70 000 manifestants selon le ministère de l’Intérieur, 150 000 selon la CGT dont les chiffres nous semblent en l’occurrence plus proches de la réalité : 25 000 à Paris, 10 000 à Marseille, 4000 dès samedi à Toulouse, mais aussi 85 à Belle-Île et 80 à Groix, car c’est dans tout le pays et parfois dans de petites communes que des manifestations se sont déroulées, à la base unie autour de l’exigence de RETRAIT de la loi « Immigration », exigence qui est réécrite dans l’appel des personnalités officiellement à l’origine de cette journée, sous la forme de demande adressée à Macron de ne pas promulguer la loi.
C’est un mouvement ascendant qui est en train de se produire, et cela, nous le devons à l’auto-organisation et à l’action des collectifs de sans-papiers et de la Marche des solidarités, qui ont amorcé la mobilisation en décembre et réalisé les 40 000 manifestants du 14 janvier, sans lesquels il n’y aurait pas eu les 150 000 du 21. Signe qui ne trompe pas, des secteurs de la jeunesse sont ébranlés : des lycéens ont bloqué les lycées Voltaire soutenus par les syndicats enseignants du lycée, Ravel et Hélène Boucher à Paris, exigeant le retrait de la loi.
Plusieurs des principaux collectifs de sans-papiers (Collectifs de Montreuil, de Vitry, du 17°, CSP 75, CSP 93, Collectif Schaeffer, Droits Devants !, Gilets noirs), heurtés par la manière dont la direction de la CGT notamment a tenté d’opposer, avant les manifestations du 14, celles-ci à l’appel d’apparence plus « consensuel » au 21 janvier, et forts de leur auto-organisation, ont refusé d’appeler aux manifestations d’aujourd’hui au nom de l’exigence de lutte jusqu’au bout pour le retrait, et appellent à une nouvelle journée de manifestations le 3 février.
Leur position est respectable, car elle exprime la volonté d’en bas de contrôler notre propre mouvement. Mais leur présence dans la manifestation aujourd’hui aurait été un « plus », car c’est la masse qu’il faut aider à s’engager dans l’affrontement avec le gouvernement.
Dans le département de l’Allier, l’ensemble des organisations à l’exception de LFI et du POI se sont regroupées à Saint-Pourçain-sur-Sioule où devait se tenir un meeting du RN qui a été annulé.
De Paris à Saint-Pourçain, des collectifs de sans-papiers aux syndicats, de quoi avons-nous besoin ? Nous avons besoin d’une force politique qui ne se contente pas de dire « retrait » et d’imposer ce mot-d’ordre, mais qui pointe explicitement l’objectif en nommant la chose : le retrait total de la loi Macron/Le Pen et, pour cela, sur ce sujet comme pour la défense de l’école publique ou la sauvegarde des agriculteurs ruinés, une seule voie maintenant : affronter ce gouvernement !
Ce qui m’a marqué dans la manif parisienne :
– le mot d’ordre de « retrait » seulement sur les banderoles LFI et JC (sans doute dans les mots d’ordre du PT aussi)
– les quelques camarades de la FNEC-FP-FO (encartés au POI) que j’ai croisés au début dans le cortège syndical avec CGT et Solidaires sont partis dans le cortège LFI (je suis le seul syndicaliste FO identifiable comme tel à être resté dans le cortège intersyndical)
– je ne sais pas pour LO (je les ai vu de loin, si quelqu’un peut me renseigner sur leurs mots d’ordre!)
– toutes les composantes issues du NPA : « Darmanin démission » (RP) et « Ouvrez les frontières » (NPA B), je ne sais plus pour le NPA C, mais en tout cas nulle part « abrogation/retrait de la loi immigration »
– le PT sur « chasser le gouvernement », comme d’hab, mais pas de perspective positive exprimée. Assemblée constituante? Quel chemin tracer pour prendre le pouvoir?
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