Le 17 juillet dernier, concluant un premier bilan des évènements moulinois autour de Murmures de la Cité, évènements de portée nationale, j’écrivais :
Notre combat à Moulins est donc fondateur, fondateur pour l’unité pour battre l’union des droites et imposer la démocratie dans ce pays.
M’être trouvé au centre de ce combat, et menacé par l’extrême droite, m’a apporté d’être invité dans une série de réunions locales qui dessinent un territoire : Sardent dans la Creuse, Nevers, Le Chautay dans le Cher, Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire), Autun, Mont-Saint-Jean-en-Auxois (Côte d’Or). Ce territoire, faussement appelé par les géographes la « diagonale du vide », est plutôt la diagonale de la destruction des services publics, a été la diagonale des Gilets jaunes, mais est présentement la diagonale du vote RN. Nous sommes quelques-unes et quelques-uns qui voulons en faire la diagonale de la résistance et de la contre-attaque.
Ce message, je l’ai aussi porté à Paris, en deux occasions, par un texte lu à l’assemblée débat du Cirque électrique (Soulèvements de la Terre, Sections Carrément Anti-Stérin …) le 8 novembre, et en étant présent, hier soir, en tant que syndicaliste, au Forum organisé par le Collectif Hors Cadre, qui regroupe des journalistes indépendants, dans le cadre d’une table ronde avec Céline Malaisé, conseillère régionale communiste d’Ile-de-France, Véronique Seiller, ex-coprésidente du Planning Familial, et Yann Raison du Cleuziou, universitaire spécialiste de la sociologie du catholicisme.
Ces journalistes indépendants, qui sont majoritairement des journalistes indépendantes, sont en train de cartographier et de dessiner la typologie des opérations soutenues directement ou indirectement par Stérin, visant l’école, la jeunesse, la vie associative, etc. : c’est un travail d’une grande importance politique car, de toute évidence, les batailles sont devant nous et peuvent être gagnées.
La soirée d’hier a malheureusement vu se produire un incident sérieux, dont j’ai été la cible et qui aurait pu la « casser ». Alors que la table ronde allait commencer, Stella Magliani-Belkacem, co-directrice des éditions La Fabrique, militante « indigéniste » proche de Houria Bouteldja, co-autrice de Les féministes blanches et l’empire, installée au premier rang, s’est soudain lancée dans une longue tirade me dénonçant comme un représentant du « Printemps Républicain », tirade qui, si je ne l’avais au bout d’un moment interrompue en réagissant, aurait logiquement dû conduire à appeler à mon expulsion physique immédiate de l’assemblée, mais qui n’a fait que perturber gravement celle-ci, avant que les débats ne reprennent sous l’impulsion des organisatrices, que je tiens à remercier de la tenue qu’elles en ont assurées.
En réagissant, j’ai entrepris de désamorcer, en quelques mots, cette histoire de « Printemps Républicain », à savoir uniquement ma signature de leur premier texte, en 2015, sans aucune suite et que j’ai par la suite publiquement reniée. Ce fut une connerie, ce n’est pas difficile à dire. « Que celui qui n’a jamais péché … » (et aussi : « que celui qui n’a jamais changé d’avis … »).
Mais s’agissait-il bien de cela ou n’était-ce plutôt qu’un prétexte ? Car cette interruption, très violente dans la forme, menaçait la tenue, l’image et la cohésion d’une réunion jusque là antifasciste. Est-ce qu’un petit règlement de compte à mon égard peut justifier un tel risque ? Ce serait dans ce cas là totalement irresponsable. Il est à noter que S. Magliani-Belkacem s’était auparavant présentée à moi, sans rien dire de ce qu’elle avait l’intention de tenter. Et que l’action commune antifasciste telle que je la conçois ne l’excluait pas a priori.
En réalité, le « Printemps Républicain » n’est ici qu’un prétexte – un fétiche. Le courant indigéniste, niché aujourd’hui au cœur de LFI en parfaite collaboration avec le POI dont l’histoire et la réputation de « laïcards » ne le gène absolument pas, ne manque pas de raisons de m’en vouloir, car j’ai dénoncé en son temps l’antisémitisme radical de sa principale tête d’affiche, ainsi que sa proximité avec les principaux thèmes idéologiques du poutinisme. Nul doute que, « Printemps Républicain » ou pas, je suis à leur yeux un sale « laïcard », qui plus est « blanc », atteint de « sionisme de gauche » et pro-ukrainien.
Et aussi, tout simplement, hostile à toute forme d’oppression et ne concédant aucune relativisation des violences faites aux femmes et aux différentes orientations sexuelles au motif qu’elles seraient exercées par des « racisés » dont ce courant entend confisquer la parole en s’attribuant leur représentation …
Bref, que je sois tout cela et en même temps au centre d’un affrontement avec l’extrême droite dans lequel je suis menacé, ne cadre pas avec la Weltanschaunng indigéniste-racialiste : je ne devrai pas exister, et d’une façon générale les militants ouvriers, antifascistes, laïques, antiracistes et féministes, sans concessions et en toute circonstance, ne devraient pas exister. Les combattre est plus important que combattre Stérin : ce dont nous avons eu la démonstration.
Mais le pire, ce sont ces mots de S. Magliani-Belkacem lorsque j’ai été conduit à rappeler que, tout de même, être ainsi ciblé alors que l’extrême droite en effet me cible, et à une telle occasion, c’est grave : « les fascistes entre eux », « les fascistes peuvent bien menacer d’autres fascistes » …
Vous ne rêvez pas : j’étais donc un « fasciste », et être menacé de mort par des … fascistes, ne méritait aucune considération !
J’ai alors qualifié ces propos d’ « infamie » et ma réaction indignée a coupé court à l’incident, son autrice, qui n’a pas quitté la salle, restant au premier rang penchée sur son portable et me photographiant, semble-t-il à plusieurs reprises.
Ainsi donc, si des fascistes s’en prennent à moi ou aux miens, la petite coterie indigéniste, au mieux, trouvera cela parfaitement normal.
C’est noté.
Vincent Présumey, 29 novembre 2025.
Soutien pour ton engagement et ta probité ! Cette attaque était tout simplement ignoble.
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Il faut accorder à ces gens – je parle des petits-bourgeois pseudo « indigénistes » (un mode vie et un ethos totalement sur-occidentalisés, en fait), mais realo-staliniens européo-centriste (les signes des termes étant simplement « renversés » – ohne Dialektik !- Dieu devenant le diable et réciproquement) – une importance mesurée. C’est ce qu’ à fait la salle – plutôt que de lui péter la gueule – et elle a bien fait. L’éthique petite-bourgeoise renonce à la « violence », rend crime imprescriptible la violence, mais c’est pour derechef sombrer dans la plus hyperbolique des calomnies et de l’insulte. Ces protégés de la Nomenklatura algéroise – dans la division du travail – n’ont pas à effectuer le « sale boulot », le « matérialisme pratique » de leur « idéalisme théorique » de la Justice comprise comme « Punition ». Les masses dites « racisées » détestent et méprisent – pour moult motifs divergeant – en règle général ces petites gens. C’est au demeurant les forces du fascisme qui assure leur promotion, les ceignant du voile d’aura des « provocateurs- contempteurs », comme matière vivante de « caricature ».
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Cet « indigénisme micro-parisien » se réduit à une « rhétorique de l’inquisition », sous la forme la plus dogmatique : « Dogmatique sans dialectique », avec un présupposé métaphysique de type « démonologique »: un simple renversement d’attribution de la pire « philosophie de l’histoire » euro-centrique.
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Ce sont aussi des gens qui ignorent fondamentalement, que le « stalinisme », comme « régime social d’appropriation », « classe dominante émergente », technologie des appareils de contrainte et de coercition, a tout simplement essaimé tout au long de la planète dans la seconde moitié du 20ème siècle, avec toutes les nuances d’adaptation « jésuite » aux « coutumes locale » (le concept de Djoutché, « théorisé » par le régime nord-coréen). Le FLN en Algérie fût, avec le régime Libyen, ensuite, un « bon élève », le « premier de la classe », même si la faveur finale fût la Syrie des Alaouites, le « parti populaire syrien »… La non-reconnaissance du phénomène strato-bureaucratique, dans son essence même, est source de toutes les « confusions », l’absence absolue de Discernement (pour utiliser un concept de la philosophie jésuite).
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Bon.
Vincent Présumey a été, dans le cadre d’une initiative contre Stérin, violemment mis en cause par Stella Magliani-Belkacem de La Fabrique et il a été qualifié de fasciste.
Cela se fonde en particulier sur le fait que Vincent ait signé l’appel du Printemps républicain initial. Signature qu’il a, ultérieurement, publiquement, clairement, et avec explication, retirée.
Toute l’histoire du mouvement ouvrier est l’histoire du débat, des engueulades, des affrontements parfois « virils » (qu’il nous faut questionner si nous voulons avancer vers des espaces militants plus sains…). Parfois, après s’être engueulés, on va boire un coup. Parfois, il y a des oppositions plus profondes, des déchirures politiques qui, dans certains cas, se muent en déchirures personnelles lorsque les désaccords nous heurtent.
Notre camp social est pluriel, c’est aussi sa force, c’est aussi le reflet de contradictions concrètes dans notre classe.
J’ai eu, j’ai certainement, des désaccords avec Vincent Presumey (je n’ai d’ailleurs jamais pris le temps de les poser à l’écrit sur le fond, au contraire de lui, qui a eu le mérite de faire cet exercice intellectuel nécessaire).Désaccords sur intersectionnalité, sur l’islamophobie… Mais je me souviens aussi que lorsque j’étais pion et que l’administration du lycée tentait par tous les moyens de de restreindre la liberté individuelle des élèves internes, notamment de pratiquer le jeune du ramadan : j’ai trouvé un syndicaliste suffisamment ferme et suffisamment réellement laïque pour défendre cette liberté, et qu’il s’appelait Vincent Présumey.
Nonobstant des désaccords, j’ai une certitude, une conviction forgée dans l’action réelle et à l’aune du « bilan » de Vincent Presumey : il est un militant antifasciste et internationaliste de haut rang.
Il l’est d’autant plus lorsqu’il tient, au côté des ukrainiennes et des ukrainiens notamment, alors qu’une grande partie du mouvement social a perdu sa boussole ou que cette boussole indique Moscou, Beijing, ou je ne sais quel régime autoritaire d’Amérique latine.
Vincent Presumey parle d’où il est, avec son bagage : son âge, sa position sociale, le lieu où il milite, son genre, le courant politique dont il est issu… Il parle comme militant du mouvement ouvrier bourbonnais.
J’ai pour ma part été formé dans un courant politique distinct, dans une autre génération.
D’autres ont un autre parcours, un autre genre, subissent d’autres discriminations, vivent une vie différente.
C’est par l’unité et le débat qu’il nous sera possible de reprendre la main, en portant nos revendications spécifiques dans le combat commun.
Vincent Presumey, par son action et ses prises de position, fait face aux menaces et aux mises en cause récurrentes, aux insultes de l’extrême droite la plus crasse.
Ce qui constitue aujourd’hui des menaces, nécessairement lourdes moralement pour lui et pour ses proches, pourrait, en fonction de l’évolution de la situation politique, de la poussée et des initiatives de certains courants, se muer en violence physique bien réelle.
S’engueuler fort, c’est une chose. Mettre un signe égal, par une agression verbale publique, entre un militant du mouvement ouvrier et les fascistes, c’en est une autre, et c’est intolérable.
Dans notre camp, on s’engueule, mais quand une bande fasciste menace, on fait front.
Si certaines ou certains ne sont aujourd’hui pas capables de le faire, il y a soit urgence à ce qu’ils et elles se réveillent, ou qu’ils et elles disent clairement où ils et elles se situent.
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