Le 10 septembre, le tribunal de Guangdong a rejeté l’appel de deux militants chinois Huang Xueqin et Wang Jianbing, confirmant leurs condamnations pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Huang Xueqin, une militante féministe éminente, et Wang Jianbing, un défenseur des droits des travailleurs, ont vu leurs peines respectives confirmées à cinq à trois ans et six mois de prison. Cette décision met non seulement en évidence l’hypocrisie du régime chinois, qui se proclame défenseur des droits des travailleurs et des femmes, mais met également en évidence la détermination du gouvernement à réprimer toute personne qui travaille spécifiquement pour ces objectifs.

– L’activisme de Wang Jianbing : défendre les droits des travailleurs

Wang Jianbing, 41 ans, est un militant de longue date qui s’est engagé à défendre les droits des travailleurs et à promouvoir la sécurité au travail. Pendant des années, il a travaillé avec les migrants, l’une des catégories les plus vulnérables de la société chinoise, en se concentrant sur des questions critiques telles que la sécurité au travail et les maladies professionnelles. Wang a consacré sa vie à l’amélioration des conditions de travail, en offrant une assistance directe et des conseils juridiques.

L’un des aspects controversés qui ont conduit à son incrimination a été l’organisation de réunions hebdomadaires dans son appartement, où les militants et les membres de la société civile se réuniraient pour discuter et s’organiser. Bien que ces réunions aient été totalement informelles et pacifiques, elles ont été interprétées comme une menace par les autorités, qui voyaient dans ces activités un danger pour l’ordre public.

– L’activisme de Huang Xueqin : journalisme et mouvement féministe

Huang Xueqin est une journaliste et militante féministe bien connue dont le travail a eu un impact significatif sur le mouvement #MeToo en Chine. À travers son journalisme, Huang a mis en lumière de nombreux cas de harcèlement et d’abus sexuels, remettant en question un climat de silence et d’indifférence imposé par le régime patriarcal chinois. Son activité a contribué à donner de la visibilité aux victimes et à promouvoir le changement social.

Outre son travail de journalisme, Huang a collaboré avec plusieurs organisations de défense des droits humains et féministes en Chine.. Elle a participé à des campagnes de sensibilisation et a travaillé en étroite collaboration avec les victimes de violence domestique et de harcèlement sexuel. Ses activités consistaient à créer des espaces sûrs pour les femmes, où elles pouvaient partager leurs expériences et recevoir un soutien juridique et psychologique. Huang a également participé à des initiatives de plaidoyer visant à réformer les lois existantes pour améliorer la protection des femmes et assurer une justice équitable. Globalement, son activisme a remis en question les normes patriarcales et les structures de pouvoir, ce qui en fait une cible du régime chinois, qui considérait son activité comme une menace pour la « stabilité sociale ».

– Procédures judiciaires et répression

Après leur arrestation le 19 septembre 2021, Huang et Wang ont été détenus sans communication officielle à leurs familles pendant plusieurs semaines. Les notifications d’arrestation ne sont arrivées que fin octobre 2021, pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Les procès se sont déroulés de manière non transparente, le verdict final en première instance n’ayant été annoncé que le 14 juin 2024.

Par la suite, l’appel interjeté par les avocats de Huang et Wang a été rejeté le 10 septembre 2024 sans préavis aux avocats, qui ont fourni de nouveaux éléments de preuve et demandes de témoignage. Ce manque de communication et le traitement irrégulier de l’affaire démontrent une violation flagrante des droits légaux des activistes. La peine de Wang à trois ans et six mois de prison a été confirmée, avec l’ajout de trois ans de « privation des droits politiques » qui l’empêcheront de participer activement à la vie publique même après la fin de sa peine, et celle de Huang à cinq ans.

Source : Andrea Ferrario