A l’approche de la manifestation féministe et syndicale du 8 mars, il circule sur Paris un appel à interdire la manifestation « aux fascistes et aux sionistes » ainsi amalgamés.

Cet appel établit un parallèle, qui est de fait un amalgame, entre Némésis, groupe d’extrême droite qui doit être expulsé s’il tente de venir dans une telle manifestation, et le collectif Nous Vivrons, dont la présence avait été actée par les organisateurs officiels de la manifestation le 8 mars dernier – nous n’avons pas connaissance de leur position cette année.

Rappelons que déjà le 8 mars 2024, ce collectif avait été admis dans la manifestation par les organisateurs, qu’il avait été la cible de provocations soi-disant « pro-palestiniennes » et qu’il avait lui-même eu recours à un SO masculin et patibulaire, fourni par le CRIF, le SPCJ. Il appartenait et il appartient aux organisations syndicales et féministes d’assumer le service d’ordre dans de telles situations.

Le collectif Nous Vivrons a diffusé un communiqué dénonçant toute confusion entre lui-même et Némésis qu’il qualifie (à juste titre) de raciste. Quoi que l’on pense des orientations politiques de ce collectif et de telles ou telles de ses membres, le fait central est que des femmes juives ont le droit imprescriptible de manifester le 8 mars aux côtés du mouvement syndical et féministe, au même titre que les femmes palestiniennes ou ukrainiennes.

Bien entendu, l’appel à les expulser se prévaut de la « cause palestinienne ». Il faut être clair : ce n’est pas défendre la cause palestinienne que d’appeler à attaquer physiquement, car c’est bien de cela qu’il s’agit, des femmes juives souhaitant manifester le 8 mars en tant que telles, aux côtés du mouvement féministe et du mouvement syndical. Dans la pratique, il s’agit d’une prise de position et d’une menace qui n’a rien à voir avec la défense des droits nationaux et démocratiques des Palestiniens, rien à voir avec la lutte contre les massacres et déportations que les Palestiniens subissent ainsi que les Ukrainiens : il s’agit d’une provocation menaçant l’ordre et l’unité dans la manifestation au profit des antisémites.

Que cet appel aligne des signatures allant d’Urgence Palestine à PEPS en passant par la Marche des solidarités souligne le niveau de confusion et d’impréparation de beaucoup face à l’offensive du fascisme global porté par l’Axe Trump/Musk/Poutine.

Car là se situe le vrai danger. C’est une provocation contre la manifestation féministe et syndicale qui est en train de se mettre en place. En voici les composantes :

  • Némésis annonce manifester, sans dire où ni quand et en annonçant que leur vedette sera Sara Knaffo, de Reconquête.
  • Les signataires de l’appel « antisioniste » annoncent de manière à peine voilée qu’ils comptent attaquer les femmes juives en les confondant avec Némésis.
  • Si le collectif Nous Vivrons fait appel à un SO relevant de la droite sioniste, il finirait de tomber dans la provocation.

Apparemment, ce sont là des gens différents qui risquent de s’affronter, perturbant la manifestation. Ils ont cependant un point commun. Sara Knaffo était à l’investiture de Donald Trump et soutient Poutine. Les courants indigénistes qui sont la force motrice de l’appel à « virer les sionistes » ont une orientation bien résumée par ce message que Youssef Boussoumah fait circuler sur les réseaux sociaux en même temps qu’il diffuse les appels à interdire les manifestations aux femmes juives appelées « sionistes » : « Seule une alliance internationale incluant la Russie et la Chine pourra sauver le monde de la folie des Etats-Unis et d’Israël. » Ces courants ont appelé à battre Genocide Joe et n’ont encore jamais parlé de Genocide Donald. Quant à la droite et à l’extrême-droite sioniste, Trump et Poutine sont ses références comme elles sont celles de Netanyahou.

Les mêmes organisations qui donnent carte blanche aux provocateurs antisémites pour se livrer à la chasse aux femmes juives dans les rues de Paris, penseraient elles à appeler à virer de la manif les amis des islamistes violeurs et oppresseurs des femmes de l’Iran à l’Afghanistan en passant par la Tunisie ? Ce serait pourtant là une expulsion salutaire de fascistes et d’alliés des fascistes, et salutaire d’abord et avant tout pour les droits, la liberté d’expression et d’organisation des musulmanes et des musulmans !

Prétendre organiser dans la manifestation du 8 mars une chasse aux femmes juives sous couvert d’interdiction du « sionisme » amalgamé au « fascisme », c’est en réalité non seulement diviser le front antifasciste qui doit maintenant se dresser contre les masculinistes Trump, Musk et Poutine, et avec eux les Milei, les Netanyahou, les Khamenei … mais c’est introduire dans une manifestation féministe et syndicale la pression et les méthodes de nos pires ennemis, au compte de l’Axe fasciste Trump/Musk/Poutine.

Il n’est d’antifascisme que celui qui les combat et construit l’unité contre eux ! 

Nous prenons date en publiant cette mise en garde par avance. Il est de la responsabilité des organisations syndicales, notamment, d’assurer par leurs services d’ordre la protection de toutes les manifestantes et manifestants, et de l’interdire à Némesis si ceux-ci tentaient de provoquer.

La rédaction, le 05/03/2025.