En mai dernier, les camarades du Réseau Bastille avaient amorcé à travers une réunion publique un travail de réflexion collective sur les rapports de la gauche avec les questions militaires dans le contexte de la guerre d’invasion de Poutine en Ukraine et de la montée des tensions géopolitiques dans de nombreux points du monde sous le soleil des rivalités inter-impérialistes grandissantes.
Cette réunion a débouché sur le lancement d’un bulletin consacré spécialement à cette question : Ligne de Mire. Deux numéros sont parus et sont disponibles en téléchargement : Lignes de mire – Réseau Bastille
Nous incitons nos lecteurs à prendre connaissance de ce contenu pour le discuter, l’enrichir, le critiquer. A ce titre, nous publions ci dessous le texte de présentation du numéro 1 puis le sommaire du numéro 2.
Aplutsoc est intéressé par cette réflexion. Nous l’avions entamée dans nos colonnes sous le tag PMP – Politique Militaire du Prolétariat et nous saluons la démarche des camarades du Réseau Bastille dans l’optique d’élargir cette préoccupation dans la gauche réellement existante.
Présentation du numéro 1 du bulletin

Le Réseau Bastille a pris l’initiative d’organiser une table ronde sur le thème « Les gauches et la question militaire » mercredi 14 mai. Elle a réuni une trentaine de participant·es d’horizons divers de la gauche qui se sont penché·es sur la question : « Que devrait être une politique militaire de gauche ? »
Question éludée depuis de trop nombreuses années et que nous devons impérativement nous poser dans les pires conditions : guerre impérialiste russe en Ukraine, multipolarité impérialiste multipliant les conflits et les menaces, montée des forces post-fascistes en Europe et division systémique de la « gauche ».
Nouvelle situation sans rapport avec des périodes historiques connues. Il est donc impossible de répéter invariablement les mêmes mots d’ordre souvent vides de sens et de contenus. Deux analyses devraient nous permettre d’avancer dans notre réflexion commune : les enseignements de la lutte de résistance de l’Ukraine face à l’agression russe et les positions des différents courants de ce qu’on appellera la « gauche nordique ».
La réunion s’est ouverte sur la contribution des auteurs de « Aux armes citoyens. Valmy 2.0 » (voir p.12). Comment affronter des positions a priori contradictoires : s’opposer à la militarisation des régimes capitalistes sans abandonner le terrain de la défense populaire contre les agressions impérialistes ; comment lutter contre la production d’armement du lobby militaro-financier et ses profits faramineux sans réfléchir à une production d’armement nécessaire et adaptée à une force militaire populaire.
Il n’y a que des réponses politiques à trouver, sans proclamations ni affirmations dilatoires. Pour une orientation politique globale qui ambitionne de gouverner. La discussion fournie a rendu compte de la complexité de ces questions qui redeviennent d’actualité. Sans doute faudra-t-il reprendre l’historique de la question militaire dans la gauche non étatique, le développer en abordant la dissuasion nucléaire ? Comment se positionner contre les politiques de réarmement à l’échelle des États et de l’Europe (ReArm) sans tomber dans la rhétorique bancale, pas d’armes des crédits sociaux ? Rhétorique réfutée par les programmes résolument sociaux des gauches nordiques.
Au fil de la discussion, les formes de mobilisation, de formation sont abordées, l’organisation démocratique des structures de défense (syndicats, élections des responsables) apparaît comme un point central. Chaque approche a permis d’avancer dans la réflexion sans éluder la complexité.
Évidemment, le succès et la richesse de la discussion nous à obliger à organiser la poursuite de la recherche collective. Un Google groupe a été créé qui permet des échanges entre tous : gauches-questions-militaires@google groups.com
Des publications d’articles, de documents sont regroupés dans ce cahier « Lignes de mire 1 ». Des contacts avec des spécialistes de différentes questions (armement, économie, sociologie…) des analystes militaires (Ukraine, Russie, Finlande…) sont ou seront contactés afin d’organiser des réunions thématiques. Nous avons tou·tes le même objectif : animer une réflexion commune utile à tou·tes pour qu’enfin la gauche crée un corpus théorique commun qui lui permettra de sortir de l’impasse pacifiste a priori ou d’arrêter d’abandonner ces questions aux gouvernements bourgeois. Il est évidemment toujours possible de s’inscrire dans le groupe, de participer à la réflexion commune.
Sommaire du numéro 2
