Les manifestants hier aux Etats-Unis auraient été environ 7 millions d’après des chiffres où- enfin- les médias et les évaluations des réseaux No Kings se rejoignent, sachant qu’il n’y a pas de chiffres officiels tels que les « chiffres de la préfecture de police » en France.
Le 14 juin, les évaluations les plus fréquentes étaient de 5 millions, mais celle de 13 millions m’avait semblé crédible après un examen de nombreux sites et pages, que je n’ai pas pu faire cette fois-ci.
Il est donc difficile de dire si c’est plus ou si c’est moins, mais quoi qu’il en soit c’est énorme et les images des grands centres tels que Boston ou Philadelphie donnent l’impression de manifestations plus massives que le 14 juin dans ces villes. Le complément d’information nécessaire porterait sur les petites villes voire des villages.
Surtout, ces manifestations s’inscrivent dans une dynamique : la prochaine étape est la marche sur Washington, le 22 novembre. Une manifestation centrale contre le pouvoir, c’est tout à fait extraordinaire aux Etats-Unis, cela indique une dynamique démocratique révolutionnaire. « No Kings » n’est pas un mot d’ordre modéré, c’est la sûre expression d’un instinct massif qui ne veut pas des oligarques de la tech ni des dictateurs policiers ni des mâles tarés.
Pour l’instant, malgré l’implication dans l’auto-défense locale, pour l’instant essentiellement passive et préventive, des migrants et des opposants, par les sections syndicales de base telles que le Chicago Teachers Union dont le rôle de terrain est essentiel, qui a fait des écoles des camps retranchés et des lieux de protection assiégés, malgré cela, les syndicats à l’échelle des Etats et à l’échelle nationale se distinguent par le fait qu’il sont à côté, quelque part ailleurs, de la mobilisation démocratique de masse qui monte dans le peuple américain.
Le maire (démocrate et noir) de Chicago, Brandon Johnson, a arrangué la foule en lui demandant si elle est prête à « combattre le fascisme », car c’est désormais le terme qu’il emploie pour parler de Trump, et à « vaincre l’autoritarisme », et elle a répondu « oui » : elle est prête puisqu’elle le veut, et c’est justement le problème, le verrou, que même un maire comme lui, et les dirigeants syndicaux, n’appellent pas à l’auto-défense active quand le pouvoir lui, ne tient plus compte de la légalité.
Trump a diffusé cette vidéo authentique : il y pilote un avion et chie des grosses merdes sur les manifestants. Le première tombe sur le jeune journaliste Harry Sisson, un démocrate efficace sur les réseaux sociaux genre Tic Toc, d’origine irlandaise et naturalisé américain, cible d’une campagne MAGA appelant à le « déporter ». Nous savions donc déjà que Trump voulait qu’on publie partout qu’il a « la plus grosse », nous savons aussi maintenant qu’il tenait à ce que l’on sache qu’il fait « les plus grosses » …
Assurément, une raison des appels à la non-violence est la crainte qu’en cas d’affrontement violent prématuré, la grosse merde de Trump prenne la forme d’une pluie de balles ou d’une bombe et que la guerre civile arrive avec la population anti-trumpiste en situation désarmée ou sous-armée.
Certes, la priorité du moment est de faire masse, et pour ce qui est de la masse, les manifestants anti-Trump sont des centaines de fois plus nombreux que les défilés MAGA. 60 000 à la cérémonie Charlie Kirk, 13 à 7 millions dans la rue contre eux.
Mais, par exemple, quand le général de la Garde nationale de l’Oregon, George Gronewold, déclare que les soldats de la Garde nationale de l’Oregon interviendront pour défendre les habitants et pas avec les bandes de ICE, c’est bien la question de l’emploi de la force contre la force qui se dessine.
La question de la force, comme celle de la centralisation politique, comme celle de la destitution combinée de Trump et de Vance et donc d’un processus démocratique révolutionnaire évitant la seconde guerre civile par la répétition en mode massif des conventions nationales (« Congrès continental ») de 1776 et 1789, telles sont les vraies questions qu’une force politique déterminée à aider les larges masses sur le sujet qui les concerne : le pouvoir, doit aborder aux Etats-Unis.
VP, 19/11/25.