Si vous prenez des toasts au petit-déjeuner, vous allez désormais devenir fou de Joe Biden car c’est à quoi il ressemble : un toast. Mais un toast rassis, sans beurre ni confiture en plus. C’est du moins ainsi qu’il est apparu hier soir lors du débat avec le détenteur du record du monde de mensonges, Donald Trump. Trump a menti et fanfaronné, et encore menti et fanfaronné. Mais il paraissait à la fois calme et dynamique. Et Biden ?

Voici une citation : « Nous sommes capables de rendre chaque personne solitaire… éligible à ce que j’ai pu faire avec, euh, avec — pendant le Covid, ou excusez-moi, avec, gérer, tout ce que nous devons faire avec, euh… Écoutez… Si… nous avons enfin battu Medicare. » Les mots jetés ainsi sur une page ne lui rendent tout simplement pas justice. Biden a parlé d’une voix rauque, dépourvue de toute émotion ou dynamisme. Et dans ce pays, les apparences représentent 75 % de la politique.

Dans les 12 heures qui ont suivi la fin du débat, toutes sortes de voix se sont élevées pour demander le retrait de Biden. Pas en provenance de l’équipe de campagne Trump, qui, selon un porte-parole de CNN, est « pétrifiée » par cette perspective. Ces appels viennent de ceux qui ne veulent vraiment pas que Trump soit élu, y compris le comité de rédaction duWall St. Journal . Ils ont écrit : « La question est de savoir si d’éminents démocrates vont désormais rompre avec leur omerta à l’échelle du parti et appeler le président à envisager de se retirer. »

Le New York Times a rapporté qu’un « stratège démocrate chevronné qui a fermement soutenu publiquement M. Biden » a envoyé un courriel : « Joe disposait d’un profond réservoir d’affection parmi les démocrates. Il est à sec…. L’homme sur la scène face à Trump ne peut pas gagner. La peur de Trump a étouffé les critiques à l’égard de Biden. Aujourd’hui, cette même peur va alimenter les appels à sa démission ». Ils ont rapporté que le principal donateur du Parti démocrate, Mark Buell, avait demandé : « Avons-nous le temps de mettre quelqu’un d’autre à sa place ? »

Soyons réalistes : Biden est trop vieux. C’est vrai, Trump aussi, mais les deux le montrent de manières différentes. On peut faire valoir que s’ils déterraient un cadavre de sa tombe et le présentaient à la présidence, il faudrait voter pour ce cadavre afin d’écarter Trump. Mais là n’est pas la question ; le problème est de savoir comment la plupart des électeurs le perçoivent.

Les démocrates mettent leurs chariots en cercle

Pourtant, quelques heures plus tard, les dirigeants du Parti démocrate formaient le cercle avec leurs chariots [expression US pour la mise en formation de protection d’un groupe]. Le gouverneur de Californie, Gavin Newsome, a déclaré à la presse à quel point il aime Biden et le sénateur démocrate de Pennsylvanie, John Fetterman, a déclaré que lui-même avait fait une mauvaise prestation lors d’un débat et qu’il avait pourtant remporté son élection au Sénat.

La direction du Parti démocrate est déconnectée. Pourquoi donc ? Nous devons d’abord comprendre qu’il est presque impossible d’être élu sans un appareil capable de mobiliser une base de soutien et de collecter des fonds. Un tel appareil est un parti politique, ou au moins un parti en construction. Nous devons donc examiner qui contrôle réellement le Parti démocrate, à savoir le Comité national démocrate, le DNC. Le DNC est composé des présidents et vice-présidents du Parti démocrate de chaque État. Cela ne nous dit pas grand-chose jusqu’à ce que l’on regarde les hauts dirigeants du DNC.

Comité national démocrate (DNC)

Jaime Harrison est le président du DNC. Il a été sélectionné par Biden. Harrison a débuté sa carrière dans le monde des ONG libérales. Il est ensuite passé au cabinet du représentant américain Jim Clyburn. Selon Wikipédia, « Il a ensuite servi comme lobbyiste pour le groupe Podesta . Ses clients au sein du groupe Podesta comprenaient des banques telles que Bank of America et Wells Fargo , Berkshire Hathaway , des sociétés pharmaceutiques, des casinos, l’ American Coalition for Clean Coal Electricity et Walmart , entre autres.

Ensuite, si vous regardez le mentor d’Harrison, Jim Clyburn qui a joué un rôle important dans l’obtention de la nomination de Biden en 2020, vous pouvez voir que lui aussi a commencé sa carrière en s’associant avec des politiciens démocrates déjà en place, en premier lieu Julian Devine, qui s’est présenté et a remporté un siège au conseil municipal de Charleston en 1969. Avant cela, Clyburn s’était fait remarquer en liant aux autorités locales, les grévistes des hôpitaux de Charleston. Clyburn a ensuite travaillé pour le gouverneur de Caroline du Sud, John West.

La coprésidente du DNC et gouverneure du Michigan, Gretchen Whitmer, a suivi une voie similaire : par le biais du programme de formation interne des Démocrates. Ce programme met en relation de jeunes étudiants prometteurs avec des politiciens déjà installés. Dans le cas de Whitmer, il s’agissait du représentant démocrate de cet État, Curtis Hertel.

Un autre membre éminent du DNC est son président des finances et avocat Charles Korge. Selon le site Web de son entreprise , il « s’est spécialisé dans les contrats et marchés publics, les affaires législatives, l’utilisation des terres, le développement, les permis et autres affaires réglementaires ». En d’autres termes, Korge s’est spécialisé dans la connexion des entreprises américaines avec les agences gouvernementales. Korge a transformé cette spécialité en un rôle d’« agrégateur » pour le Parti démocrate. Il s’agit d’une personne qui réunit les principaux donateurs de son parti.

Nous pouvons donc voir que la direction du Parti démocrate est un corps qui s’auto-reproduit et se transmet d’une génération à la suivante. Il survit parce que pendant des décennies, la seule alternative était la direction du Parti républicain, qui a maintenant été reprise et verrouillée à double tour pour un seul individu.

Il n’est toujours pas exclu que Biden puisse gagner, mais les chances qu’il y parvienne semblent désormais aussi grandes que la possibilité du tirage d’une quinte intérieure au poker. Les chances de succès sont exactement d’une sur treize.

Préparons-nous !

Il est donc plus que jamais nécessaire de se préparer à quatre années de Trump. Et ces quatre années seront bien pires que les précédentes (2016-20).

Le New York Times a révélé que les démocrates font de tels préparatifs, en envisageant des contestations judiciaires. Sont-ils sérieux ? Même sans l’actuelle Cour suprême contrôlée par Trump, cela ne fonctionnerait pas.

Conclusion : ce qu’il faut, ce sont des comités de résistance à la base, contrôlés démocratiquement (petit « d ») [par opposition à D majuscule qui fait référence au parti Démocrate Ndr] – des comités indépendants et opposés aux deux partis capitalistes ainsi qu’aux organisations à but non lucratif (ONG), aux bureaucrates syndicaux et à la « gauche » poutinisée d’Amérique.

(Oakland socialist, 28 juin 2024)

Source : https://oaklandsocialist.com/2024/06/28/biden-toast-and-the-dnc/

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