialisé. Il ne subsistera alors que la possibilité de gérer l’« après-collapse », si du moins un conflit nucléaire majeur n’a pas mis un terme définitif à l’« aventure humaine ».
Conclusion : ces méchants collapsologues
À mesure que se répandait la conscience de tous les éléments ci-dessus qui indiquent la très forte probabilité d’un collapse environnemental, climatique et civilisationnel, se répandait également la caractérisation de ceux qui tentaient de jouer le rôle de « lanceurs d’alerte » à cet égard comme de dangereux « complotistes » : les collapsologues ! Ils nous annoncent le pire pour l’avenir, sur la base de prédictions hallucinantes et invérifiables, faisant fi de l’« injonction d’optimisme » qui perfuse toute notre société [53]. Ce faisant, ils sapent la confiance que nous devons tous avoir dans nos institutions, notre gouvernement, la science et la technique. Au lieu de répondre aux arguments avancés par ceux-ci, il est donc important de les attaquer sur le terrain psycho-sociologique, en les caractérisant comme des pessimistes pathologiques ou des millénaristes [38].
Le terme indéfini de « complotistes » est bien pratique à cet égard. Il permet de rejeter comme inacceptable et dangereuse toute « interprétation » du monde et du fonctionnement de la société qui ne soit pas en accord avec ce que « la société dit d’elle-même », c’est-à-dire avec l’idéologie dominante de la société capitaliste, concentrée dans la formule thatchérienne TINA (« there is no alternative ») et illustrée en l’occurrence, concernant le collapse, par l’opposition schématique entre une vision « optimiste » (on trouvera bien des solutions technologiques à ces problèmes, comme la géo-ingéniérie pour le réchauffement climatique ou la « résurrection d’espèces » pour les extinctions d’espèces) et une vision « pessimiste » ou« fataliste » (on n’y peut rien, c’est ainsi). Or, comme le disaient dans des termes différents Spinoza et Trotsky, le devoir des humains n’est ni de rire ni de pleurer mais de tenter de comprendre, pour pouvoir agir à bon escient au lieu de rester paralysés devant la gueule du serpent. À cet égard, la méthode scientifique pour l’analyse de l’histoire et du fonctionnement du monde et de « la nature », et la méthode du matérialisme historique (ou marxisme) pour l’analyse de l’histoire et du fonctionnement des sociétés humaines, sont des guides incomparables, même si elles ne sont ni parfaites ni exhaustives. Ce qu’elles nous disent n’est souvent ni ce que nous souhaiterions entendre, ni ce que les sociétés considèrent comme des « vérités simples », rejetant toute autre interprétation comme complotiste ou séditieuse. Les militants ouvriers doivent garder ces idées en tête et ne pas céder à la vulgate considérant comme complotiste toute remise en cause des idées dominantes, car ce faisant ils courent le risque de voir leurs propres idées et analyses traitées de la même manière.
Il n’y a certes pas d’absolue certitude que le collapse va avoir lieu, et encore moins quant aux dates des divers basculements qui vont y mener et quant aux modalités de ceux-ci, mais le faisceau d’éléments en faveur de la probabilité d’un collapse généralisé de la biosphère et de la civilisation humaine lors des années ou décennies immédiates à venir est écrasant. Il est également parfaitement clair que la cause de ce futur collapse aura été l’activité humaine, non pas de « l’Homme » en général, qui n’existe pas en tant qu’entité unique et centralisée, mais le recours à des pratiques destructrices de l’environnement par un mode d’organisation sociale bien précis, le capitalisme. Un rôle déterminant de la situation « désespérée » actuelle a été joué par l’échec de la révolution prolétarienne mondiale pendant un siècle crucial, qui a permis à ce mode d’organisation de perdurer bien au-delà de sa « date de péremption », la classe sociale dont la place dans les rapports sociaux lui aurait permis de renverser ce système ayant été trahie par ses « représentants » sociaux-démocrates et surtout staliniens [54], et n’ayant pas été capable de se débarrasser d’eux. Dans l’évolution des sociétés, comme lors du développement des organismes et leur évolution, il existe des seuils, des points de non-retour. Les conditions de la révolution mondiale, qui étaient réunies au début du vingtième siècle, mais avaient déjà « commencé à pourrir » au milieu de celui-ci [55], ne sont plus réunies aujourd’hui, et les freins à leur rétablissement, en l’absence d’organisation(s) révolutionnaire(s) mondiale(s) de masses sont d’une telle puissance et prégnance qu’il serait fort présomptueux de prétendre y parvenir avant le collapse. Les révolutions locales continuent à se multiplier sur toute la planète, comme au siècle précédent, mais, comme en témoignent entre autres les révolutions arabes et les « révolutions Gen-Z », si elles aboutissent parfois au renversement des gouvernements en place, elles ne parviennent pas à établir un nouveau pouvoir, au service du peuple. Ceci certes n’interdit pas de s’organiser et de se battre pour tenter de préparer les conditions de la prise du pouvoir, ce qui exigera de l’arracher à la bourgeoisie et d’engager les changements drastiques dans le fonctionnement sociaux qui permettraient de réduire l’impact du collapse. De toute manière, ces efforts d’organisation ne seront pas vains, car ils permettront de commencer à préparer ce qui deviendra la priorité lors du collapse, à savoir la prise de contrôle des postes de pouvoir et de commandement. Nul doute par ailleurs que le Pentagone et les autres états-majors ont déjà des plans militaro-policiers pour contrôler les survivants et leur imposer au minimum le silence, sinon pire : à cet égard, les méthodes déjà expérimentées pour gérer les massacres et catastrophes nucléaires (Hiroshima et Nagasaki, Maïak, Tchernobyl et Fukushima) ou autres (ouragan Katrina, tsunamis récents) et tenir les populations civiles dans l’ignorance de ce qui se passe et les empêcher de s’organiser pour y faire face, auront joué un rôle de répétition générale.
Alain Dubois, 19 janvier 2022 et 20-28 décembre 2025.
Paru initialement sur le blog L’Herbu.
Notes
[1] Le présent texte reprend pour partie des textes déjà publiés sur ce site et d’autres (Arguments pour la Lutte sociale, L’herbu, Mediapart), mais mis à jour et augmentés.
[2] Claude Lorius & Laurent Carpentier (2010). Voyage dans l’anthropocène, cette nouvelle ère dont nous sommes les héros. Actes Sud.
[3] Christophe Bonneuil & Jean-Baptiste Fressoz (2016). L’événement anthropocène. La terre, l’histoire et nous. Nouvelle édition révisée et augmentée. Seuil.
[4] Ian Angus (2018). Face à l’anthropocène. Le capitalisme fossile et la crise du système terrestre. Écosociété.
[5] François Gemenne & Aleksandar Rankovic (2021). Atlas de l’anthropocène. Deuxième édition actualisée et augmentée. Presses de Sciences Po.
[6] Catherine Larrère (2022). L’anthropocène: une époque pour les transitions ? Presses universitaires du Septentrion.
[7] Armelle Campagne (2017). Le capitalocène. Divergences.
[8] Jean-Marc Royer (2012). La science, creuset de l’inhumanité. Décoloniser l’imaginaire occidental. L’Harmattan.
[9] Jean-Marc Royer (2017). Le monde comme projet Manhattan. Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant. Le Passager Clandestin.
[10] Alain Dubois (2022). « Marxisme et biosphère. 4ème partie : collapsologie, optimisme et complotisme ». Arguments pour la Lutte sociale, 19 janvier 2022. <https://aplutsoc.org/2022/01/19/marxisme-et-biosphere-4eme-partie-collapsologie-optimisme-et-complotisme>.
[11] Alain Dubois (2020). « Collapse acte 1. Le corona virus et le capitalisme ». L’herbu, 23 février 2020. <https://lherbu.com/2020/02/collapse-acte-1-le-coronavirus-et-le-capitalisme>.
[12] Alain Dubois (2012). Jean Rostand, un biologiste contre le nucléaire. Berg International.
[13] Alexis Lécu (2020) « Des chauves-souris aux visons : les rôles passés, actuels et futurs des animaux dans la Covid-19 ». The Conversation, 5 novembre 2020. <https://theconversation.com/des-chauves-souris-aux-visons-les-roles-passes-actuels-et-futurs-des-animaux-dans-la-covid-19-138279>.
[14] Yann Faure & Yves Sciama (2021) « Les élevages de visons en Chine à l’origine du Covid-19 ? Les indices s’accumulent ». Reporterre, 8 janvier 2021. <https://reporterre.net/Les-elevages-de-visons-en-Chine-a-l-origine-du-Covid-19-Les-indices-s-accumulent?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_hebdo>.
[15] Jared Diamond (2000). Le troisième chimpanzé. Essai sur l’évolution et l’avenir de l’animal humain. Gallimard.
[16] René Barjavel (1944). Le voyageur imprudent. Denoël.
[17] Stéphane Foucart (2010). Le populisme climatique. Claude Allègre et Cie, enquête sur les ennemis de la science. Denoël.
[18] Stéphane Foucart (2013). La fabrique du mensonge. Comment les industriels manipulent la science et nous mettent en danger. Denoël.
[19] Yves Cochet (2019). Devant l’effondrement. Essai de collapsologie. Les Liens qui Libèrent.
[20] Yves Cochet (2024). Précisions sur la fin du monde. Les Liens qui Libèrent.
[21] Bernard Sergent (2004) La guerre à la culture. La logique marchande et les attaques contre l’intelligence. L’Harmattan.
[22] Corinne Abensour, Bernard Sargent, Édith Wolf & Jean-Philippe Testefort (sous la direction de) (2007). De la destruction du savoir en temps de paix. École, université, patrimoine, recherche. Mille et une Nuits.
[23] Franz Schultheis, Marta Roca i Escoda & Paul-Frantz Cousin (sous la direction de) (2008). Le cauchemar de Humboldt. Les réformes de l’enseignement supérieur européen. Raisons d’Agir.
[24] Christophe Granger (2015). La destruction de l’université française. La Fabrique.
[25] Alain Borer (2021). « Speak white ! ». Pourqui renoncer au bonheur de parler français ? Gallimard.
[26] Alain Dubois (2021). « Le boycott déconstituant, une révolution copernicienne ». Arguments pour la Lutte sociale, 24 décembre 2021. <https://aplutsoc.org/2021/12/25/le-boycott-deconstituant-une-revolution-copernicienne-par-alain-dubois>.
[27] Rapport secret du Pentagone sur le changement climatique (2006). Allia.
[28] Harald Welzer (2009). Les guerres du climat. Pourquoi on tue au XXIe siècle. Gallimard.
[29] Bertrand Russell (1952, réédition 2025). Les dernières chances de l’homme. Traduction Pierre Péju. Les Belles Lettres.
[30] Eric Hobsbawm (1999). L’âge des extrêmes : le court XXe siècle, 1914‒1991. Complexe.
[31] Jared Diamond (2020). Bouleversement. Les nations face aux crises et au changement. Gallimard.
[32] Jean-Pierre Dupuy (2018). La guerre qui ne peut pas avoir lieu. Essai de métaphysique nucléaire. Desclée de Brouwer.
[33] Paul Quilès, Bernard Normain & Jean-Marie Collin (2013). Arrêtez la bombe ! Le Cherche Midi.
[34] Noam Chomsky (2014). Guerre nucléaire et catastrophe écologique. Agone.
[35] Noam Chomsky (2020). Danger d’extinction. Changements climatiques et menace nucléaire. Écosociété.
[36] Les Amis de la Terre (1975). L’escroquerie nucléaire. Stock.
[37] Ulrich Beck (2011). « Enfin l’ère postnucléaire ». Le Monde, 10–11 juillet 2011 : 16.
[38] Thierry Ribault (2021). Contre la résilience, à Fukushima et ailleurs. L’Échappée.
[39] Hermann J. Muller (1950). « Our load of mutations ». American Journal of human Genetics, 2 : 111‒176.
[40] Alain Dubois (2021). « Non à la relance du nucléaire ! Macron démission immédiate ! » L’herbu, 11 novembre 2021. <https://https://lherbu.com/2021/11/non-a-la-relance-du-nucleaire-macron-demission-immediate.html>.
[41] Clive Hamilton (2013). Les apprentis sorciers du climat : raisons et déraisons de la géo-ingénierie. Seuil.
[42] AFP (2023). « Polluants éternels : l’État dit agir ‘sans tarder’, selon un rapport. » Le Point, 14 avril 2023. <https://www.lepoint.fr/societe/polluants-eternels-l-etat-doit-agir-sans-tarder-selon-un-rapport-14-04-2023-2516343_23.php>.
[43]Association Avicenn (2025). « Veillenanos ». <https://veillenanos.fr>.
[44] Pièces et Main d’Œuvre (2006). Aujourd’hui le nanomonde : nanotechnologies, un projet de société totalitaire. L’Esprit Frappeur.
[45]Hervé Chneiweiss (2018). « Édition du génome : des possibilités inouïes qui posent des questions éthiques ». <https://www.inserm.fr/actualite/edition-genome-possibilites-inouies-qui-posent-questions-ethiques>.
[46]Hervé Chneiweiss, Ariel Lindner & Anne Imberty (2025). « Faut-il avoir peur des bactéries miroirs ? ». <https://inserm.fr/faut-il-avoir-peur-des-bacteries-miroirs>.
[47] Nicolas Chevassus-au-Louis (2025) Décroiscience. Agone.
[48] Alain Dubois (2025) « Chapter 6. Zootaxonomy in the century of extinctions. Time for field work and collections. In : David M. Williams & Quentin D. Wheeler, The new taxonomy : a science reimaginated, Taylor & Francis : 90‒111.
[49] <https://sciencescitoyennes.org/l_association/>.
[50] Jean Rostand (1959). Pensées d’un biologiste. Stock.
[51] Alain Dubois (2025). « Le mouvement ouvrier et les Trois Terribles Tigres. Introduction. » L’herbu, 19 janvier 2025. <https://lherbu.com/2025/01/le-mouvement-ouvrier-et-les-trois-tigres-de-feu.1.introduction>.
[52] Alain Dubois (2018). « Que faire après le dernier rapport du GIEC ? » L’herbu, 11 octobre 2018. <https://lherbu.com/2018/10/que-faure-apres-le-dernier-rapport-du-giec.html>.
[53] Alain Dubois (2021). « Collapse acte 2 : optimisme, résilience et négationnisme. » 19 juillet 2021. <https://lherbu.com/2021/07/collapse-acte-2-optimisme-resilience-et-negationnisme>.
[54] Le stalinisme, qui est toujours bien vivant mais sous diverses formes, a été à mon avis le facteur le plus important de l’histoire humaine depuis un siècle.
[55] Léon Trotsky (1938). « Programme de Transition. L’agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale. » Bulletin de l’Opposition, mai-juin 1938: 66‒68.