A l’occasion du 24 août, date anniversaire de l’indépendance ukrainienne de 1991, le bulletin Soutien à l’Ukraine Résistante nous sort des sentiers de la guerre et offre à voir et découvrir un art populaire se basant sur un objet du quotidien : l’abri de bus !

Présentation de Patrick Le Tréhondat :

L’art de la mosaïque extérieure a commencé à se développer en Ukraine à partir des années 1960. la croissance des villes a conduit à l’augmentation des services de bus suburbains et interurbains et les mosaïques des arrêts de bus sont devenues un phénomène artistique unique, qui a donné aux artistes la possibilité de faire preuve d’initiative créatrice dans le cadre d’un système où existait une censure idéologique. C’était une sorte de street art à l’ère « soviétique ».

Les symboles communistes y sont presque absents, mais les symboles et les thèmes de la culture ukrainienne y sont clairement affichés. Les mosaïques aux arrêts de bus ont commencé à apparaître en masse dans les années 1970. Et malgré la censure stricte et l’imposition par le parti d’un réalisme socialiste artificiel, les arrêts de bus sont devenus une échappatoire, un espace de liberté, où les artistes pouvaient d’une manière ou d’une autre proposer leur création originale tout en prenant en compte les caractéristiques culturelles ou naturelles de la région. C’est pourquoi des compositions si différentes sont sorties des mosaïques : ornements de broderie, cosaques, chevaliers, animaux, paysages, métiers…

À l’époque soviétique, des fonds étaient attribués aux entreprises « à des fins esthétiques ». Ces fonds pouvaient être investis dans la production de mosaïques, de vitraux et de tapisseries. Pour les jeunes artistes, c’était une occasion inespérée de pratiquer leur art. « Ils se réunissaient en équipes créatives et ont effectué des voyages dans tout le pays. Ils vivaient dans les villages, et si le soleil ne brillait pas ils enseignaient la mosaïque aux populations intéressées. Durant un été, une équipe pouvait décorer cinq ou six arrêts », explique Olena Vesela, 29 ans, cofondatrice du projet Art Zupynka, dédié à la restauration des mosaïques des arrêts de bus. « Il y a peu d’informations sur les arrêts. Ni les croquis, ni les noms des artistes, ni les cartes de localisation n’ont été conservés dans les archives. C’est pourquoi j’ai également pris comme une mission sociale d’éviter que les artistes ne soient oubliés. »

Lire la suite en ligne :