Il est indispensable d’intégrer ce qui est pour l’instant la guerre de Gaza mais pourrait devenir plus et pire, depuis les 7-8 octobre 2023, à l’analyse globale de la crise mondiale contemporaine. Le plus grand danger intellectuel, et par voie de conséquence politique et moral, serait de croire à un feuilleton déjà connu, tant les forces en présence dans cette région du monde sont observées, mythifiées, assimilées dans les consciences depuis des décennies. Ce danger est aggravé par le fait que la question en surplomb dans la situation mondiale, c’est celle de la guerre mondiale. Devant un théâtre où tout le monde croit reconnaître les siens, et devant un danger que l’on préfère souvent ne pas nommer, grande est la tentation de fuir sans phrases, fuir la démarche qui consiste à analyser pour trouver comment agir en intégrant le nouveau et pas en répétant seulement le connu ou ce que l’on croit connaître.
Réciter les slogans et s’y réfugier n’est plus que conservatisme devant la catastrophe et ne conjure rien du tout. Le pessimisme de la raison et l’optimisme de la volonté, inséparables, devraient être de rigueur.
Le tournant du 7 octobre 2023 est l’évènement le plus retentissant, au plan mondial, depuis le 24 février 2022. Il ne nous ramène nullement à l’avant 24 février. Au contraire, il nous engage plus encore dans le XXI° siècle des guerres et des révolutions.
Plan du texte :
- Le cadre dans lequel cette guerre survient.
- « Sud global » contre « Occident », ou le discours de l’impérialisme multipolaire.
- La balance de la justice, vraiment ?
- Le sens historique des pogroms des 7-8 octobre.
- La nature de la guerre israélienne contre Gaza.
- La place de l’Iran.
- A propos du « deux poids deux mesures ».
- Le positionnement de Washington et la possibilité sous-jacente de la guerre mondiale.
« Heureux » d’apprendre que nous sommes TOUJOURS dans la période historique des guerres et des révolutions, celle de l’impérialisme stade suprême , définie par Lénine et Trotsky il ya un siècle.
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D’ailleurs, le marquis de Lapalisse, un quart d’heure avant sa mort, était toujours en vie.
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Nous sommes donc toujours en plein dans la période historique définie par Lénine et Trotsky il y a un siècle, celle de l’impérialisme, celle des guerres et des révolutions !
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Ce n’est pas un slogan mais un constat et une confirmation: l’agression de Poutine en Ukraine a été et est un formidable accélérateur pour l’explosion des dépenses d’armement à l’échelle mondiale, préparatoire à une éventuelle troisième guerre mondiale.
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Merci pour cette analyse qui a le mérite de rappeler le contexte tout en dénonçant l’actuel retour du campisme. (Et pour le texte qui avait précédé la discussion/réunion, invitant comme il le faut à la mise à jour climatique.)
Toutefois, votre usage du mot génocide, est le même que celui fait par ceux que vous dénoncez à juste titre (les ultra-sionistes et les campistes islamocomplaisants). Le Hamas n’a pas pour projet concret la destruction de toute personne juive, dont ces pogroms seraient l’annonce. Dans leur version la plus extrême, ils veulent le départ des juifs, ce qui est déjà bien différent. (Les Nazis eux, génocidaires, dépensaient de l’énergie pour aller chercher tous les juifs, les ramener et les brûler.) De la même façon, la colonisation israélienne n’a pas vocation à traquer les Palestiniens afin de les tuer pour ce qu’ils sont (certains vivent même en Israël !). Encore une fois, si les Palestiniens abandonnent le terrain, personne n’ira les rattraper pour les assassiner. Gardons le concept de génocide pour ce qu’il désigne effectivement. Abîmer le langage n’aide jamais l’intelligence collective, et fait donc automatiquement reculer l’émancipation. Dire que Poutine entreprend un génocide en Ukraine est aussi une erreur coupable. De telles faiblesses dans l’énonciation reviennent à tuer une deuxième fois les victimes de génocides. Cette demande d’attention n’empêche pas de parler de crime de guerre et de crimes contre l’humanité, avec le souci de la précision, car elle nourrit notre capacité à penser. (« Nettoyage ethnique » mérite par exemple d’être utilisé pour analyser la situation actuelle, comme terrorisme, et terrorisme d’Etat.)
En plus de ce travail de définition, il faut aussi garder à l’esprit qu’on parle là de quelques milliers ou dizaines de milliers de morts (beaucoup trop), ce qui n’a rien à voir avec les degrés de violence que l’humanité a connus encore récemment. Mettre tout sur le même plan écrase le réel. Gardons le sens des perspectives autant que le sens des mots.
Je pense que nous pourrions nous accorder sur cette attention commune au langage. Là où le désaccord me semble plus important, c’est sur le fond. Vous semblez imaginer l’Iran, la Russie et la Chine (plus leurs vassaux, syriens, libanais, houthis, biélorusses voire nord-coréens) capables de menacer la suprématie occidentale, USA et ses alliés. Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer de façon catégorique que le chef d’orchestre a ainsi été déclassé au rang de musicien parmi d’autres, même premier ? La puissance militaire américaine est encore totalement inégalée, sans même compter ses alliés, eux aussi très puissants, et le presque allié que constitue l’Inde, prête à dépasser la Chine. Votre proposition semble reposer uniquement sur le fait que la production (matérielle) de marchandises soit majoritairement chinoise. Mais ce n’est pas suffisant, d’autant que cette réalité se déplace actuellement. Peut-être pensez-vous aussi aux fameux bons du Trésor ? Cela mériterait une discussion à part entière pour analyser le rapport de force. Je crains pour ma part qu’Aplutsoc ait un peu vite emboîté le pas « multipolaire » des experts dominants, lesquels se réjouissent toujours devant la possibilité de commenter une adversité (car cela justifie leurs grasses rémunérations).
Lorsque vous écrivez que l’Iran a un programme de destruction d’Israël, je crains que vous ne preniez au pied de la lettre leurs déclarations d’intention, qui ne disent rien de la réalité du rapport de force. La caste mafieuse-religieuse qui tient encore la Perse n’a aucun autre programme qu’essayer de se maintenir encore quelque temps, ce qui justement ne constitue pas un programme, mais un petit plan de sauve-qui-peut. Les Perses sont rattrapés par la civilisation et l’émancipation, comme tous les humains. Attaquer frontalement Israël serait la meilleure façon pour les Ayatollah de se faire dégommer, ce qu’ils ne souhaitent pas. On verra si leurs menaces, que vous citez, seront suivies de faits autres que gesticulatoires (les missiles houthis), je n’y crois pas beaucoup. Le risque de flambée régionale voire mondiale, excité dans les médias et relayé ici, me semble sur-joué : personne dans la région n’a intérêt à ce que ça cogne vraiment, ni le peuple, ni les chefs, d’aucun camp.
Ensuite, il est totalement impossible qu’ils puissent vaincre Israël. Non seulement Israël ne se laissera jamais détruire, mais en plus les USA et alliés ne laisseront jamais faire, ce qui rend l’hypothèse deux fois fausse. (Quitter la Palestine, à très long terme, c’est autre chose, une possibilité à analyser.) Vous écrivez plusieurs fois que la Shoah peut recommencer, mais non. Beaucoup de Juifs peuvent se faire attaquer et mourir, mais six millions, un tiers, certainement pas ! Encore une fois, ne mélangeons pas tout, un peu d’attention aux mots et aux morts, à notre passé commun.
Alors effectivement, si la dictature chinoise, affaiblie depuis le Covid, choisissait la tempête actuelle pour jouer elle aussi la carte du nationalisme en espérant gagner du temps au pouvoir, ce serait fâcheux pour l’Occident. Si tout le monde s’y met en même temps (avec Iran et Corée du Nord), ça va être un peu plus fatigant et long de distribuer claques et fessées à tous les méchants, et peut-être qu’il faudrait quitter Israël en urgence (de façon peut-être temporaire). On en est très loin. On peut tout de même l’envisager, mais pour ce que c’est. Cela coûterait, de l’argent et des morts, surtout pour les non-occidentaux, mais cela ne changerait rien au fond : c’est-à-dire à la totale suprématie avant-gardiste de la Californie et de ses alliés, Européens, Israéliens et… Indiens !
Le concept de guerre doit être gardé pour les situations où on ne peut savoir qui va gagner à la fin. Les situations où « il y a match ». Or là, il n’y a aucun match possible. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de violence ou de nuisance, et que ces sous-impérialismes, faibles, ne parviennent pas à gratter quelques miettes temporaires (comme Hong-Kong) avant leur effondrement que rien ne pourra empêcher.
Si, quand ce siècle se sera écoulé, une puissance ou une alliance aura vaincu l’Occident et son champion, j’aurai eu bien tort et il aura été légitime de sonder aujourd’hui l’hypothèse d’une « guerre mondiale », comme vous le faites. Mais cela est très peu probable et il faut donc interroger notre tendance archaïque à nous complaire dans l’observation d’une bagarre qui en réalité n’est pas bien décisive. Les humains ont toujours été habités par la guerre ce qui peut expliquer ce trait cognitif. Pourtant, la guerre est finie (en tant qu’ouverture historique). Le match est totalement plié depuis plus d’un siècle déjà, ce qu’a acté l’entrée en guerre des USA en 1917. Hitler avait perdu d’avance, et l’URSS aussi : il n’y a jamais eu possibilité que les adversaires de la civilisation l’emporte. Pourquoi ? Parce que l’Occident, l’Amérique, le capitalisme, contrairement aux apparences n’existent pas comme propriétés ethno-géographiques : ils sont le résultat global du processus de synthèse historique. Cette dimension fondamentalement cosmopolite, ce creuset civilisationnel, leur donne une puissance d’un autre ordre. Pour le dire autrement, ce ne sont pas les Américains qui sont allés sur la Lune, c’est la civilisation humaine. Je sais très bien que cela est assez difficile à se représenter, voilà pourquoi je prends le temps de déployer cette hypothèse dans un essai qui, je l’espère, sera bientôt terminé.
Cela n’enlève rien à l’analyse de la barbarie capitaliste et la limite qu’elle ne pouvait que rencontrer : son environnement. Ni surtout à la question de l’émancipation : au contraire, ce n’est que dans la perspective la plus ajustée, aussi mouvante soit-elle, que l’on peut trouver des pistes.
En attendant, à propos d’Israël/Gaza – Octobre 23, je vous ai envoyé par mail un texte pour le soumettre à votre regard aiguisé.
Merci en tout cas pour vos travaux
Fraternellement
Rehan
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Encore faut-il que la « civilisation humaine » survive encore un siècle, ce qui au vu du rythme des destructions de la biosphère est loin d’être garanti. Quant les Nord-Américains seront confrontés à chaque saison à des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes partout sur leur territoire, que les sols seront épuisés par la monoculture intensive, et j’en passe, ils auront beau avoir la moitié du budget militaire mondial, ça ne les aidera ni à se protéger des catastrophes naturelles amplifiées, ni à bouffer.
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Oui mais cela est une autre discussion, de type collapso, différente de la question de la guerre mondiale.
Effectivement la situation, est sérieusement tendue comme vous l’indiquez, particulièrement pour les pauvres. Ceci étant, il faut être aussi, hélas être réaliste : il est peu probable que les pointes les plus avancées du capitalisme occidental (Californie, Suisse…) disparaissent en 80 ans, et c’est cela qu’il nous faut penser.
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C’est en effet une question d’appréciation / d’estimation « collapso ». En consultant des articles (et en lisant des contributions plus importantes) sur l’état du climat, des sols, de la biosphères, des ressources minérales et de leur évolution probable, même selon les projections les plus optimistes, notre « civilisation » thermo-industrielle risque très fort de s’effondrer, progressivement ou brutalement, d’ici la fin du siècle (voire 2050 ou même avant). Or la puissance US repose sur le capitalisme thermo-industriel. Par conséquent, la question centrale me semble moins être de se faire des noeuds au cerveau pour qualifier de la manière exagérément fine les rapports et la hiérarchie entre les impérialismes (mais une bonne compréhension de ces rapports reste indispensable) que de se demander comment agir en pratique pour arriver à prendre le pouvoir pour construire une économie communiste-anarchiste démocratique mondiale. En revanche, le débat que vous lancez quant à l’utilisation du terme de « génocide » me semble important.
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Bonjour,
merci votre contribution à la réflexion, on sera jamais pas de trop…
Effectivement, la civilisation thermo-industrielle ne peut que s’arrêter, quand et comment, c’est difficile à estimer, mais on sera tous d’accord pour dire que ça ne va pas durer. Par contre, vous supposez que la civilisation se résume à sa réalité thermo-industrielle. C’est compréhensible parce ce que c’est essentiellement le cas actuellement. Mais je fais l’hypothèse que la civilisation va sortir de la thermo-industrie, et continuer. Evidemment, pas tout le monde, et comme je le redis, ça va piquer pour les masses pauvres dont nous sommes. Des îlots ultra-bourgeois pourront demeurer bien longtemps, comme des serres interconnectées et ultra sécurisées, ce qui n’est jamais envisagé dans les hypothèses effondristes qui crient à la catastrophe totale. Je pense que certains sont vraiment moins inquiets que nous sur leur avenir, et nous devons le prendre en compte car ils garderont un pouvoir important malgré leur petit nombre.
Ensuite et surtout, quand vous écrivez que la question est de se demander « comment agir en pratique pour arriver à prendre le pouvoir », je crains que vous ne reconduisiez, ne serait-ce que dans l’énonciation, un fantasme ancien et qui a déjà trop coûté à l’humanité. Ce rapport à l’histoire, léniniste, est dangereux. Comme si nous pouvions prendre le contrôle de l’histoire… si déjà on pouvait en saisir le cours et essayer de faire rythme avec elle, ce serait déjà bien, pour nous donner le plus de temps climatique habitable. Qui a déjà réussi à prendre quelque pouvoir que ce soit ? Dans ce sens lapidaire, « Prendre le pouvoir » est impossible, pour quiconque. On peut au mieux gagner du/en pouvoir. Imaginer que nous pourrions gagner tout cours (le grand soir…), déborder nos ennemis sur leur terrain (in fine militaire), c’est ou bien les sous-estimer, ou bien nous surestimer. C’est une bonne façon de mourir pour rien ou de l’imaginer, et c’est pour cela que plus grand monde n’y croit. En tous, cas je ne suis pas sûr que l’imaginaire de la prise ou de la conquête n’aide beaucoup les générations futures…
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Je suis d’accord avec cette dernière analyse et perspective.
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Quelques mots, cher « Rehanguitare ». D’abord, si j’ai tardé à discuter vos messages, c’est en raison des textes assez développés que vous nous avez envoyés par mails, qui pourraient peut-être être publiés ici et discutés.
Je me borne ici à réagir à vos premières remarques.
Sur l’emploi du terme « génocide », bien sûr qu’il faut faire attention aux termes. Mais justement : je n’ai pas parlé de génocides au présent, ni envers les palestiniens, ni envers les judéo-israéliens, ni envers les ukrainiens, mais de danger génocidaire les visant. Ce n’est pas la même chose, et c’est là-dessus que doit porter la discussion, pas sur des génocides fantasmés, mais sur les dangers génocidaires réels : est-ce que le rashisme poutinien puis le » programme » des mollahs et les pulsions de l’extrême-droite israélienne, comportent ou non des dynamiques génocidaires (qui plus est, explicites !) ?
Donc, réagir à mon article comme s’il fantasmait des génocides est une erreur sur son contenu explicite, et implicite aussi d’ailleurs. Je parle très explicitement de dynamiques et de dangers génocidaires, contrecarrés par la résistance sociale et humaine. Il y a, ceci dit, une inversion frappante des situations entre Ukraine et Palestine, c’est que, dans le premier cas, ce qui contrecarre le plus le danger est la résistance notamment militaire de l’Ukraine et fort peu pour l’instant celle des russes qui ont subi un défaite morale et sociale lorsque la guerre est « passée », en mars 2022, alors que ce qui contrecarre le plus le danger menaçant les palestiniens ne réside guère à présent dans la dénommée « résistance palestinienne » et ses dirigeants effectifs, qui ne sont « même pas » des nationalistes (le Hamas n’est pas une organisation nationale), mais dans les conflits internes à la société judéo-israélienne, un temps tétanisés par les pogromes du 7 octobre, puis de plus en plus aggravés par eux, par la question des otages, etc.
Concernant la catégorie de « guerre », je pense que vous figez le concept, pour ainsi dire, alors que la guerre ou la menace implicite de guerre – et nous sommes présentement dans de lourdes menaces implicites auxquels tous les gouvernants pensent – vise à dénouer des contradictions insupportables. Toute guerre induit une dynamique propre qui modifie le rapport de force initial, c’est sa raison d’être si l’on peut dire.
En outre, j’ai parlé ici de « guerre mondiale » mais il faudra affiner cela, car la guerre mondiale en un sens a commencé si elle consiste en la juxtaposition d’une série de guerres. Le fait clef pour moi réside dans les contradictions, et, qu’ils le veuillent ou non – et ils préféreraient l’éviter – les impérialismes américain et chinois sont opposés par de graves contradictions.
Enfin, l’idée selon laquelle il serait éternellement écrit par avance que le premier ne pourrait que gagner car il cristallise la « civilisation humaine » me parait relever de la pure légende. Par rapport à la catégorie « troisième guerre mondiale », eux-mêmes (depuis 1962, en gros) ne disent d’ailleurs pas devoir gagner à coup sur, mais plutôt devoir éviter la chose car la dite civilisation serait anéantie.
J’ajoute que j’ai écrit ici rapidement, en ayant parlé aussi ailleurs, que l’impérialisme chinois est le premier producteur de valeur (enfin, « son » prolétariat, n’est-ce pas) et l’impérialisme russe la maillon faible et agressif de la chaine, l’impérialisme US étant seulement le « premier violon » et non plus le « chef d’orchestre ». Cela aussi doit naturellement être affiné : les Etats-Unis sont toujours la plate-forme logistique principale du marché mondial et de la circulation des capitaux, et leur budget militaire joue un rôle là-dedans. Mais la multipolarité impérialiste est la forme réelle de l’ordre, ou du désordre, impérialiste, mondial. Les deux faits sont simultanés – et contradictoires et dangereux.
L’analyse doit donc porter sur les contradictions et pas sur des catégories éternisées. Je remarque d’ailleurs au passage que lorsque vous parlez, à mon avis de manière mythifiée, de la « totale suprématie avant-gardiste » de la Californie, etc., censée leur assurer la victoire militaire par avance, vous jugez judicieux – et cela l’est ! – d’ajouter dans la balance un petit grain de sel en réalité très gros : l’Inde, entrant donc dans des réflexions implicites sur les jeux d’alliance possible, etc., bref pesant déjà la balance d’un jeu dont le résultat n’est pas pas prévisible par avance, ce qui constitue la raison pour laquelle nos chers dirigeants le tiennent pour à la fois trop dangereux MAIS tentant s’il pouvait conjurer le propre danger qu’il porte …
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Merci VP pour votre réponse. Effectivement, il faudrait pouvoir discuter de ces questions plus profondément, y consacrer un temps d’analyse, pour que notre pensée collective soit plus armée sur notre temps.
Sur la question de l’emploi du terme génocide, effectivement si vous parlez de pulsions génocidaires chez certains, cela fonctionne, parce que c’est autre chose que décrire les enjeux historiques effectivement en cours, ce qu’il se passe concrètement. Ce n’est pas pour vous ennuyer ou ergoter, c’est juste pour être précis et ne pas sombrer dans les paroles dominantes qui crient au génocide des deux côtés, ce qui n’est pas très sérieux. Dans l’article, vous écriviez bien : « le génocide peut, risque, de s’abattre à nouveau sur les juifs », ce qui me semble faux. Plus loin, parliez aussi de « deux génocides possibles ». Et sur l’Ukraine « d’un génocide sur le continent européen par le régime poutinien » désormais à l’ordre du jour. ça ne me semble pas aider à penser l’histoire effectivement à l’oeuvre.
Pour ce qui est du concept de guerre, il y a bien un risque de figer dans mon approche, mais étant donné le côté flottant actuel des définitions, je crois avoir un peu de marge avant de pêcher par fixisme. Il ne faudrait pas mettre sur le même plan les conflits actuels et les guerres passées, rien à voir. Au delà de ces écarts quantitatifs énormes, ce mot devrait aussi, comme je le précisais, être réservé aux situations où l’issue est incertaine. Vous précisez « Toute guerre induit une dynamique propre qui modifie le rapport de force initial ». Avant GM2, les USA dominent le monde. Après GM2, les USA dominent le monde. Le rapport de force fondamental n’a pas bougé, le camp gagnant sur l’échiquier est toujours le même. Nous devons penser cette réalité massive, ne pas faire comme si nous étions surpris du déroulement du film.
A propos de la Californie, que j’aurai tendance à mythifier, je rappellerai simplement, dans mon soucis de réalisme, que c’est bien elle qui a modifié l’existence de tous les humains, en qqes décennies seulement, en inventant internet, puis le tactile. On peut bien me parler de l’Inde ou de la Chine mais l’avant garde réelle, celle qui modifie la chair du quotidien de chaque humain (qui a son écran dans la poche), est bien américaine (même si les produits sont fabriqués en asie, la production étant d’ailleurs en partie en train d’être rapatriée).
Pour ce qui est de l’Inde, vous redîtes que la pesée sur la balance est actuellement impossible. Sauf que l’Inde ne s’alliera jamais avec la Chine. Or, Chine + Russie ne peut battre US + Inde. Bref, je ne vois pas de quelle guerre mondiale interrogerant le cours de l’histoire il pourrait être question. (Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas et n’y aura pas de conflit, des morts, de la souffrance.)
Il faudra expliciter clairement les possibilités que vous envisagez lorsque vous parlez de risque de guerre mondiale (qui contre qui ?). Dès qu’on propose un scénario, on se rend assez vite compte que la pesée est faite… Même si elle avait lieu, on connaît la fin. Il me semble donc que c’est peut-être autre chose qu’il nous faut penser que la guerre mondiale, ailleurs qu’il faut porter le regard pour trouver de la perspective. Là où vous nous amenez déjà par ailleurs : le climat et la question, très dérangeante pour nous, de la gouvernementalité globale, sans doute la seule à même de gérer le virage. La toute puissance militaire occidentale doit imposer aux firmes d’arrêter le ravage (comme elle devra imposer à Israël de cesser son crime), les mouvements de la terre étant des moyens de pressions à activer partout et à synchroniser pour accélérer ce processus civilisationnel (et non pas stopper effectivement à eux seuls les firmes). A discuter en tous cas…
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L’écrivain et journaliste israélien Michel Warschawski
« Vous dites qu’« Israël a les clés de la solution ». Quelle est cette solution ?
Se retirer des territoires occupés. Et ne pas provoquer une nouvelle nakba [« catastrophe » en arabe, en référence à la fuite ou à l’expulsion de leurs maisons de près de 760 000 Palestiniens et Palestiniennes pendant la première guerre israélo-arabe, qui a coïncidé avec la création de l’État d’Israël – ndlr]. Un ministre du gouvernement israélien a déclaré qu’il fallait finir le boulot de 1948. Cette idée, selon laquelle, nous aurions gardé beaucoup trop de Palestiniens sur notre territoire, obsède notre gouvernement, qui entend créer l’occasion pour nettoyer Israël et en faire un État juif démographiquement, c’est-à-dire un État composé uniquement ou quasi uniquement de juifs.
C’est dans la continuité de la loi fondamentale qui a été votée il y a deux ans : Israël comme peuple-nation, comme État-nation du peuple juif. C’est totalement contraire aux engagements du jeune État d’Israël pour être accepté à l’ONU en 1949. Il s’agit non seulement de ne plus reconnaître les droits nationaux palestiniens, mais aussi de s’en débarrasser le plus vite possible. C’est terrifiant. »
https://www.mediapart.fr/journal/international/281023/michel-warschawski-nous-avons-depasse-les-crimes-de-guerre-gaza?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5
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Chacune des citations que vous faites de mon article pour attester un « mauvais usage du langage » à propos du terme « génocide » concerne la POSSIBILITE et le RISQUE de génocide. A mon avis, le mauvais usage du langage consiste ici à s’interdire de dire « au feu » quand les étincelles sont là.
Sur la catégorie « guerre », hé bien non, la place mondiale de l’impérialisme US n’est précisément pas la même en 1941 et en 1945. A s’en tenir à ce que vous exposez, jamais l’Allemagne et le Japon ne se seraient lancés dans l’aventure. Ils l’ont pourtant fait …
Ce n’est pas « la Californie » qui a modifié l’existence des humains, c’est l’accélération de la circulation du capital. Ce fait social, ce rapport social autonomisé, n’a aucune attache nécessaire à tel territoire particulier, qui est pour lui une base d’accumulation ou un relais.
Quant à l’exemple de l’Inde, je l’ai mis en avant pour remarquer que vous-même envisagez les scenarii de la guerre mondiale et des alliances et renversements d’alliances …
Je ne propose pas de scenario, je pèse des risques et, effectivement, nous sommes d’accord sur la conclusion : le risque matériel (climatique, etc.) global. Mais la supposée toute puissance militaire occidentale n’est en aucun cas indépendante des « firmes » …
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« Pour Rima Hassan, juriste et fondatrice de l’Observatoire des camps de réfugiés, ce qui se passe à Gaza est un « carnage », qui relève d’une logique de « génocide ». Elle dénonce le cynisme de Nétanyahou et la récupération du Hamas. » https://www.mediapart.fr/journal/international/291023/rima-hassan-nous-subissons-une-punition-collective?utm_source=global&utm_medium=social&utm_campaign=SharingApp&xtor=CS3-5
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VP continue de s’enferrer en imaginant de multiples impérialismes nés sur le marché mondial par le mystère du saint-esprit, nouveaux impérialismes se constituant ainsi en dehors de toute guerre mondiale…Belle innovation théorique renvoyant Lénine et Trotsky aux poubelles de l’Histoire !
Par contre, ce qui est bien réel c’est l’explosion planétaire des dépenses d’armement depuis l’agression de Poutine en Ukraine, explosion bien riche d’une troisième guerre mondiale et d’un « repartage du gâteau » si une explosion, elle, révolutionnaire et la victoire de la révolution socialiste n’y mettent pas un terme.
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« C’est une bonne façon de mourir pour rien ou de l’imaginer, et c’est pour cela que plus grand monde n’y croit. » dit Rehanguitare
En février 1917, qui donc croyait à la prise du pouvoir 8 mois plus tard et à la majorité donnée aux Bolcheviks au congrès pan russe des soviets !!
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Effectivement, si 1917 est pour vous un modèle de révolution réussie, alors il vaut mieux être prêt à mourir…. Mais je ne crois pas que cet imaginaire-là, de « conquête » du pouvoir, très rapide, mais peut-être finalement illusoire, embarque de nouveau les désirs (la jeunesse), ni qu’il faille le regretter.
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En 1917 : puissance et potentiel des idées marxistes présentes dans la conscience de larges couches des classes laborieuses via syndicats et partis de masse se revendiquand du marxisme. Étincelle : une guerre mondiale et totale.
Il n’y a aujourd’hui ni le même contexte objectif, ni le même contexte subjectif.
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En 1917, le contexte mondial était différent : large publicité des idées marxistes (et anarchistes) au sein des classes laborieuses en Europe (Russie comprise) grâce aux syndicats et partis de masse (le marxisme était alors revendiqué comme base théorique même chez les socio-démocrates). Le stalinisme et ses avatars n’existaient pas et donc l’idée de révolution communiste n’était un repoussoir pour personne. Au contraire, elle suscitait de grands espoirs. Sur le plan objectif, il y avait une guerre mondiale totale, les classes laborieuses étaient armées.
Aujourd’hui, au niveau mondial, rares sont les syndicats et les partis qui défendent une vision marxiste, et les militants marxistes sont en nombre très réduits, avec d’énormes difficultés à expliquer que le communisme n’a précisément rien à voir avec le stalinisme, le maoisme, etc., rien à voir avec tout ce qui a massacré et asservi de larges parts de la population partout où il y a eu une révolution qui se prétendait communiste.
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L’explosion des dépenses d’armement à l’échelle planétaire depuis l’agression de Poutine contre l’Ukraine, combinée avec l’extension des guerres « locales » et le massacre de Gaza, mettent à l’ordre du jour une éventuelle troisième guerre mondiale, c’est à dire la barbarie déchaînée par le système impérialiste mondial confronté à sa crise irrémédiable, menaçant l’Humanité dans son ensemble.
LA SEULE ALTERNATIVE PREVENTIVE reste le combat pour le Socialisme et donc la Révolution socialiste : la France possède l’avantage d’avoir des dizaines de milliers de militants et sympathisants de la Quatrième Internationale sur son sol, NUL DOUTE qu’une explosion révolutionnaire dans ce pays serait un appel d’air pour tous les pays . NE DEVONS NOUS PAS faire tout ce qui est possible pour créer les conditions favorables à la construction d’un véritable parti ouvrier révolutionnaire et donc engager au plus vite la discussion entre LO, NPA révolutionnaire, Révolution permanente, POID.
Pourquoi pas une lettre du POID ou de LO aux différentes organisations, lettre rendue publique qui permettrait de décupler l’attraction pour une telle initiative dans un pays où son président est largement minoritaire et la colère (bridée par les appareils politiques et syndicaux) largement majoritaire ?
Pourquoi pas une telle proposition par aplutsoc ?
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« la France possède l’avantage d’avoir des dizaines de milliers de militants et sympathisants de la Quatrième Internationale sur son sol »
Rappel des réalités :
– aux périodes les plus fastes, la « Tribune des travailleurs » compte environ 8000 abonnés
– mes dernières infos à ce sujet datent de ma radiation de la TCI, c’est-à-dire d’il y a deux ans, mais la TCI comptait alors à peine plus de 1000 militants (ou plutôt, de cotisants), et le POID environ 2300
– même si on ajoute à cela les effectifs de LO et du NPA, on dépasse péniblement la barre des 5000 militants, toutes obédiences se réclamant du trotskysme confondues (j’en exclus a priori le POI, mais même si on ajoute le POI à l’addition, on n’arrive sans doute qu’à 7000 ou moins)
Si les apparatchiks type Seldjouk/Abel et autres de la clique n’avaient pas dilué et fait exploser le PCI en menant une chasse au sorcières contre Just et bien d’autre militants de valeur, on aurait peut-être plusieurs dizaines de militants TK en France aujourd’hui, mais les intérêts de quelques permanents et l’aveuglement voire la docilité coupable de beaucoup de militants de base en ont décidé autrement, réduisant l’embryon de ce qui aurait pu devenir le parti de la révolution mondiale à une secte dogmatique, plus intéressée par la vente à tout prix du journal (pour entretenir les permanents, qui sont permanents depuis des décennies) que par les discussions de fond sur les développements réels de la lutte des classe et les moyens d’y intervenir efficacement.
Signé : Rantanplan / Özgür
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C’est sûr qu’avec des gens comme toi on va faire du surplace !
Ne pas oublier les DIZAINES de milliers de sympathisants passés depuis des DECENNIES dans l’une ou l’autre de ces organisations; quant au POI, ne pas confondre la fraction dirigeante qui a décidé, après avoir exclu sa tendance trotskyste, de mettre ses pas dans ceux de Mélenchon et la France insoumise, avec la masse des militants qui a adhéré pour la révolution socialiste.
Quant aux Bolcheviks, ils n’étaient pas 10000 en février 1917.
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Je dirais plutôt que c’est avec des climatosceptiques comme Pierre Cise (dirige t-il encore la commission environnement de la TCI? Cette commission existe t-elle toujours?) ou les gens qui, à la rédaction de la « Tribune des travailleurs », ont décidé de faire disparaître la rubrique « L’Homme et son environnement » du journal, qu’on risque de faire du sur-place. Un parti qui se veut avant-gardiste et qui a autant de trains de retard sur les menaces existencielles pour l’humanité que constituent la dégradation du système climatique et les destructions infligées à la biosphère devrait se poser des questions sur sa direction, sous peine d’être bientôt relégué aux oubliettes de l’Histoire.
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Par ailleurs, on est en droit de se demander, en lisant ta réponse, pourquoi « les DIZAINES de milliers de sympathisants passés depuis des DECENNIES dans l’une ou l’autre de ces organisations » (trotskystes) n’y sont pas restés. Peut-être à cause des vagues d’exclusion sectaires, entre autres erreurs politiques? Comment expliquer que le PCI, qui comptait à son apogée environ 6000 militants, se soit réduit à une TCI à 1000 adhérents (et un CCI qui comporte, je suppose, à peu près autant de membres), dont une bonne part ne milite plus parce que près de passer l’arme à gauche? C’étaient déjà Lambert et Seldjouk aux commandes quand le PCI s’est effondré. Tout n’est pas de la faute du POI, qui reste néanmoins un magnifique panier de crabes caporalisant et prêt à toutes les compromissions pour placer ses pions à LFI ou dans la bureaucratie de FO.
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Sur l’environnement, tu te trompes complètement ! Cette question est prise complètement au sérieux par le POID.
Quant au POI, il s’est débarrassé de son courant trotskyste notamment pour pouvoir fricoter avec Mélenchon et sa France soumise aux échéances électorales !
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Il y a deux ans, le plenum de la TCI avait rédigé et adopté une résolution climatosceptique – ce que j’avais dénoncé et m’avait motivé à me saisir du droit de tendance, mais j’ai été radié lors du congrès où j’avais déposé une plateforme, début 2021. À moins qu’il y ait eu entretemps un changement de direction à 180 degrés que j’aurais manqué (je lis toujours la TT, et même « L’Internationale »), je maintiens que la TCI a plusieurs trains de retard sur les questions environnementales. Si la commission environnement du POID est plus avancée que la TCI sur ces sujets, c’est positif, mais l’avant-garde, ce n’est pas censé être la TCI?
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