Environ 300 000 manifestants, assez grossièrement diminués dans les « chiffres du ministère de l’Intérieur », dont de fortes proportions de grévistes et de jeunes, sont censés, selon les médias, avoir montré le « recul de la mobilisation » ce jeudi 2 octobre en France.

Il est évident qu’après un ultimatum qui était en réalité un bail, et son expiration, une journée d’action, même unitaire, ne pouvait guère avoir d’autre fonction, alors qu’en réalité le fait politique majeur est et demeure que septembre 2025 a montré que dans ce pays, la majorité du monde du travail et de la jeunesse veut une politique de « justice sociale, fiscale et environnementale » qu’inaugurerait l’abrogation de la réforme des retraites de Macron.

Cela reste le fait central : la majorité ne veut pas de la politique de l’exécutif, ni de celle du MEDEF, ni de celle que porte le RN qui reste en soutien au pouvoir en place, attendant son heure.

Ce fait ne peut pas être annulé par des articles de presse sur le « recul de la mobilisation », ni par des opérations de division telle que celle qui a visé le dirigeant du PS Olivier Faure dans la manifestation parisienne.

L’unité existe en bas, et elle veut contraindre les dirigeants syndicaux à cesser de porter à bout de bras un premier ministre et donc un président illégitimes, et les dirigeants politiques du NFP risquent d’être rejetés s’ils persistent dans la division au service du régime existant.

En haut, c’est l’isolement et ce sont les manœuvres de rapprochement avec le RN, largement étalées par l’accord RN/LR/ci-devants macroniens dans l’attribution des postes dans les commissions de l’Assemblée nationale.

Aurons-nous un gouvernement Lecornu-Retailleau, dont Retailleau, le provocateur minoritaire, serait plus que jamais l’homme fort, permis par la bienveillance du RN et préparant l’union des droites pour 2027 ?

Voila alors ce qu’aurait permis la stratégie des ultimatums puis des journées espacées de l’intersyndicale nationale : à ce jour, celle-ci envisage de se réunir la semaine prochaine pour attendre, justement, la formation du gouvernement. L’attendre, c’est accepter par avance un gouvernement qui sera de violence sociale, antidémocratique, minoritaire, illégitime.

Bien sûr, cette situation a engendré et engendre de nombreuses discussions dans les organisations, notamment syndicales, ainsi qu’une floraison de comités de luttes et « AG » diverses (nous mettons des guillemets à « AG », car, si ces regroupements militants sont légitimes, les AG effectives, qui viendront, sont celles des grévistes s’unissant et élisant leurs comités de grève). C’est déjà cette floraison qui, par le 10 septembre, a imposé à l’intersyndicale de se reconstituer pour s’opposer au budget, mais en même temps pour donner un bail au pouvoir exécutif illégitime.

Ces processus politiques vont continuer. Ils seraient portés à ébullition en cas de gouvernement Lecornu/Retailleau étayé par le RN, aiguillonnés par la nécessité de le battre et le chasser, et de battre en même temps le RN.