Contre la loi Duplomb.

La question posée par cette lame de fond, c’est celle du régime de la V° République. La démocratie, celle du peuple, des villes comme de la ruralité, c’est l’abrogation de la loi Duplomb.

L’éclatant succès de la pétition mise sur le site de l’Assemblée nationale par une étudiante pour l’abrogation de la loi Duplomb est un fait politique majeur. A ce jour et cette heure – 23/07, 15h – elle en est à près de 1,8 million de signatures et va atteindre les 2 millions : elle progresse aussi vite à la minute en signatures que la dette soi-disant « publique » de la France ne progresse en euro selon M. Bayrou !

Évènement politique majeur, car il montre la réalité d’une opinion profonde qu’avait incarnée lors du vote de la loi le visage de Fleur Breteau, moquée par le rire gras des députés RN, LR et ci-devant macroniens votant la loi du cancer, de son cancer. Elle l’avait dit : « Vous êtes des alliés du cancer et on le fera savoir »« … c’est mal nous connaître que de croire que nous allons nous laisser faire ».

La majorité veut le droit à la santé et n’admet pas le « droit » des capitalistes, agraires ou industriels et tous financiers, d’empoisonner les gens. Si d’autres pays européens tolèrent les mêmes poisons, battre la loi Duplomb en France doit aider à les interdire ailleurs. Et, surtout, le mythe des « agriculteurs » que représenteraient ces organisations patronales corporatistes, FNSEA et Coordination rurale, commence à s’effondrer.

Ils bavent d’ailleurs de haine et voudraient reprendre les actions commandos contre les services publics et les écologistes. Il faudra le leur interdire par l’auto-défense, forts de la légitimité apportée par la démonstration en train de se faire – d’autant qu’il n’est pour des centaines de milliers de gens pas facile du tout de signer une pétition sur le site de l’Assemblée nationale !

Cette poussée d’en bas semble à même d’imposer un débat à l’Assemblée nationale, mais ce serait, ridicule et odieux, un débat sans vote après le vote sans débat de la loi des empoisonneurs. Les partis de gauche commencent à demander à Macron de ne pas promulguer la loi, d’imposer lui-même un nouveau vote, ou de ne pas prendre de décret, mais le bon vouloir présidentiel n’a pas plus de légitimité que la majorité Duplomb qui s’est trouvée, dans cette Assemblée, du RN à Renaissance. Le Conseil constitutionnel doit statuer d’ici au 11 août, sachant qu’il n’y a pas eu de discussion parlementaire de cette loi ; mais rappelons qu’il avait avalisé la loi Macron contre les retraites.

La question posée par cette lame de fond, c’est celle du régime de la V° République. La démocratie, celle du peuple, des villes comme de la ruralité, c’est l’abrogation de la loi Duplomb. Dès que l’on saura la date du débat parlementaire, il faut que les organisations syndicales, la Confédération paysanne au premier chef, et l’association de Fleur Breteau, Cancer Colère, et l’auto-organisation de défense sociale par en bas, lancent la réalisation d’une manifestation de masse centrale pour contraindre cette Assemblée, que ceci soit constitutionnel ou non, à voter l’abrogation de cette loi.

Contre le budget Bayrou.

Ils cherchent à canaliser la colère sur le seul sujet de la fiscalité (en ignorant d’ailleurs que la masse des gens paient d’abord des impôts indirects, TVA et TIPP), non sur les revendications salariales communes : mais Bayrou et Macron sont bien d’accord pour dire qu’il y a trop d’impôts et trop de services publics !

La dynamique de ce qui se passe là permet d’aborder la question générale du budget 2026 annoncé par F. Bayrou le 15 juillet dernier, qui est d’ailleurs relié à la loi Duplomb par le fil rouge de la mort et de la honte : les cancéreux « Duplomb » sont menacés, avec les diabétiques et toutes les personnes atteintes d’affections de longue durée, de déremboursement de leurs dépenses indispensables de santé, parce qu’il n’est pas question pour ce gouvernement de toucher à un seul centime des 211 milliards d’euros attribués aux « entreprises » et dont il est impossible de dire à quoi ils servent !

Ce simple fait suffit à condamner ce projet de budget, sur lequel les organisations politiques ayant été membres du NFP se sont toutes exprimées pour le condamner dans l’ensemble et dans les détails, ainsi que bien des structures syndicales.

Dans les détails, comme le travail gratuit deux jours fériés – pour commencer – M. Bayrou se permettant de surcroît de juger de la légitimité … religieuse, du lundi de Pâques ! Et les énervés du patronat et de la droite de se déchaîner : il faut « monétiser » la 5ème semaine de congés payés, travailler le 1° mai, abroger les 35 heures, etc., etc. On les voit montrer les dents.

Le RN aussi : sous couvert de protestation contre les atteintes aux « plus pauvres », ses cibles ne sont pas les patrons, mais les services publics, les agents publics (fonctionnaires, CDI, contractuels), la Sécurité sociale (« les charges ») et les organisations syndicales.

Justement, le RN, qui a protégé la loi Macron contre les retraites en ne votant pas la censure de Bayrou mardi 1° juillet, annonce maintenant qu’il la votera à l’automne sur le budget, ne pouvant absolument pas faire autrement sous peine de se dévoiler comme ce qu’il est et de reculer : le premier soutien de toutes les mesures contre les salariés, les pauvres, les vieux et les malades.

La question de la mobilisation contre le budget Bayrou est donc indissociable de la question du gouvernement qui succéderait à Bayrou, même si celui-ci entreprend de faire peur dans les chaumières en promettant, comme l’avait fait Barnier fin 2024, la terrible vengeance des marchés financiers si son budget n’était pas adopté !

Contre le budget Bayrou, on pourrait a priori se réjouir de la pétition unitaire, sans doute voulue à l’imitation de la pétition populaire contre la loi Duplomb, lancée par les 8 centrales syndicales, celles qui ont quitté le conclave Bayrou contre nos retraites, FO et la CGT, celles qui n’y ont pas été invitées, la FSU, l’UNSA et Solidaires, et celles qui y ont participé jusqu’au bout, CFDT, CFTC et CGC.

Mais sous l’intitulé Budget Bayrou ça suffit ! nous avons un texte qui, en réalité, « oublie » d’exiger le retrait total de ce projet de budget et accepte son argument de base en écrivant que « face au sérieux des déficits publics, il existe des solutions qui intègrent les plus hauts revenus comme la contribution des entreprises ».

Le « sérieux » des prétendus déficits, alors que ce sont les États qui, par la dette soi-disant publique, alimentent la pompe à finance – nous y reviendrons. Ce texte est sur la ligne de la CFDT, qui recoupe aussi les déclarations de François Hollande pour qui le budget serait votable « si » les « sacrifices » sont « équitablement répartis ».

Il n’est donc pas sur la ligne du programme du NFP quand nous avons empêché le gouvernement Macron/Bardella : hausse des salaires, abrogation de la loi retraites, défense et extension des services publics.

L’existence même d’un texte unitaire diffusé sous le label Budget Bayrou ça suffit ! traduit ce dont a besoin le monde du travail, que contredit le contenu du texte qui se conclut sur l’attente « d’un projet respectueux pour le Pays, porteur d’espoir et de justice ».

De la part de qui ? De l’exécutif Macron/Bayrou/Retailleau !

Or, comme le montre la poussée contre la loi Duplomb, la disposition au combat est réelle. Des groupes de Gilets jaunes propagent la date du mercredi10 septembre et des groupes d’extrême droite, qui ont compris qu’il faut maintenant lâcher Bayrou, ont même déposé comme marque le slogan C’est Nicolas qui paie, propriété du torchon fasciste Frontière. Ils cherchent à canaliser la colère sur le seul sujet de la fiscalité (en ignorant d’ailleurs que la masse des gens paient d’abord des impôts indirects, TVA et TIPP), non sur les revendications salariales communes : mais Bayrou et Macron sont bien d’accord pour dire qu’il y a trop d’impôts et trop de services publics !

Les centrales syndicales feraient donc bien de se bouger plus qu’une pétition pour le moins mollassonne qui laisse la porte ouverte à Bayrou et Macron !

C’est en fait la question de la grève à la rentrée qui est posée – pourquoi pas le 10 septembre d’ailleurs, qui est en semaine -, car la grève est l’arme, elle est surtout le moyen de se grouper, pour le plus grand nombre, associant, quand la grève est véritable, les privés d’emplois, les retraités et la jeunesse.

En outre, cela tomberait juste après la rentrée scolaire, qui va voir repartir les combats pour la restitution des postes supprimés dans les écoles, collèges et lycées, et contre les écoles privés des charognards de l’union des droites financées par Stérin !

Contre l’union des droites et la V° République.

Il est essentiel que ce soit la poussée sociale se centralisant contre l’exécutif qui encadre et verrouille la censure, comme cela s’était déjà produit par la grève de l’enseignement public du 5 décembre 2024 envers la censure de Barnier mais en plus fort

Manifestation centrale pour l’abrogation de la loi Duplomb, grève à la rentrée voire manifestation centrale aussi contre le budget Bayrou … ces poussées qui se dessinent, pour lesquelles il faut agir, conduisent bien entendu à la chute du gouvernement Bayrou en assurant sa censure par les députés élus au nom du NFP et par le RN contraint d’agir ainsi.

Mais s’il est essentiel que ce soit la poussée sociale se centralisant contre l’exécutif qui encadre et verrouille la censure, comme cela s’était déjà produit par la grève de l’enseignement public du 5 décembre 2024 envers la censure de Barnier, mais en plus fort, c’est aussi, c’est surtout, parce que Macron va tenter de violer encore et encore la démocratie en nommant à nouveau un gouvernement de casse sociale. Or, quelle combinaison parlementaire se profile-t-elle pour étayer un tel gouvernement ?

Voyons les choses en face, c’est la coalition parlementaire de l’union des droites, RN, UDR (ciottistes), LR, Horizon, testée précisément pour et par la loi Duplomb où elle a entraîné le Modem et Renaissance, celle que veut Stérin et contre laquelle se mène la bataille dans bien des endroits comme à Moulins, c’est cela qui peut se profiler rapidement, car les plans sont prêts – que le RN soutienne sans participer ou participe au gouvernement. Cela peut commencer par un gouvernement Retailleau.

C’est en tout cas pour Macron arc-bouté contre la démocratie et donc contre tout gouvernement traduisant la majorité relative NFP élue par le pays en juillet 2024, la solution la moins bancale en dehors d’une nouvelle dissolution.

Dans ce cas, la poussée sociale engagée contre la loi Duplomb, et qui va se lever contre le budget Bayrou, préparera directement l’affrontement social avec l’alliance de Macron et de l’union des droites incluant le RN, donc l’affrontement avec le régime de la V° République. Notons d’ailleurs que cette union des droites est déjà dans le gouvernement avec Retailleau et la corrompue Dati.

Plus puissantes seront les vagues contre la loi Duplomb et contre le budget Bayrou, plus nous serons armés et forts dans cet affrontement, de toute façon inéluctable. Outre la centralisation contre le pouvoir en place, cela appelle l’exigence d’unité : l’unité dans la défense sociale et démocratique dès maintenant doit imposer l’unité dans cet éventuel, mais assez probable si Bayrou doit tomber, affrontement prochain. C’est à l’aune de cette exigence, en vue de l’affrontement avec le régime de la V° République lui-même, que nous appuyons l’action pour une candidature unique de gauche aux présidentielles, comme pour des listes d’union et de défense démocratique et sociale aux municipales.

Le 23/07/2025.