Les palinodies des chefs à plume LFI, PCF, EELV et PS commencent à bien faire, car elles font le jeu du patronat, du RN, de la droite, de Renaissance et autres, et de Macron. Pas la peine de « fixer une deadline », c’est bien normal de « prendre son temps », explique par exemple Manuel Bompard, ou, exactement dans les mêmes termes, Marine Tondelier.

Le problème, c’est que pendant ce temps, le gouvernement Attal, présenté comme un gentil garçon désormais fâché définitivement avec son patron de président, gouverne. Et que fait -il ?

Hé bien, par exemple, il promulgue un décret directement inspiré du RN contre le droit au repos dominical des vendangeurs.

Ou encore, il affirme sa volonté de foncer en appliquant le « choc des savoirs » à la rentrée : FSU, UNSA, CGT et SUD ont pour cela quitté la réunion du Comité Social Ministériel de l’Éducation nationale, le 10 juillet.

Même à propos de l’Assurance chômage, où Attal a reculé au soir du premier tour des législatives, il a produit un projet de décret qui fixe la fin d’application des règles actuelles au 30 septembre, au lieu d’annuler sine die toute velléité de contre-réforme aggravée.

Vendredi 12 juillet, Macron, tout en vitupérant contre les députés ci-devant macroniens, a annoncé qu’il accepterait la démission d’Attal mardi prochain, contraint et forcé en fait par la décision d’Attal de briguer la présidence du groupe parlementaire ex-macronien. Mais un « gouvernement démissionnaire » peut en théorie continuer à « expédier les affaires courantes » … pendant un temps indéfini. Et « expédier les affaires courantes » veut dire ne rien changer des contre-réformes mises en route : cela veut dire poursuivre le « choc des savoirs » et la réforme des retraites ! Belle entourloupe !

Il importe pour le monde du travail et la jeunesse que les chefs à plume du NFP auxquels l’unité a été imposée ne passent pas encore de longues journées à se chamailler en secret.

L’intérêt général des exploités et opprimés est indifférent, il faut le dire, au fait de savoir si le ou la premier.e ministre sera LFI ou PS. De plus, les vraies raisons de leur rivalité ne sont pas celles mises en avant pour flatter l’idéologie des militants : à savoir une « volonté de radicalité » à LFI et une tentation de la combinazione au PS. La vraie raison, c’est le respect des institutions de la V° République qui les conduit à avoir les yeux fixés sur la ligne bleu horizon des supposées élections présidentielles de 2027.

C’est notamment pour cela que LFI, inquiète de la volonté déclarée d’Olivier Faure d’aller à Matignon, a remis en avant la candidature de J.L. Mélenchon parmi ses propres chefs à plume, en réalité tout aussi impraticable que le serait celle de … François Hollande – de crainte que l’occupation de ce siège ne conforte O. Faure pour la présidentielle.

Aux dernières nouvelles, le PCF joue la charnière en proposant la présidente du Conseil régional de La Réunion, Huguette Bello (membre de la liste LFI aux Européennes en position non éligible), cherchant à coaliser pour ce faire les composantes du NFP autres que le PS, ce qui est aussi une manière d’acter le fait que LFI seule ne surclasse ni n’équilibre plus le PS. Celui-ci tient un Conseil national, confronté au choix de maintenir sa tentative vers Matignon ou de se rallier à cette formule en compensant par des ministères.

Risibles calculs, qui n’ont même plus pour eux l’argument du réalisme et du pragmatisme quand Macron est toujours président et entend bien tenter de disposer, malgré sa déliquescence, de cette nomination.

Il est surtout évident que 2027 c’est tout de suite, non seulement parce que nul ne peut garantir que Macron tiendra jusque-là, mais parce que la question de l’unité pour occuper Matignon, c’est la question de l’abrogation de la réforme des retraites et des autres contre-réformes. Sous une forme politique concentrée, la question sociale surdétermine la situation. Et les palinodies des chefs à plume ne sont que des tentatives de biaiser et d’échapper à cette réalité-là, qui est première.

Le 18 juillet, la manifestation à l’Assemblée nationale et les rassemblements devant les préfectures seront aussi l’expression de la pression populaire exercée sur les chefs des partis du NFP. Pour qu’ils sortent des palinodies primo-ministérielles s’ils ne l’ont toujours pas fait à cette date, pour qu’ils exigent frontalement de Macron qu’il se soumette ou se démette s’il n’a toujours nommé un gouvernement NFP, pour que celui-ci abroge immédiatement la réforme des retraites s’il est installé.

Et c’est ainsi que nous battrons le RN, non en 2027, mais tout de suite – et ce régime, qui est son régime politique, celui de la V° République, avec lui.