Les médias s’interrogent plus que jamais à haute voix : « l’embrasement du Proche-Orient va-t-il se produire » ?
Il y a une triste ironie à constater que cet embrasement est là depuis des années, en fait, et que le pire, la répression du peuple syrien par Bachar el Assad aidé de la Russie et de l’Iran, équivalent de plusieurs Nakba, n’a pas fait l’objet, jamais, de telles interrogations pontifiantes. Si la révolution syrienne avait renversé Bachar, tous les peuples de la région, à commencer par le peuple palestinien, ne connaîtraient pas l’horreur actuelle.
La séquence d’évènements formée par le bombardement d’un stade de foot, tuant plusieurs enfants et jeunes druzes de citoyenneté israélienne, sans nul doute par le Hezbollah qui a démenti, suivie de représailles israéliennes tuant un chef du Hezbollah à Beyrouth et, surtout, actionnant un dispositif explosif qui, si l’on a bien compris, était déjà installé dans la maison des beaux quartiers du régime où logeait Ismail Haniyeh, dirigeant du Hamas, lorsqu’il se rendait à Téhéran, met donc plus que jamais à l’ordre-du-jour « l’embrasement ».
Le premier résultat politique de cet attentat, qui prive la justice internationale de la possibilité de juger un jour ce criminel aussi bien que Benjamin Netanyahou, est de neutraliser les effets de la récente élection présidentielle iranienne, qui a rappelé la fragilité et l’impopularité totale du régime des mollahs.
Son second résultat est que toute négociation sur la libération des otages et un cessez-le-feu est mise hors circuit, car Haniyeh, riche profiteur basé à Dubaï, était le négociateur, officieux ou officiel on ne sait, du Hamas sur ces sujets.
Ces deux résultats arrangent bien Netanyahou, d’une part, le régime iranien, d’autre part, ennemis préférés l’un de l’autre.
L’attente angoissée est donc instaurée de la « réponse » iranienne à « l’affront ». Certes, ce jeu entre assassins ouvre le risque d’une guerre au Liban voire entre Israël et l’Iran, impliquant États-Unis d’une part, Russie et Chine, de l’autre. Toutefois, les prodromes de guerre mondiale n’ont pas leurs racines au Proche-Orient, contrairement aux idées dominantes à ce sujet : les rivalités inter-impérialistes sont globales et les deux foyers majeurs d’affrontements directs possibles sont surtout la mer de Chine et l’Europe orientale. Iran et gouvernement israélien se tiennent par la barbichette pour poursuivre dans leur dynamique répressive propre, l’un contre son propre peuple et l’autre contre le peuple palestinien.
Le résultat certain de ce ballet d’attentats est donc la poursuite du massacre des Palestiniens de Gaza, pire que jamais ces dernières semaines, et de la colonisation en Cisjordanie.
Plus que jamais par conséquent, l’action de masse pour imposer un cessez-le-feu à Gaza et s’opposer à l’envoi d’armes à Israël, dont la gabegie contraste tant avec l’homéopathie dont est l’objet l’Ukraine, devrait s’imposer. Force est de constater que les mobilisations rituelles « pour Gaza », largement déconnectées de la réalité que vivent les Gazaouis, n’ont pas intégré ces dimensions. Une condition de leur efficacité serait l’indépendance totale envers la politique du Hamas comme du Fatah, et la dénonciation du caractère totalement réactionnaire de la politique et des actes du Hamas, qui n’a pas pour nature d’être un mouvement national – au lieu de célébrer le culte d’Haniyeh comme vient de le faire … Sophia Chikirou !
C’est là LA condition de la défense réelle, sincère et efficace des Palestiniens. Il serait temps d’en parler ! Il serait temps que les « pro-palestiniens » deviennent réellement des pro-palestiniens !
03/08/2024.