Le Comité de rédaction d’Aplutsoc, réuni le 26 septembre 2024, a décidé de se prononcer en tant que tel en faveur du vote Kamala Harris, contre Donald Trump, aux États-Unis.
Cette prise de position vise bien entendu à susciter la discussion et motiver la réflexion parmi les camarades et les courants politiques, français et internationaux, que nous côtoyons : il va de soi que nous ne prétendons pas peser sur les résultats, mais par contre, la saisie des enjeux stratégiques parmi les nôtres nous importe.
De plus, c’est bien d’un enjeu international qu’il s’agit.
Donald Trump représente une orientation globale pour l’impérialisme nord-américain qui est loin de se limiter à sa personne : d’une part, adaptation à la multipolarité impérialiste, d’autre part, préparation à la guerre avec la Chine. Cela signifie alliance avec la Russie, et en même temps soutien total à la fuite en avant de Netanyahou qui a besoin de la guerre. Deux nations en lutte pour leur liberté ont donc absolument tout à craindre de son élection : les Ukrainiens et les Palestiniens.
Cela souligne combien grande est la stupidité des courants politiques pour qui la tête de l’impérialisme US, Joe Biden, et les Démocrates, seraient les partisans les plus actifs, voire les promoteurs, du « génocide » des Palestiniens. En faisant dans les faits le jeu du vote Trump (par l’abstention ou par le vote pour les campistes pro-Poutine Jill Stein ou Cornell West), ce sont en réalité eux qui font courir le risque d’un véritable génocide aux Palestiniens de Gaza, voire au delà de Gaza.
Battre Trump serait porter un coup à cette orientation politique internationale, sans pour autant régler la question d’une politique étrangère démocratique américaine, qui demande un tout autre pouvoir qu’un pouvoir capitaliste à la tête du pays.
Or, Kamala Harris est évidemment une candidate capitaliste. Mais le vote prolétarien, démocratique et révolutionnaire pour Kamala Harris n’est pas un vote par défaut. Il peut être non pas un alignement sur le Parti démocrate, mais une affirmation indépendante de la nécessité, tout de suite, de barrer la route à Trump, pour pouvoir construire dans le pays, dans la jeunesse, dans les syndicats, un véritable mouvement indépendant anti-Trump, comme le préconisent nos camarades d’Oakland Socialist.
De la même façon, nous venons en France d’empêcher la formation d’un exécutif Macron/Bardella, offrant la direction du gouvernement au Rassemblement National, en barrant la route à un maximum de ses candidats au second tour des élections législatives, le 7 juillet dernier, par le vote pour des candidats bourgeois de « droite » ou du « centre ». Aplutsoc n’a appelé à aucun « front républicain » avec eux mais à un vote de classe, en toute conscience, pour stopper la menace et engager la bataille indépendante que devraient engager le Nouveau Front Populaire et les syndicats.
Trump assume la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021, il a déclaré que s’il était élu il n’y aurait plus besoin de voter, qu’il permettrait à la police, « sur une journée », de faire ce qu’elle veut, donc de tuer sans limites, il menace de traquer, enfermer et expulser des millions de travailleurs venus d’Amérique latine et des Caraïbes, ses partisans préparent un plan d’assujettissement des syndicats au patronat et d’interdiction des syndicats chez les fonctionnaires, et sont en train d’organiser le trucage des élections dans les États qu’il contrôle et la minoration voire l’empêchement du vote noir. Des groupes armés le soutiennent, groupes fascistes, héritiers du Ku Klux Klan. Il s’agit d’une menace de type néofasciste.
La défense des libertés démocratiques et syndicales, des droits des femmes (avortement, contraception, divorce, intégrité corporelle..) et des personnes LGBT, les libertés académiques dans l’enseignement, est une tache première des militants ouvriers, des militants révolutionnaires. Et la défaite de Trump serait une défaite pour toutes les forces fascisantes dans le monde, pour lesquelles Trump et Poutine sont leurs deux « soleils ». En France, le fait que Trump soit battu aux États-Unis compte dans notre combat contre le Rassemblement National de Le Pen et Bardella.
Biden, en raison de sa politique – défense des intérêts capitalistes, mesures contre les migrations venant du Sud, refus de rompre avec Netanyahou, refus d’armer l’Ukraine au niveau nécessaire pour sa victoire – ne pouvait sans doute pas battre Trump. Kamala Harris le peut. Mais pour gagner, il faut la mobilisation indépendante du mouvement ouvrier, de la jeunesse, de tous les opprimé.e.s.
La toute récente victoire salariale des dockers, après notamment celles des ouvriers de l’automobile, indique que les victoires sont possibles. Et c’est de victoires politiques que nous avons besoin. Faisons de la défaite de Trump une première victoire politique du prolétariat américain et mondial : c’est la seule voie qui peut le mener à l’initiative et à l’organisation politiques indépendantes !
Bien vu
Je viens de soumettre un article sur les présidentielles américaines à ContreTemps, la revue papier (qui sortira en octobre). Et la commission internationale d’Ensemble ! m’a programmé pour une visioconférence sur le même sujet le jeudi 10 octobre à 18 h 30. Voici l’annonce avec le lien.
https://ensemble-le-havre.eklablog.com/kamala-harris-contre-donald-trump-conference-sur-les-presidentielles-a-a216284133
Merci pour cet exposé clair des enjeux internationaux. D’accord avec vous sur l’essentiel. Je trouve en effet le sobriquet « Genocide Joe », appliqué à Biden, alors qu’on ne dit rien à propos de Trump, particulièrement trompeur. Il fait partie d’une surenchère verbale. Génocide ne suffit plus, certains disent maintenant « holocauste ».
J’aimeJ’aime
clair, net et précis, nin à » tortiller du cul » tout est juste en peu de mots, bravo ! 8|
J’aimeJ’aime