Présentation des éditeurs

Le camarade Morsu a sollicité la possibilité de faire connaître ce travail historique consacré à la politique suivie par les trotskystes, britanniques d’une part, américains d’autre part, dans le contexte de la guerre italo-éthiopienne de 1935-36 pendant laquelle Mussolini et l’impérialisme fasciste italien mirent sous domination l’une des deux seules nations alors indépendantes sur le continent africain.

L’intention de l’auteure, Florence Oppen, membre du groupe US Workers’Voice, lié à la LIT-QI moreniste, est de susciter une réflexion utile pour l’appréhension de la période actuelle marquée par la guerre d’agression impérialiste de Poutine contre l’Ukraine.

Présentation par le camarade Morsu

A gauche et au sein du mouvement ouvrier, la question ukrainienne pose question.

Les choses devraient pourtant être simples : l’impérialisme russe, après la Tchétchénie, la Syrie, la Géorgie, etc. s’en prend à l’Ukraine depuis 2014 et mène une campagne de terreur contre les ukrainiens, contre le droit de ce peuple à disposer de lui-même. Dans une telle situation, le soutien des militants de lutte de classe devrait être acquis à l’Ukraine, à elle seule.

Oui mais voilà. Sans parler des (néo-)staliniens, alignés sur le Kremlin de façon quasi pavlovienne, la plupart des organisations de la gauche « radicale » ou trotskystes ont développé une théorie qui ne convaincra que les naïfs. Elle consiste à s’appuyer sur le soutien militaire accordé à l’Ukraine de la part des impérialismes occidentaux pour caractériser le conflit comme « inter-impérialiste ». Partant de là, défendre l’Ukraine reviendrait à s’aligner sur l’impérialisme…

Tous les arguments sont bons, même les plus spécieux. Parmi tant d’autres, le dirigeant de la Tendance Marxiste Internationale, A. Woods va jusqu’à inverser les responsabilités et affirmer qu’« en 2022, le président américain Joe Biden, (…), a poussé l’Ukraine dans une guerre perdue d’avance contre la Russie ». D’autres reprennent sans sourciller les calomnies du Kremlin quant au caractère liberticide du gouvernement (libéral) de Zelinsky – rappelons que selon Poutine, ce gouvernement serait « nazi ».

Mais personne n’est dupe et ces contorsions ne convaincront que ceux qui veulent l’être. Au nom du refus (juste) du moindre alignement sur l’impérialisme US, on finit par reprendre plus ou moins totalement la propagande poutinienne. Notamment, l’exigence de fournir des armes aux ukrainiens est condamnée au nom d’un pacifisme de pacotille. Les troupes ukrainiennes sont justement en difficulté par manques d’armements suffisants…

Pour les peuples d’Europe de l’Est, pour la jeunesse, cette propagande « pacifiste » est désastreuse. La gauche, le mouvement ouvrier – le camp des défenseurs traditionnels des libertés – est absent de toute activité de défense des ukrainiens, comme on l’a encore vu le 24 février 2024. Inutile de se le cacher : cette absence discrédite notre camp social et associe le mouvement ouvrier aux pires ennemis des libertés.

Dans ces conditions, nous espérons que le texte qui suit aidera ceux qui s’interrogent, en premier lieu ceux qui se situent sur la ligne du trotskysme. Il détaille la politique suivie par les partisans de la IV° Internationale lors de l’agression de l’Éthiopie par le régime fasciste italien de 1935 – une situation voisine de celle du conflit russo-ukrainien.

Cet article, a été écrit par une camarade appartenant à un groupe « moréniste ». Nous ne partageons donc sans doute pas toutes ses options politiques. Mais nous pensons que la qualité de son travail dépasse largement ces divergences et devrait aider ceux qui le veulent à s’orienter.


Pascal Morsu

Le texte original en langue anglaise (PDF) : The Second Italo-Ethiopian War (1935-1936) and the Politics of Trotskyism

La traduction en langue française (PDF) : La seconde guerre italo-éthiopienne (1935-1936) et la politique trotskyste