Éditorial du 09 juin 2024 à 23h00

Après avoir gouverné pendant deux ans contre la majorité du pays et à coups de 49-3, Macron, à la demande du RN, a prestement dissous l’Assemblée nationale ce dimanche 9 juin à 21H. Les élections législatives sont fixées aux 30 juin et 7 juillet. La crise du régime est là.

Bien sûr, il faut barrer la route à l’extrême-droite qui a totalisé environ 38% des suffrages exprimés en France ce 9 juin. Il faut donc pour cela battre Macron qui lui a pavé la voie et qui nommera Marine Le Pen ou Jordan Bardella premier ministre en juillet 2024 s’ils gagnent ce nouveau scrutin. Disons-le haut et fort : le monde du travail et la jeunesse, le mouvement ouvrier et la démocratie, peuvent et doivent gagner !

L’analyse sérieuse des résultats, sur laquelle nous reviendrons, l’indique. Nous le savons, la majorité dans ce pays n’est pas pour le racisme et pour Poutine. Elle s’est opposée à la loi Macron contre nos retraites. C’est une majorité pour la démocratie, pour les droits sociaux, pour l’abrogation de la loi Macron sur les retraites, pour la hausse des salaires, pour les droits de la jeunesse contre le « choc des savoirs », pour l’école publique, pour la santé publique, pour lutter enfin réellement pour le climat, pour le droit des peuples ukrainien et palestinien, qui est nécessaire et qui est possible.

Oui, elle est possible, si, par en bas, nous nous unissons pour l’imposer !

La date du dépôt des candidatures va être rapide. Nous appelons les travailleurs, les jeunes, les citoyens, les militants, les syndicats, à réaliser dans toutes les circonscriptions des assemblées populaires investissant les candidats de l’unité contre Macron, Le Pen et la V° République, pour les salaires, les droits sociaux et la démocratie. L’unité des travailleurs, de la démocratie et de l’écologie.

Nous estimons que les députés de gauche et écologistes sortant doivent convoquer de telles assemblées et s’engager à en respecter les décisions. Peu importe si ces candidats du front unique disent l’être dans le cadre d’une « NUPES » ou d’une « Union Populaire », ce qui compte, c’est de gagner.

L’Assemblée que nous voulons ne devra pas chercher à cohabiter avec Macron comme le veut Bardella, ni lui demander de nommer tel ou tel chef de gauche premier ministre comme le lui avait demandé J.L. Mélenchon. Il ne s’agit pas de cohabiter, il s’agit d’aller vers la vraie démocratie, celle dont nous avons besoin pour assurer l’avenir à nos enfants et une vie correcte pour toutes et pour tous. Elle devra imposer sa souveraineté, gouverner avec le peuple, contre le président, ce qui conduira à un changement de régime, celui qu’ont dessiné les grands mouvements sociaux de ces dernières années comme celui des Gilets jaunes. C’est ainsi que nous regrouperons une grande partie des abstentionnistes du 9 juin et des votants égarés au RN.

Le 09-06-20224 à 23h00.

Assemblée souveraine ! Unité contre Macron et le RN ! Nous pouvons gagner !

Aplutsoc met bien sûr cette situation et ces taches au centre des discussions de l’assemblée-débat que nous organisons à Paris, au Maltais rouge, dimanche prochain à 14 h.

Quelques éléments d’analyse et d’interprétation des résultats.

Le score élevé, certes anticipé, du RN -auquel il faut ajouter les listes Maréchal, Philippot et Asselineau, soit environ 38 %- doit être expliqué. Les concerts de lamentation sont contre-productifs : ces héritiers du fascisme et du nazisme ne sont pas, aujourd’hui, leur équivalent (sinon nous ne serions pas en train de discuter, mais de nous battre).

Le RN et ses flancs (Reconquête et autres) est totalement légitimé comme parti de gouvernement dans la V° République. La manifestation d’union nationale l’associant « contre l’antisémitisme », pendant que LFI niait et nie l’antisémitisme qui serait une accusation servant les dominants, le 10 novembre dernier, a été un moment décisif parachevant ce processus. Le vote traditionnel de droite se porte désormais très majoritairement sur le RN.

S’y est ajouté le vote de couches atomisées du prolétariat et/ou de couches déçues par leurs anciennes organisations, et celui de secteurs dépolitisés de la jeunesse. Enfin, et ceci est un point clef, le RN porte une politique capitaliste qui, au plan international, a le soutien croissant de larges secteurs des classes dominantes, celui de l’entente avec Poutine et du durcissement des rapports sociaux en commençant par frapper les immigrés, migrants et étrangers. Il est le parti de Poutine et de Trump.

La pire erreur serait de s’imaginer que les larges masses succombent au racisme et au nationalisme. N’oublions pas les près de 50% d’abstentions, sachant que les non-votants ont manifesté le même intérêt, la même inquiétude, sur ce scrutin et sur la situation internationale et globale.

C’est Macron qui est le responsable, le coupable et le perdant. C’est lui qui a misé sur un score RN élevé, c’est lui que la déconfiture de la liste « Renaissance » atteint. Son affaiblissement est encore renforcé par sa quasi-égalité avec la liste PS-Glucksmann, ce que n’avaient initialement anticipé ni les politiciens ni les commentateurs, du fait de sa position sur l’Ukraine et de facto sur Poutine et le RN. Il est dans ces conditions important que dans son discours, précédant l’annonce présidentielle de la dissolution, R. Glucksmann ait déclaré que l’on ne combattrait pas l’extrême droite avec ceux qui ont fait passer leur loi Immigration en s’appuyant sur elle. L’unité doit et va s’imposer contre Macron et le RN.