Cher•e•s Ami•e•s, Cher•e•s Camarades,
Merci pour votre présence ce matin.
Ce jour du 1er mai est un jour de défense de nos revendications, c’est un jour de lutte, mais c’est aussi un moment précieux de camaraderie, où nous faisons front commun, où nous nous retrouvons, fiers de ce que nous sommes et de ce que représente notre combat.
Actuellement, voilà que certains patrons et évidemment certains élus, y compris dans ce département, et certains ministres de ce gouvernement ennemi des classes laborieuses, se mettent à trouver incompréhensible et inacceptable que le 1er mai soit férié et chômé.
C’est pourtant bien le seul jour de l’année obligatoirement férié et chômé (sauf de rares exceptions d’intérêt public) ! Un jour sur 365…
Voilà qui révèle leur pensée profonde : ils ne peuvent pas nous envisager autrement que comme une force de travail qu’il faut essorer au maximum. Ils ne peuvent pas nous définir d’une autre manière que par notre condition de salarié•e•s, par notre place dans les rapports sociaux de production.
Pour cela, les acrobates du capitalisme libéral tentent d’élever le travail au rang de « valeur morale », hors le travail n’est pas une valeur morale.
L’honnêteté est une valeur morale, est-ce que dans l’année vous avez droit à 5 semaines durant lesquelles vous êtes autorisés à être malhonnête ? Bien sûr que non !
Le courage est une valeur morale, est-ce que dans l’année vous avez droit à 5 semaines durant lesquelles vous êtes autorisés à être un lâche ? Bien sûr que non !
La politesse est une valeur morale, est-ce que dans l’année vous avez droit à 5 semaines durant lesquelles vous êtes autorisés à être grossier ? Bien sûr que non !
Le travail n’est pas une valeur morale et c’est pour cela que dans l’année vous pouvez tout à fait cesser de travailler…
D’ailleurs, une valeur morale ne se rémunère pas. On ne vous rémunère pas pas pour être honnête, courageux, poli…
On vous rémunère pour votre travail…
Le travail serait donc notre seule raison d’être ?
Ne peuvent-ils même pas imaginer que nous sommes des femmes et des hommes qui trouvons un supplément d’âme dans l’art, la culture, le sport, les moments d’amitié, de convivialité, la littérature, la curiosité intellectuelle, le divertissement, dans le temps passé en famille ou dans la nature…
Oui, c’est cela : vivre.
Non, le travail n’est pas indépassable : s’il est, peut-être, une condition nécessaire, utile, au bon fonctionnement de la société, à la satisfaction des besoins de chacun et de la collectivité, il n’est pas une raison d’être !
C’est pourquoi le 1er Mai n’est évidemment pas la « fête du Travail » que Pétain et l’ordre établi, aujourd’hui encore, voudraient promouvoir.
Si c’est une fête, c’est justement celle de ne pas travailler, c’est celle des travailleuses et des travailleurs qui se font maîtres de leur destinée.
Souvenez-vous la chanson, à la suite de la victoire de Christou : « j’travaillerai plus, j’travaillerai plus, Christou veut plus » !
Soyons clair : il ne s’agit pas là de ne rien faire, il ne s’agit pas d’une oisiveté stérile : ça, c’est l’affaire des possédants, de ceux qui ne servent à rien, qui ne produisent rien, qui ont besoin d’un 10ème yatch ou d’un 3ème avion, ou encore de voyager dans l’espace, pour vainement tenter de donner un sens à leur vie si inutile !
Non, pour nous, il s’agit de s’interroger franchement : pourquoi travailler ? Combien de temps est nécessaire pour assurer la satisfaction des besoins de toutes et tous ? Au service de qui travailler ? Du bien commun ou d’une minorité qui s’enrichit ? Comment produire, pour préserver la biosphère, et garantir l’avenir de l’humanité ?
Voilà des questions que nous sommes en droit de nous poser, nous, qui travaillons !
Mais poser ces questions, c’est aussi se demander pourquoi la retraite à 60 ans, ou même avant ! Pourquoi faudrait-il travailler jusqu’à 62 ans ou plus tard, cassés par le travail ?!
Toute l’histoire du mouvement ouvrier, c’est l’histoire de la lutte pour la réduction du temps de travail !
Des lois limitant jusqu’à interdire le travail des enfants, en passant par les grèves du 1er mai 1886 aux États-Unis pour la journée de 8h : 8 heures de travail, 8 heures de loisirs, 8 heures de repos ; jusqu’aux 40 heures imposées dans les grèves lors du Front populaire, et aux 39 heures lorsque la gauche revient au pouvoir après 1981, créant par là même des dizaines de milliers d’emplois, et encore aux 35 heures, encore une fois conquises par la gauche, une gauche qui marche sur ses deux jambes : celle de la lutte syndicale et du combat social, et celle des victoires électorales.
Aujourd’hui, c’est notre jour : comme chaque 18 mars, comme chaque 1er mai, le drapeau rouge flotte sur l’hôtel de ville.
Il y flotte car la perspective de changer le réel au profit du plus grand nombre est vivante pour nous. Il y flotte car Commentry fut la première municipalité socialiste ouvrière élue du monde.
Il y flotte parce que des générations durant, jusqu’à nos jours, Commentry est restée fidèle à cette grande idée de la transformation sociale.
Il y flotte car cette fidélité s’explique par l’humiliation, la souffrance, les privations et la prédation du capitalisme conquérant et destructeur, vécues par les Commentryennes et les Commentryens au plus profond de leur chair.
Nous sommes restés fidèles à une idée, qu’elle se nomme progrès social, socialisme, démocratie et république sociale, communisme, car nous avons gardé la conscience de la nécessité de forger un monde où nos vies passent avant les profits d’un petit nombre, un monde solidaire et fraternel, où les femmes et les hommes peuvent vivre libres, dans le respect et la dignité.
Ceux qui nous accusent et nous critiquent parce que nous gardons cette fidélité qui vient de loin, sont ceux-là même qui défendent avec servilité un ordre moral, politique, économique et social arriéré, qui devrait déjà appartenir au passé.
Nous, nous avons la conscience éclairée. Éclairée par nos luttes, éclairée par les anciens qui ont ouvert le chemin et ont marché devant, dans des temps où il fallait du courage et de l’abnégation pour se dresser et dire : ça suffit !
Ils sont notre force jusqu’à aujourd’hui.
Notre force, ce sont les Marianneux qui, malgré la répression de l’Empire, ont décidé que la République était à défendre.
Notre force, c’est le mouvement socialiste qui, malgré les licenciements et la violence patronale, en choisissant Christou pour porter sa voix, a imposé la première victoire électorale de l’histoire de notre camp, du pays et de la classe ouvrière internationale, ici, à Commentry.
Notre force, c’est la blouse et le drapeau de Thivrier, qui, malgré les condamnations, la menace et la calomnie, a défendu les travailleurs à chaque minute de sa vie. Lui, et à sa suite ses trois fils, jusqu’à la mort, pour Isidore, dans les camps nazis.
Notre force, c’est François Kazmareck ou Anastasie Cupial, qui, malgré le danger, ont pris les armes, qui sont morts mais sont restés debout, face à la barbarie.
Evidemment, de Trump, Vance et Musk à Poutine, de Netanyahou à Milei, Le Pen et Bardella, le monde paraît marcher à reculons, contre les droits humains, contre la fraternité, contre l’émancipation.
Pourtant, de la bravoure du peuple ukrainien face à l’envahisseur, à la résilience des gazaouis, en passant par les manifestations monstres aux États-Unis d’Amérique, nous ne sommes pas condamnés à l’obscurité.
Et parce que nous sommes le 1er Mai, il n’est pas question de céder à l’abattement : les grands médias peuvent nous imposer à longueur de journal les plus sinistres perspectives, gardons la certitude que l’avenir est à nous. Il ne tient qu’à nous de faire la preuve de cette force collective qui vient de loin.
L’année passée, Bardella était, pour tout le monde, forcément Premier ministre. Pourtant, l’unité à travers le pays a imposé un répit dans l’avancée vers l’abîme.
Il ne tient qu’à nous, ici, mais également à toutes celles et tous ceux qui ne sont pas là, plus là ou pas encore là, de reprendre la main.
Considérons davantage ce qui nous réunit plutôt que ce qui nous divise, c’est vrai dans la vie quotidienne, ici même à Commentry, c’est vrai aussi dans les batailles qui arrivent.
Voilà notre tâche historique : elle se résume par les derniers mots d’Ernest Montusès dans Le député en blouse : « nouer la tradition à l’action, associer les fastes du passé à la vision magnifique de l’avenir », c’est ce que nous commande ta mémoire, Christou.
Et je crois que puisque certains voudraient que nous tolérions que des responsables politiques détournent l’argent public, c’est à dire notre argent, à des fins contraires à l’intérêt général, je voudrais terminer, parce que nous ne baisserons jamais la tête, avec ce que Christou disait dans une circulaire électorale :
« Place au peuple ! À bas les voleurs ! Vive la République sociale ! »