Les commentateurs glosent à l’infini sur « l’imprévisibilité » de Trump. Mais, comme il a été dit plus haut, Trump, Musk et Poutine ont bien pris le temps de discuter, ne nous leurrons pas. La ligne internationale générale de Trump est parfaitement définie. Son imprévisibilité caractérielle, de gosse narcissique de riche, est en adéquation avec le caractère inévitablement erratique de l’orientation étatsunienne aujourd’hui, puissance impérialiste n°1 mais en grave crise, devant préserver et renégocier par le rapport de force son rôle mondial.
Cette ligne, exprimée d’ailleurs avec plus de clarté par celui qui est devenu l’un de ses hommes quand il était candidat à l’investiture républicaine, Ramaswamy, est la suivante : isoler la Chine en se réconciliant avec la Russie, en lui sacrifiant l’Ukraine ; en renforçant l’axe États-Unis/Inde ; affaiblir les puissances européennes par rapport à la Russie et aux États-Unis (ce qui implique maintien mais refonte de l’OTAN).
A quoi s’ajoute une compulsion particulière qui, elle, n’est pas coordonnée avec Poutine, mais que celui-ci laisse faire : une alliance forcenée (et non gênée et traînarde comme c’était le cas pour Biden) avec l’extrême-droite sioniste israélienne, pouvant aller jusqu’à sacrifier tout ce qui reste des gages donnés à l’Iran sous Obama pour son rôle contre-révolutionnaire régional. L’Iran étant par ailleurs un allié clef et un fournisseur d’armes de la Russie, mais Netanyahou étant lui aussi relié à Poutine, ce dernier, sans pouvoir tirer toutes les ficelles pour autant, joue sur les deux tableaux avec les contradictions que cela entraîne.
L’élection de Trump entraîne une embardée radicale des États-Unis vers cette politique internationale là, qui était déjà présente et sous-jacente comme une option fondamentale pour l’impérialisme nord-américain dans la multipolarité impérialiste présente.
Fait caractéristique et décisif, cette embardée se produit immédiatement et n’attend pas le 20 janvier 2025. Les autres puissances tiennent Trump pour le président, la marge de manœuvre de Biden étant réduite. Ce constat est également important d’un point de vue interne aux États-Unis : les démonstrations trumpistes de politique extérieure préparent les attaques intérieures dont il a été question dans la première partie de cet article.
Ukraine.
Les commentateurs divers glosent là aussi à l’infini sur les développements possibles, alors qu’en fait tout le monde sait très bien le minima que Trump a promis à Poutine : désarmer l’Ukraine de façon à la contraindre à accepter, au moins dans un « provisoire » visant à être définitif, l’annexion de la Crimée, et l’occupation du Donbass.
Les exigences immédiates de Poutine sont connues : j’avais signalé en juillet dernier la fuite du quotidien K’yiv Independant sur le plan transmis par le ministre russe Kolokovstev à New York les 26-27 juin : échange de la totalité du Donbass contre le Sud entre mer et Dnipro (on a donc là une zone de fluctuation pour négociation, ainsi que pour la petite zone occupée en Russie au Sud de Koursk) sous condition de démilitarisation et d’interdiction faite à l’Ukraine de vouloir entrer dans l’OTAN – elle pourrait par contre entrer dans l’UE, les pays de l’UE étant même sommés de fournir des forces d’interposition pour la « zone tampon » entre Ukraine et territoires occupés.
Nul doute que Trump va faire en sorte d’imposer cela à l’Ukraine. Dans cette situation, Zelenski manœuvre en combinant des offres de vente – matières premières offertes aux États-Unis, lithium, etc., et la valorisation du savoir faire et du début rapide de production militaire ukrainiens, et même menace de réactiver un programme nucléaire qui, de toute façon, demanderait des années. Les réformes néolibérales, la casse des services publics et la corruption lassent la population qui, pour autant, rejette la pérennisation à l’infini de l’occupation et de la russification d’une partie du pays.
Voila donc la paix de Trump, qu’il entend offrir à Poutine « en une journée », n’est-ce pas. Problème : ceci ne satisfait pas du tout la Russie, et c’est logique. Expliquons cela.
Le 11 novembre, Nicolai Patrushev, n°2 officieux du régime russe, expliquait ceci en démarrant une interview au journal Kommersant :
« Pour gagner les élections, Donald Trump s’est appuyé sur certaines forces envers lesquelles il a des obligations. Et comme personne responsable, il sera obligé de les tenir.
Au cours de la campagne, il a fait de nombreuses déclarations pour gagner les électeurs, qui ont voté au final contre les politiques étrangères et intérieures destructrices de l’actuelle administration présidentielle américaine. Mais la campagne est finie et, en janvier 2025, il sera temps pour le président élu de se mettre au travail. On sait qu’aux États-Unis les promesses électorales peuvent souvent s’écarter des actes qui s’ensuivent. »
Si vous n’avez pas compris, traduction : Trump est redevable aux forces qui l’ont aidé et maintenant, il va falloir qu’il renvoie la balle, et il a intérêt. Langage de parrain mafieux à peine dissimulé.
Douguine, idéologue clef du régime russe, a de son côté écrit le 11 novembre un texte largement traduit depuis par la fachosphère « eurasienne » :
« L’état actuel de l’Ukraine est incompatible avec l’existence même de la Russie. Et si cette question est gelée une fois de plus, même si nous incluons tous nos nouveaux territoires dans des frontières administratives, cela ne résoudra rien.
(…) Il est regrettable d’entamer un dialogue avec la nouvelle administration américaine, généralement opposée au mondialisme et aux valeurs anti-traditionnelles, sur une note aussi dure. Mais il s’agit là d’un autre piège tendu par les mondialistes. Peut-être que Trump ne le comprend pas. Et nous, tout en manœuvrant diplomatiquement, nous hésitons à appeler les choses par leur nom. Il vaut mieux être direct avec Trump. L’Ukraine est à nous (toute l’Ukraine), et cela ne se discute pas.
(…) Encore une fois, il n’y a pas d’extrémisme ici – juste les lois froides de la géopolitique, clairement décrites des deux côtés : par nous et par Brzezinski. Le détachement de l’Ukraine de la Russie a été et reste un impératif de toute l’école atlantiste (…). Pour l’école eurasienne, l’axiome inverse est vrai : soit l’Ukraine sera russe, soit il n’y aura ni Ukraine, ni Russie, ni personne d’autre. »
Les « lois froides de la géopolitiques » sont les calembredaines pédantes de rigueur ici. Mais ce qu’écrit Douguine est vrai : un empire russe, tsariste, stalinien ou poutinien, ne peut tolérer qu’existe une Ukraine, c’est pour lui existentiel. Inversement, l’existence d’une Ukraine libre, souveraine et indépendante, est la condition d’existence d’une nation russe démocratique. L’impérialisme capitaliste russe a pour axe l’expansion militaire en Ukraine, non pour conquérir, de son point de vue, un pays extérieur, mais pour se constituer enfin en empire russe reconstitué – et, sur cette base, envahir ou vassaliser l’« extérieur » centre-européen et centre-asiatique.
Donc, au-delà de la première étape, celle de la garantie de maintien des troupes russes dans les territoires qu’elles ont envahis, n’est du point de vue impérialiste russe que la base pour anéantir tout de suite, ou vassaliser à nouveau puis anéantir, l’Ukraine, et pousser l’avantage vers la Baltique, les Balkans et le Caucase.
Donc, la « paix en un jour » de Trump est le plus court chemin vers la poursuite des guerres. La seule voie de la paix est celle de la défaite de l’État russe et de la chute de Poutine. Certes, ceci est plus dur aujourd’hui, fin 2024, que cela avait pu le sembler à certains moments en 2022 ou 2023. Mais le peuple ukrainien étant menacé dans sa vie, collective et celle de chacune et chacun des individus qui le forment, résistera.
Europe.
L’avènement de Trump soulève immédiatement en Europe la perspective de l’abandon américain et d’une crise de l’OTAN que Trump tentera d’aligner contre les intérêts des vieux impérialismes européens.
En France, Macron a tenté d’exister un peu à nouveau en tentant de porter au niveau européen la ligne supposée de genèse d’une défense européenne, dans laquelle la dissuasion nucléaire française aurait une place centrale. Sa position intérieure est très affaiblie et la crise de régime française ne peut qu’être accrue par la crise diplomatique globale qui s’amorce. La déclaration d’amour à Elon Musk d’un Kasbarian est un signe avant-coureur de ce qui s’annonce.
Mais de façon immédiate, la plus grande combinaison entre crise intérieure et crise des relations internationales se produit en Allemagne. En même temps que l’élection américaine, la coalition entre le SPD et les Grünen, d’une part, les libéraux du FDP, d’autre part, éclatait avec la démission du ministre libéral des Finances, Christian Lindner. La crise couvait et, comme en France, tournait autour du budget : c’est une tentative de forcing de C. Lindner pour faire passer sa ligne dans le gouvernement au motif de l’annonce de la victoire de Trump qui l’a précipitée.
Le conflit budgétaire prend racine dans la contrainte faite par le Tribunal constitutionnel fédéral, gardien de l’ordolibéralisme, fin 2023, de ne pas affecter une partie de la dette « publique » de la période Covid à la lutte contre la crise climatique. Le ministre Vert de l’Économie et du Climat tentait, depuis octobre 2024, de relâcher l’endettement public pour « aider les entreprises ». Lindner voulait l’interdire, « baisser les impôts » et pour finir, amputer les dépenses dites climatiques.
Ce conflit interne au pouvoir s’est élargi en crise existentielle sur la place de l’Allemagne en Europe, les 5-7 novembre dernier. Les États-Unis s’apprêtent à retirer le tapis et le parapluie. L’Allemagne doit-elle s’engager dans un réarmement avec défense européenne en alliance conflictuelle avec la France ? Ou repartir dans un partenariat structurel avec la Russie ? Donc partager avec elle l’influence en Europe centrale et orientale.
Olaf Scholz a basculé dans ce sens à en téléphonant à Poutine. Peu importe ce qu’ils se sont dit : il a ainsi, volontairement, créé un précédent mettant fin à l’absence de discussion bilatérales officielles des grands États européens avec la Russie.
La « réponse » russe a été le bombardement massif des infrastructures ukrainiennes dans la nuit du 16 au 17 novembre, le pire depuis le début de la guerre. Les pays baltes et la Pologne frémissent sur ce qu’une entente Berlin-Moscou signifie pour eux – faut-il rappeler qu’ils en ont déjà subi une, il y a 85 ans ?
Dans cette situation, Biden a fait son premier geste fort – le dernier ? nous verrons – depuis l’élection présidentielle : il a « autorisé » l’Ukraine à utiliser des missiles américains à longue portée en territoire russe. Les dynamiques s’accélèrent …
Palestine.
La victoire de Trump permet, premièrement, à Netanyahou de s’asseoir définitivement, espère-t-il, sur Gaza. Environ 100 000 morts, deux millions trois cent mille personnes ballottées d’un champ de ruines à un autre champ de ruines depuis un an, soumis aux traumatismes et à la famine, le territoire étant encerclé et cisaillé par Tsahal, sans que la population palestinienne n’ait cessé de maudire les occupants coloniaux, que le Hamas ait disparu, et que les otages, qui meurent les uns après les autres dans la souffrance, aient été libérés. Que faire de ce territoire ? Avec Trump, le pouvoir israélien est autorisé à tenter d’en faire ce qu’il veut, en poursuivant la réduction meurtrière du nombre de ses habitants. Nous entrons, maintenant, dans la réalité du génocide. Nous devrons donc reparler, nous, de Genocide Donald.
Le programme de l’extrême-droite du sionisme est donné par le ministre Bezalel Smotrich, en charge de la « gestion civile » de la Cisjordanie, dans des termes qui sont ceux que les rashistes poutiniens utilisent contre les Ukrainiens, apparentement non fortuit :
« Les nouveaux nazis [les Palestiniens, pas seulement le Hamas auquel ils les amalgame] doivent payer un prix sur le territoire qui leur sera enlevé pour toujours, à la fois à Gaza et en Judée-Samarie. »
« L’année 2025 sera, avec l’aide de Dieu [et de Trump] l’année de la souveraineté en Judée et en Samarie. »
Il s’agit d’annexer officiellement à Israël la Cisjordanie (appelée « Judée-Samarie » par Smotrich comme par Myke Hukabee), en expulsant sa population palestinienne. La raison fondamentale n’est ni religieuse, ni de satisfaire les colons : elle est « d’éliminer le danger existentiel d’un État palestinien ».
La symétrie de l’extrême-droite sioniste avec l’impérialisme russe est parfaite. L’existence ne serait-ce que d’une caricature impuissante, corrompue et non souveraine d’État palestinien est une menace jugée existentielle pour la « nation » judéo-israélienne définie comme coloniale, impériale et raciste. Inversement, l’existence d’une Palestine souveraine, libre et indépendante est la condition d’existence d’une nation, sans guillemets, judéo-israélienne démocratique.
Trump et Hukabee, c’est la dynamique génocidaire à Gaza et en Cisjordanie débridée. Elle ne conduira à aucune stabilisation ni à aucune sécurité pour les judéo-israéliens, bien au contraire.
Asie.
Le but global des manœuvres poutiniennes de Washington avec Trump sera de détacher Russie et Chine pour isoler la Chine. C’est un but qui peut être atteint, mais l’intérêt du régime chinois est bien entendu de faire monter les enchères avec tout le monde.
Or, il y a un joker : la Corée du Nord, sortie de son légendaire isolement comme fournisseur essentiel d’armes à la Russie, puissance nucléaire ayant maintenant des moyens de lancement, et envoyant des troupes contre l’Ukraine, chargées de pousser contre la zone occupée par l’Ukraine au Sud de Koursk, avec mission de la reprendre, on l’aura compris, avant le 20 janvier – au minimum : ces troupes « fraîches » peuvent aussi être utilisée pour tenter d’enfoncer plus gravement le Donbass, mais leur efficacité pour l’instant n’a pas été prouvée.
La Corée du Nord veut sa place dans l’ordre-désordre de la multipolarité impérialiste : elle est candidate aux BRICS+.
Cette partie s’est montée entre Poutine et Kim : Xi n’y est pour rien, même s’il s’agit pour Moscou de verrouiller l’alliance militaro-stratégique eurasiatique. Aux dernières rumeurs, la Corée du Nord devrait envoyer encore de nouvelles troupes. Tout le monde se dit qu’il y a, forcément, une contrepartie : garantie russe de soutien en cas d’invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord ? Cette éventualité déplaît à Beijing et suscite, à Séoul, Tokyo et Taipei, des débats sur une aide militaire à l’Ukraine venant d’Extrême-Orient au moment où les États-Unis vont la lâcher !
Contre la Chine, Trump a su également être ambivalent. La défense du droit des taïwanais à l’autodétermination n’est absolument pas un principe pour lui : il n’a pas de principes, et encore moins de principes démocratiques. Si les États-Unis améliorent, comme ils y travaillent, leur approvisionnement en semi-conducteurs, actuellement dépendant stratégiquement des usines TSMC à Taïwan, et en terres rares, actuellement dominées par la Chine (d’où l’importance de la question de l’emprise US sur le Groenland), ils peuvent laisser Xi ou son successeur faire main basse sur Taïwan, à condition de verrouiller l’espace océanique situé au-delà, avec la collaboration des Philippines, de la Malaisie, et de l’ancien ennemi vietnamien. Mais nous n’en sommes pas là ; et la guerre mondiale demeurerait, là encore, à l’horizon.
* * *
Ce cursif tour d’horizon montre deux choses :
1°) le rapport de force dans les affrontements sociaux qui s’annoncent aux États-Unis va être impacté par les évènements internationaux d’ici maintenant au 20 janvier. Toute défaite supplémentaire des peuples ukrainien et palestinien aura des répercussions négatives sur ce rapport de force.
2°) toute victoire de Trump sur la « voie de la paix » sera un pas vers la guerre, même si le jeu des alliances dans la guerre qui vient reste ouvert.
VP, le 17/11/2024.
The Trump victory and global tectonics
Originally published as: Global Tectonics Post-Trump Election. Part 2: The World By ‘VP’ at Aplutsoc (Arguments Pour la Lutte Sociale), auto-translated from the original French and lightly edited by JD.
Commentators endlessly harp on about Trump’s “unpredictability“. But, as described in a previous piece, Trump, Musk, and Putin have taken the time to discuss, let’s not kid ourselves. Trump’s general international line is clearly defined. His character unpredictability, that of a narcissistic rich kid, is in line with the inevitably erratic nature of the United States’ orientation today: the number one imperialist power but in serious crisis, having to preserve and renegotiate its global role through the balance of power.
This line, expressed more clearly by the man who became a Trump acolyte while nominally standing against him for the Republican nomination, Vivek Ramaswamy, is as follows: isolate China by reconciling with Russia by sacrificing Ukraine to it; by strengthening the United States/India axis; weaken the European powers in relation to both Russia and the United States (which probably means maintaining but reshaping NATO).
Added to this is a particular compulsion that is not coordinated with Putin, but which the Russian leader will be unconcerned about: a frenzied alliance (and not shame-faced and half-hearted as was the case for Biden) with the Israeli Zionist extreme right, which can go so far as to sacrifice all that remains of the pledges given to Iran under Obama for its regional counter-revolutionary role. Iran is also a key ally and arms supplier to Russia, but Netanyahu is also linked to Putin, the latter, without being able to pull all the strings, plays on both sides with the contradictions that this entails.
The election of Trump brings about a radical shift of the United States towards this international policy, which was already present as at least an option for North American imperialism in the present epoch of imperialist multipolarity.
Characteristically and decisively, this shift seems to be occuring immediately, whith no delay until January 20, 2025. The other powers consider Trump to be the de facto president, with Biden simply a lame duck. This observation is also important from an internal point of view in the United States: Trumpist demonstrations of foreign policy prepare the ground for the domestic attacks discussed in the first part of this article .
Ukraine .
The various commentators also endlessly discuss the possible developments, while in fact everyone knows very well the minimum that Trump promised Putin: to disarm Ukraine in such a way as to force it to accept, at least in a “provisional” way that aims to be definitive, the annexation of Crimea and the occupation of Donbass.
Putin’s immediate demands are well known: last July I reported the leak of the daily K’yiv Independant on the plan transmitted by the Russian Minister Kolokovstev in New York on June 26-27: exchange of the entire Donbass for the South between the sea and the Dnipro (we therefore have here a fluctuation zone for negotiation, as well as for the small zone occupied in Russia to the South of Kursk) on condition of demilitarization and a ban on Ukraine wanting to join NATO – it could, however, join the EU, with EU countries even being ordered to provide interposition forces for the “buffer zone” between Ukraine and the occupied territories.
There is no doubt that Trump will try to impose this on Ukraine. In this situation, Zelensky is maneuvering by combining offers of sale – raw materials offered to the United States, lithium, etc., and the valorization of Ukrainian know-how and the rapid start of military production, and even threatens to reactivate a nuclear program that, in any case, would take years. Neoliberal reforms, the destruction of public services and corruption are demoralising the population, which, however, still rejects the the prospect of permanent occupation and the Russification of part of the country.
So this is Trump’s peace, which he intends to offer Putin “in one day”, right? Problem: this does not satisfy Russia at all Let us explain:
On November 11, Nikolai Patrushev, the unofficial number 2 of the Russian regime, explained this at the beginning of an interview with the newspaper Kommersant :
“To win the election, Donald Trump relied on certain forces to which he has obligations. And as a responsible person, he will be obliged to keep them.
“During the campaign, he made many statements to win over voters, who ultimately voted against the destructive foreign and domestic policies of the current American presidential administration. But the campaign is over, and in January 2025, it will be time for the president-elect to get to work. In the United States, campaign promises can often be far from the actions that follow .”
If you didn’t get it, translation: Trump is indebted to the forces that helped him and now he’s going to have to pay back, and he better. Barely disguised mafia godfather language.
Dugin, a key ideologue of the Russian regime, wrote a text on November 11, which has since been widely circulated and translated on and by the Eurasian “fachosphere” (online community of extreme right-wing groups -JD):
“The current state of Ukraine is incompatible with the very existence of Russia. And if this issue is frozen once again, even if we include all our new territories in administrative boundaries, it will not solve anything.
“(…) It is regrettable to start a dialogue with the new US administration, which is generally opposed to globalism and anti-traditional values, on such a harsh note. But this is another trap set by the globalists. Perhaps Trump does not understand this. And we, while maneuvering diplomatically, hesitate to call a spade a spade. It is better to be direct with Trump. Ukraine is ours (all of Ukraine), and this is not up for discussion.
“(…) Again, there is no extremism here – just the cold laws of geopolitics, clearly described on both sides: by us and by Brzezinski. The detachment of Ukraine from Russia has been and remains an imperative of the entire Atlanticist school (…). For the Eurasian school, the opposite axiom is true: either Ukraine will be Russian, or there will be neither Ukraine, nor Russia, nor anyone else.“
The “cold laws of geopolitics” are the pedantic nonsense de rigueur here. But what Dugin writes is true: a Russian empire, whether tsarist, Stalinist or Putinist, cannot tolerate the existence of an independent Ukraine; it is existential for him. Conversely, the existence of a free, sovereign and independent Ukraine is the condition for the existence of a democratic Russian nation. Russian capitalist imperialism has as its axis military expansion in Ukraine, not to conquer, from its point of view, an external country, but to finally constitute itself as a reconstituted Russian empire – and, on this basis, to invade or vassalize the Central European and Central Asian “exterior”.
So, beyond the first stage, that of the guarantee of maintaining Russian troops in the territories they have invaded, is from the Russian imperialist point of view only the basis for immediately annihilating, or vassalizing again and then annihilating, Ukraine, and then pushing on towards the Baltic, the Balkans and the Caucasus.
So, Trump’s “peace in one day” is the shortest path to continuing wars. The only path to peace is the defeat of the Russian state and the fall of Putin. Of course, this is harder today, at the end of 2024, than it may have seemed at times in 2022 or 2023. But the Ukrainian people, under threat as a national, collective entity, will resist.
Europe.
The advent of Trump immediately raises in Europe the prospect of American abandonment and a NATO crisis as Trump turns against the interests of the old European imperialisms.
In France, Macron tried revive his own relevance by trying to bring to the European level the supposed line of genesis of a European defense, in which French nuclear deterrence would have a central place. His domestic position is very weakened and the crisis of the French regime can only be increased by the global diplomatic crisis that is beginning. The declaration of love to Elon Musk by Guillaume Kasbarian (a prominant member of Macron’s Renaissance party) may be a harbinger of what is coming.
But immediately, the greatest combination of domestic crisis and crisis of international relations occurs in Germany. At the same time as the American election, the coalition between the SPD and the Greens, on the one hand, and the liberals of the FDP, on the other, broke up with the resignation of Christian Lindner, the Liberal Democrat (FDP) Finance Minister. The crisis was brewing and, as in France, revolved around the budget: it was an attempt by Lindner to force his line through the government on the grounds of the announcement of Trump’s victory that precipitated it.
The budget conflict is rooted in the constraint imposed by the Federal Constitutional Court, guardian of ordoliberalism, at the end of 2023, not to allocate part of the “public” debt of the Covid period to the fight against the climate crisis. The Green Minister of Economy and Climate had been trying, since October 2024, to relax public debt to “help businesses”. Lindner wanted to ban it, “lower taxes” and finally, cut so-called climate spending.
This internal conflict in power has expanded into an existential crisis over Germany’s place in Europe, on November 5-7. The United States is preparing to pull out the rug and the umbrella. Should Germany engage in rearmament with European defense in a conflictual alliance with France? Or return to a structural partnership with Russia? Thus share with it influence in Central and Eastern Europe.
Olaf Scholz made this move by calling Putin. No matter what they said to each other, he deliberately set a precedent that ended the absence of official bilateral discussions between major European states and Russia.
The Russian “response” was the massive bombing of Ukrainian infrastructure on the night of November 16-17, the worst since the beginning of the war. The Baltic countries and Poland shudder at what a Berlin-Moscow agreement means for them – need we remind you that they already suffered one, 85 years ago?
In this situation, Biden made his first strong gesture – the last? we will see – since the presidential election: he “authorized” Ukraine to use American long-range missiles on Russian territory. The dynamics are accelerating…
Palestine.
Trump’s victory allows Netanyahu to crush Gaza once and for all. About 100,000 dead, two million three hundred thousand people tossed from one field of ruins to another field of ruins for a year, subjected to trauma and famine, the territory being surrounded and cut up by Tsahal [Israel Defense Forces – JD], without the Palestinian population having stopped cursing the colonial occupiers, without Hamas having disappeared, and without the hostages, who die one after the other in suffering. What to do with this territory? With Trump, Israeli is authorized to do what it wants with it, continuing the murderous reduction in the number of its inhabitants. We are now entering the reality of genocide. We will therefore have to talk in the near future, of Genocide Donald .
The program of the extreme right of Zionism is given by the minister Bezalel Smotrich, in charge of the “civil management” of the West Bank, in language that is virtually identitical to that used by the Putinist “rashists” against the Ukrainians:
“The new Nazis [by which he means all the Palestinians, not just Hamas] have to pay a price in the territory that will be taken from them forever, both in Gaza and in Judea and Samaria.”
“The year 2025 will, with God’s help [and Trump’s] be the year of sovereignty in Judea and Samaria.”
The idea is to officially annex the West Bank (called “Judea and Samaria” by Smotrich and Mike Hukabee) to Israel, expelling its Palestinian population. The fundamental reason is neither religious nor to satisfy the settlers: it is “to eliminate the existential danger of a Palestinian state.”
The symmetry of the Zionist far-right with Russian imperialism is perfect . The existence of even a powerless, corrupt and non-sovereign caricature of a Palestinian state is a threat deemed existential to the far-right’s vision of a Judeo-Israeli “nation” (colonial, imperial and racist). Conversely, the existence of a sovereign, free and independent Palestine is the precondition for the existence of a quote-unquote democratic Judeo-Israeli nation.
Trump and Hukabee are the genocidal dynamics in Gaza and the West Bank unbridled. It will not lead to any stability or security for Jewish Israelis – quite the contrary.
Asia.
The overall goal of Washington’s Putin maneuvers with Trump will be to detach Russia and China, isolating the latter. This is a goal that could be achieved, but the Chinese regime’s interest is of course to raise the stakes with everyone.
Now, there is a wild card: North Korea, emerging from its legendary isolation as a key supplier of weapons to Russia, a nuclear power now with means of launching it, and sending troops against Ukraine, tasked with pushing against the zone occupied by Ukraine south of Kursk, with the mission of retaking it, as we will have understood, before January 20th – at the very least: these “fresh” troops can also be used to try to push more seriously into the Donbass, but their effectiveness has not yet been proven.
North Korea wants its place in the order-disorder of imperialist multipolarity: it is a candidate for BRICS+.
This game was played between Putin and Kim: Xi has nothing to do with it, even if Moscow wants to lock down the Eurasian military-strategic alliance. According to the latest rumors, North Korea is expected to send even more troops. Everyone thinks that there must be a counterpart: a Russian guarantee of support in the event of a North Korean invasion of South Korea? This possibility displeases Beijing and is sparking debates in Seoul, Tokyo and Taipei about military aid to Ukraine from the Far East at a time when the United States is about to drop it!
Against China, Trump has also been ambivalent. Defending the Taiwanese people’s right to self-determination is absolutely not a principle for him: he has no principles, and even less democratic principles. If the United States improves, as it is working to do, its supply of semiconductors, currently strategically dependent on TSMC factories in Taiwan, and rare earths, currently dominated by China (hence the importance of the question of US control over Greenland), it can let Xi or his successor get its hands on Taiwan, provided that they lock down the oceanic space beyond, with the collaboration of the Philippines, Malaysia, and the former enemy Vietnam. But we are not there yet; and world war would remain, there again, on the horizon.
* * *
This cursory overview shows two things:
1) the balance of power in the social clashes that are looming in the United States will be impacted by international events between now and January 20. Any further defeat of the Ukrainian and Palestinian peoples will have negative repercussions on this balance of power.
2) Any victory for Trump on the “path to peace” will be a step towards war, even if the game of alliances in the coming war remains open.
VP, 17 Nov 2024.
Source : https://shirazsocialism.wordpress.com/2024/11/26/the-trump-victory-and-global-tectonics/
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