Présentation
Nous reproduisons ce bilan fait par le syndicat étudiant Priama Diia/Action directe des événements survenus à l’université de Tauride en bute à l’offensive néo-libérale de restructuration de l’enseignement supérieur ukrainien. Ces faits sont importants, car ils témoignent comme les protestations syndicales contre la réforme [néo-libérale] du Code du travail, des résistances profondes à tous les étages de la société ukrainienne contre la politique capitaliste néo-libérale menée par l’équipe de Zelensky, politique qui ne peut qu’affaiblir la guerre de libération nationale contre l’agression de Poutine.
Document
Des cris d’indignation, des étudiants militants, un Mejlis [assemblée tatare] silencieux, l’insolence de Kvit et le vice-ministre dans les bras d’un étudiant, ce qui s’est passé hier à l’Université nationale de Tauride ?

Rappelons que dans le cadre de la réforme de l’enseignement supérieur, le ministère de l’Éducation et des Sciences s’est fixé pour objectif de réorganiser les petites universités, où l’enseignement est « à un niveau bas » ou dont le maintien est « non rentable » pour l’État. Aussi, le ministère évoque souvent un prêt de la Banque mondiale, qu’il pourra accorder en cas d’ « optimisation » réussie L’Université nationale de Tauride (TNU) est également tombée sous le bistouri.
Dans le cadre de la campagne « Contre la destruction des connaissances », Action Directe/Priama Diia s’est uni aux étudiants de la TNU pour défendre leur droit d’étudier là où ils le souhaitent.
Hier, 25 janvier, s’est tenue à l’université une réunion, à laquelle devait participer le vice-ministre de l’Éducation Mykhailo Vynnytskyi, visage de la réforme en cours. Suite à cette nouvelle, les participants de « Contre la destruction des savoirs » ont organisé une action sous les murs du TNU. Il est important de souligner que la police a été prévenue et qu’aucune objection à l’événement n’a été reçue.
A 12h00, le corps étudiant se réunit. À notre grande surprise, non seulement Vynnytskyi était présent à l’événement, mais aussi Serhii Kvit, le timonier de l’Académie Kiev-Mohyla [avec laquelle la TNU doit fusionner] – un admirateur de l’obstruction aux activités d’Action directe/Priama Diia.
Pendant la première heure, les enseignants de la TNU ont partagé leurs opinions sur le succès du travail de l’université au cours de l’année écoulée. Si Mykhailo Vynnytskyi déclarait, il y a quelques jours, aux journalistes que la direction de la TNU ne fonctionnait pas bien, le corps enseignant pensait le contraire. Lors de la réunion, l’un des employés de l’université a souligné que le travail du recteur au cours de l’année écoulée était « plus que satisfaisant ». A l’unanimité – et il n’y a pas eu d’autres votes lors de la réunion – il a été décidé de se réunir à mi-chemin : le travail du recteur Bortniak est « satisfaisant ».
En fait, l’analyse du travail de la TNU a été très importante pour une meilleure compréhension du fonctionnement de l’université « de l’intérieur ». L’administration a présenté des preuves convaincantes que Vinnytskyi avait tort. Il est donc exaspérant que, pendant ces discours, le vice-ministre et Kvit aient eu des choses plus importantes à faire sur leurs smartphones.
Il faut dire que parmi ces discours, le corps étudiant actif, venu exprimer son opinion, a été une bouffée d’air frais, a expliqué pourquoi la lutte est menée – non pas pour l’existence de murs, de chaises ou d’un piano à queue qui coûte plus de 100 000 dollars, mais pour un développement favorable de l’enseignement et de l’environnement étudiant. Par moments, tout le monde l’a compris, quand, par exemple, lors des slogans bruyants « Révolte, amour, ne donnez pas TNU », toute la salle a applaudi.
Malheureusement, on sentait clairement que les étudiants étaient restreints. Il va sans dire que même Vinnytskyi, Kvit et Chubarov Refat ont obtenu le droit de s’exprimer plus tôt que ceux qui étudient et constituent le cœur de cet établissement d’enseignement supérieur.
Le Mejlis [conseil] du peuple tatar de Crimée n’a pas non plus pris le parti des étudiants, invoquant le fait qu’ils « étaient en train d’étudier la situation ».
Lorsque, finalement, l’étudiante Maryana a été autorisée à prendre le micro, il s’est produit quelque chose qui a semblé indigner même Mykhailo Vinnytskyi : le leader ensoleillé de l’Académie Kiev-Mohyla a quitté la réunion avec défi. Bien sûr, l’aversion de Kvit pour les étudiants libres-penseurs est connue, mais il était quand même inattendu qu’il montre son arrogance avec autant d’éclat.
Plus tard, Vynnytskyi a également quitté la réunion. Un des étudiants de la TNU s’est approché de lui devant la porte pour embrasser en se moquant du vice-ministre. Si ce n’est par la force, alors par l’amour.
En résumé, qu’avons-nous ? Le ministère de l’Éducation et de la Culture maintient fermement sa position selon laquelle l’unification est inévitable. Comme auparavant, Lisovyi et Vinnytskyi préfèrent une gestion autoritaire à une réforme démocratique de l’enseignement supérieur. Espérer que les professeurs de la TNU les ont convaincus du contraire est une perte de temps.
Mais l’université n’envisage pas d’abandonner : le collectif étudiant a adressé un recours à la Verkhovna Rada et au président, et intentera un procès contre la décision du gouvernement.
26 janvier 2024
Priama Diia (Action directe)
Source : https://t.me/priama_diia/306
Traduction : Patrick Le Tréhondat